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Communication européenne à destination des jeunes : les principales actions de la Commission européenne

De nombreuses ressources sont réalisées par la Commission européenne pour sensibiliser les jeunes à l’UE. De la simple brochure multilingue à la vaste campagne paneuropéenne, quelles sont les actions principales de communication sur l’Europe destinées aux enfants et aux adolescents ?

Les principales ressources pédagogiques dans l’Espace Enseignants de l’UE

L’UE met à disposition un « Espace Enseignants » comportant un large éventail de ressources pédagogiques sur l’Europe adapté à l’âge des élèves et conçu pour aider les jeunes à connaître l’UE et ses politiques.

Pour les 0-9 ans, une introduction illustrée aux pays et cultures de l’UE :

  • un livret divertissant « Unie dans la diversité » complété d’une carte-poster dessinée de l’UE indiquant les monuments célèbres, les spécialités culinaires et les richesses culturelles de chaque État membre ainsi que les pièces et billets en euros et les différents drapeaux nationaux ;
  • Plusieurs albums de coloriage et livres illustrés sont également disponibles en fonction des langues.

Pour les 9-12 ans, des supports didactiques et ludiques sur l’histoire, la géographie et les grands enjeux européens :

  • Mots croisés sur l’hymne européen ;
  • Rubrique éducative du site sur le numéro européen d’urgence, le 112 ;
  • « Kids4Energy » : jeu de cartes représentant quatre familles (Gaspi, Haute-Tech, Économe et Renouvelle) menant chacune un mode de vie différent.

Pour les 12-15 ans, des supports plus pédagogiques :

  • « L’Europe en mouvement – Historique de l’UE » : affiches informatives pour décorer la classe ;
  • « L’École de l’euro » réalisée par la Banque centrale européenne et comprenant des applications interactives et des publications consacrées aux billets et aux pièces en euros.

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Pour les + de 15 ans, des outils pour s’informer et agir :

  • « EU slides » : des diaporamas sur les fondements de l’Union, quelques chiffres clés sur l’Europe, activités et réalisations de l’UE et le fonctionnement de l’UE ;
  • des brochures informatives et des bandes dessinées : « Rebonds », « Les eaux blessées » et « Face à l’urgence » ;
  • « I fight poverty » : un voyage virtuel autour du monde ainsi qu’un concours de créativité. Plus de 6 250 like pour la page Facebook.

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Pour en savoir plus, la DG Communication réalise du matériel à utiliser en classe.

Les jeux en ligne : des supports de communication protéiformes adaptés au public jeune

Parmi tous les supports de communication, les jeux en ligne sont particulièrement utilisés par les institutions européennes pour s’adresser aux jeunes.

1. Le jeu en ligne comme divertissement d’adresse ou de logique

« Euro Kid’s corner» : le jeu développé par la DG Affaires économiques et financières où il s’agit de recoller des morceaux de billets de banques déchirés. Le dispositif est accompagné d’un site relais « Plus d’infos sur l’euro ».

2. Le jeu en ligne comme « serious video game » multi-joueur

« Neurodyssée » : un jeu en ligne (jamais totalement débuggé) pour tester ses connaissances sur l’UE en incarnant un extraterrestre parti à la découverte de la Terre et en compétition.

3. Le jeu comme test de connaissances

« Europa Go » : un quizz interactif « pour que les enfants y testent leurs connaissances et se mesurent à leurs camarades » en complément d’une brochure qui raconte l’histoire de l’Europe.

« Toporopa » : des quiz divertissants mettant à l’épreuve des connaissances de géographie européenne.

4. Le jeu comme concours

« Rallye euro » : un jeu concours pour les 9 à 12 ans réalisé par « L’École de l’euro » de la Banque centrale européenne.

« U4energy » : un jeu concours pour économiser de l’énergie dans les classes des établissements primaires et secondaires européens, réalisé par la DG Education et culture.

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« Young artists for road safty » : jeu concours pour concevoir une affiche sur la sécurité routière en Europe, organisé par la DG MOVE, la direction générale de la mobilité et des transports.

« Ton monde, ton business » : un concours pour motiver les jeunes de 16 à 19 ans à devenir entrepreneurs.

5. Le jeu comme expérience projective et épistémologique

« Jiffy sauve la planète » : jeu en ligne autour du personnage de « Jiffy » composé de quizz et de jeu d’adresse, réalisé par la DG Environnement.

« Farmaland the game » : jeu en ligne autour d’épreuves liées à la gestion d’une ferme, réalisé par la DG Santé et consommateurs.

« €conomia – Le jeu sur la politique monétaire » : jeu interactif pour découvrir le fonctionnement de la politique monétaire.

Ainsi, entre les nombreuses ressources pédagogiques de l’« Espace Enseignants » de l’UE et les divers supports ludiques, la communication de l’UE à destination des jeunes multiplie les supports.

Le plagiat atteint-il aussi l’espace public européen en ligne ?

Naturellement, l’exercice du blog est une activité qui n’est pas sans risque. Risques liés aux trolls dans les commentaires. Risques correspondant aux citations plus ou moins à propos. Ces risques sont normaux et font partie des règles du jeu. En revanche, le plagiat pur et simple – le copier-coller sans citation de l’auteur – doit être dénoncé, surtout lorsqu’il est réalisé par une personne qui se réclame de son professionnalisme et publie pour le compte d’un acteur influent.

Pauline Desmarest, responsable de la communication Internet à la Fondation Robert Schuman vient de se livrer au plagiat dans « Facebook, Twitter : des outils incontournables pour l’avenir de la démocratie européenne ? ». Une pratique également condamnée par Mathew Lowry, lui aussi victime.

Plagiat n°1 : l’exigence de transparence

Le 9 mars 2011, je publiai « La transparence peut-elle renforcer la légitimité démocratique de l’UE ? » dans lequel j’abordai l’enjeu de la « nouvelle » transparence : la responsabilisation d’un public inclus dans la décision :

« Bien plus que de simplement connaître les résultats du processus décisionnel européen, l’exigence de transparence porte davantage, aujourd’hui, sur l’ouverture pondérée des données publiques qui devraient êtres portés à l’attention du public pour l’inclure dans la prise de décision publique. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
« Bien plus que de simplement connaître les résultats du processus décisionnel européen (comme c’est le cas aujourd’hui), l’exigence de transparence porte désormais davantage sur l’ouverture pondérée des données publiques qui devraient être portées à l’attention du public pour peser dans la prise de décision publique. Autrement dit, l’enjeu de la  » nouvelle  » transparence réside dans la responsabilisation d’un public acteur de la décision. »

Plagiat n°2 : les avantages des réseaux sociaux pour la communication européenne

Le 1 février 2011, je publiai « Quels sont les coûts pour la communication européenne de ne pas investir les médias sociaux ? » dans lequel j’abordai 4 coûts de ne pas investir les médias sociaux, dont celui de détériorer la relation entre l’UE et les citoyens européens :

« Ne serait-il pas en effet plus conforme aux usages quotidiens d’assurer une présence en ligne sur le carrefour d’audiences que constitue Facebook pour répondre aux interrogations des Européens plutôt qu’au travers d’une plateforme téléphonique inconnue par une très large majorité ? »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
« Ne serait-il pas plus conforme aux usages actuels de renforcer sa présence sur le carrefour d’audiences que constitue Facebook pour répondre aux interrogations des Européens plutôt qu’au travers du centre d’appel  » Europe Direct « , cette plateforme téléphonique inconnue par une très large majorité d’Européens ? »

Plagiat n°3 : mieux s’adapter à la révolution du Web social : recommandations pour une meilleure utilisation des réseaux sociaux

Le 5 janvier 2011, je publiai « Comment la communication de l’UE s’adapte-t-elle au web social ? » dans lequel je développai les adaptations de la communication européenne avec les médias sociaux :

« La communication actuelle de l’UE dans le web social s’inscrit dans une logique d’échange

Aujourd’hui, la communication de l’UE dans le web social consiste à sensibiliser un public relativement passif au travers d’échanges limités avec des cibles potentiellement nombreuses mais faiblement engagées.

La communication future de l’UE dans le web social s’inscrira dans une logique d’engagement

Demain, la communication de l’UE dans le web social consistera de plus en plus à activer l’engagement des internautes en leur proposant de jouer des « rôles » plus élaborés. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman : « La communication actuelle de l’UE sur le Web social s’inscrit dans une logique d’échange. Elle consiste à sensibiliser un public relativement passif au travers d’échanges limités avec des cibles potentiellement nombreuses mais faiblement engagées. (…)Il est essentiel d’impliquer les citoyens sur la Toile en leur proposant de jouer des  » rôles  » plus élaborés que les échanges de contenus ou une simple notification  » I like « . »

Plagiat n°4 : un code de conduite sur les réseaux sociaux

Le 31 janvier 2011, je publiai « Comment la Commission européenne s’est-elle dotée d’une charte de communication dans les médias sociaux ? » :

« En avril 2010, sous la responsabilité de Bert Van Maele, le responsable médias sociaux au sein de la DG Communication à la Commission européenne, un blog « Waltzing Matilda » dédié à la communication sur les médias sociaux est ouvert afin d’« apprendre comment la Commission peut utiliser les médias sociaux pour communiquer avec les citoyens ».

En juin 2010, un plan d’actions présenté par Viviane Reding préconise la mise en place d’un réseau de « 10 à 15 experts en médias sociaux au sein de la Commission » pour assurer « une surveillance des blogs et les réseaux sociaux et une réfutation instantanée » (mesure 10).

Juste avant la fin de l’année, une stratégie et des lignes directrices ont été approuvées en interne entre la DG COMM et le cabinet de Reding.

Quoique l’approche envisagée des médias sociaux révèle une profonde méfiance, la formalisation d’une organisation marque une prise en compte indéniable du web social par la Commission européenne. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
« La Commission européenne a mis en œuvre une stratégie pour communiquer sur les médias sociaux approuvée fin 2010 par la DG COMM et le cabinet Reding.
Si la formalisation de cette stratégie marque une prise en compte indéniable du Web social par la Commission européenne, cette charte n’a cependant pas encore été publiée en externe.
En avril 2010, sous la responsabilité de Bert Van Maele, le responsable de l’information et de la communication – Internet au sein de la DG COMM, un blog  » Waltzing Matilda  » dédié à la communication sur les médias sociaux a été ouvert afin d’apprendre comment la Commission peut utiliser les médias sociaux pour communiquer avec les citoyens « .
(…)
La Commission européenne, dans un plan d’action présenté en juin 2010 par Viviane Reding, préconise la mise en place d’un réseau de  » 10 à 15 experts en médias sociaux au sein de la Commission  » pour assurer  » une surveillance des blogs et des réseaux sociaux et une réfutation instantanée  » (mesure 10). »

Plagiat n°5 : pour la création d’un ‘EU Community manager’

Le 27 avril 2009, je publiai « Union européenne et Internet : pour la création de « EU community managers » pour une communication européenne « de la demande » ? » dans lequel je présentai les contours de ce futur métier :

Métier aujourd’hui inexistant, les « EU community managers » serait des médiateurs, des créateurs de liens entre l’UE et les internautes, plus particulièrement responsable :

  • du monitoring et du feed-back : veille sur le web, état des lieux de l’e-réputation de l’UE + rétroaction ;
  • de la mise en place de contenus : gestion des User Generated Content (UGC) et Social Media Optimisation (SMO) ;
  • de la création et l’animation de communautés : fédérer et fidéliser les internautes autour de la marque UE en créant une communauté conviviale ;
  • de la visibilité de l’UE auprès des réseaux sociaux ;
  • du webmarketing : référencement du site, netlinking, partenariats entre sites web, affiliation…

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
Ces EU community managers seraient des médiateurs, des créateurs de liens entre l’UE et les internautes, plus particulièrement responsables de veille sur le Web, de la mise en place de contenus, de la création et de l’animation de communautés.

Edit : plagiat n°6 : la communication européenne face à l’ambivalence des réseaux sociau

Le 11 février 2011, je publiai « La révolution démocratique de l’UE se fera-t-elle par les médias sociaux ? » dans lequel j’étudiai les médias sociaux face à la crise de la démocratie représentative :

  • « Ni vision angélique de médias sociaux qui sauveraient la représentation politique par la participation citoyenne, même si ceux-ci incontestablement bousculent les attentes et les pratiques des élus et des citoyens ;
  • Ni vision diabolique de médias sociaux qui détruiraient le pouvoir des élus par la mobilisation civique, même si ceux-ci indubitablement renversent les habitudes des élus et des citoyens (quoique cette vision soit effectivement angélique lorsqu’il s’agit de renverser le pouvoir de régimes anti-démocratiques…) ;

Mais un constat : la révolution numérique transforme le système démocratique.

En quoi, le fait que « la société civile a pris le pouvoir sur Internet » constitue-t-elle éventuellement une opportunité pour réaliser la « révolution démocratique » de l’UE ?

D’abord, les médias sociaux modifient l’espace du débat public. L’ère du débat public vécu par procuration avec la TV n’existe plus à l’heure de Facebook, Twitter et Youtube.

Cette nouvelle configuration du débat public peut représenter une opportunité pour l’UE à condition de savoir organiser les espaces européens de dialogue/échange/partage. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
Certains politiques se désintéressent des réseaux sociaux leur attribuant une vision négative pouvant amoindrir leur pouvoir. Il est vrai qu’ils renversent indubitablement les habitudes des élus et des citoyens et qu’ils modifient l’espace du débat public. L’Union européenne doit saisir cette nouvelle configuration pour organiser son espace de dialogue et de partage.

Edit : plagiat n°7 : engager les internautes

Le 8 octobre 2009, je publiai « Comment la communication européenne peut-elle répondre à la révolution du web social ? » :

« Sur le web, plus qu’ailleurs, un rééquilibrage des pouvoirs s’établit, avec une relation plus égale entre l’émetteur et le récepteur.

Le plein usage du web social rend obsolète le modèle de communication asymétrique reposant sur la distinction ordinaire entre émetteur et récepteur.

La nouvelle culture née du web social implique une révolution copernicienne du métier de communicant avec un renversement des pouvoirs, une rupture radicale marquée par le transfert d’autorité à l’internaute « de base », puisque les internautes – qu’ils soient experts ou simples utilisateurs – peuvent eux-mêmes, sur un pied d’égalité, devenir la source et reprendre le contrôle du flux des communications. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman : Une relation plus égale entre l’émetteur (les politiques) et le récepteur (les citoyens) s’établit grâce au Web social. Ainsi, la véritable révolution à réaliser grâce aux réseaux sociaux serait que l’Union européenne donne une place centrale aux citoyens et les mette sur un pied d’égalité avec les politiques.

Finalement, le plus regrettable – au-delà du plagiat, qu’il n’est jamais trop tard d’amender en citant les sources réelles – c’est l’attitude de l’auteur de cette note, symptomatique d’une difficulté à citer la moindre source d’informations non officielle, ce qui ne pouvait pas ne pas poser problème en traitant de la communication européenne dans les médias sociaux.

Nota bene 1 : La Fondation Robert Schuman a dans un premier temps modifié l’article mis en ligne en y ajoutant les liens vers les sources mobilisées.

Nota bene 2 : Par un e-mail, que le blog 27etc reproduit, la Fondation Robert Schuman a signifié que l’article était définitivement retiré de leur site. Dont acte.

Discussion sur l’Union européenne et sa communication : « L’Europe, bof ? »

Lundi 4 avril 2011, de 18h30 à 20h00, la Représentation en France de la Commission européenne et le Mouvement Européen–France organisent un débat sur la communication de l’UE – à l’occasion de la venue à Paris de Claus Sørensen, Directeur Général de la Communication de la Commission européenne. Trois thèmes sont annoncés…

L’Europe, quel message pour quel projet ?

Plutôt que de répondre par la « classique » controverse de nature institutionnelle entre Europe fédérale – forcément souhaitable – et Europe communautaire – inévitablement condamnée à l’échelle d’un continent – je proposerai un détour « hérétique » autour de la plateforme de marque de l’UE (cf. « Quel est l’ADN de la marque UE ? ») :

  • Comment la marque voit le monde qui l’entoure et les grands enjeux aujourd’hui et demain ?: Vision « française » d’un monde multipolaire ou « anglo-saxonne » d’un marché mondialisé ?
  • Quel est le rôle que la marque se donne pour incarner cette vision ? : Mission régulatrice faite d’harmonisation intérieure ou de pacification internationale ?
  • Quel est le projet associé à cette mission ?: Ambition : une Europe puissance ou une Europe marché, grande Suisse libre-échangiste et pacifiste ou une Europe concrète, intervenant dans la vie quotidienne des citoyens ?
  • Quel est ce sur quoi la marque ne transigera pas ? : Valeurs : aucune valeur en propre mais les valeurs de l’humanité : la paix, les droits de l’homme…

Comment communiquer l’Europe au quotidien ?

Plutôt que de répondre encore par l’importance d’une communication européenne non plus centrée sur ses institutions mais concentrée autour des préoccupations des citoyens (cf. l’exemple de la communication web de l’UE au Royaume-Uni “exciting, relevant and fun” ou les campagnes de communication sur l’Europe concrète valorisant les bénéfices concrets que l’Europe apporte aux gens tout en sortant des déclarations emphatiques ou soporifiques), je proposerai un double constat sur la communication européenne :

  • illusion autour de la figure fantasmée du « citoyen de base » alors que la communication européenne s’adresse sinon à une Europe des élites du moins à des citoyens européens avertis, comme l’on parle d’un public d’experts initiés ;
  • mythe autour de l’impact réel de l’UE dans les États membres d’une Europe qui fait semblant : « Semblant d’être une solution aux yeux de ses promoteurs et, à l’inverse, d’être une menace aux yeux de ses adversaires qui lui attribuent abusivement la responsabilité de tous les bouleversements », dixit Jean-Louis Bourlanges dans Le Monde.

Quelle place pour l’Europe sur les réseaux sociaux ?

Plutôt que de vanter les mérites, les intérêts et les avantages des médias sociaux – un discours plutôt largement entendu et attendu d’un bloggeur – je proposerai un renversement de perspective autour de 2 questions :

En conclusion, sortons de l’alternative autour de la communication européenne réduite soit à une propagande pour l’intégration communautaire soit à un service public d’information sur l’Europe et osons de nouvelles questions :

  • Faut-il que la communication européenne vise à rapprocher l’UE des citoyens ou à installer le dialogue entre les citoyens et l’UE et entre les citoyens européens ?
  • Faut-il que la communication européenne adopte une approche « corporate » visant à créer une « image de marque » autour des valeurs européennes ou une approche « marketing » tournée vers à les « preuves concrètes », les « bénéfices » du produit UE ?
  • Faut-il que la communication européenne s’inscrive dans une logique de court terme avec des prestations de services auprès des parties prenantes ou dans une logique de long terme et de formation civique, notamment auprès des jeunes ?

Et si la véritable révolution aujourd’hui serait que le système de communication de l’UE ne craigne pas d’inclure son audience – les citoyens – comme partie centrale, non plus à l’extérieur de sa sphère mais à l’intérieur ?

Quelles leçons peut-on tirer des expériences délibératives européennes ?

« Sondages délibératifs », « Conférences de consensus », « Consultations européennes de citoyens »… Ces dernières années, plusieurs dispositifs reposant sur une participation directe de citoyens européens ont été menés en Europe.

Certes, « le premier constat qui s’impose est celui d’une relative réussite : organiser la participation de citoyens d’origines nationales diverses à l’échelle transnationale s’est révélé réalisable » selon le « Bilan des premières expériences participatives à l’échelle communautaire » réalisé par Laurie Boussaguet pour Notre Europe.

Mais, l’impact exact sur les institutions européennes demeure difficile à mesurer : « les expériences organisées se sont clôturées [seulement] par une présentation de leurs résultats devant des représentants des institutions européennes ».

Alors, quelles leçons peut-on tirer de ces expériences délibératives européennes ?

Quatre catégories de dispositifs participatifs en fonction de leurs finalités

Une participation tournée vers le processus décisionnel et conçue comme une aide à la décision : les conférences de consensus

Principes de fonctionnement :

  • permettre à un panel de profanes de dialoguer et de débattre de manière constructive avec des experts ;
  • laisser ces citoyens profanes délibérer afin d’établir des recommandations communes, de façon consensuelle.

Une participation tournée vers le peuple européen et conçue comme un outil d’aide à la formation des opinions : les sondages délibératifs

Méthodologie :

  • « former » les citoyens sur les enjeux questionnés avant de recueillir leur opinion ;
  • laisser s’exprimer les citoyens, mais « en connaissance de cause ».

Une participation combinée vers l’émergence du peuple européen tout en définissant des axes généraux d’action publique pour l’UE : les consultations de citoyens

Particularités :

  • absence de formation préalable des citoyens ;
  • moindre présence des experts dans le débat.

Une participation ciblée auprès de secteurs d’activités particuliers : la mise en réseau d’espaces locaux et d’activités sectorielles

Modalités :

  • coopération inter-zones pour assurer l’échange d’informations et de bonnes pratiques ;
  • implication multi-acteurs pour développer une meilleure gouvernance sectorielle et territoriale.

Trois propositions pour une meilleure écoute de la part des institutions européennes

D’abord, faire concorder les thèmes des délibérations citoyennes avec les domaines de compétences de l’UE, sinon c’est inefficace puisque cela ne débouche pas sur quelque chose de précis.

Ensuite, mettre en place une certaine procéduralisation – une sorte de devoir de réponse adressé aux organisateurs et aux citoyens-participants du dispositif – consistant à dire/préciser ce que les institutions européennes, Commission en tête, sont censées « faire avec tout ça ».

Enfin, donner une assise institutionnelle à cette participation citoyenne – une forme d’institutionnalisation de cette voix citoyenne à l’échelle européenne – soit au sein des institutions européennes, soit en tant qu’agence indépendante.

Finalement, la principale leçon pour les expériences délibératives, selon Laurie Boussaguet, c’est que leur survie est bien davantage conditionnée à leur institutionnalisation par l’UE qu’à leur effective utilité pour la construction européenne.

Les journalistes sont-ils encore le seul public de l’UE ?

Non, il ne s’agit pas ici d’annoncer que les citoyens européens seraient devenus le public tant fantasmé de l’UE ; mais plutôt de rebondir, à l’heure de l’euro-blogo-sphère, sur un article publié par Olivier Baisnée en 2000 « les journalistes, seul public de l’Union européenne ? »…

Les journalistes accrédités, le seul public de l’Union européenne ?

« Premier public de l’Union européenne, le corps de presse accrédité en serait aussi le seul. »

D’abord, les journalistes accrédités à Bruxelles seraient le seul public de l’UE dans la mesure où, selon Olivier Baisnée, « socialisé(s) au système politique et institutionnel de l’Union, (ils) l’envisage(nt) comme tel : vivant à son contact immédiat et permanent, ils finissent par en connaître intimement les processus, le personnel politique, les lieux et les enjeux ».

« Une fois assimilée la grammaire du fonctionnement de ces institutions, (les journalistes accrédités) sont à même de comprendre les enjeux, de repérer les acteurs et les problèmes qui entourent une décision, et de l’interpréter ».

Au bout de quelques d’années, ces journalistes sont de fait membres d’un microcosme qui englobe tous ceux dont la profession est liée aux activités de l’Europe (fonctionnaires, hommes politiques et représentants des groupes d’intérêt).

Ainsi, les journalistes accrédités sont probablement un peu des eurocrates, comme le craignait récemment un jeune pigiste à Bruxelles, Jean-Sébastien Lefebvre : « Journalistes européens : sommes-nous des eurocrates ? ».

Ensuite, selon Olivier Baisnée, « ce huis clos social et intellectuel se trouve encore renforcé du fait de la véritable prise en charge des journalistes par la Commission européenne, notamment lors de la « grand-messe de midi » que représente le rendez-vous quotidien avec le service du porte-parole.

« Englués dans ce flot (d’innombrables documents distribués lors du briefing), les journalistes ne peuvent guère prendre du recul, mener des investigations, s’intéresser à autre chose qu’à l’ordre du jour proposé. D’autant plus qu’il s’agit souvent de dossiers assez techniques. »

Ainsi, la Commission européenne tente de contrôler l’agenda médiatique la concernant en encombrant l’espace et le temps des correspondants de presse.

Enfin, les journalistes accrédités auprès des institutions européennes sont également des interprètes indispensables dans la mesure où ils sont l’une sinon l’unique source d’information et de représentation de l’UE dans la conscience de ses habitants.

Les euro-blogeurs accrédités, un nouveau public de l’Union européenne ?

Avec l’accréditation inédite d’euro-blogeurs pour des réunions du Conseil de l’UE – que l’on ne pourrait que souhaiter pour ce briefing quotidien du service du porte-parole de la Commission européenne – les euro-blogeurs rejoindraient le club du « seul public de l’UE ».

D’une part, les euro-bloggeurs constateraient, comme l’analyse Olivier Baisnée, que l’information la plus intéressante dans les points presse vient non pas de ce qui est dit par les porte-parole mais des questions posées par les journalistes. « Des questions qui mettent en évidence les problèmes que les différentes décisions poseront dans les Etats-membres ».

« Les réactions de la salle de presse laissent transparaître finalement toutes les préoccupations nationales et donnent une idée de ce que pourrait être, si elle existait, une opinion publique européenne replaçant les enjeux dans les contextes nationaux et rendant visibles aux autres partenaires les problèmes spécifiques à chaque État. »

Ainsi, les euro-blogeurs accrédités pourraient expérimenter que le principal intérêt des points presse est la projection des différents éclairages nationaux sur les décisions annoncées par les institutions européennes.

D’autre part, les euro-blogeurs accrédités, à l’instar des journalistes accrédités, constateraient que l’absence ou la rareté du sensationnel – « il n’existe guère de scoops au niveau communautaire qui soient considérés comme tels par les rédactions nationales » – apaise les rapports et renforce le peu de concurrence.

« Peu touchés par la compétition, les journalistes sont ainsi plus à même de développer des pratiques de collaboration, de partage d’information, voire de travail, lorsque plusieurs événements ont lieu en même temps. »

Ainsi, autre leçon pour les euro-blogeurs, l’accréditation renforcerait l’esprit de collaboration et de partage, déjà fort au sein de leur communauté.

Principales conclusions pour les accrédités (journalistes ou blogeurs)

Des pratiques plus critiques vis-à-vis des institutions feront converger les accrédités qui refusent de se laisser enfermer dans l’expertise et privilégient une définition de leur mission plus proche de celle de l’investigation :

  • entretien d’un rapport plus distant à la source d’information institutionnelle ;
  • plus largement, attitude à l’égard de la parole des institutions européennes plus distanciée.

Par ailleurs, les accrédités restent d’abord et avant tout des citoyens d’un Etat national chargés pour les journalistes ou désireux pour les blogeurs de rendre compte de l’UE à des publics ancrés dans des réalités politiques, sociales et historiques distinctes.

Ainsi, la couverture européenne dans les médias ou dans les blogs reste soumise à des contingences nationales et éditoriales (orientations politiques ou spécialités thématiques) spécifiques.