Nouveau site Eurobaromètre : quelles sont les grandes évolutions de la mesure de l’opinion publique européenne ?

Avec 851 enquêtes d’opinion disponibles en ligne, le nouveau site de consultation des Eurobaromètres est une mine d’information pour constater les grandes évolutions passant de 4 publications en 1974 à dix fois plus quarante ans après…

Trois périodes distinctes pour constater la progression du recours aux Eurobaromètres

Une timeline des Eurobaromètres entre 1973 avec la première enquête sur « l’Europe telle que la voit les Européens » et aujourd’hui est dorénavant accessible en ligne et permet de distinguer 3 phases :

Eurobarometres

De 1973 à 1990 : moins de 10 enquêtes sont réalisées chaque année, sur des thèmes « classique » (environnement, énergie) en considérant les 2 Eurobaromètres standards.

De 1991 à 2000 : doublement en moyenne des enquêtes, une vingtaine donc, qui se diversifient davantage autour d’enjeux sociétaux (les jeunes, le racisme, les vacances).

Depuis 2001 : à nouveau doublement en moyenne des enquêtes, une quarantaine par an, avec des enquêtes portant sur de nombreux sujets couvrant les politiques européennes et au-delà (tourisme, climat, sport, culture…).

Trois critères de recherche pour consulter la base de données des Eurobaromètres

Un moteur de recherche est également disponible – enfin – afin de rechercher des résultats, suivant 3 critères :

  • Sélection dans la liste de 61 thèmes reprenant les questions récurrentes des Eurobaromètres ;
  • Choix d’une région (un, plusieurs ou tous les Etats-membres) ;
  • Affichez les résultats du baromètre pour un ou pour plusieurs pays.
  • Définition d’une période.

Les données sont affichées dans des cartes ou graphiques, qui peuvent être aisément exportés.

Au total, le choix d’un opendata « intelligent » et d’une datavisualisation contextualisée devrait faciliter l’utilisation des résultats par les chercheurs et spécialistes de l’opinion publique européenne.

Communication politique européenne : le Discours sur l’Etat de l’Union européenne est-il le rendez-vous de la rentrée ?

Mercredi prochain, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker prononcera son Discours sur l’Etat de l’Union européenne, une innovation introduite par le traité de Lisbonne qui pourrait rencontrer un plus franc succès. Le #SOTUE sera-t-il le rendez-vous politique européen de la rentrée ?

Une préparation « crowd-sourcée » et millimétrée sur les grands enjeux européens

Ces dernières semaines, Jean-Claude Juncker aurait largement consulté tant les membres de la Commission européenne que les chefs de partis politiques au sein du Parlement. Le président de la Commission aurait même mis à l’essai des messages sur les questions les plus controversées, comme la migration afin de trouver le ton juste.

Selon Politico Europe, le discours devrait se concentrer sur quatre principaux thèmes : les priorités législatives de la Commission pour 2016 (digital et énergie), la réponse de l’UE à la crise des réfugiés, la programmation budgétaire de l’UE et les efforts pour sauver l’euro en renforçant l’union économique et monétaire.

Une communication « digitalisée » et programmée avec tous les outils en ligne

Parlement européen et Commission européenne lancent un portail soteu.eu pour amplifier le débat autour du discours sur l’Etat de l’Union européenne avec le livestream vidéo et un tableau de bord Twitter pour suivre en direct les réactions et engager les communautés en ligne.

SOTUE_2015

Une attention médiatique aléatoire, la principale inconnue de l’équation

L’intérêt des médias, en particulier des grands groupes audiovisuels européens, au-delà du corps des correspondants de presse à Bruxelles, pour le discours sur l’Etat de l’Union demeure la principale inconnue.

La crise des migrants, sujets au cœur de l’actualité partout en Europe pourrait servir de trait d’union pour donner un angle à l’attention médiatique, à moins que ce ne soit les réactions véhémentes d’ores et déjà annoncées par les députés européens eurosceptiques.

Au total, les retombées immédiates du Discours sur l’Etat de l’Union en ligne et dans les médias européens et surtout leur impact dans les médias et les classes politiques nationaux seront le juge de paix.  À suivre.

Eurobaromètre : résultats printaniers pour la dernière enquête sur l’opinion publique dans l’Union européenne

Les indicateurs sont largement au vert dans la dernière enquête semestrielle – l’Eurobaromètre Standard 83 – sur l’opinion publique européenne…

Affermissement de la confiance dans l’Union européenne

La confiance dans l’UE atteint son plus haut niveau depuis le printemps 2011, avec 40% d’Européens ayant confiance dans l’Union européenne (+ 3 points).

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Progression de l’image de l’Union européenne

L’image de l’UE progresse pour la quatrième fois d’affilée depuis 2013, avec 41% d’Européens qui ont une image positive de l’UE), alors que l’appréciation négative continue à perdre du terrain (19%, -3 points).

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En plus, l’image positive de l’UE progresse dans 20 Etats membres et l’UE évoque avant tout une image positive dans une majorité d’Etats membres (15) maintenant.

Optimisme pour le futur de l’Union européenne

Le futur de l’UE est meilleur avec un optimisme renforcé dans 15 Etats membres, soit 26 Etats membres où la majorité des personnes interrogées se dit optimiste pour le futur de l’UE.

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Confortement du sentiment de citoyenneté européenne

Dorénavant, plus des deux tiers des Européens se sentent citoyens de l’UE (67%, +4 points) alors même que la précédente enquête avait été réalisée au moment des élections européennes.

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Renforcement du soutien à une union économique et monétaire avec l’euro

Le soutien pour « une union économique et monétaire européenne avec une seule monnaie, l’euro » progresse avec 57% d’Européens favorables. Dans la zone euro, le soutien à la monnaie commune atteint 69% tnadis qu’en dehors de la zone euro, le soutien est bien moins large et la tendance est négative (33%, -2 points).

Adhésion aux politiques publiques européennes

La plupart des politiques mises en œuvre par l’UE sont approuvées par les citoyens européens, en particulier sur les sujets les plus sensibles actuellement :

  • Investissement : dans 27 Etats membres, une majorité estime que l’argent public devrait être utilisé pour stimuler les investissements dans le secteur privé au niveau de l’UE.
  • Commerce international : dans 25 Etats membres, une majorité de personnes interrogées se prononce en faveur d’un accord de libre-échange et d’investissement entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
  • Énergie : dans l’ensemble des 28 Etats membres, plus de la moitié des personnes interrogées soutiennent une politique énergétique commune des Etats membres de l’UE.
  • Immigration : une majorité de personnes interrogées dans l’ensemble des 28 Etats membres est favorable à « une politique européenne commune en matière de migration ».

Au total, les résultats de la dernière enquête Eurobaromètre sont très positifs pour la construction européenne qui va devoir négocier la sortie de crise économique et financière avec l’investissement et bien répondre aux nouvelles attentes des citoyens en matière d’immigration ou de terrorisme.

Série d’été : les grands enjeux de la communication européenne

Lacomeuropéenne prend ses quartiers d’été et propose une rétrospective des principales contributions de l’année sur les grands enjeux de la communication de l’Union européenne…

Vœu que la communication européenne se libère de ses oxymores

La communication européenne doit se libérer de nombreux oxymores :

  • Oxymore entre « l’impact de l’UE dans la vie quotidienne » et les vraies réalisations concrètes de la construction européenne
  • Oxymores incantatoire du « marketing de la marque UE » ou de « l’UE communique avec les citoyens dans les médias sociaux »
  • Oxymore entre les résultats au sens de l’administration et les résultats possibles liés à la communication
  • Oxymore entre souhait idéal de plus de politique / lyrisme politique et potentialité d’un angélisme technocratique exterminateur

En somme, il s’agit de passer d’une logique incantatoire faussement ambitieuse mais « administrativement correcte » puisque respectueuse en façade des objectifs/contraintes/missions de la fonction publique à une démarche crédible vraiment engagée auprès de cibles identifiées, visant in fine des résultats tangibles et reposant sur une politique renouvelée, la pire chose étant à ce stade que l’Europe ne représente plus aucune utilité, aucun intérêt et que le débat ne survive pas.

Pourquoi la stratégie de communication de l’UE est illisible ?

La communication incarnée / personnelle des Commissaires ne fait pas une politique de communication européenne et la communication auprès des citoyens ne fait pas une stratégie de communication européenne

En une phrase, la stratégie de communication de l’UE correspond actuellement à un orchestre dont les instruments seraient désaccordés, chacun jouant sa partition et du coup la mélodie n’est pas harmonieuse et audible.

Déficit de communication de l’UE ou problème de sens de l’Europe ?

C’est l’absence de communication de l’UE qui a finit par laisser penser que la construction européenne n’était pas un projet démocratique alors qu’avec l’ambition que portent les non-Européens sur le projet inédit de l’UE la communication européenne devient une nécessité démocratique et une évidence autour du smart power de la norme.

Quels sont les enjeux démocratiques de la communication européenne ?

1. Montée en puissance de nouveaux mouvements de la société civile

2. Aggravation du déficit démocratique européen

3. Une crise de confiance qui est aussi une crise de communication

4. Une approche expérimentale et participative de la communication politique et publique

5. Le rôle des médias dans la progression de l’euroscepticisme

6. Le nouveau contexte démocratique dans les Etats-membres de l’UE

Respect des prises de parole de la société civile et prise en compte des particularités dans la décision constituent aujourd’hui les deux enjeux démocratiques majeurs de la communication européenne.

Repenser le futur de la communication européenne

Trois choses à comprendre pour revitaliser le futur de la communication européenne :

  • Comprendre la distinction irréfragable entre information et communication, pour que la communication européenne fasse « less but better »
  • Comprendre l’organisation symbolique entre les Etats-membres et l’UE, pour que l’UE agisse et communique sur ses forces : « strong outside and more caring inside »
  • Comprendre la répartition complémentaire entre Bruxelles et l’échelle décentralisée / locale, pour une communication européenne à visage humain

L’avenir de la communication européenne ne peut passer que par une refondation de sa stratégie qui ne vise plus tant à résorber le déficit démocratique de l’UE qu’à reconnecter les citoyens et l’UE ; en somme davantage une question de résultats tangibles que de principes théoriques.

En somme, 2015 pour l’instant n’apporte pas d’espoir de refondation – la communication de l’UE est toujours illisible, faute de comprendre qu’il ne s’agit pas d’un déficit démocratique de l’UE mais d’un problème de sens, d’oxymores à mieux gérer et d’enjeux démocratiques à mieux respecter. Pourtant, son futur, aujourd’hui fragilisé est à porter de main à condition de le repenser en profondeur.

 

Série d’été : transparence et lobbying dans les affaires publiques européennes

Lacomeuropéenne prend ses quartiers d’été et propose une rétrospective des principales contributions de l’année sur les grands enjeux de la communication de l’Union européenne. Aujourd’hui, focus sur la transparence et le lobbying dans les affaires publiques européennes…

Transparence sur les réunions entre lobbyistes et décideurs de la Commission européenne : quels enseignements ?

La transparence des réunions entre les décideurs de la Commission européenne et les lobbyistes offre un éclairage – partiel à l’échelle de l’activité de lobbying au sein des institutions européennes dans leur ensemble – utile pour tracer l’empreinte des futurs textes et décisions.

La plateforme de Transparency International « EU Integrity watch » complète l’exploitation et la compréhension des données brutes fournies par la Commission européenne.

Registre de la transparence de l’UE pour les lobbies : entre refonte et réforme

Du côté de la refonte, la Commission européenne progresse dans une démarche pragmatique pour rendre incontournable le registre de la transparence pour les lobbies.

Du côté de la réforme, ALTER- UE démontre les limites du registre volontaire et non sanctionné et plaide pour un registre obligatoire imposé par une proposition législative.

Entre la démarche pragmatique mais lente prise par la nouvelle Commission européenne, qui porte d’ailleurs déjà des fruits concrets et la réforme souhaitée par les observateurs maximalistes, le registre de la transparence de l’UE pour les lobbies fait l’objet – fort légitimement – de toutes les attentions.

Lobbying : les cabinets français en affaires publiques

Premier enseignement, une majorité des membres de l’AFCL, dont l’« objectif de structurer une profession émergente autour d’une approche déontologique rigoureuse et innovante » du lobbying est dorénavant inscrite dans le registre de la transparence de l’UE.

Selon les données saisies sur le registre de la transparence de l’UE, le marché européen pour les cabinets français en lobbying est d’environ 5 millions d’euros déclarés.

La transparence européenne progresse au sein des cabinets français en affaires publiques et lobbying même si l’exemplarité de la profession dans son ensemble reste perfectible.

Comment le digital révolutionne et responsabilise le lobbying européen ?

Le digital est en train d’« überiser » le lobbying européen.

Le digital révolutionne le lobbying : toutes les positions des parties prenantes sont déjà largement accessibles

La plateforme « Contexte Lab/Positions » se présente comme une « base de données » qui répertorie quotidiennement déjà plus de 2 000 prises de position des parties prenantes dans le débat public français et européen, provenant de plus de 400 organisations référencées dans les registres de lobbying de l’Assemblée nationale, du Parlement européen et de la Commission européenne.

Lobbyplag – dans le prolongement du « Europarl Hackathon » visant à développer l’accès aux données publiques – offre une visualisation détaillé de la future législation européenne en matière de protection des données personnelles : l’intégralité du texte initial et des amendements – par groupes politiques ou députés européens – est consultable ; permettant de classer les élus les plus pro ou anti sur le sujet et même de comparer les positions des lobbies et les amendements déposés par les élus.

Le digital responsabilise le lobbying : toutes les actions des parties prenantes seront potentiellement intelligibles

Toute une série de faits concoure à rendre le digital à la fois de plus en plus indispensable, mais surtout facteur de responsabilisation des parties prenantes :

  • importance renouvelée de l’action résolue des ONGs pour la transparence ;
  • impact renforcé des dossiers numériques sur les règlementations européennes ;
  • obligation à terme des registres de la transparence pour les lobbies au Parlement européen et à la Commission ;
  • volonté affirmée des citoyens avertis de visualiser et de contrôler les activités de lobbying ;
  • outils modernisés pour exploiter à moindre frais de vastes bases de données…

Demain, il sera très vraisemblablement possible de trouver sur chaque législation et pour chaque partie prenante les positions qui ont échouées ou réussies et de rendre intelligible des parcours, des décisions qui aujourd’hui ne se comprennent pas pleinement.

Au cours du premier semestre 2015, la transparence dans le lobbying progresse grâce aux innovations des institutions (les réunions entre lobbyistes et décideurs de la Commission européenne et le registre de la transparence de l’UE), mais surtout au digital qui va probablement révolutionner les pratiques.