Jacques Delors : vision, héritage, et défis de l’Europe

Dans son essai « Inside The House That Jacques Built », Charles Grant en 1994 soutient que la construction européenne nous a tous conduits à vivre dans la maison que Jacques Delors a érigée. Explorons la vision, l’héritage, et les défis actuels liés à l’héritage Delors de l’intégration européenne présente.

Les réalisations de Jacques Delors

Avec le Marché unique : « Personne ne tombe amoureux d’un marché » : Le président désigné de la Commission européenne, Jacques Delors, a conçu une stratégie pour achever le marché européen, répondant à l’« eurosclérose » de l’économie. L’« Acte unique » est né, une réforme majeure préparant l’achèvement « irréversible » du marché intérieur d’ici 1992.

Le Saut vers la Monnaie unique : Face au défi du « triangle d’incompatibilité » de Robert Mundell, Delors a pris un risque majeur en plaidant pour une union monétaire complète. Il a opté pour la création d’une monnaie sans État, défiant la logique traditionnelle et s’inscrivant dans la vision incrémentale de Jean Monnet.

La Dimension sociale : Créateur du programme Erasmus, Delors aura également soutenu l’intégration sociale au cœur de sa vision, à travers des mécanismes de négociation collective au niveau européen. Son compromis entre libéraux, socialistes, et démocrates-chrétiens a façonné l’« économie sociale de marché ».

Une « Fédération d’États-nations » : Définissant l’Europe comme un « Objet Politique Non Identifié », un point de vue non dogmatique et pragmatique de la construction européenne que résume sa formule préférée : « la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce, la solidarité qui unit ».

L’héritage delorien : « Du temps de Delors, on comprenait l’Europe »

Pascal Lamy, proche collaborateur de Delors, souligne le style de communication unique de Delors, mélangeant « travail intellectuel intense et improvisations médiatiques ». Son approche a permis une intelligibilité et une communicabilité de l’Europe à son époque.

Déficit démocratique et perspective culturelle : Delors a anticipé le déficit culturel du projet européen, négligés par ses successeurs. Le « déficit démocratique » ne réside pas dans les structures institutionnelles, mais dans le manque d’appartenance.

Une Europe nécessaire et difficile : Aujourd’hui, l’intégration européenne est plus nécessaire mais également plus difficile. Confrontée à la fragmentation mondiale, l’Europe doit passer de l’union économique à « l’autonomie stratégique » impliquant un engagement politique fort et des valeurs partagées.

« Who turned hope into history » : l’intégration européenne reste cruciale face aux défis actuels. L’héritage de Jacques Delors incarne l’espoir de façonner l’histoire européenne, dépassant la nostalgie. En ces temps critiques, espérons que son engagement passionné inspire davantage que la simple réminiscence.

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