Série d’été : le numérique et la communication européenne, « it’s serious »

Lacomeuropéenne prend ses quartiers d’été et propose une rétrospective des principales contributions de l’année sur les grands enjeux de la communication de l’Union européenne. Aujourd’hui, focus sur les numérique et la communication européenne…

Priorité au digital dans le budget de la communication de l’UE en 2015

En 2015, les principaux postes de dépenses de la communication de l’UE fait ressortir l’importance sans cesse plus stratégique du digital.

Pour la première fois, c’est tout ce qui correspond aux actions en ligne qui prend la tête des dépenses avec une enveloppe globale de plus de 21 millions d’euros, dont 10 millions pour l’animation du portail Europa.

Centre de contact « Europe Direct » : l’UE prend-elle au sérieux les médias sociaux ?

« Europe Direct » : une mission de contact avec les citoyens, deux services complémentaires

  • Le réseau des centres d’information « Europe Direct » décentralisé dans les États membres ;
  • Le centre de contact « Europe Direct ».

Un centre de contact avec les citoyens… uniquement par téléphone et formulaire web

Non seulement, le canal du « chat web » est abandonné car sans doute il ne répondait plus aux attentes d’interaction du grand public, mais surtout les médias sociaux sont absents alors que l’hypothèse de contact par fax est toujours d’actualité.

En 2015, le centre de contact « Europe Direct » répond-t-il vraiment aux attentes et aux pratiques pour informer les citoyens sur l’UE ?

Comment les institutions européennes investissent les nouveaux réseaux sociaux ?

Les institutions européennes dénombrent, au moment de l’enquête en mars, 367 comptes pour la Commission européenne et de ses démembrements dans les réseaux sociaux pour « seulement » 121 pour le Parlement européen.

Rapporté au 13 réseaux sociaux utilisés (Twitter, Facebook, Google+, Youtube, LinkedIn, Flickr, Pinterest, Instagram, Spotify, Storify, Foursquare, Vine, MySpace), cela correspond à une moyenne de 28 comptes par réseau social pour la Commission européenne et 9 pour le Parlement européen.

Le paysage des principales institutions européennes dans les réseaux sociaux dévoile une abondance insoupçonnée qui confirme l’importance que représente le web social dans la communication européenne aujourd’hui.

Comment les réseaux sociaux peuvent produire des Européens ?

Après plus de 10 années d’expériences en ligne, il est possible de prendre un peu de recul pour tirer des enseignements de la communication européenne dans les réseaux sociaux.

Echecs de tous les projets de réseau social reposant sur une approche civique de citoyens « à la grecque » mobilisés autour de la gestion commune des affaires publiques

Succès de beaucoup de projets de réseau social reposant sur une approche clientéliste de citoyens « à la romaine » misant  sur des rétributions et des services

Les réseaux sociaux parviennent à construire des Européens, à partir du moment où l’on considère les échecs des approches « grecques » civiques trop abstraites, et a fortiori les succès des approches « romaines » clientélistes très concrètes.

Comment les institutions européennes adressent leurs publics en ligne sur mobile ?

Enjeu majeur aux vues des usages, quasiment toutes les institutions européennes ont pris le virage avec des versions mobiles pour leurs sites, hormis le Parlement européen.

En matière de contenu, le choix semble établi de proposer la même architecture et les mêmes pages aux internautes et aux mobinautes. Il en va de même pour le multilinguisme intégral. Du coup, les institutions européennes jouissent d’un référencement naturel de qualité sur mobile.

Tandis que le site mobile de la Commission européenne semble s’efforcer de s’adresser à tout public, le Parlement européen s’adresse aux parties prenantes élargies tandis que les Conseils (européen et de l’UE) visent les journalistes et un public plus spécialisé.

Au total, l’effort des institutions européennes, hormis le Parlement européen, est aujourd’hui est payant pour assurer la consultation sur mobile.

En conclusion, la communication en ligne et dans les réseaux sociaux des institutions européennes semble globalement s’adapter au nouveau paysage en ligne, en y consacrant des moyens importants, en assurant une présence diverses dans les réseaux sociaux et en proposant des versions mobiles. Encore quelques perfectionnements sont à attendre pour le Centre « Europe Direct » et les réseaux sociaux sur mesure pas encore toujours à la hauteur.

Série d’été : les citoyens et l’Union européenne, « it’s complicated »

Lacomeuropéenne prend ses quartiers d’été et propose une rétrospective des principales contributions de l’année sur les grands enjeux de la communication de l’Union européenne. Aujourd’hui, focus sur les citoyens et l’Union européenne…

L’opinion publique européenne à la croisée des chemins

 

Les premiers résultats de l’enquête Eurobaromètre semestrielle de l’automne 2014 réalisée quelques semaines après la nomination de la nouvelle Commission européenne invitent à l’UE à transformer l’essai…

Traits de l’opinion publique européenne :

  • L’image de l’Union européenne continue de s’améliorer
  • La confiance dans l’Union européenne augmente
  • L’optimisme pour le futur de l’UE est stable
  • Ma voix compte un peu moins qu’à la veille des élections européennes
  • La citoyenneté européenne soulève des attentes fortes

Les indicateurs de soutien en faveur de l’Union européenne ont dans l’ensemble gagné du terrain. Les attentes des Européens semblent à la croisée des chemins. Soit les Européens trouvent les preuves de leur meilleure disposition vis-à-vis de l’UE, soit les espoirs sont déçus et sans doute alors pour longtemps

Comprendre l’importance de l’indifférence des citoyens européens face à l’Union européenne

 

« L’Europe représente (…) une sorte de planète éloignée que les citoyens scrutent avec appréhension, parfois avec résignation ». Marc Abélès

L’analyse erronée de la pseudo-thèse d’une attitude de rejet ou d’opposition des citoyens européens face à l’UE

La lecture basée sur le diptyque « rupture du consensus permissif et montée de l’euroscepticisme » n’offre pas la grille d’analyse pertinente de la réalité de l’opinion publique européenne.

L’analyse féconde de la thèse d’une attitude d’indifférence et d’indécision des citoyens ordinaires face à l’UE

« Loin d’être devenus majoritairement plus eurosceptiques, les citoyens sont à présent principalement, et avant tout, plus ambivalents et indifférents face à l’intégration européenne », conduisant à un aplatissement de la distribution des attitudes des citoyens vis-à-vis de l’UE.

Pourquoi la communication de l’UE a un problème de publics ?

 

Les « citoyens » sont placés en théorie au cœur des stratégies de messages, pourtant l’UE souffre d’un problème entre les publics visés et les cibles atteintes…

D’abord, il faut comprendre la différence entre une cible de papier et un vrai public

Ensuite, il faut comprendre la défaillance des médiateurs naturels de l’UE

  • Pour les élus : « L’Europe ne fait pas l’élection »
  • Pour les médias : « L’Europe ne fait pas vendre »
  • Pour les enseignants : « L’école n’a pas à faire la propagande de l’Europe »

Enfin, il faut comprendre le cœur de cible des « publics forts » de l’UE

Initiative citoyenne européenne : la Commission européenne a-t-elle encore raté son rendez-vous avec les citoyens ?

 

Au-delà du sombre bilan de l’initiative citoyenne européenne entre querelles des chiffres et misère des volumes, c’est la réforme de la survie pour l’initiative citoyenne européenne qui importe.

Les initiatives citoyennes européennes représentent-elles une nouvelle voie permettant aux citoyens – à l’égal des autres institutions européennes – de demander une nouvelle proposition de législation à la Commission, une sorte de révolution copernicienne que la Commission ne semble pas mesurer, voire souhaiter ; ou bien les initiatives citoyennes européennes ne sont-elles qu’un outil d’agenda setting permettant de soulever des questions de préoccupations pour les citoyens ?

Du choix que feront les institutions de l’UE, entre une initiative citoyenne européenne entre une procédure inédite d’introduire de nouvelles législation ou un énième outil de démocratie délibérative sans suite, dépendra l’avenir d’un rendez-vous avec les citoyens pour l’instant raté.

En somme, la relation de l’opinion publique européenne avec l’Union européenne semble objectivement (temporairement ?) s’améliorer selon Eurobaromètre, même si la communication de l’Union européenne ne comprend pas l’indifférence grandissante des citoyens et cultive un problème récurrent de publics, ne sachant pas qui et comment cibler les bons relais. Et surtout, l’enjeu de la réforme de l’initiative citoyenne européenne sera le juge de paix d’un rendez-vous (raté pour le moment) entre citoyens et Union européenne.

Pourquoi l’Union européenne a un problème avec les référendums ?

Ce n’est pas le récent référendum en Grèce autour du #Grexit ou le futur référendum en Grande-Bretagne sur le #Brexit qui remettent en cause la déjà longue tradition de rupture (France, Pays-Bas, Irlande) entre les peuples et l’Union européenne. Pourquoi les référendums sont devenus la bête noire de l’Union européenne ?

Première raison : le projet européen ne répond plus aux attentes et besoins des Européens

À chaque soir de résultats électoraux, le constat s’impose que les Européens – pour dire les choses simplement – ne sont plus satisfaits par le projet européen et la plupart des leaders politiques concèdent volontiers que l’Union européenne doit changer, à commencer par le nouveau président de la Commission européenne qui parle d’un « mandat de la dernière chance ».

Nonobstant les divergences idéologiques portant sur l’existence même de l’Union européenne qui n’intéresse que quelques minorités actives, la divergence principale entre les peuples et l’Union européenne tient en quelques mots.

Tandis que l’Union européenne se positionne comme un acteur international qui protège les Européens face aux enjeux globaux de la compétition internationale, du changement climatique ou de la régulation économique et financière, les Européens attendent de l’Europe qu’elle les protège chez eux dans leurs emplois, dans leurs communautés nationales (immigration, intégration).

Deuxième raison : les modalités d’engagement et de participation des Européens dans la construction européenne sont obsolètes et inadaptées

Hormis l’expression citoyenne lors des élections européennes tous les 5 ans, scrutin jugé de « second rang » dans la plupart des Etats-membres, les citoyens ne disposent pas de moyens « à portée de main » pour s’exprimer sur les orientations de la construction européenne.

Afin de faciliter l’engagement et la participation des Européens, à grande échelle, plusieurs solutions seraient envisageables à brève échéance, comme alternatives paneuropéennes et respectueuses de la démocratie européenne aux référendums nationaux :

  • Mettre en forme la newsroom de l’UE pour mieux dégager les actualités européennes importantes et permettre un suivi plus aisé des principaux dossiers (timeline des événements, classement et suivi des documents…) ;
  • Mettre en place une véritable plateforme de participation des citoyens aux consultations des institutions européennes et en particulier aux projets de la Commission européenne ;
  • Mettre en ligne une plateforme multilingue et fonctionnelle pour faciliter la constitution et la participation aux initiatives citoyennes européennes.

Troisième raison : la prise de décision « à l’européenne » n’est pas suffisamment médiatisée et communiquée

L’apprentissage par les peuples européens du fonctionnement des institutions européennes et de leurs prises de décision n’est pas suffisamment ancré dans les esprits pour acquérir la légitimité et l’évidence qu’on acquise les procédures nationales avec le temps.

En particulier, la scénographie des « sommets européens de la dernière chance », des nuits blanches de négociation entre chefs d’Etat et de gouvernement derrière des portes closes souffre d’un essoufflement auprès des journalistes, donc de leur traitement dans les médias.

Le « service après-vente » de décisions européennes déjà compliquées et rarement décisives n’est également pas suffisamment assuré par les décideurs européens, avec une communication pédagogique et accessible qui se concentrent sur l’essentiel.

Au total, la situation de rupture actuelle entre les peuples et l’Union européenne à l’occasion des référendums n’est pas inéluctable à condition que le projet européen, les modalités d’y contribuer et les décisions européennes changent.

Comment Politico Europe s’est aussi inspiré des euro-bloggeurs ?

Le lancement du média américain Politico Europe au printemps dernier a largement rebattu les cartes à Bruxelles, avec déjà une première victime, Europolitique – « la fin d’une époque » pour Bruxelles2. Au-delà du business-modèle importé des US, certaines pratiques semblent inspirées des euro-bloggeurs…

Politico Europe, une inspiration des euro-bloggeurs dans le positionnement : être à la fois totalement in et vraiment out de la sphère institutionnelle européenne

Jadis, lorsque les blogs sur l’Europe existaient sur la scène européenne, leur influence fantasmatique ou réelle reposait sur un savant mélange entre une parfaite connaissance des institutions européennes et de la vie politique bruxelloise rendu accessible aux non-initiés et un regard totalement extérieur avec ce petit monde.

Cette contribution à l’espace public européen de Politico Europe, dans une perspective à la fois très européenne « institutionalo-centrée » au cœur des décisions concrètes mais également très iconoclaste, hétérodoxe quant à la discussion des résultats est une sorte de prolongement que le modèle Politico, lui-même héritié de la culture web, empreinte génétiquement aux euro-bloggeurs.

Politico Europe, une inspiration des euro-bloggeurs dans la démarche : de l’infotainment de qualité, à la fois didactique et critique

Autre filiation entre les euro-bloggeurs et Politico Europe, qui s’explique en grande partie par le modèle éditorial mis en place aux Etats-Unis par Politico « original », la manière de traiter et de rédiger qui repose sur une conviction qu’il est possible à la fois d’informer et de divertir, en tout cas de rendre attractif les sujets abordés.

Cette approche de Politico Europe, où se mêle l’enthousiasme pour l’Europe, au sens de la passion pour savoir ce qui se passe vraiment, la didactique ou envie de transmettre même les choses les plus complexes sans compromis et la critique tantôt ironique, tantôt constructive rejoint largement les intentions de la plupart des euro-bloggeurs.

Politico Europe, une inspiration des euro-bloggeurs dans la communication : un réseautage social off- et online

Dernière source d’inspiration, sans doute tellement « mainstream » aujourd’hui qu’elle passe sous silence : Politico Europe, média d’abord en ligne, communique avec une intrication du off- et du online pour lier et interconnecter les journalistes, les lecteurs, les annonceurs et les lecteurs qui n’est pas sans rappeler les collaborations en ligne entre euro-bloggeurs.

Au total, Politico Europe semble parachever avec force un mouvement de sécularisation de l’information européenne initié timidement par les euro-bloggeurs.

Eurobaromètre exploratoire : quelles sont les évolutions sur la longue durée de l’opinion publique européenne à l’égard de l’UE ?

Contrairement à la démarche traditionnelle consistant à regarder les tendances de court terme, une enquête Eurobaromètre exploratoire mesure la perception que les Européens peuvent avoir de l’UE sur plus de quarante ans (de 1973 à 2014), à travers les grandes étapes institutionnelles et politiques de l’UE mais également les crises économiques et sociales…

1/ L’attachement à l’Union européenne demeure positif depuis plus de 40 ans

Depuis 1973, le sentiment que l’appartenance à l’UE est une bonne chose est partagé par une nette majorité d’Européens, un bénéfice solidement ancré de la construction européenne.

Malgré quelques évolutions, l’attachement à l’Union européenne est en général assez peu impacté par le contexte économique et les changements politiques.

2/ Les grandes étapes institutionnelles et politiques de l’UE (élargissements et élections européennes) : des occasions de renforcement des opinions positives

Les élargissements ont souvent été des occasions où les jugements à l’égard de l’UE se sont améliorés après une crispation initiale. Cela a notamment été le cas pour les sentiments à l’égard de l’appartenance à l’UE, mais également de la confiance et de l’image de l’UE.

Pour les élections européennes, le mouvement est moins net. Cependant, au lendemain des scrutins européens, on assiste à une remontée du sentiment que les citoyens européens ont que leur voix compte dans l’UE. Cette hausse a été particulièrement forte après les élections de mai 2014.

3/ Les crises économiques : de réelles dégradations des opinions publiques à l’égard de l’Union européenne

Le contexte économique et social exerce une influence prépondérante sur les mouvements de l’opinion publique européenne.

La crise économique de 2008 illustre ces fortes évolutions négatives des indicateurs de soutien à l’Union européenne :

  • L’image de l’UE se dégrade fortement à partir de l’automne 2011, lorsque la crise économique devient une crise de la dette publique des Etats membres ;
  • La confiance dans l’Union européenne et ses institutions se détériore à partir du printemps 2010 et atteint ses plus faibles niveaux entre le printemps 2012 et le printemps 2014 ;
  • La crise a également impacté négativement le sentiment des citoyens européens que leur voix n’est pas prise en compte dans l’Union européenne.

L’euro est également ambivalent : une majorité d’Européens considèrent qu’il n’a pas atténué les effets négatifs de la crise même s’il reste un élément clé de l’identité européenne ainsi qu’un symbole important de ce que représente l’UE aux yeux des Européens.

4/ Le nouveau contexte fragile de l’opinion des Européens sur l’UE

Le sentiment que ce qui rapproche les citoyens des Etats Membres est plus important que ce qui les sépare reste nettement majoritaire dans l’opinion européenne.

Les Européens considèrent majoritairement qu’ils seraient mieux protégés face à la crise si leur pays prenait des mesures coordonnées avec les autres Etats membres, plutôt que des mesures individuelles.

Entre 2009 et 2014, l’UE a toujours été considérée par les Européens comme l’acteur le plus à même d’agir efficacement face aux conséquences de la crise financière et économique.

Au total, pour schématiser les indicateurs de l’opinion publique européenne à l’égard de l’UE se dégradent tendanciellement puisque la construction fait davantage face à des crises économiques et sociales qu’à des évolutions institutionnelles et politiques.