Archives de catégorie : Médias et Europe

Billets sur les enjeux d’information européenne

Les Français en attente d’information sur l’actualité européenne

On savait les Français en queue des Européens quant à leur sentiment d’être bien informé sur les questions européennes d’après les enquêtes Eurobaromètre, on sait dorénavant que leur attente est massive et impérieuse, selon l’enquête ViaVoice pour le Mouvement européen

Constat implacable d’une information européenne insuffisante

Le sentiment largement majoritaire des Français est d’être mal informé sur l’actualité européenne. Un sentiment renforcé par le Brexit qui a « phagocyté la politique européenne depuis 2016 ». La couverture médiatique des affaires européennes est largement jugée responsable.

La faible notoriété des personnalités européennes est la conséquence logique. La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est ainsi connue par seulement un quart des Français, qui pâtisse d’un prisme franco-français dans le traitement de l’actualité européenne. Le comble, seul un français sur dix connaît la fonction de Commissaire européen de Thierry Breton.

Demande manifeste d’une information européenne améliorée

Près de trois Français sur quatre (72%) souhaiteraient être davantage informés sur l’actualité de l’Union européenne, illustrant qu’en dépit d’un faible sentiment d’information, les Français sont en recherche d’une médiatisation plus importante des affaires européennes.

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Parmi les canaux d’information privilégiés sur l’Union européenne, la télévision confirme son titre de premier média d’information des Français, et ce, quelle que soit la tranche d’âge. La diffusion d’Euronews sur la TNT est particulièrement attendue. La presse en ligne, la radio et la PQN sont les principaux canaux d’information attendus.

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Les Français attendent aussi des pouvoirs publics qu’ils se saisissent du sujet en cours de discussion à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi sur l’audiovisuel public : 64 % seraient favorables à la mise en place d’objectifs de couverture de l’actualité de l’Union européenne aux chaînes de télévision et de radios publiques, et la même proportion serait favorable à ce qu’une partie des questions au gouvernement soit consacrée aux questions européennes.

Au final, les Français attendent une valorisation des actions et des politiques européennes autant de la part des journalistes pour toute la presse que des pouvoirs publics pour l’audiovisuel.

Comment mieux informer les Français sur l’Europe ?

La Fondation Jean-Jaurès et l’Ina poursuivent leur partenariat sur le traitement médiatique dédié aux questions européennes en France à travers une étude « Renforcer l’information des Français sur l’Union européenne : le défi du cycle européen 2019-2024 » réalisée par Rémy Broc, Rémi Lauwerier et Théo Verdier.

L’information européenne des Français dans les grands médias audiovisuels : une visibilité ultra-réduite – une singularité européenne

Depuis longtemps, la perception très largement majoritaire en France est que l’information sur l’UE est une lacune importante du paysage médiatique hexagonal. La France se place souvent très en retard par rapport aux autres États-membres. Pourtant, les médias audiovisuels – radios et télévisions. – sont plébiscités par le grand public pour s’informer et pour suivre notamment l’actualité de l’Union européenne.

Les Français se distinguent des Européens à plus d’un titre : les Français semblent se fier davantage aux médias historiques ; la télévision demeurant le moyen d’information principal en termes d’audience tandis que la radio s’impose comme le média de confiance. La consultation Internet s’intensifie mais reste bien en deçà de l’ensemble des pratiques européennes.

Et pourtant, la couverture mesurée – près de 3 000h ! – n’est pas du tout à la hauteur, puisque radios, journaux télévisés traditionnels et chaînes d’information consacrent seulement 3 % du temps d’antenne des journaux étudiés en 2016 et 2017 à l’actualité propre à l’UE, son action, ses institutions ou encore ses relations avec ses États membres. « En d’autres termes, pour 1 heure de journal d’information diffusée sur les radios et télévisions nationales étudiées, 1 minute et 48 secondes concerne l’UE et son actualité. »

La situation indigente est particulièrement problématique : les chaînes TV du service public (France 24, Arte et, dans une moindre mesure, France 2) sont certes légèrement plus avancées mais les stations de Radio France sont à la traîne, tout comme les radios privées et les chaînes d’info en continue privées (BFM-TV, CNews et LCI) consacrent seulement 2,5 % du temps d’antenne étudié aux affaires européennes.

Les journaux télévisés traditionnels, au cœur de l’information des Français, consacrent en moyenne 3,4 % de leur temps d’antenne à l’UE, un résultat qui chute à 1,9 % si l’on excepte Arte. Le JT le plus regardé de France sur TF1 consacre 1,7 % du 20H à l’actualité de l’UE.

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Les acteurs de la politique européenne disposent d’une visibilité restreinte et dominée par Jean-Claude Juncker qui totalise 55 prises de parole, dont 35 dans les JT traditionnels. Aucune personnalité européenne ne totalise plus de 10 interventions sur les chaînes généralistes.

Brexit (55%) et migrations (15%) sont au premier plan de l’actualité européenne tandis que les compétences de l’UE sont quasi absentes, ainsi de la politique commerciale (4 %) dégageant ainsi une approche similaire dans la répartition des thématiques de l’actualité européenne dans les médias audiovisuels.

Des propositions concrètes pour faire de la vie politique européenne une composante du débat public national : proximité, politisation et acculturation

Proximité : connecter les vies publiques nationale et européenne

Puisque l’actualité française dirige et oriente la lecture de l’actualité européenne, comment réduire les barrières qui séparent les espaces publics hexagonal et européen ?

Afin de renforcer les liens entre les vies politiques nationale et européenne, il conviendrait d’assurer davantage de proximité, ce qui veut dire pour toutes les rédactions que le défi est triple :

  • Réaliser la transition d’une approche « comparative » entre les différents États membres de l’UE vers une ligne éditoriale « collective » des enjeux européens en vue de renforcer le suivi du jeu politique de l’UE ;
  • Assurer une couverture renforcée, dans la durée, des enjeux européens les plus clivants – commerce international, écologie, sécurité – en France pour assurer la transparence des processus en cours ainsi que la pédagogie sur les enjeux ;
  • Renforcer leur couverture des affaires européennes avec davantage de correspondants permanents auprès des institutions européennes notamment pour résorber les difficultés à construire un narratif médiatique autour de l’actualité parlementaire européenne.

Au total, l’information sur l’UE gagnera en efficacité si les rédactions généralistes sont en mesure de couvrir dans la durée les dimensions de la vie publique européenne notamment les plus sensibles dans l’opinion publique française, en s’intéressant au fond des sujets bien en amont des annonces officielles.

Politisation : incarner et scénariser la vie politique européenne en France dans les médias audiovisuels

Puisque la vie politique européenne est encore balbutiante d’un point de vue national, comment renforcer la présence de l’actualité européenne dans la vie politique française et entretenir un débat national sur l’activité européenne ?

Afin d’augmenter et d’améliorer la couverture de l’actualité européenne en France dans les médias audiovisuels, il s’agit de davantage scénariser la vie politique européenne en France :

  • Instituer des temps dédiés aux questions européennes dans l’agenda politique français, renforçant sensiblement la mise au débat de ces enjeux tout au long du cycle législatif européen – annonce de la Commission, passage au Parlement puis au Conseil, bien au-delà des seuls temps de crises scénarisés au Conseil européen ;
  • Appuyer la démocratisation des affaires européennes par la génération régulière d’images et de verbatims où ces enjeux peuvent prendre vie, amenant ainsi les Français à mieux positionner les clivages qui tendent le débat politique européen ;
  • Assurer la tenue de débats parlementaires plus réguliers, dont l’issue serait déterminante sur la position défendue par les autorités françaises au sein de l’UE par la mise en débat en amont de leur adoption des sujets européens ainsi que par l’implication déterminante de l’exécutif français, facteur clé de la dynamique médiatique.

En particulier, la volonté d’initier un narratif politique européen est certes à mettre au crédit de la Commission Juncker mais le récit construit à Bruxelles par l’exécutif manque significativement de relais nationaux. Si les commissaires – et notamment le commissaire national – ont bien un rôle médiatique, leur temps et leurs ressources sont limités. La parole de la Commission européenne devrait non seulement être fortement incarnée, mais surtout le soutien à cette parole politique sur le sol national doit constituer un axe de travail majeur.

Acculturation : sensibiliser l’écosystème des acteurs du débat public à l’information sur l’UE

Puisque l’écosystème du débat public, qui lie médias, institutions, responsables politiques et société civile doit renforcer ses interconnexions avec la vie politique européenne, comment assurer formation et pédagogie pour l’information européenne ?

Afin de renforcer la sensibilisation de ses acteurs clés au fonctionnement de l’UE et à l’importance de la couverture des affaires européennes, il s’agirait de changer la donne dans les rédactions :

  • Mettre en place pour les acteurs du secteur médiatique un moyen de suivi chiffré des thématiques traitées par les principaux médias télévisés français afin de pouvoir identifier les biais qui affectent la couverture des affaires européennes ;
  • Changer le paradigme européen dans les rédactions : renverser la hiérarchie des priorités éditoriales afin d’assurer la couverture dans la durée des affaires institutionnelles de l’UE, relever l’ambition éditoriale sans présumé des connaissances supposées de leur audience sur les enjeux européens sachant qu’on n’intéressera jamais les Français au fonctionnement de l’UE en entrant dans le sujet par le volet institutionnel afin de ne plus laisser l’Europe en queue de pelotons des éléments à traiter dans les émissions des médias généralistes ;
  • Renforcer la formation des journalistes, dès le niveau universitaire, sur le plan des affaires européennes, notamment en direction de la presse quotidienne régionale. Un référencement des enseignements dispensés dans les différentes structures de formation constituerait un premier progrès significatif.

Au total, renforcer l’acculturation aux questions européennes de l’écosystème politique, institutionnel et médiatique permettra de renforcer l’interconnexion entre la vie publique européenne et nationale.

L’indigence de l’information européenne dans les médias audiovisuels en France n’est pas une fatalité, mais au-delà de la prise de conscience nécessaire, il est indispensable de faire de la vie politique européenne une composante normale du débat public national.

Comment assurer plus d’Europe dans l’audiovisuel public ?

Entre déficit de l’offre (pas assez d’info sur l’Europe proposée par les médias) et déficit de la demande (pas assez d’intérêt pour l’Europe chez les citoyens), le débat est définitivement tranché avec la hausse de participation aux élections européennes. Pourtant, avec 73% des Français se déclarant mal informés sur les questions européennes, notre pays se place dernier des 28 États-membres de l’UE : le déficit d’information des Français sur l’Union européenne pose vraiment problème. L’institut Jacques Delors / Notre Europe saisit l’opportunité de la future loi sur l’audiovisuel public pour poser des propositions dans « Plus d’Europe dans les médias français à la faveur de la réforme de l’audiovisuel public » pour les chaînes de télévision et stations de radios du service public…

Quelles obligations « européennes » pour les chaînes de télévision et stations de radios publiques ?

Les entités de l’audiovisuel public font apparaître une grande hétérogénéité et des lacunes importantes en matière d’information sur l’Europe que la future gouvernance unique, avec France Médias pourrait réformer afin de renforcer la dimension européenne des obligations éditoriales et de se hisser à la hauteur des enjeux que portent aujourd’hui l’Union européenne dans notre vie quotidienne.

Radio France, le parent pauvre de l’information européenne

La pire situation concerne Radio France où il n’existe ni obligation relative à l’information sur l’Europe, ni évaluation objective de la place qu’occupe l’actualité européenne sur les radios du service public.

France Médias Monde, le média de l’actualité européenne

Le groupe France Médias Monde (France 24 et RFI) destiné aux publics internationaux informe davantage sur l’Europe. Outre la volonté affirmée de couvrir l’actualité de l’Union européenne dans le cahier des charges, le Contrat d’objectifs et de moyens vise à intensifier l’engagement éditorial européen « au travers des dizaines de rendez-vous hebdomadaires qui permettent de décrypter, expliciter, illustrer l’Europe et débattre avec ceux qui la font à Bruxelles et à Strasbourg, mais aussi avec ceux qui la vivent au quotidien ». Cette intégration d’un volet Europe à la stratégie des chaînes conduit au suivi et au contrôle qualitatif de cet objectif dans l’évaluation menée par le CSA.

France Télévisions, un engagement éditorial européen mentionné dans le cahier des charges mais sans indicateurs formels ou données chiffrées précises de suivi

Le cahier des charges du groupe France Télévisions fixe pour mission de s’attacher à intégrer la dimension européenne afin de renforcer les liens entre les citoyens européens et favoriser une meilleure compréhension du fonctionnement démocratique des institutions européennes dans :

L’ensemble de ses programmes (documentaires, fictions, jeux, spectacles vivants, etc.) ;

  • Des émissions spécifiquement consacrées à l’Europe (programmes courts, émissions régulières ou correspondant à des événements à caractère européen, etc.) ;
  • Les journaux et magazines d’information, qui accordent une large place à la connaissance des enjeux communautaires et à l’expression d’une identité européenne.

Mais la vision ambitieuse des lignes directrices du cahier des charges ne se traduit pas dans le concret du Contrat d’objectifs et de moyens qui détaille les lignes éditoriales des différentes chaînes du groupe ne comporte aucun engagement relatif à la diffusion de programmes d’information à caractère européen.

À date, le CSA ne mentionne donc pas l’actualité européenne dans son évaluation annuelle du groupe audiovisuel. En l’absence d’indicateurs chiffrés en veillant à la transparence du processus et à la publicité des données produites, il est impossible pour le CSA – et donc l’ensemble des pouvoirs publics – d’évaluer précisément la mise en lumière de l’actualité de l’Union européenne à France Télévisions, contrairement à l’Outre-Mer.

Quelles recommandations « européennes » pour renforcer la couverture médiatique de l’Union européenne dans l’audiovisuel public ?

La réforme de l’audiovisuel public est l’opportunité à saisir afin d’améliorer le traitement de l’actualité européenne :

1. Intégration dans le document de cadrage de l’activité de la future holding France Médias d’objectifs ambitieux relatifs à la couverture de l’actualité de l’Union européenne par l’ensemble des chaînes de l’audiovisuel public.

2. Évaluation annuelle des engagements de l’audiovisuel public et publication des données collectées en toute transparence.

3. Concernant Radio France, alignement du traitement de l’information des institutions européennes sur celui des institutions françaises puisque les décisions prises au niveau communautaire ont, dans leur domaine de compétences spécifiques, un impact tout aussi important sur la vie des Français.

4. Concernant France Télévisions, intégration de la dimension européenne et de l’Union européenne dans les lignes éditoriales.

5. Formation pour l’ensemble des journalistes travaillant dans des domaines de compétences liées à l’action de l’UE (économie, sciences, droit, justice, culture, etc.).

Au total, tous ces éléments permettant de réduire les difficultés de l’audiovisuel public à traiter les questions européennes devraient être complétés par une nouvelle ambition, via la croissance et la mise en commun des ressources européennes des futures chaînes de l’audiovisuel public afin notamment de renforcer la présence permanente auprès des institutions européennes de journalistes spécialisés en provenance du service public et de faire du bureau bruxellois un pôle puissant et dynamique, à même de générer un suivi attractif de l’actualité de l’Union.

Que faut-il retenir de la communication européenne en 2019 ?

Tour d’horizon des principaux sujets abordés en 2019, avec 56 billets publiés dans l’année, de leurs résultats et des perspectives…

Les élections européennes : premier thème et premiers résultats

Avec 17 billets publiés, les élections sont au hit-parade des sujets, ainsi que des statistiques de fréquentation : une observation que l’on estimera logique, une fois connus les résultats et la hausse historique de la participation, mais qui était loin d’être aussi évident au fil de l’eau.

La période de pré-campagne est plutôt sombre : « vers une défaite de la pensée ? » en janvier, « faut-il faire le deuil des grands récits ? » en février et « vers une campagne électorale européenne sous le signe des paradoxes ? » en mars sans oublier l’enjeu de la désinformation abordé en avril avec le projet « FactCheckEU » et en mai « quelle stratégie de l’Europe contre la désinformation ? ».

Les analyses de la campagne, en mai, avant les élections sont plutôt circonspectes : « que veulent vraiment les Européens entre mythes et réalités ? », « quelle visibilité, européanité et tonalité de la couverture médiatique ? » et surtout « quel est le diagnostic de la campagne ? » à quelques jours du scrutin.

La participation électorale meilleure n’avait pas été anticipée : « comment expliquer la divine surprise de la participation ? » début juin et « Eurobaromètre post-électoral : les raisons de la participation aux élections européennes » début juillet. Autres enseignements de la campagne : « la procédure des Spitzenkandidaten est-elle morte ? » et « #EP09vs19 : bilan d’une décennie de communication pour les élections européennes ».

La communication des institutions et des personnalités européennes : quelques évolutions, peu d’actions

Sujet d’importance moindre, tant en volume qu’en intérêt faute d’actualités, la communication de l’Union européenne se révèle presque plus intéressante par ses personnalités que par les actions de communication des institutions de l’UE.

Ursula van der Leyen occupe, évidemment, une place de choix : « Nominations post-élections européennes : quelles stratégies de communication politique européenne ? », « Programme politique de la nouvelle présidente de la Commission européenne » et « La communication européenne, selon Ursula von der Leyen » face à « Juncker vs Tusk : le choc des styles et des méthodes de communication » et à l’inévitable « Quel bilan pour la communication de la Commission Juncker ? ».

Du côté de la communication de l’UE, c’est la communication de proximité qui intéresse, davantage que la communication institutionnelle : « storytelling de l’Europe : comment parler de l’UE selon les communicants de terrain ? », « Comment mieux communiquer sur la politique de cohésion de l’UE ? » et « Communiquer sur la politique de cohésion de l’UE : enquête sur l’impact auprès des publics locaux ? ».

Les nouveaux territoires de réflexion : l’émancipation de la communication européenne

Pour la rentrée, une série – un format inédit – autour des « verrous que la communication européenne doit briser » avec plusieurs questions concernant la communication de l’UE :

La question des médias encore et toujours d’actualité

Quelques billets abordent les enjeux de l’information européenne et des médias, du « lancement du Mook « Européens » pour raconter l’Europe par les Européens » à « l’euroscepticisme : quel rôle des médias en ligne ? » aux « effets des médias pour la confiance dans l’Union européenne ? » et aux « tendances sociologiques du monde de l’information européenne ? ».

Les innovations démocratiques et la conférence sur l’avenir de l’Europe

La question de l’innovation démocratique pour « reconnecter la politique européenne avec les citoyens de l’UE » s’attache particulièrement en fin d’année sur la prochaine conférence sur l’avenir de l’Europe : « rapprocher l’Union européenne de ses citoyens : une consultation permanente des citoyens européens », « relancer la démocratie européenne : réforme constitutionnelle et conférence sur l’avenir de l’Europe » et donc « quel modèle pour la Conférence sur l’avenir de l’Europe ? ».

Les enjeux de l’opinion publique européenne

La recherche de connaissances et de compréhension de l’opinion est présente au fil de l’année avec « quête du sens de l’Europe : cartographier les communautés d’Européens », « une anthropologie politique fondamentalement pro-européenne », selon Dominique Wolton, « comment remédier aux symptômes des populismes en Europe », selon Ivan Krastev et enfin « quelles sont les attentes des citoyens à l’égard de l’Union européenne ? ».

Les thématiques secondaires mais récurrentes : digital, think tank et lobbying

Plusieurs sujets sont abordés occasionnellement au cours de l’année comme le digital avec « pour un benchmark annuel des sites web de l’UE » et « quelles sont les stratégies de communication en ligne des eurodéputés ? » ; les think tank avec un « panorama selon le registre de la transparence de l’UE et Twitter » et les affaires publiques avec un autre « panorama des cabinets européens de lobbying et d’affaires publiques européennes ».

Enfin, pour terminer l’année, deux billets plus légers pour réfléchir aux « imaginaires pour l’Europe » selon des dessinateurs et des historiens et à « comment romancer l’Europe ? ».

Quels sont les effets des médias pour la confiance dans l’Union européenne ?

Est-ce que l’information des médias, en particulier la visibilité et la tonalité, joue un rôle dans la confiance des citoyens dans l’Union européenne, selon Anna Brosius, Erika J van Elsas et Claes H de Vreese dans“Trust in the European Union: Effects of the information environment” ?

Pourquoi les citoyens font confiance ou ne font pas confiance à l’UE ?

Du côté des arguments traditionnels, avec d’une part, la « logique d’identité », qui conceptualise la confiance comme une conséquence de l’attachement émotionnel à l’UE et d’autre part, la « logique de rationalité », qui suppose que la confiance des citoyens repose sur des éléments rationnels, des considérations utilitaires relatifs à la performance perçue de l’UE.

L’argument de recherche porte plutôt sur la « logique d’extrapolation », qui envisage que les citoyens fondent leur confiance sur l’UE en fonction de substituts comme par exemple la confiance dans des institutions nationales plus familières.

Comment l’information des médias influe sur la confiance politique dans l’UE ?

Les preuves sur les effets du contenu des médias sur la confiance politique dans l’UE ne sont guère concluantes.

Quelques observations tirées d’une analyse dans une dizaine d’États-membres sur une dizaine d’années tendent à confirmer certaines intuitions : La confiance dans l’UE est plus forte lorsque l’UE est plus visible dans les médias et lorsque la couverture est plus positive. Une couverture négative de l’UE atténue la relation entre confiance dans le gouvernement national et confiance dans l’UE, tandis qu’une couverture positive de l’UE et une visibilité accrue de l’UE amplifient cette relation.

Cependant, la vision trop souvent dominante que les citoyens utilisent les médias pour acquérir des connaissances grâce aux informations – la couverture médiatique aidant les citoyens à porter des jugements plus éclairés sur les institutions européennes – n’est pas toujours vérifiée.

Bien au contraire, tout le monde n’apprend pas des médias en toutes circonstances. Certains citoyens, ceux souffrant d’un manque de connaissances et d’opinions sur l’UE, renforcent leur extrapolation et utilisent le climat médiatique négatif pour redoubler leur défiance.

Même, l’information positive et la visibilité de l’UE exercent une fonction polarisante, qui créé un fossé plus grand entre ceux qui font confiance et ceux qui ne font confiance à aucune institution. Nombreux sont les citoyens qui se méfient des deux institutions – l’UE et les médias – et les médias ne modifient pas leurs opinions.

Principal enseignement pour l’UE et sa communication auprès des journalistes : compte tenu du « déficit de communication » de l’UE et du fait que l’UE ne devient généralement visible dans les médias que pendant les crises, la visibilité de l’UE dans les médias risque de renforcer le jugement de citoyens méfiants dont l’opinion peut difficilement être influencée par le contenu des médias.