À l’occasion du colloque international « L’Europe dans les médias en ligne », l’une des tables rondes s’est attachée à réfléchir à « l’information européenne face aux crises démocratiques »…
Les apprentis journalistes européens : une euro-génération Erasmus multilingue et archi-diplômée
Selon Katharina Kloss, coordinatrice éditoriale à Café Babel, les apprentis journalistes ont tous un profil assez similaire : ils ou elles sont jeunes, maîtrisent 3 langues à minima, ont déjà une expérience en rédaction, cumulent des séjours en Europe souvent dans le cadre du programme Erasmus et disposent d’une culture web native.
Quelques places dans des médias de niche, spécialisés et/ou professionnels
Au-delà des quelques correspondants installés à Bruxelles pour les grands médias d’information, le succès est loin d’être garanti car pour Fabrice Pozzoli-Montenay, vice-président de l’association des journalistes européens en France, « être un journaliste spécialisé dans les affaires européennes n’est pas une garantie pour trouver du travail en rédaction ».
Éventuellement, quelques types de presse : de niche, spécialisés et/ou professionnels, au sein desquels l’expertise européenne est un plus, accueillent avec intérêt quelques journalistes européens, même si des titres d’importance comme l’AEF pour le monde de l’éducation ou la Lettre A pour le monde de l’entreprise n’exploitent pas le filon européen.
Des opportunités dans des médias en ligne
Internet rebat les cartes traditionnelles du « gate keeping » exercés par les médias traditionnels, il est plus facile de développer un projet de médias en ligne sur l’Europe.
Pour Florian Tixier, doctorant à l’Université Libre de Bruxelles, les médias en ligne permettent de nouvelles pratiques :
- Faculté aisée de publier des contenus multilingues, même plus anecdotique ;
- Possibilité facilitée d’animer un réseau de correspondants/contributeurs à l’étranger ;
- Redéfinition de ce que c’est que d’être Européen aujourd’hui.
Le financement, le talon d’Achille du journalisme européen
Plusieurs canaux de financement se complètent pour financer le journalisme européen, selon Jean-Claude Lescure, directeur du master de journalisme de l’Université de Cergy-Pontoise :
- Le crowd-funding, qui peut à la rigueur couvrir des reportages ponctuels ;
- Le pay-wall, qui permet de faire payer une information de qualité, comme Mediapart ou Arrêt sur images ;
- La publicité, qui n’est pas très développée puisque le public européen n’existe pas en tant que segment marketing dans les centrales d’achat et les agences médias ;
- Les partenariats et les soutiens directs, qui finissent toujours par rassembler les mêmes acteurs.
- Les financements indirects via des contrats aidés du gouvernement ou des aides directes à la presse via le fond Google ou les aides de la presse en ligne.
Des sujets pour le journalisme européen qui évoluent
Tandis que certains sujets sont devenus européens comme l’immigration ou le commerce, d’autres thématiques s’européanisent et trouvent des échos dans des médias inattendus :
- Les euromythes qui nourissent l’euroscepticisme avec de fausses infos ;
- Les blogs politiques contestataires qui s’intéressent de près aux projets « bruxellois » ;
- Les réseaux sociaux, qui relaient de l’information européenne qui ne passe pas par des biais journalistiques.
Au total, l’Europe devient peu à peu un espace naturel et un centre d’intérêt que des médias spécialisés traitent même si un certain populisme se développe aussi dans une presse.