Archives de catégorie : Communication sur l’Europe

Billets sur la communication européenne des États-membres et de la société civile

Comment l’Union européenne lutte contre la propagande ?

Dans « Les politiques européennes de lutte contre la propagande », Marie Robin pour la Fondation Robert Schuman décryptent les armes communicationnelles et narratives pour faire avancer leurs propagandes dans un conflit et sur la scène internationale, l’invasion de l’Ukraine par la Russie étant accompagnée d’opérations d’influence, de désinformation et de propagande, la plupart antieuropéennes. L’Union européenne directement concernée par les discours de propagande tente donc de développer des stratégies de lutte contre les contenus propagandistes et leurs effets…

Fausses nouvelles et propagande, un problème pour la démocratie en Europe

66% des citoyens en Europe déclarent lire ou entendre des fausses nouvelles au moins une fois par semaine, nous « subissons une pression grandissante et systématique pour faire face aux campagnes de désinformation et d’informations trompeuses et à la propagande contre la notion même d’information objective ou de journalisme éthique, en ne diffusant que des informations partiales ou servant d’instrument au pouvoir politique, et qui nuisent également aux valeurs et aux intérêts démocratiques ».

La principale menace identifiée quand il s’agit de propagande en Europe a trait à la propagande antieuropéenne du Kremlin, vue comme un potentiel risque de « rideau de fer informationnel » : narratifs et armes de propagande pour justifier sa guerre contre l’Ukraine tout en diffusant des récits anti-européens potentiellement déstabilisateurs.

La propagande chinoise est principalement dénoncée non pas pour ses propres intérêts directs, mais comme relais et soutien du Kremlin au sein de l’Union.

L’extrême droite, appartenant aux mouvances suprémacistes, néonazies et/ou conspirationnistes, souvent inspirées des mouvements QAnon aux États-Unis, diffuse des discours haineux, extrémiste et violent anti-immigration, antiféminisme, conspirationnisme, antisémitisme et anti-élite. Les groupes d’extrême droite diffusent des contenus anti-démocratiques, visant à déstabiliser la cohésion européenne et à promouvoir des visions strictes des frontières.

Lutter contre les contenus de propagande, terroristes ou non, destinés à déstabiliser l’Union européenne ou ses États membres

Garantir des principes fondateurs : liberté des médias, accès à l’information, liberté d’expression, pluralisme des médias.

Identifier et connaître avant de lutter contre les contenus de propagande : saisir, comprendre et analyser, l’Union européenne cherche à agir en tant que « forum de coordination » entre les États membres, favorisant le partage d’informations, l’échange de bonnes pratiques tout en développant, à l’échelle supranationale, des initiatives de recherche et de renseignement destinées à saisir ces contenus.

Empêcher la diffusion de contenus de propagande non-terroristes, c’est-à-dire suspendre la diffusion de certains médias, comme les chaînes russes TV RT ou Sputnik dans les États membres.

Idéalement, supprimer les contenus dans une temporalité rapide afin d’en éviter la viralité. interdire les médias qui diffusent des contenus de propagande et empêcher le recrutement par des acteurs propagandistes étrangers de relais d’influence au sein de l’Union.

Contrer ne peut se faire avec les armes des adversaires sous forme de contre-propagande, l’Union européenne privilégie plutôt de déconstruire (debunker) et de promouvoir des voix modérées

« Debunker la désinformation » passe dès 2015 par une Task force de communication stratégique dans le voisinage oriental (East StratCom Task Force) via le site EUvsDisinfo pour « expliquer et dénoncer les récits de désinformation et sensibiliser à l’impact négatif de la désinformation provenant de sources pro-Kremlin. »

Refuser de faire de la contre-propagande, c’est montrer le faux et exposer les mensonges proposés dans les discours de propagande, réfuter et diffuser des informations utour des valeurs démocratiques et des politiques publiques proposées par l’Union européenne

Former pour mieux lutter contre les informations partiales ou erronées véhiculées par les discours de propagande ou de désinformation, l’Union européenne promeut un journalisme de bonne qualité en soutien à la liberté des médias et en renfort des médias indépendants

Potentiels défis de la responsabilité commune à l’Union européenne et aux États membres

« Si tout le monde est responsable, alors peut-être qu’in fine, personne ne l’est », la dualité, louable en principe peut néanmoins se révéler un obstacle en certaines occasions et conduire à de potentielles injonctions contradictoires.

Le choix de l’Union européenne de promouvoir un discours positif n’est pas sans obstacle dans un contexte de montée du populisme dans plusieurs États membres mettant en cause le caractère fondamentalement démocratique de l’UE.

Contrer les accusations de technocratie ou de prise de décision made in Bruxelles, c’est la mission des institutions européennes, de rendre leur fonctionnement, et les mesures adoptées, accessibles et compréhensibles pour les citoyens.

Contrer les discours anti-européens dans et en dehors de l’Union européenne passe, avant tout, par le renforcement du projet européen, de la cohésion entre ses États membres et de son accessibilité auprès de tous les Européens.

Vers nouvelle doctrine économique européenne

Décryptage du discours du Président de la République à La Haye le 11 avril dernier, dessinant les contours d’une nouvelle doctrine économique européenne, pour protéger les intérêts et valeurs françaises et européennes, pour demeurer souverains, pour mener à bien la transition climatique, pour créer des emplois et de la croissance et préserver notre modèle social…

Querelle de forme et débat de fond

Le narratif préféré des Européens, c’est que l’Union européenne est toujours censée sortir grandie des crises ; mais là, avec l’agression russe en Ukraine, les cartes sont rebattues et l’incertitude est totale. Le temps n’est plus au « business-as-usual » où chaque protagoniste joue son rôle d’acteur pour ou contre l’Europe.

Le concept de « souveraineté européenne » placé au centre du projet politique présidentiel est une fausse controverse mais un vrai point de friction très largement critiqué en France et en Europe.

Le philosophe-roi, dont on sait qu’il ne s’agit pas d’une bonne idée, tente une nouvelle fois de convaincre de la pertinence de son idée, en s’appuyant sur Spinoza et son Traité théologico-politique : « « Le droit est défini par le pouvoir de la multitude. C’est ce que l’on appelle la souveraineté ». (…) Pour être soi-même, il faut être souverain, identité et souveraineté sont intrinsèquement liées (…) défendre sa souveraineté n’implique pas de s’éloigner de ses alliés, mais uniquement de pouvoir choisir ses partenaires et de façonner sa destinée plutôt que de n’être que le simple témoin de l’évolution dramatique du monde ».

La pandémie et la guerre nous ont fait comprendre que pour préserver l’identité européenne, il nous fallait réduire notre niveau de dépendance. Une nouvelle doctrine globale en matière de sécurité économique doit nous protéger, préserver notre identité et nous permettre de définir de manière autonome nos modèles actuels et futurs.

Compétitivité et intégration européenne

Promouvoir son identité et défendre, à long terme, le modèle européen ne peut se faire sans être en mesure de produire les solutions les plus performantes, s’assurer d’innover sur un marché ouvert afin de rester un continent de producteurs et pouvoir prendre des décisions pour nous-mêmes; ce qui requiert des talents et des compétences, implique de veiller à ce que la population soit formée et dispose des capacités nécessaires pour s’adapter à l’environnement actuel.

Nous avons besoin d’une Europe et d’une intégration renforcées de nos marchés, qui constitue la chance, la force de l’Europe ; le financement de nos économies – les talents et le capital – est essentiel dans un monde en pleine innovation, il faut une Union des marchés des capitaux.

Politique industrielle européenne

Le manque d’équilibre entre le marché et l’intervention publique, nous place dans une situation de trop forte dépendance et nous permet pas de peut créer notre propre industrie à zéro émission nette, notre propre industrie des semi-conducteurs ou encore notre politique industrielle agricole.

Notre politique industrielle européenne doit réunir les problématiques industrielles, les enjeux climatiques et l’autonomie décisionnelle en vue de la création de valeur économique en Europe ainsi que du financement de notre modèle social. Sans production, pas de justice.

Protection des intérêts stratégiques de l’Europe

Protéger les intérêts de nos actifs stratégiques contre des actions hostiles ou des pratiques distortives permettant de bloquer ou d’interdire les participations ou les acquisitions étrangères dans certaines entreprises stratégiques marque un véritable tournant idéologique afin de protéger les infrastructures essentielles et la cybersécurité.

Assurer la prévention des contenus numériques, dans les domaines de l’éducation et de la culture se traduit par la protection de nos réseaux sociaux, de nos intelligences artificielles et de toutes ces innovations qui nous exposent à un réel danger et qui peuvent nuire à l’éducation de nos enfants et au fonctionnement de notre démocratie.

Réciprocité

Les marchés ne peuvent plus se réguler d’eux-mêmes, la réciprocité sera particulièrement importante pour la nouvelle génération d’accords commerciaux à la fois :

  • soutenable avec la lutte contre les changements climatiques et le respect des engagements en faveur de la biodiversité ;
  • équitable et équilibré pour éviter tout effet préjudiciable sur l’économie de l’Union européenne, notamment dans les secteurs les plus sensibles ;
  • clarifiant les intérêts stratégiques de l’accord pour l’Union européenne comme l’accès privilégié aux matières premières essentielles ou la diversification des fournisseurs dans les secteurs clés.

Coopération

Établir une série de coopérations destinées à renforcer et étendre nos règles et instruments multilatéraux afin de porter notre modèle européen au niveau international :

  • revitaliser et étendre le cadre multilatéral de l’Organisation Mondiale du Commerce pour un monde ouvert et plus durable ;
  • respecter un haut niveau d’exigence en termes de valeurs, comme la lutte contre la déforestation ou le travail forcé.

Cette nouvelle doctrine économique concilie la création d’emplois, le financement de notre modèle social, la lutte contre les changements climatiques ainsi que le renforcement de notre autonomie décisionnelle afin de préserver nos valeurs et notre modèle européen, qui repose sur l’humanisme, la liberté et la solidarité, une nécessité pour vivre en tant qu’Européens.

EuropCom 2023 : Communiquer la démocratie, communiquer l’Europe

Rendez-vous incontournable des professionnels de la communication européenne, la communauté EuroPCom se retrouve les 26-27 juin 2023 pour réfléchir aux questions majeures en rapport avec le thème, cette année, de la conférence sur la démocratie européenne, selon le programme

Risques et périls de la communication européenne au regard des dangers

Lutter contre désinformation et influences de la technologie sur la démocratie est le thème inaugural qui pose de nouvelles responsabilités en tant que communicateurs européens.

Renforcer la résilience face à la manipulation des informations liées aux élections fait l’objet d’un laboratoire d’idées sur la détection et la réponse à la désinformation avant les élections européennes.

Combler le fossé entre l’UE et les collectivités locales, en montrant les meilleures pratiques réussies d’activités de communication au niveau local et régional.

Défis et opportunités pour la communication européenne au regard des best practices

Améliorer l’éducation aux médias, puisque l’influence des médias d’information traditionnels diminue tandis que les médias sociaux prennent en partie le rôle d’établissement de l’agenda et de contrôle d’accès menaçant l’avenir pour un journalisme de qualité dans une société où les gens restent dans leurs chambres d’écho de l’information. Dans le plan d’action européen pour la démocratie 2019-2024, l’éducation aux médias des citoyens agit sur leur capacité à évaluer de manière critique le contenu des médias et à lutter contre la désinformation.

Segmenter l’audience comme stratégie de communication réussie, pour que la communication sur les politiques publiques européennes ait un sens, il s’agit d’engager auprès des citoyens à un niveau personnel. Les résultats d’une segmentation d’audience paneuropéenne, la première du genre, réalisée en 2022 par Ipsos pour la DG COMM de la Commission européenne, a identifié six segments basés sur les valeurs et les attitudes politiques des citoyens (vs une segmentation traditionnelle socio-démographique) pour les stratégies de messages et d’achat de médias.

Impliquer les citoyens, engager les citoyens à faire entendre leur voix et leur permettre de prendre des décisions éclairées devient un pilier de la démocratie européenne afin de répondre différemment aux enjeux institutionnels et politiques aux échelles nationales et européennes tout en assurant que tous les différents groupes de personnes sont entendus.

Renforcer la démocratie européenne avec la participation citoyenne et la démocratie délibérative tels que panels de citoyens ou dialogues citoyens permanents ne sont pas simplement des mots à la mode mais des exemples concrets de la manière d’accroître la participation et l’appropriation citoyennes de la démocratie européenne.

Améliorer l’engagement civique avec des outils numériques et des données ouvertes utilisés pour le crowdsourcing et la co-création dans l’élaboration des politiques publiques comme par exemple la solution de données ouvertes TrackMyEU et les nouvelles plateformes de médias sociaux open source développées par le Contrôleur européen de la protection des données favorisent la transparence et responsabilisent les citoyens.

Expérimenter la démocratie différemment que ce soit sous l’angle de la diversité, de l’inclusion et de la cohésion sociale ou encore grâce à la liberté d’expression contre les sentiments avec la satire dans les démocraties modernes, avec Fabio Mauri « Directeur général à la DG MEME » (une fonction parodique).

Faire campagne à l’aune des élections européennes

Activer les électeurs avant les élections européennes afin de parvenir à des stratégies favorisant une participation active aux processus démocratiques et surtout toucher les primo-votants.

Toucher les citoyens de manière engageante et massive en amont des élections ou d’autres moments démocratiques importants via des initiatives d’engagement citoyen, des campagnes participatives à double sens menées par JEF Europe et Make.org qui s’appuient sur une longue expérience en matière d’éducation civique et d’engagement pour apporter une démarche permanente : EurHope, une plateforme interactive en ligne pour sensibiliser aux élections européennes et créer un dialogue entre les jeunes de nombreuses régions européennes.

Rendez-vous les 26-27 juin 2023 !

Tendances et dynamiques politiques dans l’Union européenne : perspectives pour les élections européennes de 2024

Un an avant les prochaines élections européennes de2024, quelles sont les tendances et dynamiques politiques liées aux projections des dynamiques électorales à anticiper de l’impact des résultats du scrutin sur la répartition du pouvoir au sein des institutions européennes ?

Une reconduction de la coalition centriste, plus à droite ?

Selon une étude de Matrix.eu, dans l’ensemble, la tendance à la baisse des parts de vote des groupes centristes PPE, S&D et Renew, observée depuis 2009, devrait se poursuivre lors des prochaines élections européennes. Les deux groupes les plus importants, PPE et S&D – qui travaillaient exclusivement en coalition dans les mandatures antérieures à l’actuelle – n’obtiendraient qu’un bon 40 % des sièges.

Dans le cadre de la coalition actuelle des trois groupes centristes réunis, les résultats anticipés déboucheraient sur une majorité étroite d’environ 56 % de tous les sièges – sans qu’il n’y ait une majorité de sièges ni à gauche ni à droite du spectre de ces partis. Cependant, en raison du renforcement des conservateurs et des députés européens non affiliés de droite, le spectre politique du Parlement européen serait susceptible de se déplacer davantage vers la droite.

Ce changement de pouvoir aura également un impact sur le positionnement du Parlement européen dans des domaines politiques clés comme les réglementations industrielle ou environnementale ou sociale, le prochain parlement plaidera à l’avenir pour une approche plus orientée vers les recommandations pro-marché des acteurs économiques.

Les majorités au Parlement européen seront encore moins claires après les élections de 2024, posant des défis majeurs aux parties prenantes qui souhaitent faire valoir leur position dans le processus législatif européen.

Un renouvellement inédit des eurodéputés et du personnel politique européen ?

Dans une autre étude de Matrix.eu, les projections tableraient sur un minimum de 55% de nouveaux arrivants au prochain Parlement européen, un niveau de renouvellement très élevé.

En effet, un tiers des députés européens devraient perdre leur siège en raison de changements électoraux (par exemple, leurs partis perdront des sièges lors des prochaines élections). De plus, d’autres députés seront changés en raison du roulement dans les rangs des partis établis. Enfin, le nombre réel pourrait même être plus élevé en raison d’un autre phénomène : la dynamique, qui fait qu’aux élections européennes, les partis fraîchement créés gagnent du terrain dans les sondages à mesure que nous nous rapprochons des élections, envoyant de facto de nouveaux élus siégés au Parlement européen.

Cette proportion élevée du renouvellement des députés européens a des implications importantes (à la fois des risques et des opportunités) pour les parties prenantes, car la plupart des nouveaux arrivants ne seront familiarisés ni avec l’agenda ni avec les procédures des institutions de l’UE pour naviguer dans les subtilités de l’élaboration des politiques bruxelloises.

Affaire à suivre !

Médias sociaux : recommandations pour une déclaration des droits numériques, un code de conduite des développeurs et des principes de gouvernance de l’information numérique

Les acteurs technologiques, la société civile, le milieu universitaire et le public devraient élaborer une déclaration des droits numériques des utilisateurs, un code de conduite des développeurs et des principes de gouvernance de l’information numérique afin de promouvoir leur adoption et leur adhésion, selon l’étude. “Social Media: The Canary in the Coal Mine – A Digital Bill of Rights, Developers’ Code of Conduct, and Information Governance Principles for a Healthier Digital World”…

Pour un cadre de gouvernance efficace des médias sociaux

Le monde numérique rend nos autorités de gouvernance actuelles inadéquates, confrontées aux nouveaux défis technologiques. Les décideurs politiques et les régulateurs manquent actuellement de ressources pour protéger efficacement un avenir numérique positif. Les droits numériques nécessitent des protections que nos structures actuelles n’offrent pas entièrement.

La régulation des nouvelles technologies doit reposer sur des recherches fiables, un écosystème d’innovation privée renforçant l’intérêt public ainsi qu’une gouvernance qui responsabilise de manière équitable et cohérente.

1) Établir de futurs programmes de recherche et de subventions pour les universitaires

La base consiste d’abord à clarifier quand et comment les plateformes peuvent partager des données avec des chercheurs du milieu universitaire tout en protégeant les droits à la vie privée des utilisateurs.

La recherche devrait se concentrer sur :

  • L’établissement de définitions et de bases de référence pour les dommages numériques et les préjudices (y compris psychologiques) ;
  • Des mécanismes de signalement efficaces pour les problèmes de sécurité des utilisateurs ;
  • Des ensembles de données ouvertes à la recherche ;
  • Des expérimentations de technologie qui soutiennent les principes de démocratie et de transparence.

2) Distribuer des subventions pour encourager l’innovation

En outre, des programmes de financement spécifique devraient être exploré pour inciter les entreprises ou les investisseurs en phase de démarrage promouvant des principes de gouvernance démocratique auprès notamment des fonds de capital-risque émergents

3) Établir des exigences de reporting et de responsabilisation

Des rapports obligatoires par les plateformes pourraient s’inspirer structurellement des modèles mis en œuvre par les investisseurs autour des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance pour tous les médias sociaux, entreprises de médias et plateformes.

Des exigences spécifiques pourraient être intégrées :

  • Des normes sociales démocratiques ;
  • L’audit algorithmique, la transparence des algorithmes et la prise de décision automatisée ;
  • Le partage de données avec les chercheurs ;
  • Les pratiques commerciales monétisant les données des utilisateurs ;
  • Les moyens de mesurer la crédibilité/l’exactitude du contenu original
  • L’évaluation des risques sanitaires et systémiques actuels ;
  • Les normes de portabilité ou d’interopérabilité ;
  • L’incidence des publications parrainées ou amplifiées par des gouvernements étrangers ;
  • L’accessibilité et l’inclusion.

Pour des plateformes responsables des médias sociaux

Les technologies confèrent aux plateformes un rôle démesuré dans les interactions, sans être encore bien adaptées. La société attend plus des entreprises, ainsi que de leurs investisseurs, avec leur prise de pouvoir croissante. L’histoire a montré l’importance d’assurer un plus grand rôle aux consommateurs et à leur protection. Alors que des portions importantes de la place publique passent aux mains du privé, les plateformes doivent s’adapter à leurs nouvelles responsabilités publiques.

Les plateformes doivent gagner la confiance des consommateurs en appliquant judicieusement et équitablement leurs politiques, en alignant leurs incitations sur les intérêts des utilisateurs et en présentant des informations fiables, sans être les arbitres ultimes de la vérité ; au contraire, la transparence et la capacité des utilisateurs à déchiffrer la crédibilité sont deux facteurs clés pour gagner la confiance du public.

Les plateformes responsables établiront également des normes éthiques élevées en interne, à la fois pour leurs employés et pour leurs décisions commerciales plus larges. Alors que les plateformes bénéficient d’un pouvoir sociétal et d’un espace considérable pour innover sans réglementation, elles doivent également s’engager à respecter des normes éthiques pour limiter les abus de ce pouvoir et de cette discrétion. Une partie de cet engagement englobe la nécessité pour les plateformes d’éduquer le public sur le fonctionnement de leurs algorithmes afin que le public puisse vraiment surveiller ses intérêts dans le monde numérique. Enfin, les plateformes doivent respecter les droits numériques de tous leurs utilisateurs – un élément essentiel pour leur relation positive avec la société américaine.

La Charte des droits numériques et le Code de conduite des développeurs fournissent des modèles de normes et de standards qui pourraient être adoptés par les producteurs de la société numérique et utilisés pour éclairer leurs politiques afin de produire une stratégie mieux coordonnée pour l’ensemble de la société pour un univers numérique sain.

1) Une stratégie numérique pour toute la société adoptée pour renforcer la fiabilité des plateformes

Pour être crédible et donc efficace, une stratégie sociétale pour une société numérique saine devra être élaborée selon un processus qui évite de donner un avantage économique à une entreprise. Il doit créer un espace pour les nouveaux entrants et éviter un monopole du pouvoir pour une seule grande plateforme.

L’élaboration de ces normes et standards règlementés nécessitera l’ouverture de canaux formels pour la contribution du public, l’engagement dans le dialogue et la garantie que les points de vue des minorités seront entendus. Ces efforts pourraient compléter le code de bonnes pratiques de l’UE sur la désinformation, qui a réuni les plateformes en ligne et l’industrie de la publicité pour s’autoréguler. Un effort de toute la société nécessite un engagement d’une multitude de façons à différents niveaux de spécificité pour générer l’adhésion et opérationnaliser les nouvelles normes et standards sur le terrain.

L’industrie technologique devrait être encouragée à établir ses propres normes qui promeuvent l’essence des principes éthiques de gouvernance de l’information, car l’autorégulation est dans le meilleur intérêt des publics et sur une base commune à l’industrie pour codifier un comportement approprié.

2) Adopter la diversité

L’éthique va au-delà de l’appel ordinaire pour assurer l’inclusivité, l’accessibilité, la diversité de pensée et l’équité. Les plateformes en ligne doivent adopter la diversité en intégrant les points de vue de diverses communautés dans le processus de conception dès le premier jour, les services et les produits prendront plus efficacement en compte les différentes perspectives sur la manière dont ils sont utilisés afin d’en limiter les dommages.

3) Garantir le respect des droits numériques

Pour intégrer ces concepts sur le terrain et partager les meilleures pratiques, la formation des employés sur les plateformes est indispensable en matière de conception, d’exploitation, d’administration et de gouvernance éthiques. Cette formation doit inclure un engagement signé des employés à suivre un code de conduite des développeurs et des entreprises à adhérer aux principes de gouvernance de l’information, en plus de respecter les droits numériques des utilisateurs.

Pour un public autonomisé et formé aux médias sociaux

Une nouvelle ère numérique offre d’immenses possibilités aux individus, mais seulement si nous sommes correctement préparés à gérer cette complexité. Dans le modèle actuel, l’attention des individus est traitée comme un produit à vendre, avec l’éducation des plateformes sur le fonctionnement de leurs algorithmes, le public doit se préparer à évaluer les implications des nouvelles dynamiques de pouvoir dans le paysage numérique, afin de ne pas être laissé vulnérable à une exploitation future par des intérêts étroits.

Les individus doivent activement s’attaquer à la complexité et aux implications de leur existence en ligne. Cela n’est possible qu’avec une certaine éducation sur les technologies elles-mêmes, la manière dont elles influencent le choix individuel et les motivations des plateformes et des producteurs de contenu. Pour sauvegarder les droits et les intérêts des consommateurs, les individus doivent se mobiliser et plaider auprès des décideurs.

Bien qu’il existe des biens sociaux qui sortent de ces modèles, comme des produits gratuits, les utilisateurs ont besoin de la liberté de choisir leurs relations, plutôt que d’être forcés à accepter des réalités monopolistiques afin qu’ils soient habilités à penser de manière critique, à défendre leurs intérêts dans le monde numérique et à participer aux processus démocratiques.

La démocratie exige qu’un public engagé réfléchisse de manière critique aux règles et aux normes nécessaires à une société saine, et cela vaut autant pour la société numérique que pour le monde réel. Toutes les parties prenantes doivent avoir la possibilité de participer à la spécification de ces règles et normes, y compris le développement et l’utilisation d’outils pour les réaliser.

1) Développer des outils civiques d’éducation pour assurer une meilleure compréhension sociétale des risques et opportunités présentés par la participation en ligne

Les parties prenantes doivent développer, promouvoir et diffuser des outils qui soutiennent l’éducation civique qui favorise une société numérique saine. La finalité vise à offrir une compréhension politiquement neutre et à promouvoir la pensée critique tout en fournissant une compréhension de base de la technologie :

  • La littératie numérique ;
  • La conscience de la confidentialité et de la sécurité ;
  • L’éthique technologique ;
  • La préparation numérique ;
  • L’atténuation des risques numériques ;
  • La gestion de la santé mentale.

La pensée critique, à savoir la remise en question constante du contenu, des algorithmes et des autres structures systémiques de la société numérique, est donc un élément important de l’autonomisation du public aux côtés de la compréhension générale de la technologie et de ses conséquences. Cette réflexion critique sur le monde numérique devrait faire partie d’une éducation civique généralisée.

D’autres formes de discussion publique pourraient porter sur la manière d’identifier la més/désinformation en ligne, les dommages causés par les environnements de médias sociaux toxiques et incivils et les mesures de sécurité pour protéger les enfants.

2) Mobiliser des outils démocratiques pour protéger les utilisateurs et la société des dommages potentiels

Un public responsabilisé a besoin d’une voix démocratique dans la société numérique, ce qui peut être accompli par des moyens remarquablement similaires à ceux du monde physique. Les campagnes peuvent tirer parti du pouvoir de mobilisation pour faire pression sur les plateformes et le gouvernement sur des questions telles que l’augmentation des capacités de propriété des utilisateurs sur les plateformes, l’adoption d’une déclaration des droits numériques, l’amélioration de la transparence des données, l’accessibilité et l’inclusion, et d’autres questions clés.

3) Donner aux utilisateurs une agence sur leurs expériences en ligne

Le dernier élément de l’autonomisation des utilisateurs est qu’ils doivent avoir l’opportunité et la capacité de participer à la définition des contours de leurs expériences personnelles en ligne. Idéalement, ils doivent contrôler leurs propres données, faire des choix sans être gênés par la manipulation ou le subterfuge de la plate-forme, avoir la liberté de se déplacer de manière transparente entre les plateformes et accéder à des outils qui leur donnent plus de contrôle sur différents aspects de leurs expressions en ligne.

La capacité de « voter avec ses pieds » en quittant des plateformes qui ne répondent pas aux besoins ou aux attentes des utilisateurs est un élément essentiel, même si la portabilité des informations non transférables empêche les utilisateurs d’exercer cette faculté.

Une première étape intéressante dans cette direction serait une adoption des normes d’interopérabilité, dans laquelle plateformes s’engageraient sur les priorités des utilisateurs lors de l’élaboration de normes d’interopérabilité et de meilleures pratiques pour offrir aux utilisateurs plus de contrôle sur leurs profils, leurs données, la création de contenu et leurs informations personnelles.

Bien que les solutions réelles puissent varier selon la plateforme, la création de mécanismes permettant aux utilisateurs de participer à l’élaboration de leurs propres expériences dans la société numérique est fondamentale pour l’essor des principes démocratiques en ligne.