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La communication européenne en dehors de l’Union européenne

Lors de la conférence « Communication européenne, comment se faire entendre ? », organisée par l’Académie des Controverses et de la Communication Sensible, Karine Johannes, professeure à l’Université internationale de Rabat est intervenue autour de la problématique de la communication de l’Union européenne à l’étranger…

Les registres de communication de l’UE à l’étranger

En théorie, c’est le Service européen d’action extérieure, le SEAE, qui gère la diplomatie européenne, en particulier sa cohérence, son efficacité et l’influence de l’UE à l’étranger tandis que 139 délégations partout dans le monde s’occupent du dialogue politique et stratégique avec les acteurs locaux ainsi que la gestion des programmes européens de coopération, de partenariat, d’aide au développement.

En pratique, plusieurs paradigmes de communication cohabitent :

  1. La diplomatie publique : une stratégie de nation à nation, qui repose sur des relations à long terme, de coopération constructive autour de nos intérêts et des défis ;
  2. La communication institutionnelle : une démarche d’institutions à publics, qui vise à partager des informations sur les priorités politiques dans des contextes locaux ;
  3. L’information médiatique : une finalité d’institution à opinions, qui vise à lutter contre la désinformation avec des connaissances.

Et la communication autour des élections européennes à l’étranger ?

Le SEAE et ses délégations mène une campagne de communication pour les ressortissants européens dans les pays à l’étranger, à la fois pour des raisons politiques, car le Parlement européen contrôle les actions du SEAE et le futur Parlement pèsera sur la politique extérieure mais aussi pour des raisons géopolitiques qu’il s’agisse de la bataille des récits autour d’enjeux mondiaux entre les grandes puissances ou des débats autour des impacts de l’UE dans le monde.

Pour les élections européennes, la communication est pyramidale, venant du SEAE vers les délégations, mais aussi polyphonique, chaque acteur local, ambassade ou consulat, communique séparément et enfin mobilisatrice dans ses finalités et procédurale en se basant sur des faits, pas sur des récits.

D’une certaine manière, on assiste à une certaine contradiction entre d’une part, un imaginaire de dépassement des États-nations avec le projet de l’UE, unie dans la diversité et d’autre part, l’opérationnalisation fragmentée par les États-membres.

Modèles et traits de la communication de l’UE hors de l’UE

Plusieurs modèles de communication, comme clé d’analyse :

  1. Une politique soluble dans la communication : la communication comprise comme un mode d’action politique à part entière
  2. Une communication institutionnalisante avec la performativité de l’énonciation
  3. Une approche persuasive et non délibérative visant le consentement politique

Des traits relatifs à la communication :

  • Un émetteur unique avec la délégation de l’UE à l’étranger
  • Une concrétude de l’espace physique et médiatique
  • Une approche unifiée et une énonciation collective négociée
  • Une perpétuation réticulaire, avec un usage des réseaux sociaux, des leaders d’opinion, des multiplicateurs pour faire parler
  • Des rites et des mythes fondateurs et agrégateurs : fêtes, commémorations…
  • Un discours narratif légitimant sur la base d’accords politiques internationaux, l’UE s’adresse aux peuples en vertu de liens forts légitimes d’adhésion et de consentement

Discipline largement moins étudiée, la communication européenne hors de l’Europe est à la fois une source d’inspiration, de comparaison et potentiellement de corrections.

Le sport, vecteur d’information puissant pour promouvoir l’image de la Communauté européenne

Comment émerge l’idée de « faire société européenne » par le sport, selon William Gasparini, titulaire de la chaire Jean Monnet « Le sport passeur d’Europe » dans « Vendre l’Europe ? Le sport comme vecteur de communication du projet européen (1966-1985) » au travers des premiers usages européistes du sport dans le cadre d’une nouvelle politique de communication et d’un processus d’européanisation informelle…

Donner un visage plus proche et plus humain à une Europe en quête de légitimité

Dans la presse britannique, la Commission européenne apparaît comme incapable de vendre la Communauté dans les pays membres : non seulement son action d’information n’atteindrait pas la cible visée mais se révélerait « lamentablement » insuffisante pour mettre favorablement en lumière la Communauté. En s’exprimant différemment : moins de technicisme, de statistiques et de raisonnements destinés aux experts, et davantage de références à l’aspect humain, susceptible de frapper l’imagination de l’opinion publique, l’homme de la rue s’intéresserait davantage.

Dès le milieu des années 1960 et surtout à partir des années 1970, le sport est progressivement perçu par la CEE comme le fer de lance de la diffusion d’une réalisation européenne concrète à même de créer une « identité européenne » contre le vent d’euroscepticisme qui souffle au sein des populations des pays fondateurs.

C’est dans ce contexte qu’en 1973, la déclaration de Copenhague introduit les termes d’identité européenne dans le lexique communautaire et préconise des mesures touchant directement et concrètement la vie des citoyens européens, comme le sport progressivement convoqué dans les discours pour « vendre l’Europe » et en donner une image plus attractive.

Une européanisation informelle par le sport

Visant à renforcer le pouvoir d’identification et la légitimité politique des institutions européennes, la politique symbolique de la Commission contribue à façonner un modèle européen du sport et à développer l’idée que le sport est un vecteur efficace de communication des « valeurs » et de « l’identité » européennes.

Pour comprendre comment émerge cette idée, il convient de la replacer dans un contexte d’interdépendance entre la sphère de la politique communautaire et celle du sport. L’utilisation du sport dans la construction européenne est ainsi autant le produit de transformations internes à la Communauté (l’élargissement, les nouvelles politiques communautaires, notamment en matière de communication, ou la professionnalisation des personnels) qu’externes (la médiatisation du sport européen à partir des années 1970, les enjeux géopolitiques du sport).

Populariser le projet européen à travers le sport et contribuer à faire circuler un modèle sportif européen

De 1966 à 1985 s’ouvre ainsi une période importante dans la constitution d’une politique symbolique des Communautés européennes dans laquelle s’inscrit la doxa sportive européenne. En effet, les institutions européennes déploient progressivement toute une série d’opérations d’information et de communication pour favoriser l’émergence d’une société civile, d’une opinion et d’un espace publics aux dimensions de la scène politique européenne.

Dès 1966, dans sa recherche d’une adhésion des peuples au projet européen, l’idée d’une Coupe du Marché commun s’inscrit dans les prémices d’une stratégie de communication de la CEE ayant pour objectif de fabriquer des euro-citoyens « ordinaires ». À l’origine, deux journalistes sportifs belges, Michel Szur et Raymond Arendt, qui multiplient les initiatives auprès de grands clubs européens de football. Mais, par suite de la fin de non-recevoir de l’UEFA, le projet avorte.

À partir des années 1970, les instruments et les objectifs de la communication sur les communautés européennes se diversifient. Avec le soutien du Parlement, la Commission adjoint à ses moyens traditionnels de communication (relations publiques, conférences de presse, brochures destinées au grand public) des outils d’analyse de l’opinion (programme Eurobaromètre) et des médias.

Les compétitions sportives comme vecteur de communication de l’identité européenne

La Commission puis le Parlement instrumentalisent progressivement le sport pour favoriser l’émergence d’une « identité européenne ». Après plusieurs tentatives de soutien à des événements sportifs, une note de synthèse sur « le sport comme vecteur de communication », en 1984, pose que « les compétitions sportives offrent de nombreuses opportunités de donner aux citoyens une image de la Communauté qui exprime sa vitalité et sa capacité d’expression. Le sport permet de donner un visage humain à l’Europe. Le sport permet de toucher, de sensibiliser, d’affilier des millions de personnes qu’on ne peut atteindre autrement ». Cette note constitue une sorte de guide de la politique de la Commission dans le domaine de la communication du projet européiste par le sport.

Le recours au sport pour consolider l’identité européenne et un espace sans frontières

Lors du Conseil européen de Fontainebleau (25-26 juin 1984), un comité ad hoc pour « l’Europe des citoyens » vise à renforcer l’identité et l’image de l’Europe auprès de ses citoyens et dans le monde. Le Comité insiste particulièrement sur l’éducation, la jeunesse et les sports. Pour la première fois, un rapport des institutions européennes souligne l’importance du sport comme puissant moyen de communication entre les peuples.

Parmi les réalisations, la « Course de l’Europe à la voile » en 1985 ou le « Tour de l’avenir de la Communauté Européenne » entre 1986 et 1991. En revanche, l’idée de constituer des équipes sportives communautaires n’a été acceptée ni par les États-membres, ni par les fédérations sportives, tout comme l’identification communautaire des athlètes aux Jeux olympiques, refusée par le CIO. Des résultats à première vue décevants par rapport aux ambitions affichées.

Au total, même si les réalisations concrètes de « l’Europe du sport » sont minimes, l’idée d’une identité européenne ou d’un attachement à l’Europe par le sport a fait son chemin, du moins dans les milieux européistes.

L’Europe, une bonne marque ?

Organisée par l’Académie des controverses et de la communication sensible, la conférence « Communication européenne : comment se faire entendre ? » est l’occasion de s’interroger, avec Georges Lewi, auteur en 2006 de « l’Europe, une mauvaise marque ? » sur les dernières tendances autour de la marque Europe…

Thierry Libaert introduit la problématique de la communication européenne à partir de deux réflexions :

D’une part, malgré les évolutions du contexte pour les élections européennes de juin prochain, la prise de conscience géopolitique entre l’Ukraine et Trump ou l’échec du Brexit ou encore le succès relatif de la réponse à la crise du covid, l’engouement européen n’est pas au rendez-vous – le sentiment pour ou contre l’Europe n’a pas vraiment évolué.

D’autre part, l’Europe souffre d’un triple blocage :

  1. Il n’y a pas d’émetteur unique ; l’UE, c’est un ensemble d’institutions, chacune fait la promotion de ses propres activités – sans une direction de la communication centrale ;
  2. Il n’y a pas de récit européen ; l’UE s’est figée dans le récit « l’Europe c’est la paix » – sans renouvellement du narratif européen, malgré les dimensions sociales ou environnementales uniques à notre continent ;
  3. Il n’y a pas d’incarnation ; l’UE, on n’en parle que tous les 5 ans lors des élections – sans présence sur le terrain, dans les médias…

Comment construire une nouvelle marque Europe en effaçant le passé des conflits ?

Pour Georges Lewi, Robert Schuman, le père fondateur du projet d’Europe, peut être considéré comme l’auteur initial de la marque Europe, puisque l’acte de naissance d’une marque, c’est la création d’un récit ex nihilo, d’une promesse, à partir d’une réalité, qui vise à la dépasser.

Toute marque fonctionne sur la base de 3 temps : les temps héroïque, de la sagesse et du mythe :

  1. Pour la marque Europe, le temps héroïque commence avec le 25 mars 1957, la signature du traité de Rome ; la marque Europe arrive avec une promesse : faire la guerre à la guerre, une promesse presque surhumaine, hors de la logique de domination ; le récit embarque les premières réalisations comme la PAC en 1962 ou les premiers élargissements en 1973.
  2. L’Europe passe au temps de la sagesse, avec les premières élections européennes au suffrage universel en 1979, l’Europe rentre dans une logique démocratique, dont le symbole sera l’intégration de la Grèce en 1981 ; le récit porte sur la construction avec de nouveaux traités, dont Maastricht en 1992, et de nouvelles politiques européennes ; mais comme le dit Mitterrand : « quand l’Europe ouvre la bouche, c’est pour bailler ».
  3. La marque Europe aujourd’hui arrive au terme de la 3e phase, celle de la pérennité et du mythe. Certes, la dynamique s’est bien poursuivie avec la naissance de l’euro en 1999 ou les élargissements à 10 nouveaux États-membres d’Europe centrale et de l’Est. Mais, ces empilements font aussi l’objet de craquements comme l’échec du référendum sur le projet de Constitution européenne en France en 2005 ou bien entendu le Brexit en 2016. Normalement, à ce stade la marque à trouver son récit, se réaffirme avec puissance. Les Européens refusent des dirigeants charismatiques et emblématiques. On se retrouve aujourd’hui, sur une 3e phase qui n’a pas été celle qu’elle aurait dû être. Ce n’est pas dramatique, la phase de consolidation peut durer plus longtemps que prévu, mais ça manque d’enthousiasme.

Que peut faire la marque Europe aujourd’hui ? Revenir à ses fondamentaux d’origine : la promesse de la rencontre humaine

Que reste-t-il de la marque Europe ? Une facilité d’échanges et de mobilité, illustrée par l’emblématique programme Erasmus et par l’euro, l’Europe dans nos proches.

L’Europe, sa véritable promesse, c’est une formidable rencontre entre les Européens, dont les différences culturelles, historiques, linguistiques, etc. sont très importantes.

Il faut continuer de développer l’Europe dans ce sens, faire ce que l’on a fait pour les étudiants, avec tous les métiers – ce que font les grandes entreprises pour leurs cadres.

Les peuples sont assoiffés de curiosité, comme le montre le succès du tourisme, c’est un besoin humain de rencontre, et celui-ci peut permettre de retrouver le lyrisme de la marque Europe avec l’Europe des rencontres.

Il existe schématiquement 3 types de marque :

  1. les marque-produit/service que l’on achète, comme par exemple Mikado ;
  2. les marques-caution, comme par exemple LU ;
  3. les marques-ombrelle, comme par exemple Danone.

L’Europe ne peut pas être une marque-produit/service avant plusieurs générations, on n’est pas prêt à jeter son passeport national et vouloir vendre la citoyenneté européenne alors que les Européens n’ont pas envie, besoin ou désir, c’est une erreur. Pourquoi cette erreur de marketing, que font beaucoup de marque ? Parce qu’à vouloir parler à tout le monde, on finit par parler à personne, tant que le marketing visera à forcer la marque Europe pour ce qu’elle n’est pas, ça ne pourra pas marcher.

L’Europe, si elle visait à être une marque-caution, qui est une marque pas très bien identifiée, sur un territoire large et englobant, il faudrait une incarnation, donc une direction de la communication. Mais, on n’arrivera pas à cette forme d’incarnation pour une marque-caution, aucune ne parvient à être incarnée, c’est plutôt l’insight qui doit pouvoir remplacer l’incarnation, l’implicite très fort de la marque-caution.

Pour qu’une marque puisse exister, il faut au moins l’un des éléments qui vont la faire acheter : un besoin, une menace ou un grand amour. Et comme le disait Jacques Delors « on ne tombe pas amoureux du marché commun ». Pour la marque Europe, il y a un déficit de réflexion des institutions européennes pour poser quels leviers activer.

Toutes les marques reposent sur un schéma narratif, une sorte de cycle de vie des marques : la marque-héros fait quelque chose pour le public, va défendre contre un fléau, pour la marque-Europe, c’est contre la guerre.

Pour la marque-Europe en tant que héros, le message pourrait être : si tu t’occupes pas de l’Europe, tu risques de te retrouver tout seul ». Si une majorité d’Européens devient moins pro-européenne, c’est le risque du détricotage de l’Europe. Dans tout récit, c’est la rencontre humaine qui fait la différence. On n’a pas envie de faire chacun son propre Brexit, on a besoin d’un parapluie pour se protéger, une marque-ombrelle Europe peut y trouver sa légitimité, encapsuler dans le paradigme de la rencontre, pour que l’Europe soit une marque les Européens vont ressentir.

Comment les Français perçoivent la marque Europe ?

Sans transition avec l’intervention de Georges Lewi, une enquête qualitative « Élections européennes : le grand brouillard » commandée par le Mouvement Européen – France avec Destin commun auprès des citoyens français en vue du scrutin européen complète la perception de l’Europe, si l’UE était un produit de consommation :

Marketing d’influence : enquête sur la transparence des contenus des créateurs sur les réseaux sociaux

L’objectif de l’opération « coup de balai » réalisée par la Commission européenne vise à vérifier si les influenceurs signalent leurs activités publicitaires comme l’exige le droit de l’Union en matière de protection des consommateurs…

Principaux résultats

Sur les publications de 576 influenceurs sur les principales plateformes de médias sociaux :

  • Manque de transparence : 97 % publient des publications à contenu commercial, mais seulement 20 % le signalent systématiquement. => Cela peut induire en erreur les consommateurs qui pourraient ne pas être conscients qu’ils sont exposés à du contenu promotionnel.
  • Non-enregistrement systématique : 78 % des influenceurs exercent une activité commerciale, mais seuls 36 % sont enregistrés. => Cela pourrait avoir des implications juridiques et fiscales.
  • Utilisation inadéquate des mentions de plateforme : 38% des influenceurs n’ont pas utilisé les mentions de plateforme qui servent à signaler des contenus commerciaux, préférant des formulations différentes telles que « collaboration » ou « partenariat » trop vagues.
  • Promotion de produits propres : 40% des influenceurs ont recommandé leurs propres produits, services ou marques, sans toujours divulguer clairement qu’il s’agissait de publicité.

Sur le panel des créateurs de contenus audités,82 influenceurs comptaient plus de 1 million d’abonnés, 301 plus de 100 000 et 73 entre 5 000 et 100 000.

Plusieurs influenceurs étaient actifs sur différentes plateformes de médias sociaux: 572 publiaient sur Instagram, 334 sur TikTok, 224 sur YouTube, 202 sur Facebook, 82 sur X (anciennement Twitter), 52 sur Snapchat et 28 sur Twitch.

Les principaux secteurs d’activité concernés sont, par ordre décroissant, la mode, l’art de vivre, la beauté, l’alimentation, les voyages et le fitness/sport. 119 influenceurs ont été considérés comme promouvant des activités malsaines ou dangereuses, telles que la « mal-bouffe », la consommation de boissons alcoolisées, des traitements médicaux ou esthétiques, les jeux d’argent et de hasard ou des services financiers tels que le trading sur cryptomonnaies.

Entrée en vigueur du règlement sur les services numériques

Avec l’entrée en vigueur le 17 février du règlement sur les services numériques pour toutes les plateformes en ligne dans l’UE, les influenceurs ont de nouvelles obligations :

  • Les influenceurs qui téléchargent des contenus doivent déclarer si ces contenus contiennent des communications commerciales ;
  • Les influenceurs ayant qualité de professionnels doivent fournir des informations pour garantir leur traçabilité avant d’utiliser une plateforme en ligne pour promouvoir ou proposer leurs produits ou services.

Plateforme d’informations juridiques pour les influenceurs

En 2023, la Commission européenne a lancé, l’« Influencer Legal Hub », une plateforme d’informations juridiques pour les influenceurs afin de fournir des contenus essentiels sur le droit européen de la consommation et le marketing d’influence à travers des formations vidéo approfondies en trois parties pour acquérir une compréhension approfondie des enjeux juridiques liés au marketing d’influence, aux influenceurs en tant qu’annonceurs et en tant que vendeurs ainsi que des guides pratiques et des outils utiles.

La Commission européenne rappelle que « la législation de l’UE en matière de protection des consommateurs prévoit que les communications commerciales doivent être transparentes. Dans leurs publications, les influenceurs ne devraient pas induire les consommateurs en erreur par des informations fausses ou mensongères sur les produits ou services promus. Toute promotion des produits ou services d’une marque dans une publication qui génère des revenus ou d’autres types d’avantages pour l’influenceur concerné doit être signalée en tant qu’activité publicitaire. En outre, les influenceurs qui vendent des produits ou des services pour leur propre compte ont les mêmes obligations légales que les magasins en ligne, telles que celle d’accorder aux consommateurs une garantie légale ou un droit de rétractation ».

Une piste d’amélioration pourrait être de mieux développer des outils natifs aux plateformes de médias sociaux d’affichage des contenus promotionnels afin d’améliorer la transparence pour les consommateurs ainsi que de rendre plus facile pour les influenceurs de signaler correctement leurs contenus commerciaux.

Au total, les résultats de l’opération « coup de balai » devraient alimenter les réflexions en vue d’une révision de la législation de l’UE en matière de protection des consommateurs pour garantir le niveau le plus élevé au monde dans la protection des consommateurs dans l’espace numérique.

Comment réussir la communication européenne ?

A partir de l’un des modèles les plus utilisés pour décrypter les leviers de toute communication, quel qu’en soit l’annonceur, peut-on en tirer des enseignements significatifs pour la communication européenne ?

Owned media : le péché mignon de la communication de l’Union européenne

Le « owned media » qui nous appartient, est le type de communication le plus facile à réaliser, en particulier pour toute institution publique. Quoi de plus facile que de réaliser autant de sites web, de brochures print ou d’affiches de toutes tailles, selon sa mesure, ou sa démesure.

Car, l’Union européenne a plutôt été historiquement connue pour surinvestir dans le owned media, au point par exemple que le portail Europa qui rassemble toute la galaxie web des institutions européennes est rapidement devenu le plus important au monde dans les années 1990.

Même si aujourd’hui, l’investissement dans le owned media est bien plus sous contrôle grâce à un travail important de rationalisation et d’harmonisation des nombreux sites web, sans oublier la réduction des publications imprimées., il n’en demeure pas moins que ce type de média porte à conséquence.

Le biais pro-owned media de l’UE, dont on sait que le principal problème est d’en assurer la diffusion, la distribution, l’accès au public cible en définitive, se traduit de facto par une discrimination entre les publics inclus, disons des publics spécialisés qui sont connectés, ont connaissance et accès, savent décrypter les contenus tandis qu’une autre large partie du public, le grand public de manière générale, n’a pas les ressources et les réflexes pour se tourner vers le owned media de l’Union européenne, créant une distance potentiellement problématique.

Paid media : le fruit défendu de la communication de l’Union européenne

Afin de réduire la fracture européenne, entre les citoyens et les institutions européennes, le « paid media » qui correspond à toutes les opportunités d’achat de visibilité via les nombreux formats publicitaires, pourrait compenser le relatif échec du owned media dans sa capacité à toucher un large public.

Mais, comme toute institution publique, le paid media est typiquement le type de média qui ne peut pas être activé, dont la puissance et l’impact sont le plus souvent défendus. Pourquoi ? Il ne s’agit pas d’une question de principe interdisant d’y recourir, quoique les citoyens européens sont plutôt majoritairement en défaveur de ce type de communication trop simpliste, trop superficielle, donc inadaptée au sujet européen.

Le déficit en paid media se justifie par des raisons principalement budgétaires, les institutions européennes n’ont pas la légitimité suffisante pour imposer de vastes enveloppes de fonds publics destinés à réaliser des campagnes publicitaires dans les États-membres. Là encore, il faut en mesurer les conséquences. L’absence de l’Union européenne, en tant qu’annonceur, dans la vie quotidienne des Européens réduit encore davantage la déjà faible familiarité, que les marques parviennent, elles, à établir, à coup d’investissements massifs et réguliers avec un très large public.

Shared media : l’éternelle félicité de la communication de l’Union européenne

Puisque ni le owned media, ni le paid media, ne permettent à la communication européenne de réussir, le « shared media » qui correspond à la présence et la visibilité acquise sur les réseaux sociaux doit forcément, logiquement, être la réponse pour combler les déficits auprès des audiences.

La promesse des premières heures du web social n’a pas tombée dans l’oreille d’un sourd, l’ensemble des activités des institutions européennes se sont très largement retrouvées en partage, pour tous, sur les différents réseaux sociaux, au travers de centaines de pages Facebook et de comptes Twitter, des dizaines sur Instagram, LinkedIn ou encore YouTube.

Le potentiel d’engagement, d’interaction, de discussion, d’une véritable communication, qui partage de l’information et construit une relation avec les publics semble enfin devenir une réalité sur les réseaux. Néanmoins, force est de constater, de regretter, que les biais d’ores et déjà observés, semblent manifestement se confirmer sur les réseaux.

Non que l’usage des réseaux sociaux ne soit condamné, dans leur principe et en pratique, ces espaces offrent des opportunités incontestables, comme l’ont prouvé le Printemps arable ou le mouvement #metoo à poursuivre mais qui ne sont pas incontestés tant les premières aubes ont laissé place à un paysage fragmenté et instrumentalisé par des campagnes de manipulation de l’opinion.

Bref, il ne faut pas placer tous ses espoirs dans le monde virtuel, mais il ne faut pas non en désespérer comme on peut un trop souvent l’entendre. Pour l’Europe, ces espaces demeurent des leviers puissants et pertinents, à exploiter, sans mésestimer les risques.

Earned media : le grand absent de la communication de l’Union européenne

Dans ce quarteron, le dernier, c’est le « earned media », le type de média le plus difficile, à la fois à saisir et à utiliser. D’abord, alors que tous les autres médias reposent sur une communication directe, qui se fait entre l’annonceur et le public, par le biais d’une médiation qu’elle soit publicitaire, avec du hors-média ou sur les réseaux sociaux, le earned media correspond à une communication indirecte.

Le rôle des leaders d’opinion, est au fondement, du earned media ; c’est-à-dire qu’une communication efficace peut reposer sur des intermédiaires, qui vont mémoriser et restituer les messages reçus auprès d’une petite audience assez captive, tant à l’oral, ce qui risque de réduire le contenu à quelques notions ou slogans mais surtout à l’écrit, un moyen très fidèle.

Concrètement, l’annonceur capitalise sur le hors média lorsqu’on réunit quelques publics très spécifiques qui peuvent endosser ce rôle de leader d’opinion auprès d’un plus large public, comme c’est la fonction professionnelle des journalistes ou l’une des missions d’autres leaders d’opinion comme les responsables dans la société.

Alors que dans n’importe quel secteur, la tendance n’a cessé de se renforcer de la prise d’importance des communicants au détriment des journalistes, espèces menacées ; on peut compter un journaliste spécialisé pour des centaines d’attachés de presse qui visent à faire passer leurs messages, à Bruxelles, c’est le seul endroit au monde, où c’est l’inverse.

Dans la capitale européenne, ce lieu unique au monde, plusieurs milliers de journalistes, venus de toute l’Europe, et de plus en plus du monde entier, font face à une poignée de porte-parole, habilités à s’exprimer auprès des seuls journalistes accrédités auprès des institutions européennes.

Cette incongruité est vraiment regrettable, car les sujets européens, plus denses que la moyenne, sont mieux servis par des experts, comme les journalistes, dont le métier est de produire de l’information. Il faudrait au moins multiplier par dix le nombre de porte-parole des institutions européennes pour multiplier les opportunités de collaboration avec les journalistes et démultiplier la présence et la visibilité de l’Europe dans les médias d’information.

On dit souvent que l’Europe ne fait pas vendre dans les médias, mais l’Europe pourrait sauver sa stratégie de communication en parvenant à renforcer son earned media, son seul média disponible et efficace à grande échelle.