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Unpacking les élections européennes

Normalisation de la politique européenne
Une normalisation de la politique européenne, pas complètement nouveau, encore moins étonnant, mais les élections européennes ont été vécues, en particulier en France et en Allemagne comme des « mid-terms elections », des scrutins pour sanctionner les gouvernements en place ; tandis que d’autres campagnes, comme en Italie et en Pologne ont consolidé des leaders comme Meloni et Tusk récemment installés au pouvoir. La France est entrée fébrile en campagne pour en sortir en crise politique avec la dissolution.

Banalisation des radicalités
Une banalisation des radicalités, avec des votes pour les différentes forces de droite extrême qui sont des votes de conviction sur une ligne dure identitaire et nationaliste, autour d’une mentalité d’assiégé-persécuté, dont les électeurs estiment en fait qu’ils sont eux-mêmes les premières victimes.

Politique spectacle et solutions simplistes
Une politique spectacle, en selfie, sur TikTok, de mise en spectacle sans pudeur des têtes de liste d’extrême-droite avec des solutions simplistes et immédiates, avec un simple vote, on peut renverser la table, notamment la facture de l’énergie ou la « paix » en Europe.

Décalage entre agenda médiatique et résultats électoraux
Un « agenda-framing » encore décalé entre des résultats électoraux finaux pourtant globalement prévus par les sondages, qui ont toujours confirmé la victoire de la majorité pro-européenne et l’agenda médiatique dominé par la vague « populiste » qui ne s’est guère confirmée, à l’échelle paneuropéenne, mais dans les principales démocraties des États-membres fondateurs en Europe occidentale, tandis que l’Europe centrale est moins touchée par le phénomène.

Accumulation des tensions et violence physique
Une accumulation des tensions, avivée par des cyberattaques attendues et, cela est malheureusement plus nouveau dans son ampleur, la violence physique, avec des attaques de candidats par des extrémistes, en particulier en Allemagne avec des victimes pour le SPD, les libéraux, les Verts et même l’AFD.

Participation en hausse
Une participation électorale en hausse, ce n’est plus une « second-order election », mais une élection de premier plan, considérée peut-être même comme plus importante par les électeurs-citoyens, qui la prenent vraiment au sérieux, par rapport aux principales forces politiques qui semblent dépassées par les attentes et les envies d’Europe sans savoir y répondre.

Controverse autour de l’Ukraine
Une controverse autour de l’Ukraine, avec la visite du président Volodymyr Zelensky à l’occasion des cérémonies du D-Day à la fois en France et en Allemagne à la veille du scrutin, avec un discours au Parlement dans chaque pays qui aura été boycotté par les extrémistes.

Vote des jeunes et glissement à droite
Un vote des jeunes, ça n’existe pas. Les jeunes évoluent comme le reste de la société qui glisse à droite. Le pessimisme, l’angoisse et la peur, voire de troubles mentaux et psychologiques pèsent sur leurs préoccupations : inflation, logement, polarisation, changement climatique mais aussi forcément sur leurs votes plus autoritaires et populistes pour les extrêmes tant d’extrême-gauche que d’extrême-droite.

Clivages géographiques
Des clivages géographiques qui confirment des lignes de fractures fortes, anciennes ; songeons aux résultats du RN en France en tête dans plus de 90% des communes, hormis Paris et quelques métropoles, les résultats communautarisés de LFI dans les banlieues ou les résultats de l’AFD très forts dans l’ancienne Allemagne de l’Est, avec des scrutins régionaux dans ces Lander à l’automne.

Absence de programme commun des partis proeuropéens
Une carte de l’Europe que les partis proeuropéens n’ont pas joué, pas de programme commun, pas de projets partagés, il faudrait essayer l’Europe, ce serait en fait la nouveauté. L’Europe, c’est le terrain pour vraiment agir, d’autant que les budgets des États-nationaux, avec le frein à la dette en Allemagne et les déficits excessifs en France, ne peuvent plus répondre aux besoins de financement pour le climat et la défense.

Échec des têtes de liste des grandes familles politiques européennes
Un échec des têtes de liste des grandes familles politiques européennes, avec la « fake Spitzenkandidat » Ursula von der Leyen qui aura fait semblant de faire campagne sans vraiment de programme, sans vraiment d’opposition de ses partenaires de coalition, sans conviction.

Intérêt pour les sujets de société sous l’angle européen
Un intérêt porté pour des sujets de société, relativement nouveaux, sous l’angle européen, dans le registre de la protection tant externe (re/dé-globalisation, sécurité/défense, climat) ou interne (santé, pouvoir d’achat, santé, égalité/travail) même si les campagnes partisanes ont été animées autour de débats nationaux et sans que les sujets de fond comme les rapports Dragui et Letta autour de la compétitivité et des financements des investissements n’aient été discutés.

Voix de la vieille Europe et défi du leadership
Une voix de la vieille Europe à l’Ouest et du moteur franco-allemand qui doit trouver des solutions pour éviter les scénarios de l’inertie voire du pire, là où les extrémistes progressent, tant la fuite en avant que le surplace, tandis que le centre de gravité proeuropéen se déplace vers l’Est et le Sud, c’est un saut dans l’inconnu, qui va avoir besoin de leadership.

Publicité politique sur les réseaux sociaux : vers une régulation européenne pour plus de transparence et de protection des citoyens

Les réseaux sociaux sont devenus un terrain de jeu privilégié pour les acteurs politiques qui cherchent à influencer l’opinion publique. Cependant, la publicité politique sur ces plateformes soulève de nombreuses problématiques, notamment en termes de transparence, de protection des données personnelles et de manipulation de l’information. Face à ces enjeux, les institutions européennes ont décidé d’intervenir en proposant un nouveau règlement sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique.

Risques et dérives de la publicité politique sur les réseaux sociaux en termes de microciblage et de bulles algorithmiques de filtre

La publicité politique sur les réseaux sociaux permet de cibler très précisément les électeurs en fonction de leurs centres d’intérêt, de leur âge, de leur localisation géographique ou encore de leur historique de navigation. Cette pratique de « micro-ciblage », peut être utilisée à des fins d’influencer l’opinion publique, en diffusant des messages différents (plusieurs milliers pour les campagnes Brexit et Trump) à des groupes de personnes différents, voire contradictoires autant pour inciter à voter pour un candidat que désinciter à voter pour un autre candidat.

Par ailleurs, la publicité politique sur les réseaux sociaux soulève des questions de protection des données personnelles. En effet, les plateformes collectent et traitent des données sensibles sur les utilisateurs, qui peuvent être utilisées à des fins politiques sans leur consentement explicite. De plus, les algorithmes utilisés pour cibler les publicités peuvent renforcer les biais cognitifs et les bulles de filtre, en ne présentant aux utilisateurs que des informations qui confortent leurs opinions.

Nouveau règlement européen sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique : vers plus de transparence et de protection des citoyens

La future règlementation européenne, en cours de discussion entre les institutions européennes, après les positions du Conseil de l’UE en novembre dernier, le Parlement européenne vient d’adopter ses amendements en plénière en février, l’intention vise à renforcer la transparence et la protection des citoyens en matière de publicité politique sur les réseaux sociaux :

  1. Une définition claire de la publicité à caractère politique, qui devra être clairement identifiée comme telle ;
  2. L’obligation pour les plateformes de tenir un registre public des publicités politiques diffusées, avec des informations détaillées sur l’annonceur, le budget, la durée et le ciblage ;
  3. L’interdiction de cibler les publicités politiques en fonction de données sensibles, telles que l’orientation politique, la religion, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle ;
  4. L’obligation pour les plateformes de fournir des informations claires et compréhensibles sur les raisons pour lesquelles une publicité politique est diffusée à un utilisateur en particulier ;
  5. La possibilité pour les utilisateurs de signaler des publicités politiques trompeuses ou illégales ;
  6. L’interdiction de parrainage d’annonces provenant de l’extérieur de l’UE au cours des trois mois précédant une élection ou un référendum.

Comment préserver la démocratie tout en permettant une diffusion responsable des messages politiques ?

Protéger l’intégrité des élections : La proposition est élaborée dans le contexte des élections du Parlement européen de 2024, même si elle ne pourra pas être mise en œuvre dans les délais. L’objectif est de protéger l’intégrité des élections en prévenant toute tentative de manipulation des comportements de vote à travers l’utilisation de médias sociaux.

Se prémunir des ingérences électorales étrangères : L’émergence et la multiplication des médias sociaux ont ouvert de nouvelles possibilités d’ingérence dans les processus démocratiques. Des scandales tels que l’affaire Cambridge Analytica ont mis en lumière la capacité à exploiter les données personnelles pour influencer les élections.

Appliquer le Digital Services Act (DSA) : La proposition s’inscrit dans le cadre plus large du Digital Services Act, qui vise à réglementer les plateformes en ligne. Le DSA prévoit des règles communes pour garantir un environnement en ligne sûr et transparent, ces dispositions renforceront la transparence de la publicité politique en ligne.

Uniformiser la définition de la publicité politique sur les réseaux sociaux : La proposition vise à mettre fin à la fragmentation des dispositions nationales en matière de publicité politique avant 2024, assurant ainsi une approche uniforme au sein de l’Union européenne. La Commission souligne la nécessité d’harmoniser les définitions de la publicité politique pour assurer un processus démocratique équitable. Le règlement introduit la première définition européenne de la publicité politique, couvrant un large éventail de moyens de communication.

Assurer des obligations de transparence : Les plateformes qui vendent de la publicité politique devront assurer la transparence dès les premiers échanges avec les annonceurs, reste à savoir comment ces plateformes procéderont pour les mentions spécifiques dans les annonces publicitaires qui sont prévus.

Surveillance et sanctions : Les autorités de contrôle des États membres sont habilitées à surveiller l’application du règlement, enquêter sur les violations, et infliger des sanctions en cas de non-respect des obligations.

Approches changeantes des médias sociaux envers le contenu politique et d’actualité

Selon certains spécialistes des réseaux sociaux, alors que Meta cherche à réduire la présence de contenu politique dans ses applications Facebook et Instagram, en revanche X-Twitter se tourne davantage vers le débat politique, tandis que Tiktok ne s’interdit plus les sujets plus politiques, au point de pousser Biden à s’y inscrire pour sa campagne de réélection. Bien que Meta cherche à éviter les coûts et les dommages réputationnels associés au contenu d’actualité et politique, la réduction de ce type de contenu pourrait avoir un impact sur les électeurs et l’influence politique voire les démarches de propagation de la désinformation.

Au total, en se concentrant sur la transparence des annonces publicitaires et l’encadrement du ciblage, la règlementation européenne ne devrait pas faire obstacle à la diffusion des messages politiques protégés par la liberté d’expression et indispensables en démocratie, tout en régulant une activité sensible ayant connue des dérives.

La série « Parlement » au cœur de la mobilisation pour inciter à voter aux élections européennes

Comment mobiliser les citoyens, et en particulier les jeunes, à se rendre aux urnes le 9 juin prochain ? L’Institut Jean Monnet et Cinétévé (la société de production de la série « Parlement ») ont choisi de s’appuyer sur la popularité des acteurs et de la série pour créer une campagne d’incitation au vote audiovisuelle, originale et décalée…

La série « Parlement » : un succès populaire au service de la mobilisation citoyenne

Produite par Cinétévé, la série « Parlement » a rencontré un franc succès avec près de 7 millions de téléspectateurs en France et 3 millions en Allemagne. En mettant en scène les acteurs de la série dans de courts clips humoristiques, l’Institut Jean Monnet et Cinétévé espèrent surfer sur ce succès et toucher un large public, en particulier les jeunes.

Les objectifs de la campagne répondent aux enjeux de sensibiliser les jeunes électeurs à l’importance des élections européennes, de les inciter à s’inscrire sur les listes électorales et surtout à aller voter et de promouvoir une image positive et engageante des institutions européennes.

La campagne repose sur la création d’une série de clips humoristiques mettant en scène les personnages de la série « Parlement ». Ces clips, diffusés sur les réseaux sociaux et les médias audiovisuels, jouent sur l’autodérision et l’humour décalé qui caractérisent la série. Cette stratégie vise à capter l’attention d’un large public, notamment les jeunes, à rendre accessible le sujet des élections européennes et à utiliser le pouvoir d’influence des célébrités et des personnages de fiction.

Selon la présentation, huit clips vidéo d’une trentaine de secondes chacun ont été réalisés et présentés lors d’une soirée organisée à Europa Expérience, un espace interactif dédié à l’Union européenne.

Ces clips, dénués de logos et d’inscriptions superflues, ont vocation à être diffusés massivement, en particulier auprès des jeunes. Ils sont disponibles sur un site internet dédié, ainsi que sur les antennes de plusieurs grands médias audiovisuels.

Enseignements pour les campagnes de communication européenne autour des élections

1. L’importance de cibler les jeunes

Les jeunes représentent une part importante de la population européenne, mais leur taux de participation aux élections européennes est traditionnellement faible. Cette campagne de communication montre l’importance de cibler spécifiquement les jeunes et de s’appuyer sur des outils et des médias qui leur parlent, comme la série « Parlement » et les réseaux sociaux.

2. L’humour et l’autodérision : des leviers efficaces pour mobiliser les citoyens

En choisissant d’adopter un ton humoristique et décalé, cette campagne de communication démontre que l’humour et l’autodérision peuvent être des leviers efficaces pour mobiliser les citoyens et les inciter à s’intéresser aux enjeux européens.

3. L’audiovisuel : un média universel pour engager un large public

Cette campagne de communication illustre l’importance de l’audiovisuel comme média universel, capable de toucher un large public et de véhiculer des messages forts et fédérateurs avec un fort engagement émotionnel. Les clips vidéo réalisés dans le cadre de cette campagne sont ainsi accessibles à tous, quelle que soit la langue parlée ou le niveau de connaissance des institutions européennes.

4. Une promotion multicanale et rythmée

Selon Touteleurope, un site parlement2024.eu rassemble les clips ainsi qu’un “kit de campagne” qui permet de partager facilement toutes ces réalisations, sous le format et sur le réseau que l’on souhaite avec un hashtags commun à suivre #Parlement2024 (l’incitation au vote aurait pu être plus directe).

Par ailleurs, plusieurs grands médias audiovisuels devraient diffuser ces clips sur leurs antennes, à l’instar de France Télévisions, TV5 Monde ou France24, mais également sur certaines chaînes de télévision allemandes en en attendant d’autres.

Reste à attendre les résultats attendus, qu’il s’agisse d’augmenter le taux de participation des jeunes électeurs mais aussi de favoriser une prise de conscience de l’importance de l’engagement citoyen et plus largement de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union européenne.

Décryptage de la campagne nationale des élections européennes

Lors du premier débat, animé sur Public Sénat, le 14 mars, avec toutes les têtes de liste, sauf Bardella remplacé par Mariani, c’est l’occasion d’analyser la campagne, à partir des éléments de langage des têtes de liste aux élections européennes de juin 2024, en prenant comme matière les réponses à la première question « faut-il plus ou moins d’Europe » de faire le tour des « professions de foi européenne », un exercice pour faire passer quelques messages majeurs et mineurs…

Synthèse des discours des têtes de liste des élections européennes en France

Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) : Tenir tête aux puissances, être une puissance ensemble.

  • Social-démocrate, Pro-européen
  • Favorable à une Europe puissante et solidaire
  • Soucieux des enjeux géopolitiques et environnementaux
  • Attaché aux valeurs humanistes et progressistes
  • Grave et rhétorique, références historiques

Léon Defontaine (PCF) : Reprendre la main sur l’Europe.

  • Communiste eurocritique
  • Favorable à une Europe sociale et démocratique
  • Opposé à la politique libérale et austéritaire de l’UE
  • Soucieux de la souveraineté populaire et des droits des travailleurs
  • Mécontentement, volonté de changement, critique, référence au passé

Valérie Hayer (Renaissance) : Avoir de l’influence sur les textes, ne pas laisser le champ aux populistes.

  • Libérale, pro-européenne
  • Favorable à une Europe de la croissance et de l’innovation
  • Soucieuse de la compétitivité et de l’attractivité de l’UE
  • Attachée aux valeurs de compromis et de tolérance
  • Optimisme, détermination, , constructive et déterminée

François-Xavier Bellamy (LR) : Faire entendre la voix des Français.

  • Conservateur, pro-européen
  • Favorable à une Europe des nations et des projets
  • Soucieux de la préservation des identités culturelles et des valeurs traditionnelles
  • Attaché à la défense de la souveraineté nationale et de la démocratie
  • Frustration, volonté de changement, réfléchi, questionnement

Thierry Mariani (RN) : Prendre en compte les intérêts de la France.

  • Nationaliste eurosceptique
  • Favorable à une Europe des coopérations et des frontières
  • Opposé à la politique migratoire et économique de l’UE
  • Soucieux de la défense des intérêts nationaux et de la sécurité
  • Mécontentement, volonté de contrôle Critique, bilan négatif

Marie Toussaint (les écologistes) : Mettre l’économie au service du climat et de la paix.

  • Écologiste, pro-européenne
  • Favorable à une Europe écologique et solidaire
  • Soucieuse de la transition énergétique et de la justice sociale
  • Attachée aux valeurs de solidarité, de paix et de démocratie
  • Espoir, vision idéaliste

Manon Aubry (LFI) : Baisser les prix de l’alimentation et de l’énergie, promouvoir la paix.

  • Insoumise eurocritique
  • Favorable à une Europe sociale et démocratique
  • Opposée à la politique libérale et austéritaire de l’UE
  • Soucieuse de la souveraineté populaire et des droits sociaux
  • Urgence, volonté de changement

Marion Maréchal (Reconquête) : Une autre Europe, authentiquement de droite.

  • Nationaliste eurosceptique
  • Favorable à une Europe des nations et des identités
  • Opposée à la politique migratoire et économique de l’UE
  • Soucieuse de la défense des valeurs traditionnelles et de la sécurité
  • Mécontentement, volonté de reconstruction, vision d’une autre Europe

Mapping des candidats en fonction de leur positionnement

En plaçant les différents candidats, à la tête des principales listes dont les électeurs sont invités à choisir leur préférence, selon un positionnement classique sur un axe horizontal gauche-droite d’une part et un axe vertical pro-européen vs eurosceptiques d’autre part, plusieurs éléments se dessinent :

  • Ce qui est visible : une impression que les forces pro-européennes, dans toutes leurs nuances sont mieux représentées que les forces eurosceptiques, au sens qu’on y retrouve plus de listes.
  • Ce qui est moins visible : la balance électorale, nous le savons selon les derniers sondages penchent plutôt à l’inverse, en faveur des forces eurosceptiques, héritage de l’échec du référendum de 2005.

Si l’on devait simplifier l’offre électorale européenne, on pourrait considérer qu’il y a 5 familles européennes :

  1. une offre proeuropéenne de gauche, divisée entre écologistes et sociaux-démocrates, sans doute une perte d’influence pour ces deux options séparées ;
  2. une offre proeuropéenne de droite républicaine, mais fortement concurrencée à droite, au risque que la barre des 5% pour être représenté se pose ;
  3. une offre eurosceptique de gauche, entre LFI et le PCF, là encore une division qui signifiera moins d’élus pour cette offre politique désunie sur le même créneau ;
  4. une offre eurosceptique de droite nationaliste, l’offre politique qui a le plus de suffrages exprimés dans les sondages, et qui correspond à la dichotomie entre droite populiste ID et droite conservatrice ECR au Parlement européen ;
  5. une offre proeuropéenne centriste, à cheval entre le centre-gauche, le centre et le centre-droit, rassemblant les partis politiques de la majorité présidentielle, minoritaire à l’Assemblée nationale.

Analyse des éléments de langage des candidats

Quoique l’exercice ne puisse permettre à lui seul de tirer des enseignements définitifs sur l’ensemble d’une campagne, et la suite du débat autour de 4 thèmes d’actualité (agriculture, immigration, Ukraine et énergie), la forme identique aux différentes interventions permet d’en tirer des lignes communes ou en partage, au même titre que les affiches électorales, autre patrimoine de la communication électorale dans le registre de la propagande politique.

Du côté des convergences, tous les candidats jouent le jeu de tenter d’incarner en une minute la profession de foi de leur famille politique, en ayant recours à des arguments le plus souvent simplifiés, certains diraient simplistes, d’autres font des effets rhétoriques ou des mentions à référence, clin d’œil, à leur électorat.

Du côté des divergences ; la mention de la France ou pas et des Français ou pas ; la mention de sujets perçus comme mobilisateur pour certains électorats ; plusieurs candidats mentionnent des personnalités comme caution ou comme repoussoir ; une seule personnalité conteste les prémices de la question posée.

Verbatim des professions de foi européenne

Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) : Il s’agit des élections les plus importantes, nous sommes seuls face à la guerre en Europe, et la catastrophe climatique. Être une puissance ensemble ou ne plus être. Mention des figures de Jacques Delors et Robert Badinter, récemment décédées. Il faut tenir tête aux puissances extérieures et intérieures, de l’argent.

Léon Defontaine (PCF) : Si c’est l’Europe actuelle, après le référendum de 2005, c’est moins d’Europe, celle de la guerre sociale, qui nous prépare à la guerre contre la Russie, que nous ne voulons pas. Il faut reprendre la main sur l’Europe.

Valérie Hayer (Renaissance) : La Parlement européen, c’est la culture du compromis sans les compromissions. L’enjeu, c’est l’influence pour faire changer les textes sans dogmatisme, sans tabou, comme le plan de relance, le Green Deal. Ne pas laisser le champ aux populistes, ce n’est pas « plus » (fini) mais « plus » (davantage) d’Europe.

François-Xavier Bellamy (LR) : C’est une fausse question. Qu’est-ce qu’on veut faire en Europe ? Retrouver les moyens de notre destin, ne pas subir la politique européenne qui nous a fragilisé au lieu de nous renforcer, avec la majorité de gauche et du centre. Il faut faire entendre la voix des Français.

Thierry Mariani (RN) : Changer l’Europe sans la détruire. Le bilan de l’Europe de Macron : inflation, croissance en berne, immigration incontrôlée Il faut prendre en compte les intérêts de la France avec ses atouts.

Marie Toussaint (les écologistes) : L’écologie, cause de tous les maux ; l’Europe, cause de tous les problèmes, c’est faux. Il faut mettre l’économie au service du climat : nouvelle PAC plus verte, un protectionnisme vert, une Europe de la justice, contre l’austérité, une Europe de la paix avec une armée commune et un cessez-le-feu à Gaza.

Manon Aubry (LFI) : Soit continuer l’autoroute du chaos, soit tout changer, pour baisser les prix de l’alimentation et de l’énergie, contre le libre-échange, pour la paix en Ukraine et un cessez-le-feu à Gaza. L’après-Macron commence dès après les élections.

Marion Maréchal (Reconquête) : Moins d’Europe de celle que nous connaissons avec la coalition autour d’Ursula von der Leyen. Plus d’une autre Europe, authentiquement de droite : civilisation, frontières, autonomie énergétique, souveraineté alimentaire, protection des entreprises, soutien à la recherche ; une opportunité historique.

Campagne européenne sur l’égalité femmes-hommes : comment lutter contre les clichés sans succomber aux stéréotypes ?

La stratégie de l’UE pour l’égalité entre les hommes et les femmes vise à créer une Europe où les femmes et les hommes, quelle que soit leur diversité, ont les mêmes opportunités de mener une vie prospère, de choisir leur propre voie et de participer à la société en toute égalité.

Parmi les mesures spécifiques, des registres d’action publique très différents entre contraintes en matière de transparence salariale, lutte contre la violence à l’égard des femmes ou présence des femmes dans les conseils d’administration des grandes sociétés cotées de l’UE.

I. La campagne #EndGenderStereotypes : discutons des stéréotypes

En 2023, la Commission européenne lance une campagne visant à remettre en question les stéréotypes sexistes à l’échelle de l’UE. Cette campagne aborde les stéréotypes liés aux choix de carrière, à la répartition des responsabilités familiales et à la prise de décisions, tant pour les hommes que pour les femmes.

Les stéréotypes sont profondément enracinés dans notre culture et sont la cause d’inégalités sans même en avoir conscience, mais affectant chacun d’entre nous, femme ou homme. Les stéréotypes limitent la liberté de chacun. C’est pourquoi il est important de les bousculer.

1. Choix de carrière : « Que te dis-tu lorsque tu vois une pompière? Tu ne t’y attends pas? »

Les stéréotypes et préjugés font leur chemin dans les esprits dès la petite enfance. Des compétences que nous acquérons dès le plus jeune âge aux matières que nous étudions à l’école et aux carrières dans lesquelles nous nous engageons, les clichés sur ce que l’on attend des femmes et des hommes, des filles et des garçons, peuvent limiter nos aspirations, nos choix et notre liberté. Nous devons donc nous interroger sur ce qui est dû à notre libre arbitre et ce qui est dû aux stéréotypes.

2. Équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle : « Que te dis-tu lorsque tu vois un père qui coiffe sa fille avant de partir au travail? Est-ce inhabituel? »

Les rôles et responsabilités des hommes et des femmes, dans leurs foyers et sur leur lieu de travail, ne sont pas déterminés seulement par leur libre choix mais aussi par les stéréotypes de genre. Parvenir à un équilibre des genres au travail, à la maison et dans la société exige que chacun élargisse ses perspectives sur ces questions en remettant en question les croyances et les normes.

3. Prise de décision : « Que te dis-tu lorsque tu vois une présidente en train de remettre une décoration à une militaire? Est-ce surprenant? »

Les femmes continuent d’être sous-représentées aux postes décisionnaires, quels que soient les domaines, et ceci est en partie dû aux stéréotypes de genre. Mais que ce soit en affaires, en politique ou dans la société, nous ne pouvons exploiter tout notre potentiel que si nous utilisons tout notre talent et notre diversité. Ne compter que sur la moitié de la population signifie ne profiter que de la moitié des idées et de l’énergie disponibles. Nous devons lutter contre les stéréotypes qui empêchent les femmes d’accéder à des postes haut placés.

II. Quelles modalités idéales de communication intégrée ?

1. Paid Media : La Commission européenne investit dans une campagne sans publicité pour diffuser ses messages. Cette approche réduit considérablement le public touché peu étendu et ne permet pas de sensibiliser de nouvelles personnes, celles les plus à convaincre, aux enjeux de l’égalité femmes-hommes et des stéréotypes.

2. Earned Media : Les médias traditionnels et en ligne jouent un rôle crucial en pouvant potentiellement relayer l’information de la campagne. Les articles, les interviews et les reportages générés par des tiers contribuent à la crédibilité de la campagne, ce potentiel des médias ne semblent pas mobilisés dans le cadre de cette campagne de fin de mandat.

3. Shared Media : Les médias sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de la campagne pour créer des discussions, partager du contenu et encourager la participation du public. La siganture de la campagne s’appuie sur un hashtag mais la viralité semble limitée, sans toolkits pour mobiliser les citoyens et les sensibiliser à relayer des messages clés.

4. Owned Media : La Commission européenne gère le site web dédié à la campagne ainsi que les relais sur les comptes de médias sociaux officiels. Ces canaux permettent une communication garantissant une prise de parole cohérente.

III. Quel défis de la campagne sur l’égalité femmes-hommes ?

Plusieurs défis majeurs, notamment la résistance aux changements et la persistance des stéréotypes profondément enracinés, difficiles à éliminer complètement en un temps limité. De plus, il est essentiel d’éviter de succomber à de nouveaux stéréotypes inverses qui pourraient émerger en réaction. La campagne doit donc maintenir un équilibre délicat.

La mesure de l’impact de la campagne est essentielle pour évaluer son succès et déterminer si les objectifs ont été atteints. Il est possible d’évaluer l’efficacité de la campagne en surveillant l’évolution des attitudes et des comportements liés aux stéréotypes de genre. Des enquêtes, des données sur les médias sociaux, et des études de suivi peuvent fournir des informations précieuses pour mesurer les progrès.

Initiative ambitieuse visant à combattre les stéréotypes qui entravent l’égalité entre les sexes via une stratégie de communication intégrée, tout en évitant les clichés ; et indispensable pour parvenir à une Europe où l’égalité femmes-hommes est une réalité.