Communiquer sur la politique de cohésion de l’UE : enquête sur l’impact auprès des publics locaux ?

Défi pourtant majeur pour les décideurs politiques et locaux, les résultats sociétaux de la politique de cohésion de l’UE sont encore moins bien compris que les résultats économiques. Le projet PERCEIVE a enquêté pour mieux comprendre dans quelle mesure la communication des praticiens de la politique de cohésion de l’UE est perçue et comprise par les publics locaux et produit et amplifie la « sensibilisation » à la politique de cohésion de l’UE et « l’appréciation » générale de l’UE…

Compréhension des mécanismes et des résultats de la communication dans la pratique actuelle de mise en œuvre de la politique de cohésion de l’UE

L’objectif de l’enquête porte sur deux aspects principaux de la manière dont la communication peut avoir des effets sur les audiences :

  • La mesure du contenu de la communication locale et son lien avec des contenus circulant au niveau paneuropéen ;
  • Le montant des fonds structurels et l’allocation spécifique des investissements en communication et leurs impacts.

Le périmètre de l’enquête s’intéresse aux pages Facebook des organisations de mise en œuvre de la politique de cohésion de l’UE, ayant le droit de communiquer. Ces autorités de gestion locales diffèrent selon les régions et les pays. Dans certains cas, la communication est gérée au niveau du gouvernement régional, dans d’autres, les efforts de communication sont plus ciblés au niveau opérationnel local.

L’hétérogénéité observée crée des différences importantes pour la communication : alors que les petites unités ont généralement moins de capacité à générer du trafic et donc moins de visibilité, elles peuvent néanmoins bénéficier d’un ciblage plus étroit et afficher ainsi un niveau plus élevé d’engagement communautaire.

Cartographie des conversations sur les médias sociaux pour mieux comprendre la configuration paneuropéenne et nationale des discussions sur la politique de cohésion de l’UE au niveau régional

Dans une large mesure, les sphères publiques affichent toujours un certain degré d’internationalité au niveau régional, c’est-à-dire qu’elles couvrent des sujets abordés dans plusieurs espaces publics nationaux.

Dans le même ordre d’idée, certains sujets liés à la politique de cohésion de l’UE sont très étroitement liés localement, tandis que d’autres sont plus répandus au niveau paneuropéen, comme par exemple l’archipel de sujets sous le label de l’euroscepticisme.

De manière générale, les sujets qui collectent des plaintes se retrouvent plus souvent dans les commentaires que dans les messages. D’ailleurs, les sujets qui expriment des critiques sont les plus largement diffusés. Parallèlement aux plaintes adressées aux fonds européens et à leur utilisation, le thème lié à la «vaccination» fait l’objet de débats très animés avec des adeptes de l’anti-vaccin largement actifs sur Facebook. Les sujets relatifs aux services sociaux et aux soins de santé semblent prédominés.

Analyse du lien entre investissement en communication et sensibilisation / appréciation des actions régionales liées à la politique de cohésion de l’UE

Le montant des fonds structurels en faveur de la population s’associe de manière significative et positive à la connaissance de la politique, à l’intérêt personnel perçu et à l’appréciation politique de l’adhésion des pays à l’UE. Ce résultat est stable.

Le montant des investissements dans la communication par habitant au cours de la période actuelle (2014-2020) est associé de manière significative et positive à la probabilité pour les citoyens de percevoir un avantage personnel découlant de l’action de l’UE à travers sa politique. En revanche, l’association est négative pour le cas de l’appréciation politique (c’est-à-dire l’adhésion d’un pays à l’UE), suggérant une non-linéarité dans les effets de la communication (c’est-à-dire que l’avantage personnel perçu ne se traduit pas automatiquement par une appréciation politique plus élevée).

L’investissement en communication au cours de la dernière période (2007-2013) n’est associé que très modestement et positivement à la prise de conscience, alors qu’il ne semble pas avoir d’effet sur la probabilité pour les citoyens de percevoir un avantage personnel ou d’exprimer une appréciation politique. Ce résultat suggère une diminution de l’efficacité de la communication dans la formation des opinions des citoyens au fil du temps.

Des proportions plus élevées de vocabulaire négatif (c’est-à-dire potentiellement porteur de sentiments négatifs) dans la communication en ligne s’associent de manière significative et négative à une probabilité plus faible que les citoyens apprécient l’impact des interventions politiques de l’UE sur les plans personnel et politique. Ce résultat est hautement cohérent.

La fréquence d’utilisation de sujets à connotation négative semble généralement conduire à une moindre appréciation en termes d’avantage personnel perçu et d’appréciation politique, même si les résultats ne sont pas toujours simples et mécaniques.

Implications politiques pour la mise en œuvre des actions régionales de la politique de cohésion de l’UE pour la communication

Une première et très générale conséquence est que les décideurs politiques doivent accorder une plus grande attention à la communication en tant que mécanisme permettant de sensibiliser et en particulier d’apprécier la politique de l’UE. Plus de financement se traduit par plus de sensibilisation et d’appréciation pour la politique de cohésion, en raison de son déploiement à l’échelle locale.

Une deuxième implication découle directement de la dissociation des aspects dynamiques : alors que les budgets spécifiquement alloués à la communication au cours de la période actuelle ont un effet positif sur l’appréciation personnelle des actions de l’UE, les fonds alloués à la communication lors de la période précédente n’ont aucun impact sur l’appréciation et seulement des impacts très limités sur la sensibilisation. L’implication pour le développement et la mise en œuvre de la politique de cohésion de l’UE repose sur l’idée d’un effet décroissant des impacts sur la communication.

En d’autres termes, les habitants des régions ayant bénéficié d’investissements dédiés en communication dans le passé pourraient connaître une baisse des niveaux de sensibilisation et d’appréciation après avoir reçu moins de fonds structurels ou des budgets de communication réduits.

En vue de la prochaine négociation budgétaire pluriannuelle de l’UE, il faudrait donc utiliser des stratégies de communication qui traitent spécifiquement de l’objectif de « maintenir » les niveaux de sensibilisation et d’appréciation sur les territoires locaux une fois que les régions atteignent des niveaux de développement plus élevés même si les niveaux de financement structurel de l’UE sont de facto en baisse.

Au total, puisque les citoyens et les décideurs politiques sont ancrés dans des structures de sens créées collectivement au niveau local – leur attitude à l’égard de l’UE dépendant de cet enracinement – la communication sur la politique de cohésion de l’UE devrait davantage capitaliser sur ces identités locales pour décupler son potentiel de sensibilisation et d’appréciation positives.

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