L’une des premières table ronde organisée par Euractiv dessine les lignes directrices d’une campagne qu’il faut bien dire peine encore à vraiment se lancer…
L’opinion publique et les élections européennes
Mathieu Gaillard, directeur d’études chez Ipsos invite à la prudence qui est de mise, parce qu’il rappelle que les élections européennes ne sont pas perçues ou vécues comme une remise en cause des pouvoirs en place au niveau national ; et que la prise de décision des électeurs est très tardive dans les derniers jours avant le scrutin.
Les principaux enjeux pour le Parlement européen résident dans les contours de la prochaine majorité parlementaire entre la droite conservatrice et la gauche sociale-démocrate, tandis qu’une majorité proeuropéenne semble quand encore acquise, une majorité alternative, entre les droites apparaît comme une possibilité numérique, mais pas encore politique.
Des batailles culturelles et des batailles politiques
Le grand projet de la mandature actuelle aura été le Green Deal, c’est une bataille culturelle remportée pour les forces écologiques et progressistes qui auront du longtemps plaider pour se faire entendre.
Mais, à l’échelle de toute la mandature, les batailles politiques n’auront pas été toutes remportées, loin de là ; de nouvelles majorités de substitution plus à droite ont d’ores et déjà votées contre des points emblématiques sur la réduction des pesticides, les zones naturelles de restauration ou la réduction de la pollution des véhicules sur la qualité de l’air, etc.
Tandis que les plus critiques viseront à tirer des conséquences directes de la succession de crises que les dogmes fondamentaux de l’UE ont failli vaciller comme l’équilibre budgétaire ou la libre concurrence ; d’autres ne manqueront pas de constater néanmoins des contradictions entre les ambitions climatiques du Green Deal et certaines politiques structurelles européenne comme l’agriculture, le libre échange ou la politique industrielle.
Des sujets du quotidien et des préoccupations électorales
Tout laisse à penser que des sujets comme l’immigration, le coût de la vie (pouvoir d’achat et inflation), l’environnement et l’action climatique ainsi que la situation internationale (Ukraine, Israël) seront les thèmes de campagne, sur lesquelles les électeurs se sentent beaucoup plus concernés. Les élections européennes seront l’occasion d’en débattre, une nécessité démocratique.
Pour Mathieu Gaillard, les électeurs se sentent concernés par les enjeux européens, lorsqu’ils votent aux élections européennes, et ils semblent être beaucoup plus enclins avec des partis proeuropéens ; dans les enquêtes d’opinion en déclaratif. Dans les enquêtes qualitatives, les décisions de vote se prennent davantage sur des enjeux. A partir de 2017, les préoccupations climatiques prennent en importance, ce qui a un impact sur le vote, même si le discours sur l’écologie punitive prend dans l’opinion et que le risque d’un backlash est toujours possible.
En raison de débats plus clivés sur les politiques de l’Europe, la dynamique de participation aux élections européennes pourrait se confirmer à la fin du printemps prochain, même s’il ne faut pas oublier, en France, qu’il s’agira des premières élections nationales, après la séquence présidentielle et législatives de 2022, une occasion d’un vote sanction mais aussi d’un vote pour lever les contradictions des différentes familles politiques autour de l’Europe.
Prospectives électorales européennes
Pour conclure, Théo Verdier, de la Fondation Jean-Jaurès se lance dans l’exercice difficile de dessiner des tendances :
- Face aux risques de dérapages faute de maîtrise des sujets sur le fond, le défi sera de faire campagne sur des idées tout en étant pédagogique
- Avec la posture des extrêmes autour d’un euroscepticisme plus constructif, le défi de mener des débats argumentés sur des sujets clés aux niveaux national et européen
- Tandis que l’UE s’est occupée des enjeux de vie et de mort ces dernières années avec le Covid ou l’Ukraine, les sujets européens sont beaucoup moins technocratiques, mais pas forcément plus consensuels
- Dans les programmes, le volet institutionnel autour de la réforme de l’UE entre élargissement et approfondissement sera un défi d’intelligibilité
Bonne année 2024 !