Archives par étiquette : campagne

Face à Trump, l’Europe à l’heure Draghi : un manifeste, un récit, une bataille pour l’âme du continent européen

Mario Draghi n’a pas simplement livré un rapport sur la compétitivité de l’Europe, il a sonné le tocsin. De passage à Bruxelles devant le Parlement européen, il a livré une sorte de manifeste. Ce n’est pas une énième note de conjoncture, mais un appel à la mobilisation générale. Face à la tempête Trumpiste et à la montée en puissance des blocs sino-américains, l’Europe est sommée de se réinventer « il est de plus en plus évident que nous devons agir comme si nous étions un seul État » ou sinon de sombrer dans la marginalisation. Le diagnostic est implacable : retard technologique abyssal, facture énergétique exsangue, paralysie décisionnelle. Mais le remède, aussi audacieux soit-il, reste lettre morte sans un ingrédient crucial : une campagne de communication de rupture, capable de transformer un manifeste d’experts en un cri de ralliement populaire.

Un récit européen puissant et incarné à partir des piliers du message Draghi : urgence, unité et optimisme

Il ne s’agit plus de « communiquer l’Europe », mais de faire vibrer l’Europe dans le cœur des citoyens.

Il faut dépasser la logique des messages clés, ces éléments de langage qui circulent sur les plateaux radio et TV. Il convient de tisser un récit européen de la Renaissance. Les « messages clés » sont nécessaires, mais insuffisants. L’urgence, l’unité, l’optimisme doivent être les fils conducteurs d’une narration européenne de la renaissance. Il s’agit de raconter l’histoire d’une Europe qui se relève, qui ose, qui innove, qui protège. Une Europe qui, face aux défis, redécouvre sa force collective et son génie propre.

L’urgence impérieuse d’agir : le temps des choix courageux. Ne pas se contenter de déplorer le « retard technologique ». Mettre en scène la course contre la montre, le risque de décrochage irréversible. Utiliser des métaphores visuelles fortes : l’Europe comme un train en retard sur le quai, la frontière technologique qui s’éloigne comme une ligne d’horizon inaccessible. Insister sur le coût de l’inaction : perte d’emplois, dépendance accrue, affaiblissement de notre modèle social. L’urgence n’est pas un slogan, c’est une réalité palpable.

L’unité refondatrice comme impératif : plus qu’un marché, une destinée commune. L’unité ne doit pas être perçue comme une contrainte technocratique, mais comme un levier de puissance. Expliquer concrètement les bénéfices de l’harmonisation réglementaire, de l’union des marchés de capitaux pour le financement de l’économie, de l’innovation, de nos modèles sociaux, des nouvelles dépenses pour le climat, la défense, les technologies de rupture. Illustrer par des exemples concrets de PME et de laboratoires de recherche. L’unité, c’est la force multipliée, c’est la capacité à peser dans un monde de blocs.

L’optimisme volontariste comme carburant : réveiller la flamme européenne. L’optimisme ne doit pas être naïf, mais combatif. Rappeler les atouts de l’Europe : sa créativité, sa diversité, son modèle social unique, sa tradition démocratique. Mettre en avant les success stories européennes, les entreprises qui réussissent, les innovations qui émergent. L’optimisme, c’est la conviction que l’Europe a les cartes en main pour écrire son propre avenir, à condition de le vouloir.

Une stratégie de communication en rupture

Pour les citoyens, c’est l’Europe du quotidien, l’Europe qui protège. Dépasser les vidéos avec des animations génériques. Tisser des témoignages de citoyens européens qui bénéficient concrètement de l’action européenne dans leurs transformations. Exploiter TikTok et Instagram de manière plus créative : micro-documentaires percutants, challenges ludiques autour de l’innovation européenne, formats interactifs (Q&A avec des experts, sondages en direct). Ne pas négliger les médias locaux et régionaux, vecteurs essentiels de proximité. Imaginer des événements participatifs : « villages de l’innovation européenne » dans les grandes villes, consultations citoyennes en ligne, concours d’idées pour l’avenir de l’Europe.

Pour les décideurs politiques, c’est l’appel à la responsabilité pour un vrai leadership européen. Les « sommets médiatisés » sont utiles, mais il faut bien entendu les théâtraliser, leur donner une dimension symbolique forte. Mais, il faut surtout des décisions fortes, à la hauteur des enjeux, avec une mise en scène qui saisit le moment historique : discours inspirants, annonces concrètes, engagements solennels. Organiser des débats contradictoires pour stimuler la réflexion et contrer les narratifs eurosceptiques. Ne pas hésiter à interpeller directement les leaders nationaux, à les mettre face à leurs responsabilités historiques.

Pour les entreprises et les investisseurs, c’est la clé de la compétitivité retrouvée, le terrain des opportunités. La communication doit être dynamique, interactive, personnalisée. Ne pas se contenter de « recenser les opportunités », mais mettre en récit les success stories, démontrer la rentabilité de l’investissement européen, faciliter la mise en relation entre investisseurs et entreprises innovantes. Utiliser LinkedIn de manière ciblée : groupes thématiques, contenus experts, webinaires interactifs avec des PDG européens, témoignages d’investisseurs convaincus. Organiser des événements sectoriels : forums de l’innovation, « European Tech Days », « Green Business Summits ». Créer un label « Invest in Europe » pour valoriser les entreprises engagées dans la compétitivité européenne.

Un volontarisme pour surmonter les défis

Localiser sans fragmenter, c’est le temps venu de l’Europe des territoires. Adapter les messages aux contextes locaux en veillant à ne pas diluer le récit européen commun. Mettre en avant les spécificités locales comme des atouts de la diversité européenne. Valoriser les « champions régionaux », les entreprises qui incarnent l’innovation locale et qui contribuent à la compétitivité européenne globale. Organiser des campagnes de communication décentralisées, impliquant les acteurs locaux (régions, villes, associations). Traduire les messages clés dans toutes les langues européennes, en tenant compte des nuances culturelles.

Impliquer les parlements nationaux, c’est le cœur du débat démocratique, la source de légitimité. Organiser des consultations parlementaires nationales sur le manifeste Draghi, des auditions publiques avec des experts et des citoyens. Créer un « Forum parlementaire européen » dédié à la compétitivité, permettant aux parlementaires nationaux d’échanger, de débattre, de co-construire des solutions. Faire des parlements nationaux des relais de la campagne de communication, en les dotant d’outils et de ressources spécifiques.

Mesurer l’impact avec un baromètre de suivi de l’opinion, un tableau de bord de l’engagement. Le suivi en temps réel de l’engagement sur les réseaux, des sondages d’opinion, de la participation citoyenne est indispensable. Mais il faut aller au-delà des simples « métriques ». Développer un « Baromètre de la confiance européenne », mesurant la perception de l’UE, l’adhésion aux valeurs européennes, l’optimisme quant à l’avenir. Créer un « tableau de bord de la compétitivité européenne », combinant des indicateurs économiques, sociaux et environnementaux, pour visualiser les progrès et les défis. Communiquer régulièrement sur les résultats, de manière transparente et accessible.

L’heure de l’action narrative, une bataille narrative pour l’âme de l’Europe

Avec le manifeste Draghi, le récit doit devenir une action. La campagne de communication ne doit pas être une simple opération de marketing politique, mais un catalyseur de changement. Elle doit inspirer l’action, mobiliser les énergies, créer un mouvement européen pour la compétitivité et la souveraineté.

L’Europe a besoin d’un « récit-action », d’une nouvelle narration de rupture qui se traduit en initiatives concrètes, en politiques publiques audacieuses, en engagements citoyens forts pour raconter ensemble, agir ensemble. C’est une bataille narrative contre le désordre Trump, pour l’âme de l’Europe.

Campagne sur le Rapport Draghi : comment communiquer pour une Europe compétitive ?

Le rapport Draghi « Compétitivité de l’UE : Perspectives d’avenir » arrive à un moment charnière alors que les tensions géopolitiques, les disruptions technologiques et les impératifs climatiques redéfinissent les dynamiques mondiales, l’Europe fait face à un choix existentiel : s’adapter ou stagner. Comment traduire les recommandations en récits actionnables visant à ancrer la compétitivité comme priorité unificatrice de l’UE et à mobiliser toutes les parties prenantes ? Comment relier innovation, durabilité et sécurité, tout en répondant à la fragmentation, au scepticisme et à l’inertie ? Pour y parvenir, une stratégie de communication viserait à la construction de consensus autour des réformes, l’adoption effective des politiques par les États-membres, et l’engagement actif des citoyens et des acteurs économiques…

Un cadre stratégique

Première démarche en termes de communication, développer les arguments démontrant que le rapport Draghi s’articule autour des grandes priorités européennes, en proposant une feuille de route pour les concrétiser. Le « Pacte vert européen » y est présenté non comme une contrainte, mais comme un levier de création d’emplois et de leadership industriel, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’économie circulaire. La « Décennie numérique » est réinterprétée à travers les technologies d’avenir (intelligence artificielle, calcul quantique), érigées en piliers de la résilience économique face aux géants américains et chinois. L’« autonomie stratégique » prend corps dans la réduction des dépendances critiques, comme les semi-conducteurs ou les matières premières, afin de sécuriser les chaînes d’approvisionnement. Enfin, l’« économie sociale de marché » trouve un équilibre renouvelé entre compétitivité et équité, grâce à des mesures d’apprentissage continu et de soutien aux PME, garantes d’une croissance inclusive.

Deuxième étape, construire des récits fondateurs qui viennent raconter les points clés de la démonstration et de la feuille de route spécifique au rapport Draghi :

  1. « Innover pour leader » : Ce récit met en lumière la nécessité pour l’Europe de combler son retard en matière d’innovation. En soutenant les technologies disruptives (IA, biotechnologies) et en accélérant la maturation des start-ups, le continent peut transformer ses laboratoires en moteurs économiques. Le slogan « Du laboratoire au marché : libérer le potentiel inexploité de l’Europe » incarne cette ambition.
  2. « Croissance verte, leadership global » : Loin d’être un fardeau, la décarbonation devient le fer de lance d’une renaissance industrielle. En dominant les technologies propres (éolien offshore, hydrogène vert), l’Europe peut concilier transition écologique et souveraineté énergétique, résumée par le mot d’ordre « L’action climatique comme renaissance industrielle de l’Europe ».
  3. « Unis dans la sécurité » : C’est l’urgence de réduire nos dépendances stratégiques et de renforcer nos capacités de défense en protégeant les infrastructures critiques et en investissant dans l’industrie militaire européenne, le récit « Souveraineté stratégique : protéger nos valeurs, sécuriser notre avenir » répond aux craintes géopolitiques.
  4. « Productivité pour la prospérité » : Face au vieillissement démographique, il faut la montée en compétences, la numérisation des services et l’approfondissement du marché unique. Le slogan « Autonomiser les citoyens, dynamiser la croissance » traduit une vision où chaque Européen devient acteur de la compétitivité.

Une stratégie de moyens entre innovation et co-création

Outre les médias traditionnels (tribunes, briefings presse) pour toucher les parties prenantes déjà engagées, de nouvelles actions de communication pourraient toucher les jeunes et les citoyens éloignés des cercles institutionnels, avec des débats en direct sur Twitch ou YouTube organisés en associant des figures européennes à des influenceurs ou des entrepreneurs pour stimuler des échanges intergénérationnels.

Comme les réseaux sociaux évoluent dans le contexte géopolitique, l’engagement pourrait se faire sur des plateformes décentralisées comme Bluesky ou Mastodon. Sur Discord, des « Quêtes de compétitivité » pourraient inviter à résoudre des défis virtuels avec des récompenses symboliques, des visites de sites innovants, des rencontres avec des experts européens.

Les sommets traditionnels pourraient être remplacés par des « non-conférences » hybrides, tant des hubs physiques accueillant citoyens, PME et ONG, que des ateliers virtuels permettant une participation plus large autour d’agendas co-créés en temps réel avec des votes en ligne et des experts chargés de transformer les idées en propositions politiques.

Des outils interactifs pourraient renforcer interaction et hyper-localisation, par exemple, un tableau de bord en temps réel « Pulsation de la compétitivité »afficherait les indicateurs clés (brevets déposés, investissements VC), permettant aux utilisateurs de simuler des scénarios (« Que se passe-t-il si le budget R&D double ? ») ou encore un simulateur de politiques alimenté par l’IA pour que les citoyens endossent le rôle de décideurs européens, arbitrant entre défense et transition verte, avec les conséquences sur l’investissement et le financement dans l’économie.

Pour passer de la consultation à l’activation des parties prenantes, au-delà des engagements symboliques comme des « Pactes de compétitivité » pour les entreprises qui s’engagent publiquement à des objectifs mesurables, avec un suivi transparent et des subventions conditionnées aux résultats. De même, les citoyens pourraient passer de spectateurs à décideurs grâce à des budgets participatifs lors de streams Twitch animés par des influenceurs, ils voteraient pour financer des projets emblématiques, tout en débattant des arbitrages avec des experts.

Pour éviter l’apathie, une communication décalée pourrait passer par des débats provocateurs comme « UE vs. Elon Musk » sur l’éthique de l’IA, tandis que des études transparentes (« Pourquoi l’Europe a perdu la guerre des panneaux solaires ») permettraient de restaurer la crédibilité. Des actifs open-source (visuels, données du rapport) pourraient être libérés sous licence Creative Commons, encourageant mèmes et parodies.

La compétitivité, une quête collective

Le rapport Draghi ne se résume pas à un catalogue de mesures techniques : c’est un appel à réinventer l’ambition européenne. En ancrant la compétitivité dans la culture, les territoires et les récits humains, la communication peut transformer un concept abstrait en mouvement populaire. L’Europe y incarne un nouveau modèle de leadership – agile, inclusif, audacieux – où la diversité des nations devient une force face aux incertitudes globales.

Le temps n’est plus aux diagnostics, mais à l’action, l’avenir de la compétitivité européenne s’écrit dès maintenant, tous ensemble.

Unpacking les élections européennes

Normalisation de la politique européenne
Une normalisation de la politique européenne, pas complètement nouveau, encore moins étonnant, mais les élections européennes ont été vécues, en particulier en France et en Allemagne comme des « mid-terms elections », des scrutins pour sanctionner les gouvernements en place ; tandis que d’autres campagnes, comme en Italie et en Pologne ont consolidé des leaders comme Meloni et Tusk récemment installés au pouvoir. La France est entrée fébrile en campagne pour en sortir en crise politique avec la dissolution.

Banalisation des radicalités
Une banalisation des radicalités, avec des votes pour les différentes forces de droite extrême qui sont des votes de conviction sur une ligne dure identitaire et nationaliste, autour d’une mentalité d’assiégé-persécuté, dont les électeurs estiment en fait qu’ils sont eux-mêmes les premières victimes.

Politique spectacle et solutions simplistes
Une politique spectacle, en selfie, sur TikTok, de mise en spectacle sans pudeur des têtes de liste d’extrême-droite avec des solutions simplistes et immédiates, avec un simple vote, on peut renverser la table, notamment la facture de l’énergie ou la « paix » en Europe.

Décalage entre agenda médiatique et résultats électoraux
Un « agenda-framing » encore décalé entre des résultats électoraux finaux pourtant globalement prévus par les sondages, qui ont toujours confirmé la victoire de la majorité pro-européenne et l’agenda médiatique dominé par la vague « populiste » qui ne s’est guère confirmée, à l’échelle paneuropéenne, mais dans les principales démocraties des États-membres fondateurs en Europe occidentale, tandis que l’Europe centrale est moins touchée par le phénomène.

Accumulation des tensions et violence physique
Une accumulation des tensions, avivée par des cyberattaques attendues et, cela est malheureusement plus nouveau dans son ampleur, la violence physique, avec des attaques de candidats par des extrémistes, en particulier en Allemagne avec des victimes pour le SPD, les libéraux, les Verts et même l’AFD.

Participation en hausse
Une participation électorale en hausse, ce n’est plus une « second-order election », mais une élection de premier plan, considérée peut-être même comme plus importante par les électeurs-citoyens, qui la prenent vraiment au sérieux, par rapport aux principales forces politiques qui semblent dépassées par les attentes et les envies d’Europe sans savoir y répondre.

Controverse autour de l’Ukraine
Une controverse autour de l’Ukraine, avec la visite du président Volodymyr Zelensky à l’occasion des cérémonies du D-Day à la fois en France et en Allemagne à la veille du scrutin, avec un discours au Parlement dans chaque pays qui aura été boycotté par les extrémistes.

Vote des jeunes et glissement à droite
Un vote des jeunes, ça n’existe pas. Les jeunes évoluent comme le reste de la société qui glisse à droite. Le pessimisme, l’angoisse et la peur, voire de troubles mentaux et psychologiques pèsent sur leurs préoccupations : inflation, logement, polarisation, changement climatique mais aussi forcément sur leurs votes plus autoritaires et populistes pour les extrêmes tant d’extrême-gauche que d’extrême-droite.

Clivages géographiques
Des clivages géographiques qui confirment des lignes de fractures fortes, anciennes ; songeons aux résultats du RN en France en tête dans plus de 90% des communes, hormis Paris et quelques métropoles, les résultats communautarisés de LFI dans les banlieues ou les résultats de l’AFD très forts dans l’ancienne Allemagne de l’Est, avec des scrutins régionaux dans ces Lander à l’automne.

Absence de programme commun des partis proeuropéens
Une carte de l’Europe que les partis proeuropéens n’ont pas joué, pas de programme commun, pas de projets partagés, il faudrait essayer l’Europe, ce serait en fait la nouveauté. L’Europe, c’est le terrain pour vraiment agir, d’autant que les budgets des États-nationaux, avec le frein à la dette en Allemagne et les déficits excessifs en France, ne peuvent plus répondre aux besoins de financement pour le climat et la défense.

Échec des têtes de liste des grandes familles politiques européennes
Un échec des têtes de liste des grandes familles politiques européennes, avec la « fake Spitzenkandidat » Ursula von der Leyen qui aura fait semblant de faire campagne sans vraiment de programme, sans vraiment d’opposition de ses partenaires de coalition, sans conviction.

Intérêt pour les sujets de société sous l’angle européen
Un intérêt porté pour des sujets de société, relativement nouveaux, sous l’angle européen, dans le registre de la protection tant externe (re/dé-globalisation, sécurité/défense, climat) ou interne (santé, pouvoir d’achat, santé, égalité/travail) même si les campagnes partisanes ont été animées autour de débats nationaux et sans que les sujets de fond comme les rapports Dragui et Letta autour de la compétitivité et des financements des investissements n’aient été discutés.

Voix de la vieille Europe et défi du leadership
Une voix de la vieille Europe à l’Ouest et du moteur franco-allemand qui doit trouver des solutions pour éviter les scénarios de l’inertie voire du pire, là où les extrémistes progressent, tant la fuite en avant que le surplace, tandis que le centre de gravité proeuropéen se déplace vers l’Est et le Sud, c’est un saut dans l’inconnu, qui va avoir besoin de leadership.

Publicité politique sur les réseaux sociaux : vers une régulation européenne pour plus de transparence et de protection des citoyens

Les réseaux sociaux sont devenus un terrain de jeu privilégié pour les acteurs politiques qui cherchent à influencer l’opinion publique. Cependant, la publicité politique sur ces plateformes soulève de nombreuses problématiques, notamment en termes de transparence, de protection des données personnelles et de manipulation de l’information. Face à ces enjeux, les institutions européennes ont décidé d’intervenir en proposant un nouveau règlement sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique.

Risques et dérives de la publicité politique sur les réseaux sociaux en termes de microciblage et de bulles algorithmiques de filtre

La publicité politique sur les réseaux sociaux permet de cibler très précisément les électeurs en fonction de leurs centres d’intérêt, de leur âge, de leur localisation géographique ou encore de leur historique de navigation. Cette pratique de « micro-ciblage », peut être utilisée à des fins d’influencer l’opinion publique, en diffusant des messages différents (plusieurs milliers pour les campagnes Brexit et Trump) à des groupes de personnes différents, voire contradictoires autant pour inciter à voter pour un candidat que désinciter à voter pour un autre candidat.

Par ailleurs, la publicité politique sur les réseaux sociaux soulève des questions de protection des données personnelles. En effet, les plateformes collectent et traitent des données sensibles sur les utilisateurs, qui peuvent être utilisées à des fins politiques sans leur consentement explicite. De plus, les algorithmes utilisés pour cibler les publicités peuvent renforcer les biais cognitifs et les bulles de filtre, en ne présentant aux utilisateurs que des informations qui confortent leurs opinions.

Nouveau règlement européen sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique : vers plus de transparence et de protection des citoyens

La future règlementation européenne, en cours de discussion entre les institutions européennes, après les positions du Conseil de l’UE en novembre dernier, le Parlement européenne vient d’adopter ses amendements en plénière en février, l’intention vise à renforcer la transparence et la protection des citoyens en matière de publicité politique sur les réseaux sociaux :

  1. Une définition claire de la publicité à caractère politique, qui devra être clairement identifiée comme telle ;
  2. L’obligation pour les plateformes de tenir un registre public des publicités politiques diffusées, avec des informations détaillées sur l’annonceur, le budget, la durée et le ciblage ;
  3. L’interdiction de cibler les publicités politiques en fonction de données sensibles, telles que l’orientation politique, la religion, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle ;
  4. L’obligation pour les plateformes de fournir des informations claires et compréhensibles sur les raisons pour lesquelles une publicité politique est diffusée à un utilisateur en particulier ;
  5. La possibilité pour les utilisateurs de signaler des publicités politiques trompeuses ou illégales ;
  6. L’interdiction de parrainage d’annonces provenant de l’extérieur de l’UE au cours des trois mois précédant une élection ou un référendum.

Comment préserver la démocratie tout en permettant une diffusion responsable des messages politiques ?

Protéger l’intégrité des élections : La proposition est élaborée dans le contexte des élections du Parlement européen de 2024, même si elle ne pourra pas être mise en œuvre dans les délais. L’objectif est de protéger l’intégrité des élections en prévenant toute tentative de manipulation des comportements de vote à travers l’utilisation de médias sociaux.

Se prémunir des ingérences électorales étrangères : L’émergence et la multiplication des médias sociaux ont ouvert de nouvelles possibilités d’ingérence dans les processus démocratiques. Des scandales tels que l’affaire Cambridge Analytica ont mis en lumière la capacité à exploiter les données personnelles pour influencer les élections.

Appliquer le Digital Services Act (DSA) : La proposition s’inscrit dans le cadre plus large du Digital Services Act, qui vise à réglementer les plateformes en ligne. Le DSA prévoit des règles communes pour garantir un environnement en ligne sûr et transparent, ces dispositions renforceront la transparence de la publicité politique en ligne.

Uniformiser la définition de la publicité politique sur les réseaux sociaux : La proposition vise à mettre fin à la fragmentation des dispositions nationales en matière de publicité politique avant 2024, assurant ainsi une approche uniforme au sein de l’Union européenne. La Commission souligne la nécessité d’harmoniser les définitions de la publicité politique pour assurer un processus démocratique équitable. Le règlement introduit la première définition européenne de la publicité politique, couvrant un large éventail de moyens de communication.

Assurer des obligations de transparence : Les plateformes qui vendent de la publicité politique devront assurer la transparence dès les premiers échanges avec les annonceurs, reste à savoir comment ces plateformes procéderont pour les mentions spécifiques dans les annonces publicitaires qui sont prévus.

Surveillance et sanctions : Les autorités de contrôle des États membres sont habilitées à surveiller l’application du règlement, enquêter sur les violations, et infliger des sanctions en cas de non-respect des obligations.

Approches changeantes des médias sociaux envers le contenu politique et d’actualité

Selon certains spécialistes des réseaux sociaux, alors que Meta cherche à réduire la présence de contenu politique dans ses applications Facebook et Instagram, en revanche X-Twitter se tourne davantage vers le débat politique, tandis que Tiktok ne s’interdit plus les sujets plus politiques, au point de pousser Biden à s’y inscrire pour sa campagne de réélection. Bien que Meta cherche à éviter les coûts et les dommages réputationnels associés au contenu d’actualité et politique, la réduction de ce type de contenu pourrait avoir un impact sur les électeurs et l’influence politique voire les démarches de propagation de la désinformation.

Au total, en se concentrant sur la transparence des annonces publicitaires et l’encadrement du ciblage, la règlementation européenne ne devrait pas faire obstacle à la diffusion des messages politiques protégés par la liberté d’expression et indispensables en démocratie, tout en régulant une activité sensible ayant connue des dérives.

La série « Parlement » au cœur de la mobilisation pour inciter à voter aux élections européennes

Comment mobiliser les citoyens, et en particulier les jeunes, à se rendre aux urnes le 9 juin prochain ? L’Institut Jean Monnet et Cinétévé (la société de production de la série « Parlement ») ont choisi de s’appuyer sur la popularité des acteurs et de la série pour créer une campagne d’incitation au vote audiovisuelle, originale et décalée…

La série « Parlement » : un succès populaire au service de la mobilisation citoyenne

Produite par Cinétévé, la série « Parlement » a rencontré un franc succès avec près de 7 millions de téléspectateurs en France et 3 millions en Allemagne. En mettant en scène les acteurs de la série dans de courts clips humoristiques, l’Institut Jean Monnet et Cinétévé espèrent surfer sur ce succès et toucher un large public, en particulier les jeunes.

Les objectifs de la campagne répondent aux enjeux de sensibiliser les jeunes électeurs à l’importance des élections européennes, de les inciter à s’inscrire sur les listes électorales et surtout à aller voter et de promouvoir une image positive et engageante des institutions européennes.

La campagne repose sur la création d’une série de clips humoristiques mettant en scène les personnages de la série « Parlement ». Ces clips, diffusés sur les réseaux sociaux et les médias audiovisuels, jouent sur l’autodérision et l’humour décalé qui caractérisent la série. Cette stratégie vise à capter l’attention d’un large public, notamment les jeunes, à rendre accessible le sujet des élections européennes et à utiliser le pouvoir d’influence des célébrités et des personnages de fiction.

Selon la présentation, huit clips vidéo d’une trentaine de secondes chacun ont été réalisés et présentés lors d’une soirée organisée à Europa Expérience, un espace interactif dédié à l’Union européenne.

Ces clips, dénués de logos et d’inscriptions superflues, ont vocation à être diffusés massivement, en particulier auprès des jeunes. Ils sont disponibles sur un site internet dédié, ainsi que sur les antennes de plusieurs grands médias audiovisuels.

Enseignements pour les campagnes de communication européenne autour des élections

1. L’importance de cibler les jeunes

Les jeunes représentent une part importante de la population européenne, mais leur taux de participation aux élections européennes est traditionnellement faible. Cette campagne de communication montre l’importance de cibler spécifiquement les jeunes et de s’appuyer sur des outils et des médias qui leur parlent, comme la série « Parlement » et les réseaux sociaux.

2. L’humour et l’autodérision : des leviers efficaces pour mobiliser les citoyens

En choisissant d’adopter un ton humoristique et décalé, cette campagne de communication démontre que l’humour et l’autodérision peuvent être des leviers efficaces pour mobiliser les citoyens et les inciter à s’intéresser aux enjeux européens.

3. L’audiovisuel : un média universel pour engager un large public

Cette campagne de communication illustre l’importance de l’audiovisuel comme média universel, capable de toucher un large public et de véhiculer des messages forts et fédérateurs avec un fort engagement émotionnel. Les clips vidéo réalisés dans le cadre de cette campagne sont ainsi accessibles à tous, quelle que soit la langue parlée ou le niveau de connaissance des institutions européennes.

4. Une promotion multicanale et rythmée

Selon Touteleurope, un site parlement2024.eu rassemble les clips ainsi qu’un “kit de campagne” qui permet de partager facilement toutes ces réalisations, sous le format et sur le réseau que l’on souhaite avec un hashtags commun à suivre #Parlement2024 (l’incitation au vote aurait pu être plus directe).

Par ailleurs, plusieurs grands médias audiovisuels devraient diffuser ces clips sur leurs antennes, à l’instar de France Télévisions, TV5 Monde ou France24, mais également sur certaines chaînes de télévision allemandes en en attendant d’autres.

Reste à attendre les résultats attendus, qu’il s’agisse d’augmenter le taux de participation des jeunes électeurs mais aussi de favoriser une prise de conscience de l’importance de l’engagement citoyen et plus largement de renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union européenne.