Série d’été : principales évolutions du paysage médiatique européen

Lacomeuropéenne prend ses quartiers d’été et propose une rétrospective des principales contributions de l’année sur les grands enjeux de la communication de l’Union européenne. Aujourd’hui, focus sur les médias européens…

Bruxelles, lieu de pouvoir ? La preuve par le paysage médiatique bruxellois

Enfin, la scène médiatique européenne se diversifie avec une nouveauté relativement récemment des médias décalés ou satiriques sur les coulisses et les arrières couloirs des allées du pouvoir bruxellois.

Bruxelles ne sera pleinement un centre de pouvoir qu’à la condition d’accueillir également un paysage médiatique pluriel (couvrant différents types de presse) et pluraliste (représentant différentes opinions).

Quel avenir pour le paysage médiatique européen ?

Politico, le média en ligne de référence du journalisme politique américain, démarque en Europe et enfin, avec Politico Europe, l’Union européenne sera scrutée par un média d’investigation global sur la vie politique et les politiques publiques européennes.

D’autres évolutions ont marqué le premier semestre européen en 2015 :

  • Euronews, la chaîne TV européenne, rachetée pour développer le numérique ;
  • LENA, une alliance inédite d’échange d’articles entre des journaux européens de référence ;
  • Europolitique, l’agence de presse historique met la clé sous la porte.

Les effets d’annonce de ces innovations semblent inversement proportionnels à leur impact sur le public : Politico Europe, nouveau pure player européen fait bruisser tout Bruxelles, mais ses effets sur les Européens sont plus incertains. En revanche, la disparition d’Europolitique se fait en silence alors que sa culture journalistique et son expertise faisait référence depuis plusieurs décennies dans le journalisme européen. De meme, LENA se contente de quelques entrefilets alors que l’impact sur l’européanisation des médias existants est immédiat.

Quel est le profil des journalistes européens ?

Une table ronde sur le journalisme européen fournit l’occasion de décrire le profil des journalistes européens :

  • Les apprentis journalistes européens : une euro-génération Erasmus multilingue et archi-diplômée
  • Quelques places dans des médias de niche, spécialisés et/ou professionnels
  • Des opportunités dans des médias en ligne
  • Le financement, le talon d’Achille du journalisme européen
  • Des sujets pour le journalisme européen qui évoluent

L’Europe devient peu à peu un espace naturel et un centre d’intérêt que des médias spécialisés traitent même si un certain populisme se développe aussi dans une presse très grand public.

Quand le « data storytelling » réinvente le journalisme européen

Plusieurs exemples de « data storytelling » européens :

  • EurActory, créé et animé par Euractiv, propose aux journalistes (et aux parties-prenantes) un annuaire des experts les plus pertinents et compétents sur les politiques de l’UE ;
  • Thumbs of Europe vise à renforcer la transparence sur les positions des différentes parties prenantes aux affaires européennes.

Le « data storytelling » offre la possibilité d’une nouvelle forme de journalisme à partir des données, entre le hack (l’investigation et le leak) et le code (la data-visualisation).

Pourquoi la « comm » l’a emporté partout sur l’info, sauf pour l’Europe ?

Alors que la distinction entre information et communication tend – malheureusement – à se dissiper en ligne avec le développement du « online advertising » ou du « brand content », qu’en est-il de l’information et de la communication européennes ?

Partout la « comm » a pris le dessus sur l’information, surtout selon les journalistes qui se sentent assiégés par des cohortes de communicants même si l’anti-thèse des communicants sur le triomphe de « l’info » en temps réel et en ligne partout tout le temps n’est pas dénuée d’intérêt.

Pour l’information et la communication européennes, ce qui apparaît d’emblée comme un échec pour la communication de l’UE, songeons à la seule douzaine de porte-parole de la Commission européenne face au millier de journalistes européens, représente en fait une chance face à la faillite du flux continu de l’info.

Quelles sont les 10 meilleures sources d’informations sur l’Union européenne ?

Pour finir, à partir d’une large veille sur des portails, des newsletters et autres publications en ligne (en français et en anglais), une sélection des meilleures sources d’informations sur l’Union européenne aujourd’hui.

En conclusion, cette année, le journalisme européen est en profonde transformation, tant avec l’arrivée de Politico Europe, du data journalisme, d’une nouvelle euro-génération Erasmus multilingue et digital native, de médias décalés et satiriques, d’une alliance entre grands titres de presse…

Série d’été : le numérique et la communication européenne, « it’s serious »

Lacomeuropéenne prend ses quartiers d’été et propose une rétrospective des principales contributions de l’année sur les grands enjeux de la communication de l’Union européenne. Aujourd’hui, focus sur les numérique et la communication européenne…

Priorité au digital dans le budget de la communication de l’UE en 2015

En 2015, les principaux postes de dépenses de la communication de l’UE fait ressortir l’importance sans cesse plus stratégique du digital.

Pour la première fois, c’est tout ce qui correspond aux actions en ligne qui prend la tête des dépenses avec une enveloppe globale de plus de 21 millions d’euros, dont 10 millions pour l’animation du portail Europa.

Centre de contact « Europe Direct » : l’UE prend-elle au sérieux les médias sociaux ?

« Europe Direct » : une mission de contact avec les citoyens, deux services complémentaires

  • Le réseau des centres d’information « Europe Direct » décentralisé dans les États membres ;
  • Le centre de contact « Europe Direct ».

Un centre de contact avec les citoyens… uniquement par téléphone et formulaire web

Non seulement, le canal du « chat web » est abandonné car sans doute il ne répondait plus aux attentes d’interaction du grand public, mais surtout les médias sociaux sont absents alors que l’hypothèse de contact par fax est toujours d’actualité.

En 2015, le centre de contact « Europe Direct » répond-t-il vraiment aux attentes et aux pratiques pour informer les citoyens sur l’UE ?

Comment les institutions européennes investissent les nouveaux réseaux sociaux ?

Les institutions européennes dénombrent, au moment de l’enquête en mars, 367 comptes pour la Commission européenne et de ses démembrements dans les réseaux sociaux pour « seulement » 121 pour le Parlement européen.

Rapporté au 13 réseaux sociaux utilisés (Twitter, Facebook, Google+, Youtube, LinkedIn, Flickr, Pinterest, Instagram, Spotify, Storify, Foursquare, Vine, MySpace), cela correspond à une moyenne de 28 comptes par réseau social pour la Commission européenne et 9 pour le Parlement européen.

Le paysage des principales institutions européennes dans les réseaux sociaux dévoile une abondance insoupçonnée qui confirme l’importance que représente le web social dans la communication européenne aujourd’hui.

Comment les réseaux sociaux peuvent produire des Européens ?

Après plus de 10 années d’expériences en ligne, il est possible de prendre un peu de recul pour tirer des enseignements de la communication européenne dans les réseaux sociaux.

Echecs de tous les projets de réseau social reposant sur une approche civique de citoyens « à la grecque » mobilisés autour de la gestion commune des affaires publiques

Succès de beaucoup de projets de réseau social reposant sur une approche clientéliste de citoyens « à la romaine » misant  sur des rétributions et des services

Les réseaux sociaux parviennent à construire des Européens, à partir du moment où l’on considère les échecs des approches « grecques » civiques trop abstraites, et a fortiori les succès des approches « romaines » clientélistes très concrètes.

Comment les institutions européennes adressent leurs publics en ligne sur mobile ?

Enjeu majeur aux vues des usages, quasiment toutes les institutions européennes ont pris le virage avec des versions mobiles pour leurs sites, hormis le Parlement européen.

En matière de contenu, le choix semble établi de proposer la même architecture et les mêmes pages aux internautes et aux mobinautes. Il en va de même pour le multilinguisme intégral. Du coup, les institutions européennes jouissent d’un référencement naturel de qualité sur mobile.

Tandis que le site mobile de la Commission européenne semble s’efforcer de s’adresser à tout public, le Parlement européen s’adresse aux parties prenantes élargies tandis que les Conseils (européen et de l’UE) visent les journalistes et un public plus spécialisé.

Au total, l’effort des institutions européennes, hormis le Parlement européen, est aujourd’hui est payant pour assurer la consultation sur mobile.

En conclusion, la communication en ligne et dans les réseaux sociaux des institutions européennes semble globalement s’adapter au nouveau paysage en ligne, en y consacrant des moyens importants, en assurant une présence diverses dans les réseaux sociaux et en proposant des versions mobiles. Encore quelques perfectionnements sont à attendre pour le Centre « Europe Direct » et les réseaux sociaux sur mesure pas encore toujours à la hauteur.

Série d’été : les citoyens et l’Union européenne, « it’s complicated »

Lacomeuropéenne prend ses quartiers d’été et propose une rétrospective des principales contributions de l’année sur les grands enjeux de la communication de l’Union européenne. Aujourd’hui, focus sur les citoyens et l’Union européenne…

L’opinion publique européenne à la croisée des chemins

 

Les premiers résultats de l’enquête Eurobaromètre semestrielle de l’automne 2014 réalisée quelques semaines après la nomination de la nouvelle Commission européenne invitent à l’UE à transformer l’essai…

Traits de l’opinion publique européenne :

  • L’image de l’Union européenne continue de s’améliorer
  • La confiance dans l’Union européenne augmente
  • L’optimisme pour le futur de l’UE est stable
  • Ma voix compte un peu moins qu’à la veille des élections européennes
  • La citoyenneté européenne soulève des attentes fortes

Les indicateurs de soutien en faveur de l’Union européenne ont dans l’ensemble gagné du terrain. Les attentes des Européens semblent à la croisée des chemins. Soit les Européens trouvent les preuves de leur meilleure disposition vis-à-vis de l’UE, soit les espoirs sont déçus et sans doute alors pour longtemps

Comprendre l’importance de l’indifférence des citoyens européens face à l’Union européenne

 

« L’Europe représente (…) une sorte de planète éloignée que les citoyens scrutent avec appréhension, parfois avec résignation ». Marc Abélès

L’analyse erronée de la pseudo-thèse d’une attitude de rejet ou d’opposition des citoyens européens face à l’UE

La lecture basée sur le diptyque « rupture du consensus permissif et montée de l’euroscepticisme » n’offre pas la grille d’analyse pertinente de la réalité de l’opinion publique européenne.

L’analyse féconde de la thèse d’une attitude d’indifférence et d’indécision des citoyens ordinaires face à l’UE

« Loin d’être devenus majoritairement plus eurosceptiques, les citoyens sont à présent principalement, et avant tout, plus ambivalents et indifférents face à l’intégration européenne », conduisant à un aplatissement de la distribution des attitudes des citoyens vis-à-vis de l’UE.

Pourquoi la communication de l’UE a un problème de publics ?

 

Les « citoyens » sont placés en théorie au cœur des stratégies de messages, pourtant l’UE souffre d’un problème entre les publics visés et les cibles atteintes…

D’abord, il faut comprendre la différence entre une cible de papier et un vrai public

Ensuite, il faut comprendre la défaillance des médiateurs naturels de l’UE

  • Pour les élus : « L’Europe ne fait pas l’élection »
  • Pour les médias : « L’Europe ne fait pas vendre »
  • Pour les enseignants : « L’école n’a pas à faire la propagande de l’Europe »

Enfin, il faut comprendre le cœur de cible des « publics forts » de l’UE

Initiative citoyenne européenne : la Commission européenne a-t-elle encore raté son rendez-vous avec les citoyens ?

 

Au-delà du sombre bilan de l’initiative citoyenne européenne entre querelles des chiffres et misère des volumes, c’est la réforme de la survie pour l’initiative citoyenne européenne qui importe.

Les initiatives citoyennes européennes représentent-elles une nouvelle voie permettant aux citoyens – à l’égal des autres institutions européennes – de demander une nouvelle proposition de législation à la Commission, une sorte de révolution copernicienne que la Commission ne semble pas mesurer, voire souhaiter ; ou bien les initiatives citoyennes européennes ne sont-elles qu’un outil d’agenda setting permettant de soulever des questions de préoccupations pour les citoyens ?

Du choix que feront les institutions de l’UE, entre une initiative citoyenne européenne entre une procédure inédite d’introduire de nouvelles législation ou un énième outil de démocratie délibérative sans suite, dépendra l’avenir d’un rendez-vous avec les citoyens pour l’instant raté.

En somme, la relation de l’opinion publique européenne avec l’Union européenne semble objectivement (temporairement ?) s’améliorer selon Eurobaromètre, même si la communication de l’Union européenne ne comprend pas l’indifférence grandissante des citoyens et cultive un problème récurrent de publics, ne sachant pas qui et comment cibler les bons relais. Et surtout, l’enjeu de la réforme de l’initiative citoyenne européenne sera le juge de paix d’un rendez-vous (raté pour le moment) entre citoyens et Union européenne.

Pourquoi l’Union européenne a un problème avec les référendums ?

Ce n’est pas le récent référendum en Grèce autour du #Grexit ou le futur référendum en Grande-Bretagne sur le #Brexit qui remettent en cause la déjà longue tradition de rupture (France, Pays-Bas, Irlande) entre les peuples et l’Union européenne. Pourquoi les référendums sont devenus la bête noire de l’Union européenne ?

Première raison : le projet européen ne répond plus aux attentes et besoins des Européens

À chaque soir de résultats électoraux, le constat s’impose que les Européens – pour dire les choses simplement – ne sont plus satisfaits par le projet européen et la plupart des leaders politiques concèdent volontiers que l’Union européenne doit changer, à commencer par le nouveau président de la Commission européenne qui parle d’un « mandat de la dernière chance ».

Nonobstant les divergences idéologiques portant sur l’existence même de l’Union européenne qui n’intéresse que quelques minorités actives, la divergence principale entre les peuples et l’Union européenne tient en quelques mots.

Tandis que l’Union européenne se positionne comme un acteur international qui protège les Européens face aux enjeux globaux de la compétition internationale, du changement climatique ou de la régulation économique et financière, les Européens attendent de l’Europe qu’elle les protège chez eux dans leurs emplois, dans leurs communautés nationales (immigration, intégration).

Deuxième raison : les modalités d’engagement et de participation des Européens dans la construction européenne sont obsolètes et inadaptées

Hormis l’expression citoyenne lors des élections européennes tous les 5 ans, scrutin jugé de « second rang » dans la plupart des Etats-membres, les citoyens ne disposent pas de moyens « à portée de main » pour s’exprimer sur les orientations de la construction européenne.

Afin de faciliter l’engagement et la participation des Européens, à grande échelle, plusieurs solutions seraient envisageables à brève échéance, comme alternatives paneuropéennes et respectueuses de la démocratie européenne aux référendums nationaux :

  • Mettre en forme la newsroom de l’UE pour mieux dégager les actualités européennes importantes et permettre un suivi plus aisé des principaux dossiers (timeline des événements, classement et suivi des documents…) ;
  • Mettre en place une véritable plateforme de participation des citoyens aux consultations des institutions européennes et en particulier aux projets de la Commission européenne ;
  • Mettre en ligne une plateforme multilingue et fonctionnelle pour faciliter la constitution et la participation aux initiatives citoyennes européennes.

Troisième raison : la prise de décision « à l’européenne » n’est pas suffisamment médiatisée et communiquée

L’apprentissage par les peuples européens du fonctionnement des institutions européennes et de leurs prises de décision n’est pas suffisamment ancré dans les esprits pour acquérir la légitimité et l’évidence qu’on acquise les procédures nationales avec le temps.

En particulier, la scénographie des « sommets européens de la dernière chance », des nuits blanches de négociation entre chefs d’Etat et de gouvernement derrière des portes closes souffre d’un essoufflement auprès des journalistes, donc de leur traitement dans les médias.

Le « service après-vente » de décisions européennes déjà compliquées et rarement décisives n’est également pas suffisamment assuré par les décideurs européens, avec une communication pédagogique et accessible qui se concentrent sur l’essentiel.

Au total, la situation de rupture actuelle entre les peuples et l’Union européenne à l’occasion des référendums n’est pas inéluctable à condition que le projet européen, les modalités d’y contribuer et les décisions européennes changent.

Comment Politico Europe s’est aussi inspiré des euro-bloggeurs ?

Le lancement du média américain Politico Europe au printemps dernier a largement rebattu les cartes à Bruxelles, avec déjà une première victime, Europolitique – « la fin d’une époque » pour Bruxelles2. Au-delà du business-modèle importé des US, certaines pratiques semblent inspirées des euro-bloggeurs…

Politico Europe, une inspiration des euro-bloggeurs dans le positionnement : être à la fois totalement in et vraiment out de la sphère institutionnelle européenne

Jadis, lorsque les blogs sur l’Europe existaient sur la scène européenne, leur influence fantasmatique ou réelle reposait sur un savant mélange entre une parfaite connaissance des institutions européennes et de la vie politique bruxelloise rendu accessible aux non-initiés et un regard totalement extérieur avec ce petit monde.

Cette contribution à l’espace public européen de Politico Europe, dans une perspective à la fois très européenne « institutionalo-centrée » au cœur des décisions concrètes mais également très iconoclaste, hétérodoxe quant à la discussion des résultats est une sorte de prolongement que le modèle Politico, lui-même héritié de la culture web, empreinte génétiquement aux euro-bloggeurs.

Politico Europe, une inspiration des euro-bloggeurs dans la démarche : de l’infotainment de qualité, à la fois didactique et critique

Autre filiation entre les euro-bloggeurs et Politico Europe, qui s’explique en grande partie par le modèle éditorial mis en place aux Etats-Unis par Politico « original », la manière de traiter et de rédiger qui repose sur une conviction qu’il est possible à la fois d’informer et de divertir, en tout cas de rendre attractif les sujets abordés.

Cette approche de Politico Europe, où se mêle l’enthousiasme pour l’Europe, au sens de la passion pour savoir ce qui se passe vraiment, la didactique ou envie de transmettre même les choses les plus complexes sans compromis et la critique tantôt ironique, tantôt constructive rejoint largement les intentions de la plupart des euro-bloggeurs.

Politico Europe, une inspiration des euro-bloggeurs dans la communication : un réseautage social off- et online

Dernière source d’inspiration, sans doute tellement « mainstream » aujourd’hui qu’elle passe sous silence : Politico Europe, média d’abord en ligne, communique avec une intrication du off- et du online pour lier et interconnecter les journalistes, les lecteurs, les annonceurs et les lecteurs qui n’est pas sans rappeler les collaborations en ligne entre euro-bloggeurs.

Au total, Politico Europe semble parachever avec force un mouvement de sécularisation de l’information européenne initié timidement par les euro-bloggeurs.