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Campagne #TheGreenTrack : comment amplifier la voix des jeunes Européens sur l’environnement ?

La communication auprès des publics jeunes, quel que soit le sujet, est toujours un défi, encore plus marquée lorsqu’il s’agit de sensibiliser les jeunes à des problématiques européennes. La campagne #TheGreenTrack vise à donner la possibilité aux jeunes de toute l’Europe d’exprimer leurs espoirs et leurs préoccupations concernant la nature, la biodiversité et l’avenir durable de l’Europe…

La Campagne #TheGreenTrack, dans le cadre de l’Année européenne de la Jeunesse

La campagne #TheGreenTrack, lancée par la Commission européenne en collaboration avec le Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité et Biodiversity Action Europe mobilise des jeunes Européens en prévision de la Conférence sur la biodiversité des Nations Unies, encourage le dialogue entre les jeunes et les décideurs politiques, ainsi qu’entre la société, les gouvernements, les entreprises et les scientifiques et implique les activistes et les ONG dans la prise de décisions environnementales.

En tant que contribution majeure de l’UE à l’Année européenne de la Jeunesse, #TheGreenTrack écoute les préoccupations et les recommandations des jeunes Européens sur des sujets clés tels que la biodiversité et la nature, l’économie circulaire, le changement climatique, la pollution zéro et le mode de vie durable.

La campagne Green Track fournit une plateforme aux jeunes de toute l’Europe pour contribuer au débat et mettre en lumière leurs actions concrètes pour protéger la nature et pour concrétiser le Pacte vert européen :

  • 32 événements dans 21 pays à travers l’Europe : débats publics, activités de plein air, expositions ou soirées d’échange,
  • Plus de 1 500 participants présents sur place,
  • Plus de 21 millions de personnes touchées par la campagne en ligne.

Recommandations pour une éventuelle poursuite et amplification de la campagne

Tout d’abord, la visibilité de la campagne #TheGreenTrack aurait pu être amplifiée en intégrant dès le départ la visibilité sur les réseaux sociaux afin de rendre plus visible et accessible à un plus large public en vue de renforcer la sensibilisation aux problématiques environnementales européennes des jeunesses européennes.

Ensuite, l’interactivité de la campagne pourrait être renforcée en créant des dispositifs interactifs sur les médias sociaux qui incitent les jeunes à participer activement :

  • Programmer des défis liés à la durabilité, des concours de créativité environnementale, ou des hashtags spécifiques pour encourager le partage de leurs actions en faveur de la nature.
  • Encourager les jeunes à partager leurs propres histoires, vidéos, photos et idées sur la nature et la biodiversité en Europe.
  • Organiser des concours pour le meilleur contenu généré par l’utilisateur et les mettre en avant sur les plateformes officielles de la campagne.
  • Utiliser la réalité virtuelle et de la réalité augmentée avec des expériences permettant aux jeunes de découvrir virtuellement des écosystèmes européens menacés, d’interagir avec des espèces en voie de disparition, ou de simuler les effets du changement climatique. Ces expériences peuvent être partagées en ligne pour toucher un public plus large.
  • Discuter en temps réel, via des chats vidéo avec des experts en environnement, des responsables politiques ou des scientifiques, pour répondre aux questions des jeunes en direct. Utiliser des plateformes de streaming en direct et des médias sociaux pour faciliter ces échanges.
  • Développer des jeux en ligne éducatifs qui abordent des sujets environnementaux européens de manière ludique et informative. Ces jeux peuvent être conçus pour être à la fois amusants et instructifs, ce qui permettrait aux jeunes de s’immerger dans les défis environnementaux et de mieux les comprendre.

Au total, la campagne #TheGreenTrack incarne la communication largement interpersonnelle et potentiellement interactive de l’Union européenne autour des problématiques environnementales auprès des jeunes.

Youtube, comment la communication de la Commission européenne pourrait passer d’une logique d’offre à une logique à la demande ?

Quels enseignements peut-on tirer de l’analyse comparative des chaînes YouTube de la Commission européenne entre l’institution dans son ensemble et ses 16 chaînes thématiques selon les différentes politiques publiques européennes ?

Une typologie moyenne d’une chaîne Youtube

La moyenne calculée au sein des 16 chaînes Youtube des différentes directions générales de la Commission européenne correspond à une présence rassemblant 28000 abonnés, 553 vidéos, 3,9 millions de vues cumulées et 1,3 millions de vues pour la meilleure vidéo.

Des abonnés très variables

Les chaînes Youtube varient considérablement en termes d’abonnés, allant de quelques milliers à plus de 180 000 abonnés.

Évidemment, la chaîne de la Commission européenne est la plus populaire avec 180k abonnés, ce qui est logique puisqu’elle représente l’organe exécutif de l’Union européenne. Des chaînes comme EUScienceInnovation avec 21,7k, EUInterpreters à 15,2k et Eucrisisresponse à 13,7k sont les seules à dépasser la barre symbolique des 10,000 abonnés.

La fidélisation des audiences est l’un des principaux défis pour les chaînes Youtube.

Un nombre de vidéos relativement élevés

Les chaînes présentent une gamme de contenus, allant de quelques centaines de vidéos à plus de 4 700 vidéos, pour la Commission européenne.

Certaines chaînes, telles que EUScienceInnovation (1886), EUinmyRegion (1191) et Eucrisisresponse (1142) ont partagé un volume de plus de 1,000 vidéos depuis leur création.

La corrélation est tendanciellement favorable entre le volume croissant des vidéos et le nombre d’abonnés.

Des totaux des vues très inégaux

Les chaînes varient également beaucoup en termes de vues totales, allant de quelques centaines de milliers à plus de 90 millions de vues, pour la chaîne principale de la Commission européenne, est en tête en termes de vues.

Tandis que seules deux chaînes ne dépassent pas un cumul d’un million de vues, avec TranslatingforEurope à 303k et EUSecurityandDefence à 829k ; la chaîne Eucrisisresponse culmine à 18 millions de vues cumulées.

La corrélation est tendanciellement non significative entre le volume croissant des vidéos et le nombre cumulé de vues.

Des vidéos les plus vues

La vidéo la plus vue de la chaîne EuropeanCommission est « NextGenEU – Make It Real © » avec 31 millions de vues, un résultat très significatif puisqu’il s’agit du spot principal de la première campagne corporate de la Commission von der Leyen.

Quelques insights sur les sujets les plus tendances

A partir des titres des vidéos les plus vues, ce dégage quelques tendances sur les centres d’intérêt du public, sachant que presque la moitié des chaînes thématiques Youtube dépassent le cap du million de vues pour leurs meilleures vidéos, tandis que la chaîne de la Commission européenne cumule le double de vidéos dans cette même catégorie :

  1. Single-use plastics: are you #ReadyToChange? – DG Environnement, 5,4M
  2. #EUEducationEmpowers – Eucrisisresponse, 4,6M
  3. More than Food: Great Stories to Share – Short EN. – DG Agriculture, 2,7M
  4. Road Trip Project Season 2 | New Documentary – Euinmyregion, 1,5M
  5. A day in the life of a customs sniffer dog – Eutaxud, 1,2M
  6. GDPR: WHO DOES WHAT WITH YOUR PERSONAL DATA? – Eujustice, 1,1M
  7. We are on a mission for 2030! – Explore the new European Research and Innovation Exhibition – Euscienceinnovation, 1M

A partir du nombre de vues de la vidéo la plus vue par rapport au nombre d’abonnés, ce dégage également quelques observations. Par exemple, la vidéo la plus vue de EUClimateAction a un nombre de vues relativement faible par rapport au nombre d’abonnés, ce qui peut indiquer un engagement limité pour une vidéo consacrée à « The EU Emissions Trading System explained » très technique. En revanche, avec plus deux fois moins de vidéos produites, la meilleure vidéo « Fighting piracy on the high seas » de la chaîne EUSecurityandDefence indique que le sujet est très performant auprès du public.

Dernière illustration avec la chaîne Youtube EUfinance qui parvient à cumulé plus de la moitié de son total de vues cumulées sur 2 vidéos dernièrement publiées « Grow your future, invest in you! » 844k et « Destination: your future. Invest in you! » 671k, dont le partis pris créatif est très original.

Représentativité par rapport aux politiques publiques de la Commission européenne

Au regard de l’ensemble des directions générales de la Commission européenne et de leur importance en termes de politiques publiques de l’UE, il semblerait possible de dégager quelques hypothèses de recherche :

Les directions générales ayant des compétences exclusives ou des rôles clés dans des politiques majeures, tels que le marché intérieur, la politique commerciale, la politique de concurrence ou la politique monétaire devraient théoriquement avoir une présence solide sur la plateforme Youtube. Or, sans être particulièrement sous-représentées sur YouTube, les vidéos partagées autour de ces sujets ne semblent pas correspondre aux plus gros succès en termes d’audience et d’impact.

En revanche, les vidéos traitant de questions importantes et plus récente à l’agenda institutionnel européen, telles que le changement climatique, la politique énergétique, la sécurité, l’immigration, la protection des consommateurs ou la santé publique, autant de domaines relevant de compétences partagées de l’UE, semblent davantage conquérir les cœurs des Européens en termes de performance et de résultats visibles.

Recommandations pour la stratégie de communication sur Youtube

Sans doute, la production de vidéos pourrait davantage tenter de chercher à répondre à des sujets tendanciellement transversaux auprès des audiences en ligne, comme l’on peut songer à la durabilité, la cybersécurité ou l’intelligence artificielle, qui concernent quasiment toutes les actions de l’UE et qui pourraient de la sorte constituer, à titre d’exemples, des opportunités futures de prises de parole plus transversales et potentiellement plus performantes.

Surtout, la production de vidéos par la Commission européenne et ses directions générales pourrait profiter d’une approche qui consisterait davantage à benchmarker les sujets populaires et les formats créatifs correspondant dans leurs différents univers afin de passer d’une logique d’offre, autour des actions de l’UE, à une logique de vidéos, à la demande, sans aller jusqu’au modèle Netflix qui catégorise ses audiences et conditionne la production de nouvelles séries au potentiel de succès auprès de personae très spécifiques.

Au total, l’analyse de la présence de la Commission européenne sur Youtube met en évidence l’importance de créer du contenu qui correspond aux préoccupations du public et s’adapte aux tendances en matière de communication, tant les requêtes populaires que les concepts créatifs véhiculés par les Youtubeurs. La Commission européenne pourrait capitaliser sur ces insights pour orienter sa stratégie de communication et s’assurer que ses messages et ses politiques sont diffusés de manière efficace et pertinente sur YouTube.

Ursula von der Leyen : entre crises et continuité, l’équation d’une stratégie de communication d’une candidate en quête d’un second mandat

Exercice d’équilibrisme difficile, l’équation du renouvellement à la tête de la Commission européenne, pour sa présidente actuelle, Ursula von der Leyen, qui est à la fois la première Présidente de la Commission européenne, mais aussi la plus mal élue de l’institution par le Conseil européen, est encore plus complexifié par le fait que sa communication est totalement sibylline sur le sujet. Comment décrypter ?

Le profil de la candidate idéal-type parfaite

Le profil recherché par les chefs d’État et de gouvernement, qui, selon le traité de Lisbonne, choisissent la personnalité à la tête de la Commission européenne, semble évolutif selon les circonstances, entre des extrêmes aussi différents que l’entreprenant Jacques Delors dans les années 1980 et le fade Barroso dans les années 2000.

Avec le choix d’Ursula von der Leyen, plusieurs critères semblent avoir présidés à la décision :

  • Le choix d’une relative ductilité politique semble avoir prévalu par rapport à un profil qui aurait été issu des Spitzenkandidaten disposant d’un capital politique fort, légitimé par le résultat électoral ;
  • Le choix d’une relative secondarité, venant d’une responsable politique n’ayant pas exercé de fonction à la tête d’un exécutif collégial et collectif et se voyant confier un agenda politique qu’elle n’a pas porté auprès des citoyens.

Pour la prochaine mandature européenne, le contexte de décision des membres du Conseil européen ne semble pas avoir fondamentalement évolué au point de remettre en question leurs critères de recrutement d’un profil idoine.

Les chances du côté de la Présidente Ursula von der Leyen de rester à la tête de la Commission européenne

Pour Alberto Alemanno, Professeur de Droit de l’UE à HEC Paris, à l’approche de la fin de son mandat, von der Leyen continue de faire face une crise après l’autre (Ukraine, Gaza). Ce mode d’urgence constant joue en sa faveur, car elle demeure ainsi la favorite pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne.

Sa position unilatérale et belliciste en faveur de la répression d’Israël contre le Hamas et les Palestiniens piégés à Gaza n’a pas trouvé le soutien de la majorité des États membres de l’UE. Pourtant, cela n’a pas érodé son soutien au sein des 27 de l’UE.

Selon lui, les dirigeants de l’UE, y compris les rebelles tels qu’Orbán et Fico, continuent de la soutenir en tant que leur candidate. Pourquoi en est-il ainsi ? Essentiellement, elle leur permet d’agir constamment en défiance de l’UE, sans les sanctionner ni publiquement ni en privé. Il y a complicité, certains iraient même jusqu’à parler de complaisance :

Exemple 1 : Le Commissaire hongrois Oliver Várhelyi n’a pas été sanctionné pour avoir déclaré unilatéralement la suspension de l’aide de l’UE à la Palestine. Pourtant, c’était légalement possible, car le Commissaire Várhelyi avait enfreint le droit de l’UE en annonçant seul la suspension des fonds de l’UE pour la Palestine, mais l’application de cette mesure relève de la seule décision de la Présidente européenne, qui a donc joué la modération.

Exemple 2 : Viktor Orbán n’a pas été réprimandé pour avoir rencontré Poutine, en totale négligence du principe de coopération loyale qui s’applique à tous les États membres dans leurs relations avec l’UE. Là encore, la présidente a fait profil bas sur ce sujet.

Exemple 3 que l’on peut ajouter : La visite à Lampedusa, peu de temps après son discours sur l’état de l’Union pour assurer le soutien de la Commission européenne à l’Italie en première ligne sur le sujet des migrations, ou tout autant pour s’assurer du soutien de la nouvelle présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni pour son second mandat à la tête de la Commission européenne. Il ne peut y avoir d’à peu près dans le cas de décision prise à la majorité qualifiée des chefs d’Etat et de gouvernement.

Pour résumer, le point de vue d’Alberto Alemanno, Ursula von der Leyen est perçue, au sein du Conseil européen, à la fois suffisamment forte pour être crédible sur la scène internationale et suffisamment faible sur le plan interne pour satisfaire tous les chefs d’État et de gouvernement, du moins pour le moment.

Les dérives d’une « Queen Europe » « égopolitique » où les raisons d’une rupture quasi consommée

Au travers d’une série de billets de blog tous plus acides les uns que les autres, le journaliste Christian Spillmann dresse un tout autre tableau entre « les derniers feux de « Queen Europe » » en septembre après son discours sur l’état de l’Union décevant où elle « va devoir faire un choix: la retraite ou livrer bataille », puis « Ursula von der Leyen : la présidente « égopolitique » » début octobre et enfin « la rupture » fin octobre, qui se passe de commentaire.

Que se voit reprocher la présidente en exercice, en sursis de la Commission européenne :

1. Gestion de crise constante : Ursula von der Leyen a été perçue comme une présidente de la Commission qui a principalement dû faire face à des crises depuis le début de son mandat, plutôt que de mettre en œuvre une vision proactive. Elle a été contrainte de réagir en permanence aux événements plutôt que de fixer le cap pour l’Union européenne. Un atout qui finit par être un handicap.

2. Manque de soutien au sein de l’UE : Son approche unilatérale et sans compromis en ce qui concerne des questions sensibles, comme le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, n’a pas trouvé le soutien de la majorité des États membres de l’UE. Cela a laissé des doutes quant à sa capacité à rassembler le consensus nécessaire au sein de l’Union.

3. Manque de vision et de perspective : Dans son dernier discours sur l’état de l’Union européenne, Ursula von der Leyen n’a pas abordé des questions cruciales telles que la montée du populisme, les relations avec les États-Unis, dont elle s’aligne trop visibiblement avec Biden, ou les défis liés aux élections de 2024. Cela est perçu comme un manque de vision et de préparation.

4. Opposition au sein du Parlement européen : Des personnalités politiques influentes, telles que l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, ont critiqué ouvertement l’approche d’Ursula von der Leyen. Ses positions sur des questions clés, comme l’élargissement de l’UE à l’Ukraine et d’autres pays, ont rencontré une forte opposition au Parlement européen.

5. Relations tendues avec le Parti Populaire Européen (PPE) : Ursula von der Leyen a des relations tendues avec le PPE, le parti politique qui l’a soutenue pour la présidence de la Commission. Des désaccords avec des membres clés du PPE, comme Manfred Weber, complique sa situation. La présidente du Parlement européen est positionnée comme son joker.

6. Défaut de leadership et inconsistance : Elle est accusée de manquer de leadership et d’inconsistance dans sa gestion de la Commission européenne. Son absence de management collégial et de confiance dans les équipes de l’institution suscite des départs y compris de ses plus proches comme Frans Timmermans et des inquiétudes sur ses capacités à poursuivre.

7. Irritation des dirigeants européens : Son comportement, y compris sa participation à des événements diplomatiques sans consultation préalable avec le Conseil, irrite les dirigeants européens. Elle a été rappelée à l’ordre lors d’un sommet européen extraordinaire au sujet de son déplacement en Israël.

8. Désaccords sur le budget : Son incapacité à obtenir le soutien des États membres pour son budget proposé a également affaibli sa position.

Dans l’ensemble, pour Christian Spillmann, il semble qu’Ursula von der Leyen fait face à de nombreux obstacles et à une opposition significative à son maintien à la tête de la Commission européenne pour un second mandat. Ses chances de rester en poste semblent être compromises.

Que retenir à ce stade ?

Que la présidente de la Commission européenne, au bord du précipice pour prendre l’une des décisions les plus importantes pour l’avenir de l’Europe, est loin de faire l’unanimité, pour elle, contre elle, avec elle si telle devait être finalement sa décision.

Décryptage des campagnes de communication corporate #NextGenerationEU de la Commission européenne

A partir des documents officiels en ligne, lançons-nous dans une tentative de décryptage des campagnes de communication, dite « corporate », de la Commission européenne, destinées aux citoyens européens et signées #NextGenerationEU entre 2021 et 2023…

Première campagne « #NextGenEU – #MakeItReal » : un compromis entre agenda institutionnel et crise covid

Pour la première fois mentionnée dans le Management Plan DG Communication 2020, une campagne marquée #NextGenerationEU « devrait être lancée au début de l’automne (2021) (…) pour communiquer sur les actions de l’UE, visant à une narration alignée, des messages, une signature, une présence en ligne et une identité visuelle harmonisés ».

Par ailleurs, « la campagne autour de la relance post-covid sera la campagne phare, sous laquelle seront développées les deux autres campagnes prioritaires à venir sur le Pacte vert pour l’Europe et une Europe adaptée à l’ère numérique ». Autrement dit, l’agenda des crises, à savoir la pandémie a pris le dessus sur l’agenda institutionnel du programme politique de la Commission européenne dans la stratégie de communication.

Que peut-on observer ?

Sur la chaîne Youtube de la Commission européenne, la vidéo « NextGenEU – Make It Real » publiée courant juin 2021, qui a touché un large public avec 31,5 millions de vues cumulées, est publiée. En complément de ce clip pub de 30 secondes, sur la plateforme audiovisuelle de la Commission européenne, 3 teaser vidéos de 15 secondes sont également visibles : « Make it green », « Make it digital » et « Make it strong ». Le message en anglais pourrait être traduit par « Nous changeons l’Europe. Nous allons la rendre : Plus verte, Plus sûre, Plus numérique, Pour tous. » » peut être consulté sur le mini-site dédié à la campagne : next-generation-eu.europa.eu.

Le Management Plan DG Communication 2021 confirme ce que nous avons pu observer : « En 2021, la communication sur NextGenerationEU se concentre sur la campagne autour du plan de relance. La campagne phare est élaborée pour sensibiliser sur la valeur ajoutée de l’UE et raviver un sentiment européen de solidarité et de confiance ».

Deuxième campagne : « #YouAreEU » : un compromis entre la promotion des valeurs européennes et des énergies renouvelables

Tandis que le Management Plan DG Communication 2022 annonce une relative continuité : « S’appuyant sur l’expérience du déploiement des premières phases de la campagne NextGenEU, la DG Communication continuera en 2022 à mettre en œuvre la stratégie élaborée pour la campagne NextGenEU en tant que campagne-cadre jusqu’à la fin du mandat ».

La lecture du Management Plan DG Communication 2023 donne une autre version :

« En 2023, la DG Communication intensifie sa communication REPowerEU pour promouvoir un avenir plus vert et durable, pour faire face à la crise énergétique et stimuler la transition énergétique » (…) une deuxième vague de la dernière campagne de communication institutionnelle « You Are EU » devrait être lancée au début de l’année 2023 et « la DG Communication poursuit la prochaine étape de la campagne de marque NextGenEU, qui se déroulera jusqu’à mi-2023 ».

Que faut-il comprendre ?

D’une part, que la 2e vague de la campagne #MakeItReal est bien déployée. Ce que l’on peut confirmer avec une nouvelle série de vidéos teaser publiées sur la plateforme audiovisuelle de la Commission européenne en octobre 2021 : « NextGenEU : Yes to green transport », « NextGenEU : Yes to healthy food » et « NextGenEU : Yes to a circular economy ».

D’autre part, qu’une autre campagne s’est imposée avec l’actualité et la nouvelle crise énergétique. Du coup, en septembre 2022, une vidéo « You Are Europe » est diffusée, ainsi qu’un mini site you-are-eu.europa.eu :

« La campagne « You are EU » stimule, inspire et s’adresse à tous, dans tous les pays de l’UE. « You are EU » nous donne les moyens d’agir en associant nos valeurs à l’idée de transformation. Elle nous relie en tant qu’Européens, tout en nous donnant une orientation pour l’avenir. Elle ajoute une dimension prospective à ce que nous sommes et nous permet de façonner activement la voie à suivre sur le fondement de la liberté, de la paix et de la solidarité avec des sources d’énergie propres et indépendantes. « You are EU », comme chacun d’entre nous. »

Quel budget et quels résultats ?

Dans une « Réponse à une Question écrite » d’un député européenne, la Commission européenne précise avoir « investi près de 18,2 millions d’euros, ce qui en fait sa campagne la plus fructueuse à ce jour, touchant plus de 325 millions de personnes, soit 73 % des citoyens de l’Union ».

Par ailleurs, « selon les résultats d’une enquête, la plupart des répondants estiment que la campagne a encouragé la réflexion et a véhiculé une image positive de l’Union. Ces résultats montrent que la campagne a permis de sensibiliser à l’importance que revêt l’indépendance énergétique pour l’Europe.

La campagne «Vous êtes l’UE» constitue un outil important pour communiquer de manière transparente avec les citoyens de l’Union sur les initiatives, les programmes et les priorités de l’UE concernant la transition énergétique et la réduction de la dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes ».

Au total, la communication corporate de la Commission européenne tente, au cours du mandat d’Ursula von der Leyen, de déployer une stratégie de communication alignée avec les priorités politiques du programme politique, l’agenda institutionnel tout en répondant aux crises qui ponctuent l’actualité entre la pandémie covid et l’invasion de la Russie en Ukraine, un exercice de haute voltige.

Quelle est la stratégie d’engagement participative et délibérative des citoyens par la Commission européenne ?

Héritage lointain du « tournant participatif » engagé par Margot Wallström, la stratégie d’engagement de la Commission européenne auprès des citoyens s’est traduite sous la Commission Juncker par une démarche de dialogues citoyens. Avec la Conférence sur l’avenir de l’Europe, une nouvelle méthode de panels citoyens représentatifs semble guider une démarche globale à l’échelle de toute l’institution…

Des dialogues citoyens aux panels représentatifs : une évolution permise par la Conférence sur l’avenir de l’Europe

En 2020, selon le Management Plan DG Communication 2020, « avec la prochaine Conférence sur l’avenir de l’Europe, la Direction générale de la Communication a l’intention de concrétiser la déclaration commune sur la Conférence, une fois qu’elle aura été acceptée par le Parlement européen, le Conseil et la Commission, ainsi qu’avec ses partenaires au sein des institutions européennes, des États membres et de la société civile ».

Par ailleurs, « cette ambition phare de la Présidente von der Leyen sera soutenue par d’autres formes d’engagement citoyen, notamment les Dialogues citoyens, qui continuent d’être une activité de sensibilisation de première ligne de la Commission, sur les réseaux sociaux et – lorsque cela sera à nouveau possible – sur place ».

Ainsi, en 2020, seuls les dialogues citoyens, hérités de la Commission Juncker, sont mentionnés dans la stratégie d’engagement, reprise par la nouvelle présidente de la Commission européenne.

En 2021, selon le Management Plan DG Communication 2021 « la Direction générale de la Communication (à la fois au siège et dans les représentations), en coopération avec le Secrétariat général, s’appuiera sur son expérience approfondie des Dialogues citoyens, tout en développant en parallèle d’autres méthodes d’engagement, telles que des panels délibératifs. Elle travaillera également sur une identité visuelle forte et sur une plateforme en ligne qui garantira la transparence de tous les événements et résultats de la Conférence ».

Ainsi, en 2021, avec la Conférence sur l’avenir de l’Europe, une double évolution est à noter, l’apparition des panels délibératifs, en complément des dialogues citoyens et la plateforme en ligne.

Enfin, en 2022, selon le Management Plan DG Communication 2022, « la Direction générale de la Communication (aussi bien au siège qu’au sein des Représentations), en coopération avec le Secrétariat général, s’appuiera sur son expérience approfondie des Dialogues citoyens et des Panels citoyens de la Conférence pour l’avenir de l’Europe, et développera davantage les méthodes participatives et délibératives d’engagement. Alors que la plateforme multilingue de la Conférence a prouvé sa valeur en tant que centre en ligne de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe, ses opérations pourront être adaptées aux nouveaux besoins de la Commission en 2022 ».

Ainsi, en 2022, le passage des dialogues citoyens, encore mentionnés pour info, aux panels citoyens, testés dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe semble consommé, la nouvelle méthode participative et délibérative apparaît bien en place pour se développer davantage.

En 2023, selon le Management Plan DG Communication 2023, « la Commission va passer à l’étape suivante et faire suite à la Conférence sur l’avenir de l’Europe. À cette fin, la Direction générale de la Communication organisera conjointement avec les Directions générales trois panels citoyens européens dans le cadre du programme de travail de la Commission pour 2023 (lutte contre le gaspillage alimentaire, mobilité d’apprentissage et mondes virtuels), contribuant ainsi à intégrer des pratiques délibératives dans l’élaboration des politiques de la Commission.

Ces panels seront complétés par un canal d’engagement en ligne dans le cadre du portail « Have Your Say » rénové de la Commission. De plus, la Direction générale de la Communication préparera les outils pour soutenir et guider les services de la Commission qui prévoient de mettre en place des efforts pour engager les citoyens en utilisant des méthodes délibératives et participatives. L’engagement des citoyens de la Commission reposera sur une nouvelle identité visuelle commune et une stratégie de communication externe axée sur une forte présence en ligne, ainsi que sur les médias sociaux et traditionnels.

Ainsi, en 2023, la mise en œuvre de la nouvelle méthode participative et délibérative accélère avec l’organisation de 3 panels citoyens sur des sujets dédiés, ainsi que l’évolution de la présence en ligne et l’élargissement aux autres services de la Commission, à qui cette démarche est dorénavant ouverte.

La démarche participative et délibérative à l’échelle de toute la Commission européenne

A l’occasion de la publication d’un appel d’offres publié en juillet, « Processus participatifs et délibératifs paneuropéens ou multinationaux », la nouvelle phase d’engagement des citoyens européens franchit un cap, « cette nouvelle phase d’engagement des citoyens est une opportunité pour la Commission européenne de consolider et d’étendre son ensemble d’outils pour la participation citoyenne » dont voici les principaux éléments :

On peut s’attendre à ce que des panels de citoyens aient lieu chaque année, suivant le discours annuel sur l’état de l’Union.

Des « Guidelines » sur l’engagement des citoyens expliquant la logique, les principes et les formats actuels possibles de l’engagement des citoyens sur lesquels les services de la Commission peuvent s’appuyer à des fins de prise de décision :

  • Soit de nature délibérative à long terme (au moins trois week-ends), comme les panels de citoyens,
  • Soit des processus plus courts (environ une journée) reposant davantage sur des techniques de co-création telles que des groupes de discussion, des ateliers de co-conception, des ateliers orientés vers l’avenir ou des sciences citoyennes.

L’objectif de ce guide est de permettre aux unités opérationnelles des services de la Commission européenne d’atteindre les citoyens ordinaires et de les impliquer via des méthodes participatives – formats délibératifs ou de co-création – au niveau de l’UE, national, régional et local.

Cette nouvelle phase d’engagement des citoyens bénéficiera de nouveaux outils en ligne au sein de l’environnement web Europa de la Commission. Un « guichet unique » en ligne pour l’engagement des citoyens, qui rassemblera les consultations publiques de la Commission, l’initiative citoyenne européenne et une nouvelle plateforme interactive inspirée de la plateforme numérique multilingue de la Conférence sur l’avenir de l’Europe (lancée à la fin de l’été 2023).

Ce nouvel environnement en ligne permettra aux citoyens non seulement de partager leurs points de vue avec les institutions européennes sur différents sujets de politique, mais aussi d’échanger et de délibérer entre eux, notamment grâce à l’utilisation d’un logiciel Civic tech et d’une traduction automatique.

Au fils des opportunités, comme la Conférence sur l’avenir de l’Europe, la Commission européenne a largement développé sa stratégie d’engagement, pleinement délibérative et participative, dont il reste encore à voir la mise en œuvre lors de la dernière année du mandat de la Commission von der Leyen.