La communication européenne en dehors de l’Union européenne

Lors de la conférence « Communication européenne, comment se faire entendre ? », organisée par l’Académie des Controverses et de la Communication Sensible, Karine Johannes, professeure à l’Université internationale de Rabat est intervenue autour de la problématique de la communication de l’Union européenne à l’étranger…

Les registres de communication de l’UE à l’étranger

En théorie, c’est le Service européen d’action extérieure, le SEAE, qui gère la diplomatie européenne, en particulier sa cohérence, son efficacité et l’influence de l’UE à l’étranger tandis que 139 délégations partout dans le monde s’occupent du dialogue politique et stratégique avec les acteurs locaux ainsi que la gestion des programmes européens de coopération, de partenariat, d’aide au développement.

En pratique, plusieurs paradigmes de communication cohabitent :

  1. La diplomatie publique : une stratégie de nation à nation, qui repose sur des relations à long terme, de coopération constructive autour de nos intérêts et des défis ;
  2. La communication institutionnelle : une démarche d’institutions à publics, qui vise à partager des informations sur les priorités politiques dans des contextes locaux ;
  3. L’information médiatique : une finalité d’institution à opinions, qui vise à lutter contre la désinformation avec des connaissances.

Et la communication autour des élections européennes à l’étranger ?

Le SEAE et ses délégations mène une campagne de communication pour les ressortissants européens dans les pays à l’étranger, à la fois pour des raisons politiques, car le Parlement européen contrôle les actions du SEAE et le futur Parlement pèsera sur la politique extérieure mais aussi pour des raisons géopolitiques qu’il s’agisse de la bataille des récits autour d’enjeux mondiaux entre les grandes puissances ou des débats autour des impacts de l’UE dans le monde.

Pour les élections européennes, la communication est pyramidale, venant du SEAE vers les délégations, mais aussi polyphonique, chaque acteur local, ambassade ou consulat, communique séparément et enfin mobilisatrice dans ses finalités et procédurale en se basant sur des faits, pas sur des récits.

D’une certaine manière, on assiste à une certaine contradiction entre d’une part, un imaginaire de dépassement des États-nations avec le projet de l’UE, unie dans la diversité et d’autre part, l’opérationnalisation fragmentée par les États-membres.

Modèles et traits de la communication de l’UE hors de l’UE

Plusieurs modèles de communication, comme clé d’analyse :

  1. Une politique soluble dans la communication : la communication comprise comme un mode d’action politique à part entière
  2. Une communication institutionnalisante avec la performativité de l’énonciation
  3. Une approche persuasive et non délibérative visant le consentement politique

Des traits relatifs à la communication :

  • Un émetteur unique avec la délégation de l’UE à l’étranger
  • Une concrétude de l’espace physique et médiatique
  • Une approche unifiée et une énonciation collective négociée
  • Une perpétuation réticulaire, avec un usage des réseaux sociaux, des leaders d’opinion, des multiplicateurs pour faire parler
  • Des rites et des mythes fondateurs et agrégateurs : fêtes, commémorations…
  • Un discours narratif légitimant sur la base d’accords politiques internationaux, l’UE s’adresse aux peuples en vertu de liens forts légitimes d’adhésion et de consentement

Discipline largement moins étudiée, la communication européenne hors de l’Europe est à la fois une source d’inspiration, de comparaison et potentiellement de corrections.

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