La communication européenne doit-elle s’émanciper de la politisation de l’UE ?

A rebours du déficit démocratique qui pétitionne que l’opinion des citoyens n’est pas prise en compte par l’UE, la politisation apparaît comme la panacée pour faire évoluer les politiques publiques de l’UE en fonction des attentes de l’opinion publique européenne. Le jeu en vaut-il pourtant la chandelle, à suivre le chercheur Iskander De Bruycker ?

La politisation est théoriquement bénéfique

Censée « délivrer » tout à la fois, c’est-à-dire capter l’attention médiatique, mobiliser la société civile, générer des controverses partisanes et donc in fine mobiliser l’opinion publique, la politisation semble bien être en apparence la potion magique pour l’Union européenne.

Certes, la politisation accroit et amplifie les demandes émergentes de changement de politique publique, sous la pression médiatique ou de la société civile. Mais, il s’agira quasiment toujours de minorités agissantes qui luttent pour imposer leur agenda de solutions à des pouvoirs publics européens trop heureux de rencontrer des interlocuteurs qui leur renvoient une image flatteuse et les légitiment. Voilà bien un jeu qui peut se révéler dangereux où les plus loquaces ne sont pas forcément les plus nombreux et les plus représentatifs.

De même, la politisation joue un rôle instructif, en informant les citoyens des changements de politiques publiques européennes, contribuant ainsi à l’ajustement de leurs attentes. Mais, là encore, si ces évolutions consistent à faire des simplifications abusives, des présentations tronquées, des approximations accommodantes, les facilités d’une politisation abusive peuvent être contre-productives.

Le paradoxe de la politisation

Non seulement, l’opportunité de la politisation comme accélérateur en renforçant la connexion entre les citoyens européens et les politiques publiques européennes doit être pesée au trébuchet du risque correspondant à la boite de Pandore des voix eurosceptiques qui s’exprimeront plus bruyamment ; mais surtout la saine discussion et le légitime contrôle démocratique introduit par la politisation un système plus réactif et plus mature qui parfois fait dérailler la machine technocratique bruxelloise et réduit le mouvement d’intégration de la méthode communautaire plus consensuelle.

En somme, la politisation est plutôt une matière inflammable pour la communication européenne, qui ne devrait pas céder trop facilement à ses sirènes. La création d’un espace public européen et d’une vie politique paneuropéenne ne pourront se réaliser par des raccourcis.

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