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Quel modèle pour la Conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Alors que la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen prévoit une conférence sur l’avenir de l’Europe, qui débutera en 2020 et durera deux ans parce que les Européens doivent avoir leur mot à dire sur la gestion de leur Union et sur ce qu’elle produit, la réflexion est en cours sur le modèle à suivre ?

La conférence sur l’avenir de l’Europe selon la Commission européenne

La nouvelle présidente de la Commission européenne affirme que nous avons besoin d’un large débat, d’objectifs clairs et d’un suivi concret afin de faire de la Conférence sur l’avenir de l’Europe un succès tangible réunissant des citoyens de tous les âges de notre Union, ainsi que la société civile et les institutions européennes.

Lors de son audition au Parlement européen Dubravka Šuica, Vice-présidente Démocratie et Démographie donne quelques précisions notamment pour rendre la participation en personne ou en ligne aussi facile et accessible que possible des citoyens qui sera complètement ouverte et totalement inclusive, y compris dans les zones rurales pour toucher chaque citoyen.

L’empowerment 2.0, une tendance qui façonne la démocratie dans un monde instable

Le think tank interne à la Commission européenne publie une étude sur les 10 tendances qui façonnent la démocratie, la 10e portant sur l’empowerment 2.0 ou quand des innovations démocratiques débouchent sur une nouvelle génération d’agenda-shapers.

Les modèles expérimentés en matière d’engagement des citoyens sont multiples sachant que les publics exigent une plus grande participation, souvent en temps réel, au processus décisionnel. Les outils numériques et d’autres formes d’innovation sont exploités pour mieux s’engager auprès de la « majorité silencieuse » des citoyens au-delà des élections.

modeles_engagement_EPSCUn large éventail d’instruments sont en cours d’élaboration et de test – dont la grande consultation européenne en 2018 – dans le but de faciliter le retour d’informations, de permettre aux citoyens de soumettre des idées, d’examiner les propositions, de suivre les actions ou même d’élaborer conjointement des politiques, en partageant la propriété des décisions politiques avec les communautés concernées.

Les 3 modèles de conférence suggérés par le think tank Bertlesmann

Du côté des think tank, le Dr. Dominik Hierlemann publie un Policy Brief « European Citizens and the Conference on the Future of Europe » recommandant trois modèles possibles de participation des citoyens à la Conférence sur l’avenir de l’Europe.

La Conférence sur l’avenir de l’Europe offre la possibilité de donner au public une voix directe lorsqu’il s’agit de développer la forme future de l’UE. Ce serait une première. Bien faite, la participation des citoyens accroît la confiance des citoyens dans la démocratie et améliore les politiques. En tant que souverain, les citoyens européens doivent évidemment être impliqués. L’UE, apparemment si éloignée de ses citoyens, pourrait devenir un pionnier de la participation innovante.

Dans le même temps, lorsque la participation des citoyens est médiocre, la participation des citoyens porte atteinte à la démocratie européenne. La participation des citoyens à la Conférence sur l’avenir de l’Europe doit être soigneusement conçue et soigneusement chorégraphiée. Il ne devrait pas s’agir simplement d’un exercice de communication, mais plutôt d’un changement de culture des institutions de l’UE.

L’intensité de la participation est une question fondamentale dans la planification de la participation des citoyens à la Conférence sur l’avenir de l’Europe. L’importance géographique de la participation doit également être clarifiée. Tous les modèles intègrent une composante de participation en ligne à l’échelle européenne.

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Le modèle 1 (ECC Plus) est axé sur une large participation des citoyens dans les États membres. En outre, il existe une assemblée de citoyens transnationale unique en son genre, qui fournit des informations sur le choix des sujets de la conférence.

Le modèle 2 (classique) implique une assemblée de citoyens avec des représentants européens sélectionnés au hasard au début du processus. Dans un cadre plus classique, la Conférence convoquerait également plusieurs assemblées thématiques de citoyens pour apporter leur contribution. Les citoyens sont consultés mais n’ont pas voix au chapitre sur les résultats de la conférence.

Dans le modèle 3 (Laboratoire pour la démocratie), des politiciens et des Européens choisis au hasard participent sur un pied d’égalité à la conférence et aux comités thématiques.

La vision franco-allemande de la Conférence sur l’avenir de l’Europe

Dans un document officieux publié par Politico Europe, la France et l’Allemagne suggèrent que les principes directeurs suivants soient considérés pour un mandat interinstitutionnel :

Qui devrait prendre les devants ?

La conférence doit associer les trois institutions de l’UE sur la base d’un mandat commun, les États membres de l’UE, et permettre une large consultation et une participation d’experts / de la société civile (universités, groupes de réflexion, syndicats et organisations professionnels, etc.). ) et les citoyens.

Quelles questions doivent être abordées ?

La conférence devrait traiter de toutes les questions en jeu pour guider l’avenir de l’Europe en vue de rendre l’Union plus souveraine et unie – telles que le rôle de l’Europe dans le monde et sa sécurité / défense, ses voisins, la numérisation, le changement climatique, les migrations, la lutte contre les inégalités, notre modèle «d’économie sociale de marché» (y compris les droits sociaux, la politique industrielle et d’innovation, le commerce, l’UEM, la compétitivité), l’état de droit et les valeurs européennes.

La Conférence devrait se concentrer sur les politiques et identifier, par blocs de politiques, les principales réformes à mettre en œuvre de manière prioritaire, en précisant les types de changements à apporter – y compris modification éventuelle du traité. Les questions institutionnelles pourraient également être traitées comme une question intersectorielle visant à promouvoir la démocratie et les valeurs européennes et à assurer un fonctionnement plus efficace de l’Union et de ses institutions.

Quel résultat attendons-nous ?

La Conférence devrait s’engager dans le mandat interinstitutionnel à produire des résultats tangibles et concrets. Le document final contenant des recommandations devrait être présenté au Conseil européen pour discussion et mise en œuvre.

La position du Parlement européen sur la Conférence sur l’avenir de l’Europe

La commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen vote aujourd’hui en considérant qu’il est grand temps de donner aux citoyens européens la possibilité de débattre et de construire ensemble l’avenir de l’Union européenne dans laquelle ils veulent vivre. La Conférence doit aller au-delà d’un débat interinstitutionnel afin que la participation des citoyens soit organisée de manière à respecter la représentativité afin de garantir que la diversité de nos sociétés soit pleinement représentée.

Pour le Parlement européen, les travaux sur l’amélioration du système des Spitzenkandidaten et sur la question des listes transnationales devraient avoir lieu au cours des six premiers mois de la Conférence, qui devrait inclure la création de commissions thématiques et de séances plénières suffisamment régulières pour présenter des propositions concrètes. Les institutions de l’UE devraient s’engager à assurer un véritable suivi de la conférence, avec des propositions législatives à initier, y compris la modification du traité.

Très rapidement, les premières décisions relatives à la future Conférence sur l’avenir de l’Europe, en particulier le modèle participatif et délibératif choisi, conditionneront largement son succès.

Rapprocher l’Union européenne de ses citoyens : une consultation permanente des citoyens européens

La prise de décision participative – avec des milliers de dialogues et consultations de citoyens sur l’avenir de l’Europe – joue un rôle primordial dans l’amélioration de la qualité, de la transparence et de l’appropriation des politiques européenne, plaçant ainsi la participation des citoyens au cœur de l’élaboration des politiques de l’UE. L’idée d’un « mécanisme de dialogue structuré permanent » est sur la table. De quoi s’agirait-il ?

Développer une approche interinstitutionnelle du dialogue avec les citoyens européens

Outre le leadership politique, les ressources, les personnes qualifiées, ainsi que le « changement culturel » nécessaire à l’expérimentation d’outils de démocratie délibérative ; l’approche devrait être mise en commun entre les institutions européennes en vue de développer une démarche cohérente des dialogues et consultations des citoyens au niveau européen.

Sélection formalisée des citoyens : la participation des citoyens devrait viser à assurer un certain niveau de représentativité et la transparence du processus de sélection. Dans la mesure du possible, une sélection aléatoire des citoyens devrait être appliquée et la présence physique lors des consultations pourrait éventuellement être combinée à des éléments en ligne.

Sélection mutualisée de sujets : les sujets devraient être définis chaque année des sujets de discussion spécifiques, qui seraient liés, par exemple, aux priorités annuelles de l’UE et / ou à la future « Conférence sur l’avenir de l’Europe ».

Impact interinstitutionnel sur l’élaboration des politiques de l’UE : chaque consultation tenue devrait donner lieu à un rapport partagé aux institutions de l’UE, qui compileraient ensuite tous les rapports reçus et partageraient un rapport de synthèse des messages clés, en vue d’informer le processus décisionnel au niveau de l’UE.

Approche commune : dans l’idéal, les institutions de l’UE travailleraient sous un même drapeau avec les États membres, les régions et les villes, appliquant ainsi une méthodologie, un calendrier et une approche de communication communs.

Déployer un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les citoyens de l’UE

Les consultations et dialogues avec les citoyens mettent en évidence le souhait de nombreux citoyens de mieux participer aux décisions de l’Union européenne montrant un intérêt réel pour ses politiques et pour s’engager davantage dans l’avenir de leur Union.

Le moment est venu de rassembler les initiatives et de renforcer leur impact sur la conception et la mise en œuvre des politiques de l’UE. Le moment est venu de donner plus de cohérence à un impact aussi significatif par le biais d’une stratégie à long terme et d’un mécanisme de retour d’information associant toutes les parties prenantes.

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Renforcer la dimension démocratique de l’Union européenne en mobilisant et en encourageant un large engagement des citoyens, des organisations de la société civile organisées ainsi que des parlements et des gouvernements locaux et régionaux.

Fournir un réel retour d’information sur les politiques de l’UE afin d’améliorer leur conception et leur mise en œuvre et d’établir un mécanisme de suivi.

Impliquer activement toutes les institutions de l’UE, ainsi que les représentants élus au niveau local et régional et les organisations de la société civile, qui doivent jouer un rôle clé dans l’organisation et le suivi de ces dialogues.

Développer un exercice annuel permanent nécessitant une approche coordonnée et cohérente afin d’exploiter les synergies et les complémentarités entre elles et de parler d’une voix claire et cohérente aux citoyens.

Exploiter pleinement, dans un processus synergique et coordonné, les outils et mécanismes mis au point au cours de ces années pour consulter les citoyens afin de recueillir de manière commune les points de vue sur les nouvelles initiatives et législations de l’Union européenne ayant un impact régional et local.

Suivre la logique d’un cycle annuel de l’annonce du programme de travail annuel de la Commission européenne à l’automne, aux débats au cours du premier semestre de l’année suivante, au rapport de synthèse commun à l’automne suivant afin de mieux réagir en prenant des mesures appropriées pour répondre aux besoins et aux attentes des citoyens.

Communiquer et documenter le processus sous une marque unique de l’Union européenne, de la formation et la mise en réseau, à la mise en place d’un comité consultatif mixte composé d’experts et de groupes de réflexion expérimentés et à l’évaluation externe analysant l’impact.

En somme, les citoyens européens sont mûrs pour que leurs contributions soient prises au sérieux et constituent une contribution réelle au processus décisionnel de l’UE. A l’Europe de saisir cette opportunité avec un mécanisme permanent et structuré de consultations des citoyens.

Comment communiquer l’Europe, selon la nouvelle vision de la Commission européenne ?

A l’occasion du Conseil européen à Sibiu, en Roumanie, aujourd’hui, journée de l’Europe, les dirigeants de l’UE sont invités à décider de l’avenir de l’UE, notamment de sa communication. Une occasion pour la DG COMM de poser une nouvelle vision d’une communication de l’UE au service des citoyens et de la démocratie…

La communication européenne est une responsabilité commune

Les chefs d’État et de gouvernement sont invités à reconnaître que la communication à propos de l’Union européenne est une responsabilité commune des États membres de l’UE, des gouvernements à tous les niveaux et des institutions de l’UE afin de « communiquer davantage avec des messages communs, sous la marque de l’Union européenne, en expliquant ce que les décisions et les politiques signifient pour les citoyens et quels en sont les résultats concrets (…) pour souligner l’unité européenne ».

Cette conviction d’une responsabilité commune, lointain héritage de Margot Wallström abandonné par Viviane Reding, est une excellente nouvelle pour tous ceux qui considèrent que seule la Commission européenne ne peut pas communiquer au nom de l’UE à tous les Européens, sans le concours des autres institutions européennes, mais également et surtout des États-membres. Après quelques années de soul searching, nous sommes en quelque sorte à la recherche du temps perdu, mieux vaut tard que jamais !

La communication européenne doit augmenter l’engagement avec les citoyens sur les politiques et les problèmes de l’Union européenne

Deuxième conviction de la DG COMM, les institutions de l’UE et les États-membres devraient renforcer leur soutien à un dialogue permanent avec les citoyens sur l’UE, en utilisant dialogues citoyens, réunions publiques, consultations ou conventions, ainsi que les technologies numériques et audiovisuelles afin d’assurer un processus et des canaux permettant de faire remonter les résultats.

Là encore, vaste est le chemin parcouru au cours des dernières années débutant par des expérimentations limitées de démocratie participative au déploiement à grande échelle tant de la consultation citoyenne européenne que des dialogues citoyens. La seule communication pertinente aujourd’hui consiste à donner des capacités aux publics de pouvoir s’exprimer d’une part, ce que l’UE a bien compris ; mais également d’autre part, à s’assurer que les conclusions de cet engagement des publics soient bien prises en compte, ce qui reste encore à davantage démontrer.

La communication européenne doit partir de nos valeurs communes, puis se concentrer sur les résultats concrets des politiques de l’UE pour les personnes sur leur lieu de résidence

Conséquence logique, les institutions de l’UE doivent veiller à travailler plus étroitement ensemble à l’avenir dans le cadre de campagnes de communication basées sur des valeurs européennes communes, pleinement alignées sur les priorités stratégiques du prochain cycle politique, racontant ainsi la différence que l’Union européenne fait dans la vie quotidienne des citoyens en vue de s’adresser à tous les publics, dans leur propre langue, de manière attrayante, engageante et évocatrice.

Sur ce 3e point, la DG COMM tente de prendre la main pour imposer l’agenda politique de la Commission européenne à l’ensemble de la communication des institutions de l’UE, ce qui ne sera pas sans difficulté compte-tenu des différences propres à chaque institution européenne. Une approche plus collective, permettant d’inclure les sensibilités et les priorités de chacun, semble la voie de compromis nécessaire pour passer de la situation actuelle d’un partage de priorités inter-institutionnelles de communication à un véritable partage d’actions inter-institutionnelles communes.

La communication européenne étant basée sur des faits doit lutter contre la désinformation

Au-delà du contexte électoral, l’enjeu des fake news conduit, selon la DG COMM à renforcer les services de vérification des faits indépendants aux niveaux national et européen, à promouvoir l’initiation aux médias et le développement des compétences en intelligence artificielle, à intensifier le travail avec les réseaux sociaux et les plateformes en ligne au niveau de l’UE pour promouvoir les bonnes pratiques, tout en défendant la liberté des médias et le pluralisme et à redoubler d’efforts pour mettre en commun les ressources européennes et nationales afin de protéger le droit des citoyens à une information factuelle, objective et fiable sur l’Union européenne.

Il ne faut que souhaiter que la prise de conscience et l’impératif d’agir, porté par la Commission européenne, soit partagé par le Conseil européen tant les enjeux sont importants pour l’information et la communication européennes, dès maintenant et dans les prochaines années. Il s’agit clairement de l’un des défis les plus importants relevant de la « techno-structure », du contexte médiologique dans lequel s’inscrit la communication de l’UE.

Promouvoir l’enseignement et l’apprentissage de l’Union européenne à tous les niveaux afin de renforcer la connaissance des apprenants sur l’UE, ses valeurs, son fonctionnement et son domaine d’activité

Dernier point posé, l’UE devrait établir des partenariats avec des établissements d’enseignement aux niveaux national et régional afin de garantir que l’éducation civique européenne devienne une part de l’apprentissage.

Quoique cette last but not least recommandation puisse être prise pour une sorte de wishfull thinking puisque l’UE n’a aucune compétence en matière d’éducation, seule de la responsabilité des Etats-membres ; il n’en demeure pas moins absolument vrai que c’est la priorité, le chantier indispensable qui est l’unique possibilité de former toute une génération à la réalité de la construction européenne, qu’à l’âge adulte chacun aura le loisir de soutenir ou de rejeter en connaissance de cause, sans méconnaissance ou influence.

Le prochain agenda stratégique de l’UE est l’occasion de faire front commun pour faire face aux épreuves de notre époque. Le monde n’attendra pas l’Europe. La communication non plus.

Élections européennes 2019 : quel est l’état d’esprit des Européens ?

Plusieurs enquêtes Eurobaromètre et rapports sur les Consultations citoyennes européennes fournissent des indicateurs sur l’état d’esprit des Européens à la veille des prochaines élections européennes dans quelques mois. Que faut-il retenir ?

Des électeurs conscients, mais seront-ils entendus ?

Selon l’Eurobaromètre 477 « Démocratie et élections », les Européens semblent prendre conscience des enjeux relatifs au prochain scrutin européen, même s’il n’est pas sûr qu’ils soient entendu quant à leurs attentes pour le bon déroulement de la campagne électorale.

Afin de renforcer l’incitation à voter lors des prochaines élections européennes, les Européens estiment qu’être mieux informer sur l’UE et son impact sur la vie quotidienne des citoyens est le facteur le plus susceptible (43%) d’accroître l’inclination des Européens à voter lors des prochaines élections, devant le fait qu’un plus grand nombre de jeunes se porte candidat (31%) ou la présence de candidates (20%).

Pour l’utilisation d’Internet pendant la période préélectorale, une grande majorité s’estime préoccupée par la désinformation ou la désinformation en ligne et convient que les règles que les médias traditionnels doivent respecter pendant la période préélectorale devraient également s’appliquer aux réseaux sociaux en ligne, aux plates-formes Internet et aux acteurs les utilisant.

Des citoyens favorables à l’UE, mais laquelle ?

Dans l’Eurobaromètre 479 « Futur de l’Europe », les Européens dessinent les contours de l’avenir, plutôt souhaité d’une construction européenne approfondie, quoique les orientations ne soient pas toujours alignées.

Un optimisme quasi consensuel se dégage pour l’avenir de l’UE, dans tous les États-membres à un niveau de près de deux tiers des Européens, hormis la France, toujours plus pessimiste et la Grèce.

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Les principaux atouts de l’Union européenne permettent de distinguer trois clubs de pays, selon les États-membres :

Le respect de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit importe d’abord dans la moitié des États-membres (la plupart de l’Europe du Nord et des pays fondateurs) ;

  • Le pouvoir économique, commercial et industriel est plus sensible dans l’Europe du Sud et quelques États d’Europe centrale ;
  • Les standards de vie des citoyens touche quasiment toute l’Europe de l’Est et l’Irlande ;
  • Les bonnes relations entre États-membres sont mises en avant en Grèce.

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Le futur idéal de l’Union européenne est projeté différemment selon les citoyens des Etats-membres, qui révèle quatre visions des priorités à long terme de l’UE :

  • des salaires égaux pour le même travail pour une majorité de pays en Europe du Sud et de l’Est ;
  • Davantage de sécurité pour l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie ;
  • Un système de santé garanti en Finlande, Irlande et Luxembourg ;
  • L’accès égal et juste à l’éducation aux Pays-Bas et au Royaume-Uni ;
  • L’égalité des sexes en premier pour la France ;
  • Le développement des énergies renouvelables en Suède et au Danemark.

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Des attentes et des préoccupations, mais seront-elles satisfaites ?

Selon le rapport qui synthétise les contributions des Etats-membres à l’issue des consultations citoyennes européennes, l’UE est perçue de manière positive, en dépit de ses difficultés, notamment la valeur de l’appartenance à l’UE et les bénéfices associés. Toutefois, l’absence d’une vision et d’une direction claires est un élément qui freine l’UE, ce qui suscite des souhaits de réforme.

1 – Une Union sûre et sécurisée

La questions des migrations apparaît comme l’une des principales préoccupations des citoyens de l’UE, systématiquement en tête des priorités dans presque tous les États membres.

Ce phénomène nécessite une action urgente de l’UE tant la meilleure protection des frontières extérieures de l’UE que l’impératif humanitaire et une politique commune solidaire et responsable de l’UE en matière d’asile et de répartition. Réduire l’immigration illégale passe par ses causes profondes en améliorant sécurité, conditions de vie et prospérité dans les pays d’origine, par l’aide au développement, le commerce et les investissements, tout en veillant particulièrement à soutenir la croissance économique sur le continent africain.

2 – Une Union de la convergence et de la compétitivité

Pour assurer une croissance économique durable dans toute l’Europe, le marché unique doit être achevé, notamment dans le domaine des services et du numérique, et l’Union économique et monétaire doit être approfondie pour empêcher et gérer les crises.

Plus largement, la crainte que l’UE ne soit en retard ou trop peu active dans le domaine de la recherche, du développement technologique, de l’innovation et de la transition numérique est présent chez nombre de citoyens.

Les appels à favoriser la compétitivité sont contrebalancés par des demandes en faveur de la convergence économique et sociale ainsi que par l’appui à la cohésion territoriale.

3 – Une Union qui protège l’environnement et favorise la durabilité

Sentiment urgent de s’engager plus fortement en faveur de la protection de l’environnement et du climat, en particulier réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les émissions toxiques et polluantes, améliorer le recyclage et le bien-être animal.

La lutte contre le changement climatique touche non seulement la production et la distribution énergétiques, mais aussi l’agriculture et l’agroalimentaire.

4 – Une Union du bien-être et des possibles

La protection sociale constitue un sujet de préoccupation majeur des citoyens, les citoyens souhaite un rôle plus important de l’UE dans la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale, le chômage, les discriminations, les menaces pesant sur les droits des travailleurs, l’accès limité aux services ainsi que les problèmes résultant des changements sociétaux et technologiques, y compris combler le fossé numérique.

La question de l’avenir du travail, notamment les questions d’accès, de mobilité et d’égalité hommes-femmes figure en bonne place.

Pour l’éducation, les demandes portent sur l’acquisition de nouvelles compétences répondant aux besoins du marché du travail, au renforcement de la mobilité à des fins éducatives, à la reconnaissance mutuelle des diplômes et des qualifications techniques et professionnelles, à l’accroissement des investissements dans la science et la recherche, ainsi qu’à l’apprentissage tout au long de la vie.

5 – Une Union forte sur la scène mondiale

Sujet de moindre importance, l’UE est généralement perçue comme une force au service du bien dans le monde, les citoyens insistant sur la puissance normative de l’Union, une action guidée par des valeurs perçue à la fois comme une responsabilité au niveau mondial et comme un impératif moral.

Pour protéger ses citoyens, l’UE est souvent perçue comme trop faible, manquant d’efficacité et de crédibilité en vue d’assurer sa propre sécurité et sa propre défense.

Les relations commerciales de l’UE sont généralement considérées positives, mais des préoccupations sont également exprimées sur les normes sociales et environnementales dans les accords de libre-échange avec les pays tiers.

6 – Une Union des valeurs et de la diversité

L’apparente absence de partenariat véritable entre petits et grands pays est problématique., se traduisant par l’impression d’un manque d’équité et d’une politique à deux vitesses.

Face aux divisions, l’UE continue d’être considérée comme une force au service du bien et comme une communauté liée par des valeurs partagées : droits de l’homme, État de droit, paix et démocratie comptent parmi les valeurs les plus souvent citées, de même que la paix.

La diversité des États membres est également vue comme un atout précieux pour l’Union, une identité européenne devrait coexister avec les identités nationales, plutôt que les remplacer.

Au total, le message des Européens à quelques mois des élections européennes est d’une part que l’UE concentre son action sur les domaines où elle peut faire réussir le projet européen et d’autre part que la transparence soit renforcée autour des compétences respectives des États membres et de l’UE afin de lever toute méfiance envers l’UE.

Pour une réappropriation des citoyens de leur Union : les recommandations des consultations citoyennes européennes en France pour la communication européenne

Enjeu essentiel selon les citoyens consultés partout en France, la communication doit résorber le « problème fondamental de désappropriation des citoyens de leur Union » – selon le rapport des Consultations citoyennes européennes en France – afin à la fois de mettre en valeur les avancées permises par l’UE et son fonctionnement institutionnel ; éduquer les différents publics, leur faire prendre conscience de l’intérêt qu’il y a à être Européen ; et penser des médias intégrés. Vaste programme !

Diagnostic : la communication de l’Union européenne est un enjeu majeur

Le constat d’un déficit communicationnel de l’UE est largement partagé : les citoyens tiennent l’UE pour responsable de sa mauvaise perception, liée à l’absence de pédagogie, à la mauvaise communication et à la faible médiatisation. Les citoyens ne perçoivent pas l’Europe dans leur quotidien.

La survie de l’UE passera par une meilleure compréhension de l’Europe et de son fonctionnement. Les citoyens expriment une forte demande d’information et de communication, plus développées et de meilleure qualité pour répondre à leurs préoccupations et interrogations.

Comment mettre en valeur les actions concrètes de l’Union européenne?

C’est en comprenant ce que l’UE leur apporte que les citoyens s’intéresseront à elle.

Or, par manque d’information, les citoyens ne peuvent pas apprécier les mesures concrètes prises par l’UE. Donc, son action doit être rendue plus visible dans le quotidien des citoyens afin de « faire entrer l’UE dans les foyers ».

D’une part, les citoyens souhaitent mieux comprendre ce que l’UE finance concrètement et surtout au niveau local ; voir en faisant apparaître sur l’avis d’imposition la part consacrée à l’Europe.

D’autre part, les citoyens veulent connaître les avancées importantes permises par l’UE pour en percevoir les bénéfices dans leur vie quotidienne, avec des chiffres clairs et simples des résultats obtenus par les grandes politiques de l’UE, voir même cartographier les enjeux et les réponses apportées par l’Europe.

Comment améliorer la communication sur le fonctionnement des institutions européennes ?

Seule une communication claire et compréhensible sur le rôle et le fonctionnement des institutions de l’UE permettra aux citoyens de mieux appréhender l’UE, afin de réduire le désintérêt et le scepticisme et de favoriser de l’intérêt sinon de l’adhésion.

La plupart des actions suggérées par les citoyens (sessions de formation, simulations des séances du Parlement européen ou du Conseil européen…), déjà existantes, devraient être élargies, à l’instar de l’idée de désigner des référents Europe dans chaque Conseil municipal ou régional.

Avec les prochaines élections européennes dans toutes les têtes, le souhait des citoyens d’une communication des euro-députés au plus proche de leur territoire est très largement partagé – à rebours du nouveau mode de scrutin de liste dans une circonscription nationale.

Comment assurer une communication efficace et atteignant toute la population européenne ?

Entre une UE désincarnée et une méconnaissance des personnalités politiques européennes, les citoyens ne se sentent pas concernés, ni par les institutions, ni par les élections européennes.

Seule une incarnation plus forte favorisera l’appropriation de l’UE par les citoyens, quelles que soient les pistes esquissées :

  • Instaurer une représentation de l’UE en région, qu’il s’agisse d’une institution ou de fonction ;
  • Créer des postes d’« ambassadeurs de l’Europe » auprès des citoyens ;
  • Engager des personnalités dans la promotion du projet européen pour donner un visage fédérateur à l’Europe.

S’appuyer sur les partis politiques européens, avec leurs programmes de gouvernement proposés lors des élections européennes et les associations au contact des citoyens pour parler d’Europe, dans la rue, au quotidien afin d’intéresser les citoyens.

Simplifier le discours européen – perçu comme trop complexe et empêchant de s’impliquer véritablement dans les débats européens – afin de rendre l’Europe plus attirante, plus positive, plus humaine : éviter le langage des règles, au profit du langage des gens, plus simple, plus direct et traduit dans toutes les langues européennes au-delà de l’anglais.

Assurer à l’échelle locale de l’Europe concrète – au-delà de l’Europe institutionnelle – facilitera une pédagogie par l’exemple, partant des expériences européennes vécues des citoyens, via notamment des guichets uniques d’information sur l’Europe dans les mairies, des Maisons de l’Europe dans les préfectures et des rubriques Europe dans les journaux régionaux et municipaux.

Développer la communication à destination des jeunes pour leur parler d’Europe est également plébiscité via par exemples des jeux vidéo européens, des youtubeurs et davantage de réseaux sociaux.

Quelle part les médias doivent-ils prendre dans la communication sur l’Europe ?

Le rôle des médias est globalement perçu comme primordial dans l’image de l’Europe ; les citoyens ont le sentiment de ne pas « pouvoir compter » sur les médias pour s’informer sur l’UE – traitée de façon marginale, avec un biais négatif et un profond désintérêt. Une forte attente vis-à-vis des médias se dessine pour une information plus complète, plus précise, plus lisible, plus active et plus qualitative.

Pour améliorer la qualité de l’information sur l’UE, les actions à entreprendre sont multiples :

  • Susciter l’intérêt des médias en créant du buzz et en organisant des sessions de formation spécialisées pour les journalistes et les étudiants en journalisme ;
  • Adopter une réglementation européenne imposant un cadrage moins national et plus européen des campagnes électorales pour les élections européennes ;
  • Lutter contre les fausses informations concernant les politiques européennes ;
  • Assurer la diffusion des débats européens dans la presse et sur les chaînes de radio et de télévisions ;
  • Imposer aux journaux télévisés un temps d’information sur l’UE ;
  • Éviter d’utiliser systématiquement la métonymie « Bruxelles » pour identifier qui fait quoi et qui est responsable de quoi ;
  • Promouvoir davantage l’Union européenne dans les médias ;
  • Créer une instance européenne dans chaque État membre pour communiquer sur les avancées de l’UE.

Pour faire émerger des médias européens :

Créer un réseau de chaînes de télévision publiques européennes ; une chaîne de TNT spécialisée en vue de diffuser des émissions, des débats et des analyses sur les questions européennes ; une chaîne de télévision parlementaire européenne ; des moyens financiers plus importants pour développer Euronews ;

  • Financer une école de journalisme commune aux États membres ;
  • Faire évoluer les pratiques éditoriales dans les écoles de journalisme : plurilinguisme, débats sur l’UE, stages à l’étranger ;
  • Favoriser les déplacements des journalistes souhaitant couvrir des évènements européens ;
  • Créer une agence de presse européenne, à la manière de l’Agence France Presse ;
  • Créer une vraie chaîne de télévision et de radio européenne ainsi qu’une revue européenne traduite dans toutes les langues ;
  • Créer un statut du journaliste européen avec un Conseil de l’Ordre.

Au total, la communication de l’UE apparaît selon les consultations citoyennes européennes comme le véritable pharmakon – à la fois poison et remède – de l’UE.