Archives de catégorie : Web et Europe

Billets sur les enjeux de la communication numérique européenne

Comment des médias paneuropéens abordent la couverture des élections européennes ?

Les médias d’information continent de jouer un rôle dans l’élaboration du récit autour des élections européennes ainsi que dans l’émergence d’une opinion publique européenne. Quelles stratégies pour couvrir la campagne, selon Amélie Reichmuth dans « How pan-European news organisations are approaching EU election coverage » pour VoxEurop et The European Correspondent, sans oublier de commencer par Politico Europe ?

L’approche analytique Politico Europe : une couverture « data-driven » des élections européennes

Politico Europe, lancée en 2015, basé à Bruxelles, offre une couverture approfondie de la politique, des politiques et des personnalités de l’UE. Pour les élections européennes, outre le narratif de la course électorale dans ses newsletters, podcasts et articles, Politico Europe adopte notamment une approche analytique « By the numbers » basée sur les données pour couvrir la campagne : enquête sur l’usage de Tiktok des députés européens ou les dépenses publicitaires des partis politiques.

De plus, Politico Europe développe un outil interactif, « Poll of Polls », qui regroupe les dernières données de sondages de toute l’UE et fournit des estimations de la répartition des sièges au Parlement européen. Cet outil, mis à jour quotidiennement, vise à aider les citoyens et les parties prenantes à mieux comprendre la dynamique de la course électorale et les implications potentielles des résultats.

L’approche communautaire de The European Correspondent : un traitement « crowd-sourcé » des questions du public autour des sujets européens

Lancée en 2022, The European Correspondent est une newsletter qui se concentre sur les grands défis sociétaux, les changements politiques et les idées à travers le continent. Forte d’un réseau de plus de 140 correspondants locaux, la plateforme a pour objectif de proposer à ses lecteurs les meilleures histoires de chaque pays.

Pour The European Correspondent, les élections européennes constituent une opportunité essentielle de dialoguer avec son public. Julius Fintelmann, co-fondateur et directeur de la rédaction, estime que les élections sont importantes non seulement par leur résultat, mais aussi parce qu’elles génèrent un élan européen, avec des citoyens manifestant davantage d’intérêt pour les affaires européennes.

Leur stratégie pour couvrir les élections consiste à se concentrer sur les grandes questions qui intéressent les citoyens européens, plutôt que de suivre la campagne électorale à Bruxelles. Ils utilisent des explications et des articles approfondis pour aborder des sujets tels que le processus électoral, la montée des partis d’extrême droite et le Green Deal.

L’approche semble trouver un écho auprès de son public, qui reçoit de nombreuses questions sur les élections qui ne sont pas abordées ailleurs. Ils capitalisent sur cela à travers des campagnes d’engagement communautaire, visant à développer leur communauté et à élargir leur audience globale.

L’approche coopérative de Voxeurop : un traitement en mode « série » éditoriale

Voxeurop, lancé en 2014, se positionne comme le premier média géré par une société coopérative européenne afin de couvrir des sujets transnationaux, traduits dans les principales langues européennes, pour refléter la diversité des regards et toucher un public plus large.

L’année 2024 marque les 10 ans de Voxeurop, ce qui en fait une opportunité idéale pour élargir son lectorat. Voxeurop adopte plusieurs séries éditoriales pour couvrir les élections. L’un de leurs projets les plus réussis est « Voices of Europe« , où ils collaborent avec 27 grands médias nationaux pour publier des articles sur les principales questions en jeu dans les élections européennes de chaque pays. Ces articles sont ensuite traduits et publiés en cinq langues sur la plateforme Voxeurop.

Au total, les médias paneuropéens adoptent des stratégies diverses et innovantes pour couvrir les élections européennes, interagir avec leur public et contribuer au développement d’une sphère publique européenne, jouant un rôle crucial pour répondre aux préoccupations et aux questions de leur public et utiliser les élections comme une opportunité pour élaborer des nouvelles formes de récit autour d’un avenir de l’UE plus informé et plus engagé.

Publicité politique sur les réseaux sociaux : vers une régulation européenne pour plus de transparence et de protection des citoyens

Les réseaux sociaux sont devenus un terrain de jeu privilégié pour les acteurs politiques qui cherchent à influencer l’opinion publique. Cependant, la publicité politique sur ces plateformes soulève de nombreuses problématiques, notamment en termes de transparence, de protection des données personnelles et de manipulation de l’information. Face à ces enjeux, les institutions européennes ont décidé d’intervenir en proposant un nouveau règlement sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique.

Risques et dérives de la publicité politique sur les réseaux sociaux en termes de microciblage et de bulles algorithmiques de filtre

La publicité politique sur les réseaux sociaux permet de cibler très précisément les électeurs en fonction de leurs centres d’intérêt, de leur âge, de leur localisation géographique ou encore de leur historique de navigation. Cette pratique de « micro-ciblage », peut être utilisée à des fins d’influencer l’opinion publique, en diffusant des messages différents (plusieurs milliers pour les campagnes Brexit et Trump) à des groupes de personnes différents, voire contradictoires autant pour inciter à voter pour un candidat que désinciter à voter pour un autre candidat.

Par ailleurs, la publicité politique sur les réseaux sociaux soulève des questions de protection des données personnelles. En effet, les plateformes collectent et traitent des données sensibles sur les utilisateurs, qui peuvent être utilisées à des fins politiques sans leur consentement explicite. De plus, les algorithmes utilisés pour cibler les publicités peuvent renforcer les biais cognitifs et les bulles de filtre, en ne présentant aux utilisateurs que des informations qui confortent leurs opinions.

Nouveau règlement européen sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique : vers plus de transparence et de protection des citoyens

La future règlementation européenne, en cours de discussion entre les institutions européennes, après les positions du Conseil de l’UE en novembre dernier, le Parlement européenne vient d’adopter ses amendements en plénière en février, l’intention vise à renforcer la transparence et la protection des citoyens en matière de publicité politique sur les réseaux sociaux :

  1. Une définition claire de la publicité à caractère politique, qui devra être clairement identifiée comme telle ;
  2. L’obligation pour les plateformes de tenir un registre public des publicités politiques diffusées, avec des informations détaillées sur l’annonceur, le budget, la durée et le ciblage ;
  3. L’interdiction de cibler les publicités politiques en fonction de données sensibles, telles que l’orientation politique, la religion, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle ;
  4. L’obligation pour les plateformes de fournir des informations claires et compréhensibles sur les raisons pour lesquelles une publicité politique est diffusée à un utilisateur en particulier ;
  5. La possibilité pour les utilisateurs de signaler des publicités politiques trompeuses ou illégales ;
  6. L’interdiction de parrainage d’annonces provenant de l’extérieur de l’UE au cours des trois mois précédant une élection ou un référendum.

Comment préserver la démocratie tout en permettant une diffusion responsable des messages politiques ?

Protéger l’intégrité des élections : La proposition est élaborée dans le contexte des élections du Parlement européen de 2024, même si elle ne pourra pas être mise en œuvre dans les délais. L’objectif est de protéger l’intégrité des élections en prévenant toute tentative de manipulation des comportements de vote à travers l’utilisation de médias sociaux.

Se prémunir des ingérences électorales étrangères : L’émergence et la multiplication des médias sociaux ont ouvert de nouvelles possibilités d’ingérence dans les processus démocratiques. Des scandales tels que l’affaire Cambridge Analytica ont mis en lumière la capacité à exploiter les données personnelles pour influencer les élections.

Appliquer le Digital Services Act (DSA) : La proposition s’inscrit dans le cadre plus large du Digital Services Act, qui vise à réglementer les plateformes en ligne. Le DSA prévoit des règles communes pour garantir un environnement en ligne sûr et transparent, ces dispositions renforceront la transparence de la publicité politique en ligne.

Uniformiser la définition de la publicité politique sur les réseaux sociaux : La proposition vise à mettre fin à la fragmentation des dispositions nationales en matière de publicité politique avant 2024, assurant ainsi une approche uniforme au sein de l’Union européenne. La Commission souligne la nécessité d’harmoniser les définitions de la publicité politique pour assurer un processus démocratique équitable. Le règlement introduit la première définition européenne de la publicité politique, couvrant un large éventail de moyens de communication.

Assurer des obligations de transparence : Les plateformes qui vendent de la publicité politique devront assurer la transparence dès les premiers échanges avec les annonceurs, reste à savoir comment ces plateformes procéderont pour les mentions spécifiques dans les annonces publicitaires qui sont prévus.

Surveillance et sanctions : Les autorités de contrôle des États membres sont habilitées à surveiller l’application du règlement, enquêter sur les violations, et infliger des sanctions en cas de non-respect des obligations.

Approches changeantes des médias sociaux envers le contenu politique et d’actualité

Selon certains spécialistes des réseaux sociaux, alors que Meta cherche à réduire la présence de contenu politique dans ses applications Facebook et Instagram, en revanche X-Twitter se tourne davantage vers le débat politique, tandis que Tiktok ne s’interdit plus les sujets plus politiques, au point de pousser Biden à s’y inscrire pour sa campagne de réélection. Bien que Meta cherche à éviter les coûts et les dommages réputationnels associés au contenu d’actualité et politique, la réduction de ce type de contenu pourrait avoir un impact sur les électeurs et l’influence politique voire les démarches de propagation de la désinformation.

Au total, en se concentrant sur la transparence des annonces publicitaires et l’encadrement du ciblage, la règlementation européenne ne devrait pas faire obstacle à la diffusion des messages politiques protégés par la liberté d’expression et indispensables en démocratie, tout en régulant une activité sensible ayant connue des dérives.

Élections européennes : comment les partis d’extrême droite montent en puissance sur TikTok ?

Une récente étude menée par POLITICO Europe révèle que les partis politiques d’extrême droite et d’extrême gauche ont su tirer leur épingle du jeu sur TikTok ; mais, ce sont les députés européens d’extrême droite du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen qui se démarquent. Avec les élections européennes approchant à grands pas et l’enjeu de la problématique de la mobilisation des jeunes électeurs, l’Europe politique risque-t-elle de basculer vers l’extrême droite sous l’emprise de TikTok ? Quels impacts sur le paysage politique européen ?

Les euro-députés ID, leaders incontestés sur TikTok

Selon les données recueillies, les députés du groupe ID cumulent 1 383 000 abonnés sur TikTok, en contraste avec les Verts, qui ne comptent que 62 000 abonnés cumulés, tandis que la plateforme dénombre 142 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans l’Union au second semestre 2023.

Nombre total de comptes et par groupe politique sur TikTok

De plus, le groupe ID se distingue par une activité plus soutenue sur le réseau, avec près de 3 000 publications entre mi-février et début mars 2024, contre environ 2 000 publications pour les groupes Renew, S&D et la Gauche.

Une stratégie d’influence ciblée pour séduire les jeunes électeurs

Les partis d’extrême droite européens ont bien compris l’importance d’être présents sur TikTok, une plateforme dominée par des utilisateurs en âge de voter. En effet, en 2023, 73 % des utilisateurs à l’échelle mondiale avaient entre 18 et 34 ans.

Nombre de posts total par groupe politique sur TikTok

À deux mois des élections européennes, la mobilisation de cette tranche d’âge s’annonce particulièrement difficile, notamment en France où seuls 42 % des 18-24 ans et 40 % des 25-34 ans ont déclaré qu’ils étaient « certains » d’aller voter.

Une bataille culturelle menée sur les réseaux sociaux »

Pour Romain Fargier, chercheur sur la radicalisation politique au Centre d’études politiques et sociales (CEPEL) de l’université de Montpellier, cité par Politico : « le premier objectif du mouvement d’extrême droite est de gagner ce qu’ils appellent une bataille culturelle ». En maîtrisant les codes de TikTok et en étant très actifs sur la plateforme, les partis d’extrême droite européens parviennent à toucher un public jeune et à influencer le débat politique.

Portées, likes et activités cumulés par groupe politique sur TikTok

Qu’en est-il des candidats aux élections européennes en France ?

Au niveau des principales têtes de liste aux élections européennes en France, le match est très inégal, dominé par la figure de Jordan Bardela qui cumule à la fois le plus d’abonnés 1,2M et de « J’aime » avec 28,4M tandis que la deuxième personnalité la plus « populaire » sur TikTok n’est autre que Marion Maréchal avec 10 fois moins d’abonnés 115,3k et seulement 1,4M de likes, sans oublier, ce qui montre l’avance des forces politiques à la droite extrême, Florian Philippot avec 135,1k abonnés et 1,3M de likes.

Têtes de liste françaises sur TikTok

Derrière le trio de tête de l’extrême-droite, le candidat Raphaël Glucksmann a suspendu son compte au début de la campagne et s’en est expliqué dans la presse, alors qu’il avait 60k abonnés pour se montrer cohérent (enfin ?) avec ses positions très critiques sur la Chine. A gauche, il faut donc compter d’abord sur Manon Aubry avec 41,3k abonnés et 473,3k likes et les comptes quasi anonymes de Marie Toussaint avec 1,3k abonés et 6,5k likes et Léon Deffontaines avec 1,8l abonnés et 23,3k likes.

Reste deux cas à part, d’une part, François-Xavier Bellamy qui est belle et bien présent sur TikTok avec 3,2k abonnés et 40,5k likes mais s’il en critique leur usage dans ses meetings tandis que Valérie Hayer n’est donc plus que la seule à ne jamais avoir encore été activement présente sur TikTok.

Tiktok, terrain de jeu des deepfakes de l’extrême droite avec Amandine Le Pen et Léna Maréchal

Nouvelles stars, les prétendues nièces de Marine Le Pen sont deux deepfakes, des vidéos générées par une IA qui nous font croire que ces jeunes femmes sont les nouvelles égéries politiques, alors qu’elles sont des hologrammes sortis tout droit d’un film de science-fiction : « Prête à défendre la France » et « Chez les Le Pen, on défend l’agriculture française ».

Rassemblement National et Reconquête jurent leurs grands dieux ne pas être derrière cette mystérieuse machination, c’est juste une petite expérience sociale un test grandeur nature pour voir si les Français sont prêts à élire des avatars virtuels plutôt que des êtres de chair et d’os.

Des milliers d’abonnés, des centaines de milliers de likes, même si la modération de TikTok a fini par arriver, un peu trop tard comme pour une fête, où la police débarque quand le gâteau est déjà mangé. Un bel exemple où le mélange entre politique et divertissement.

Quels impacts pour la campagne électorale et le prochain Parlement européen ?

La présence et l’influence des partis d’extrême droite sur TikTok témoignent de leur capacité à s’adapter aux nouveaux médias et à tirer parti des réseaux sociaux pour diffuser leur message et élargir leur audience.

Les élections européennes approchant, la maîtrise des réseaux sociaux et notamment de TikTok devrait jouer un rôle crucial dans la mobilisation des jeunes électeurs, une tranche d’âge souvent difficile à atteindre et à convaincre.

La bataille culturelle menée par les partis d’extrême droite sur les réseaux sociaux souligne l’importance pour tous les autres partis politiques de développer des stratégies de communication adaptées et efficaces pour contrer leur influence grandissante.

Marketing d’influence : enquête sur la transparence des contenus des créateurs sur les réseaux sociaux

L’objectif de l’opération « coup de balai » réalisée par la Commission européenne vise à vérifier si les influenceurs signalent leurs activités publicitaires comme l’exige le droit de l’Union en matière de protection des consommateurs…

Principaux résultats

Sur les publications de 576 influenceurs sur les principales plateformes de médias sociaux :

  • Manque de transparence : 97 % publient des publications à contenu commercial, mais seulement 20 % le signalent systématiquement. => Cela peut induire en erreur les consommateurs qui pourraient ne pas être conscients qu’ils sont exposés à du contenu promotionnel.
  • Non-enregistrement systématique : 78 % des influenceurs exercent une activité commerciale, mais seuls 36 % sont enregistrés. => Cela pourrait avoir des implications juridiques et fiscales.
  • Utilisation inadéquate des mentions de plateforme : 38% des influenceurs n’ont pas utilisé les mentions de plateforme qui servent à signaler des contenus commerciaux, préférant des formulations différentes telles que « collaboration » ou « partenariat » trop vagues.
  • Promotion de produits propres : 40% des influenceurs ont recommandé leurs propres produits, services ou marques, sans toujours divulguer clairement qu’il s’agissait de publicité.

Sur le panel des créateurs de contenus audités,82 influenceurs comptaient plus de 1 million d’abonnés, 301 plus de 100 000 et 73 entre 5 000 et 100 000.

Plusieurs influenceurs étaient actifs sur différentes plateformes de médias sociaux: 572 publiaient sur Instagram, 334 sur TikTok, 224 sur YouTube, 202 sur Facebook, 82 sur X (anciennement Twitter), 52 sur Snapchat et 28 sur Twitch.

Les principaux secteurs d’activité concernés sont, par ordre décroissant, la mode, l’art de vivre, la beauté, l’alimentation, les voyages et le fitness/sport. 119 influenceurs ont été considérés comme promouvant des activités malsaines ou dangereuses, telles que la « mal-bouffe », la consommation de boissons alcoolisées, des traitements médicaux ou esthétiques, les jeux d’argent et de hasard ou des services financiers tels que le trading sur cryptomonnaies.

Entrée en vigueur du règlement sur les services numériques

Avec l’entrée en vigueur le 17 février du règlement sur les services numériques pour toutes les plateformes en ligne dans l’UE, les influenceurs ont de nouvelles obligations :

  • Les influenceurs qui téléchargent des contenus doivent déclarer si ces contenus contiennent des communications commerciales ;
  • Les influenceurs ayant qualité de professionnels doivent fournir des informations pour garantir leur traçabilité avant d’utiliser une plateforme en ligne pour promouvoir ou proposer leurs produits ou services.

Plateforme d’informations juridiques pour les influenceurs

En 2023, la Commission européenne a lancé, l’« Influencer Legal Hub », une plateforme d’informations juridiques pour les influenceurs afin de fournir des contenus essentiels sur le droit européen de la consommation et le marketing d’influence à travers des formations vidéo approfondies en trois parties pour acquérir une compréhension approfondie des enjeux juridiques liés au marketing d’influence, aux influenceurs en tant qu’annonceurs et en tant que vendeurs ainsi que des guides pratiques et des outils utiles.

La Commission européenne rappelle que « la législation de l’UE en matière de protection des consommateurs prévoit que les communications commerciales doivent être transparentes. Dans leurs publications, les influenceurs ne devraient pas induire les consommateurs en erreur par des informations fausses ou mensongères sur les produits ou services promus. Toute promotion des produits ou services d’une marque dans une publication qui génère des revenus ou d’autres types d’avantages pour l’influenceur concerné doit être signalée en tant qu’activité publicitaire. En outre, les influenceurs qui vendent des produits ou des services pour leur propre compte ont les mêmes obligations légales que les magasins en ligne, telles que celle d’accorder aux consommateurs une garantie légale ou un droit de rétractation ».

Une piste d’amélioration pourrait être de mieux développer des outils natifs aux plateformes de médias sociaux d’affichage des contenus promotionnels afin d’améliorer la transparence pour les consommateurs ainsi que de rendre plus facile pour les influenceurs de signaler correctement leurs contenus commerciaux.

Au total, les résultats de l’opération « coup de balai » devraient alimenter les réflexions en vue d’une révision de la législation de l’UE en matière de protection des consommateurs pour garantir le niveau le plus élevé au monde dans la protection des consommateurs dans l’espace numérique.

Transformation des médias : tendances globales autour de l’information et de l’impact de l’intelligence artificielle en 2024

Comme chaque année, le festival « Médias en Seine » fournit une occasion toujours pertinente pour décrypter les dernières évolutions dans le domaine de l’information et des nouvelles technologies, alors que les actualités à la chronique des médias est très intense en innovations…

Tendances globales pour les médias numériques d’information

Nic Newman, du Reuters Institute, a partagé lors de la conférence Médias en Seine « Les grandes tendances mondiales qui vont marquer les médias en 2024 » plusieurs tendances marquantes dans le paysage des médias numériques d’information :

  • 1. Fatigue et évitement de l’actualité
  • Une baisse d’attention, avec une portée hebdomadaire en déclin à l’échelle mondiale.
  • Un désintérêt croissant pour l’actualité, particulièrement prononcé en Europe.
  • Une tendance à l’évitement sélectif de l’actualité en raison de son caractère dépressif et anxiogène.

Pour répondre à la demande du public en quête d’espoir, les médias doivent privilégier des récits inspirants, un contexte enrichi, une plus grande valeur, et des contenus constructifs.

  • 2. La fin de la référence sociale
  • Une diminution de l’influence de Facebook sur le trafic des sites d’actualités, marquée par un retrait des partenariats médias.
  • Les plateformes sociales algorithmiques opèrent de manière indépendante des médias d’information.
  • Un changement encore plus significatif chez les jeunes, avec un désintérêt croissant pour Facebook.

Les éditeurs se tournent désormais vers TikTok, réduisant leurs efforts sur les médias sociaux traditionnels, et mettant davantage l’accent sur la maîtrise des vidéos verticales ainsi que sur l’adoption des stories sociales, rapides, divertissantes et authentiques.

  • 3. Confiance en berne dans l’actualité
  • Une image de confiance en déclin et de polarisation croissante due à des débats divisifs.
  • La critique des médias alimentée par une confiance réduite, avec une corrélation entre la méfiance envers les médias et la critique de ces derniers.
  • Des préoccupations liées à l’impact de l’IA et des deep fakes, brouillant davantage la frontière entre faits et fiction.

Face à ces défis, les médias doivent renforcer l’impartialité, la fiabilité dans un monde incertain, accentuer la qualité du contenu, et persévérer dans la vérification des faits sur les médias sociaux.

  • 4. Pression sur le business du journalisme
  • Une stagnation du paiement pour toute actualité en ligne.
  • La persistance du modèle « le gagnant rafle tout », surtout avec le succès des abonnements de niche.
  • L’émergence d’autres contenus payants, tels que des plateformes pour journalistes individuels (Substack et podcasts).

Pour faire face à ces pressions, l’idée de forfaits d’abonnement tout inclus pour un accès global à l’actualité se profile.

  • 5. Nouvelles technologies émergentes et innovations
  • De nouvelles façons d’interagir avec l’actualité, notamment l’utilisation de Perplexity, un chatbot basé sur l’IA, réduisant la valeur de la marque médiatique.
  • Des évolutions dans la manière d’interagir avec Internet, incluant des épingles AI, indépendantes des smartphones et des recherches classiques.

Les médias doivent embrasser la dynamique des actualités numériques en adoptant une approche d’expérimentation et d’apprentissage constant.

II. Tendances liées à l’intelligence artificielle pour les médias d’information

Au rendez-vous annuel « Médias en Seine », lors de la table ronde « Comment l’IA va rebattre les cartes dans les médias ? », plusieurs experts débattent de l’enjeu majeur de l’impact de l’intelligence artificielle dans la conception, la production et la distribution de l’information dans nos démocraties.

1. L’IA, entre réalité de l’humain hybride et le fantasme du grand remplacement technologique

Le professeur en Digital Media Strategy à Chicago, Jeremy Gilbert cherche à comprendre l’impact de l’IA sur les médias d’information, dans la mesure où les prompts proactifs du public pour obtenir des contenus prédictifs sur la base de larges modèles de langage est l’exact inverse de l’information produite par les journalistes et livrées par les médias au public.

En termes d’usage, deux visions à ce stade s’opposent entre d’une part une nouvelle forme de « human hybrid » où l’humain utilise l’IA dans sa vie quotidienne et la théorie du grand remplacement technologique où l’IA prendra en charge toute la production de l’information.

Certes, certaines activités de vérification vont évoluer avec l’IA mais par essence, le métier du journalisme ne changera pas, l’IA peut apporter plus de créativité mais l’IA ne peut pas remplacer la créativité humaine.

De nombreuses questions restent sans réponse pour le moment qu’il s’agisse de la propriété intellectuelle, de la régulation, des copyrights avec IA, des bases de données pour entraîner les IA…

2. L’IA au cœur des innovations dans la publicité avec Média Transport et le journalisme chez TV5 Monde

Pour Norbert Maire de Média Transport, la régie publicitaire spécialisée dans l’affichage urbain, plusieurs proofs of concept sont actuellement expérimentées avec l’agence de publicité Publicis, en matière d’automation des données, entre les owned data de première main et les data venant des médias sociaux ainsi que des expérimentations en matière d’IA génératives et d’analyse des comportements du public.

Pour Hélène Zemmour de la chaîne TV5 Monde, l’IA challenge de nombreux sujets clés comme l’éthique des journalistes ou les revenus publicitaires, ce qui se traduit par plusieurs initiatives afin de ne pas perdre en découverabilité des contenus face au flot de contenus de moindre qualité référencés et de développer un label collectif pour authentifier les contenus originaux et définir un fair use des IA et un partage des revenus équitables.

3. L’IA, un enjeu de bien public ; pour une citoyenneté digitale

Représentant du régulateur français l’Arcom, Benoît Loutrel précise les missions face aux différents scénarios :

  1. Combattre les acteurs malveillants, qui détournent l’IA à des fins de manipulation de l’opinion
  2. Prévenir les acteurs négligents, qui utilisent l’IA afin de produire des contenus de faible qualité qui pose problème pour les moteurs de recherche
  3. Encourager les médias de qualité, qui devraient davantage maîtrisés l’IA au service du décryptage des réalités médiatiques

Le régulateur français cherche un meilleur équilibre, nécessaire à notre démocratie dans la responsabilisation des médias algorithmiques que sont la plupart des médias sociaux face aux médias traditionnels qui éditorialisent leurs contenus. Les citoyens ont besoin d’être plus conscient de ces enjeux et de développer leur esprit critique.

4. L’IA et les prochaines élections

Pour Jeremy Gilbert, l’impact de l’IA sur les prochaines élections présidentielles aux États-Unis est d’ores et déjà perceptibles dans les Primaires. L’IA permet aux citoyens de choisir de croire les messages négatifs contre les opposants ou les messages positifs pour son propre candidat. Cette divergence entre l’avancée technologique qui ne cesse d’accélérer et le scepticisme qui renforce les attitudes des citoyens aura un impact sur la mobilisation et la participation électorales.

Pour Benoît Loutrel, lors des élections présidentielles en 2022, 2 incidents – seulement – ont émaillées la campagne avec le blocage automatisée de plusieurs comptes de candidats temporairement sur Twitter ainsi que le blocage d’une chaîne Youtube d’un candidat qui avait essayé de diffuser une publicité à caractère politique proscrite par la loi. Les plateformes des médias sociaux apprécient le rôle du régulateur pour expliquer l’importance de respecter les règles et la transparence dans la résolution.