Archives par étiquette : consultations citoyennes

Panel de citoyens européens sur les mondes virtuels

Formule clé dans le prolongement du débat citoyen, les panels de citoyens organisés par la Commission européenne se poursuivre, le plus récent qui vise à développer des mondes virtuels européens justes et désirables, vient de livrer ses recommandations, tout un programme…

Les mondes virtuels dans le travail et les marchés du travail

Recommandation 1 : les marchés du travail dans les mondes virtuels européens

Destinée à ceux qui souhaitent accéder au marché du travail virtuel européen, les citoyens recommandent d’évaluer, d’adapter et d’harmoniser la législation pour le monde virtuel européen afin de réguler l’accès au marché de l’UE en fonction du respect des droits et protections du travail de l’UE afin de protéger les travailleurs européens et de préserver le marché unique du travail européen.

Recommandation 2 : création d’une formation harmonisée pour le travail dans les mondes virtuels

Pour l’égalité et l’inclusion pour tous les Européens, les citoyens recommandent la mise à disposition d’une formation et d’une mise à niveau des compétences sur les mondes virtuels, financée par l’Europe et harmonisée dans toute l’Union européenne faisant l’objet d’une certification et d’une reconnaissance mutuelle des qualifications afin que ceux dont les emplois sont rendus obsolètes par les mondes virtuels reçoivent un soutien et une requalification suffisants pour s’adapter à la nouvelle réalité.

Soutenir l’innovation et le développement des mondes virtuels

Recommandation 3 : examen régulier des lignes directrices européennes pertinentes existantes sur les mondes virtuels

Nous recommandons un examen et une mise à jour périodiques des lignes directrices existantes de l’UE concernant les normes éthiques et technologiques, ainsi que leur adaptation et leur application aux mondes virtuels, en tenant compte de la contribution des experts et de l’approbation du Parlement européen.

Recommandation 4 : soutien financier au développement des mondes virtuels

Nous recommandons la mise en place d’un cofinancement européen pour le développement d’une construction centrée sur l’expansion des mondes virtuels afin de définir les critères de prise en charge et de la mise à disposition du financement.

Public & privé : classement & enregistrement des mondes virtuels

Recommandation 5 : forums participatifs pour des développements et normes communs

Nous recommandons aux entreprises, aux chercheurs et à l’UE de travailler en étroite collaboration pour développer et réglementer les mondes virtuels conformément aux valeurs de l’UE, en impliquant un financement de l’UE pour les start-ups afin de développer des mondes virtuels conformément aux valeurs de l’UE, telles que la sûreté et la sécurité (des données), la santé, l’humanisme, la transparence, l’égalité d’accès et la liberté.

Recommandation 6 : certification entreprise et utilisateur pour les mondes virtuels

Nous recommandons de délivrer des certificats pour les mondes virtuels, basés sur des normes communes et différents selon le niveau d’utilisation des mondes virtuels et visés par un organisme indépendant garantissant le respect des valeurs de l’UE dans les mondes virtuels utilisés par les citoyens.

Données dans les mondes virtuels : utilisation et protection

Recommandation 7 : mécanisme convivial dans le métaverse pour accepter l’utilisation des données sélectionnées

Nous recommandons un mécanisme obligatoire, standardisé et convivial assurant la transparence des données (qui collecte les données, à quoi servent-elles, comment sont-elles stockées et avec qui sont-elles partagées), à travers lequel l’autorisation d’utilisation est donnée explicitement.

Agence centrale et police pour les mondes virtuels

Recommandation 8 : une police pour agir et protéger dans les mondes virtuels

Nous recommandons d’avoir une institution policière internationale, avec des agents spécialisés et formés, comme Europol afin de lutter contre les délits « classiques » comme ceux du monde réel, les comportements indésirables qui se sont multipliés dans les mondes virtuels (haine, harcèlement…) et la protection contre soi-même ; la prévention par l’éducation demeure la priorité.

Recommandation 9 : l’Intelligence Artificielle au service de la police dans les mondes virtuels

Nous recommandons d’utiliser l’intelligence artificielle dans le métaverse pour aider la police à prévenir, combattre les crimes et contrôler ce qui se passe dans les mondes virtuels ; la définition et l’application des principes éthiques de l’IA devraient être établies par un organisme public européen indépendant, tel qu’une cour constitutionnelle. Les principes éthiques définissant cette IA devraient être similaires à une constitution en démocratie. Cette constitution suivra des principes éthiques définis démocratiquement, et l’IA sera financée, détenue et gérée par l’État.

Apprentissage et éducation sur les mondes virtuels

Recommandation 10 : formation des enseignants aux mondes virtuels et outils numériques

Nous recommandons aux enseignants de l’UE de recevoir une formation sur l’utilisation pratique des outils numériques, les risques, la sécurité et l’éthique dans les mondes virtuels, et sur les nouvelles opportunités d’enseignement via les mondes virtuels, incluant les sujets comme éthique, sécurité en ligne, maîtrise des outils numériques et opportunités d’enseignement des mondes virtuels afin de réduire le fossé numérique.

Recommandation 11 : accès gratuit aux informations sur les outils numériques et les mondes virtuels

Nous recommandons que l’UE garantisse un accès gratuit et facile aux informations pertinentes sur les outils numériques et les mondes virtuels pour tous les citoyens, via notamment une plateforme dédiée aux mondes virtuels afin de souligner les avantages de ces nouvelles technologies.

Durabilité environnementale et climatique

Recommandation 12 : pour un monde virtuel circulaire : droits et responsabilité des citoyens et des industries

Nous recommandons de développer des actions de sensibilisation sur l’empreinte environnementale, et de veiller à ce que les équipements des mondes virtuels s’inscrivent dans l’économie circulaire : recyclables et réparables mais aussi englobant tout le cycle de vie du métaverse.

Recommandation 13 : un monde virtuel vert avec une énergie renouvelable et transparente

Nous recommandons de mettre en place un système de pénalités et de récompenses à imposer aux entreprises travaillant dans les mondes virtuels, afin d’internaliser le coût environnemental de leurs équipements. Les consommateurs doivent pouvoir aussi connaître l’empreinte environnementale de leur utilisation du monde virtuel et faire des choix éclairés avec un système de notation et de traçabilité.

Impact sur la santé et programme de recherche pour les mondes virtuels

Recommandation 14 : mondes virtuels, construisons ensemble un avenir sain de manière responsable

Nous recommandons de mettre en place un programme de recherche intensif sur l’impact des mondes virtuels sur notre santé dans différents domaines de la connaissance comme psychologie, neurologie, sciences cognitives, sociologie, etc.

Recommandation 15 : indicateurs pour des mondes virtuels sains, inclusifs, transparents et durables

Nous recommandons de mettre en place des indicateurs permettant de mesurer les impacts sociaux, environnementaux, mentaux et physiques de l’utilisation des mondes virtuels.

Partage d’informations et sensibilisation pour les mondes virtuels

Recommandation 16 : loi sur les mondes virtuels sur l’éducation et la sensibilisation

Nous recommandons sur la façon d’être un citoyen numérique – de bonnes règles sur la façon de se comporter dans les mondes virtuels ; les citoyens ont la responsabilité d’être actifs dans le débat et l’élaboration des lignes directrices et des politiques.

Recommandation 17 : mes données ne sont pas vos données – « les bonnes données entre les bonnes mains »

Nous recommandons des « termes et conditions » aux entreprises sur la manière dont elles garantissent la sécurité des données personnelles et la transparence pour les citoyens, de manière courte, claire et compréhensible (accessible à tous).

Identité numérique dans les mondes virtuels

Recommandation 18 : développement des infrastructures numériques

Nous recommandons d’assurer l’égalité d’accès aux technologies numériques, à travers la mise en œuvre d’un vaste plan de développement des infrastructures accessibles, abordables et finançables pour tous : pour créer un monde virtuel européen, le point de départ est d’assurer une connexion égale pour chaque citoyen européen.

Recommandation 19 : l’UE doit élaborer des réglementations sur l’identité numérique et sur le moment où autoriser et garantir le droit des citoyens à l’anonymat

Nous recommandons de créer une réglementation au niveau de l’UE sur le moment où vous devez montrer votre identité et quand vous pouvez être anonyme dans le monde numérique. L’anonymat est une question, qui doit être traduite dans une variété de situations grâce à une certaine flexibilité et adaptabilité, afin de préserver la liberté, la convivialité et la transparence.

Connectivité et accès pour les mondes virtuels

Recommandation 20 : accessibilité pour tous – personne n’est laissé pour compte

Nous recommandons que tous les citoyens de l’UE soient en mesure, techniquement et procéduralement, d’accéder et d’utiliser les possibilités du métaverse, conformément à leurs besoins, souhaits et intérêts ; façonné par une collaboration éclairée entre les autorités publiques, les entités privées et la société civile ; l’UE devant assumer la responsabilité de garantir l’égalité des chances pour tous les citoyens de l’UE dans le métaverse.

Recommandation 21 : cadres juridiques pour la transparence et la protection de chacun dans le métaverse – prioriser les groupes vulnérables

Nous recommandons des cadres juridiques clairs éclairés par des recherches en cours sur l’utilisation sûre et positive du métaverse, afin de garantir la protection des groupes vulnérables (enfants, personnes âgées, personnes privées de leurs droits) afin que les droits de toutes les personnes soient protégés.

Coopération internationale et normes

Recommandation 22 : labels/certificats de l’UE sur les applications des mondes virtuels

Nous recommandons d’introduire des labels/certifications facilement compréhensibles et accessibles pour les applications du monde virtuel, afin de garantir leur sécurité et leur fiabilité, facilement compréhensible (par exemple, smileys, lettres : A-B-C-D).

Recommandation 23 : l’UE en tant qu’acteur majeur/pionnier dans les mondes virtuels

Nous recommandons aux États membres de l’UE de s’unir pour devenir un acteur/pionnier commun fort dans le contrôle, la surveillance et la régulation des mondes virtuels, afin de maintenir nos valeurs démocratiques et de les diffuser en fixant le cadre des mondes virtuels sur la base de nos valeurs démocratiques ; il s’agit tant de créer des incitations pour soutenir et stimuler la durabilité et la croissance que de supprimer les obstacles à la participation aux mondes virtuels ou encore de créer des infrastructures suffisantes et fiables.

Prochaine étape : la Commission européenne devrait traduire ses recommandations dans de futures propositions de textes européens.

Conférence sur l’avenir de l’Europe : quels enseignements en tirer ?

Ne boudons pas notre plaisir à revenir sur les principaux enseignements de la Conférence sur l’avenir de l’Europe tirés par le think tank « Pour La Solidarité » au sujet de ce qu’il convient d’appeler dorénavant, la démocratie européenne « hors les murs »…

Un véritable tour de force : la première expérience de démocratie participative paneuropéenne de l’Histoire

Pour rappel, la Conférence sur l’avenir de l’Europe a consisté en une série de débats menés dans toute l’Union européenne, ouverts à quiconque pas moins de 17.000 contributions, traduites en 24 langues et soumises à discussion via une plateforme rassemblant 50.000 internautes actifs ou dans le cadre de 6000 événements spécifiquement organisés au cours desquels on a dénombré plus de 700.000 participants et débouchant sur 49 propositions, déclinées en 320 mesures.

Aussi légitimes et fondées que puissent être ces critiques, attention cependant à ne pas perdre de vue l’essentiel : la Conférence a constitué la première expérience de démocratie participative paneuropéenne de l’Histoire – imparfaite, c’est vrai, mais elle n’avait pas cette prétention – et pourrait marquer le début d’un renouveau démocratique, ayant démontré qu’une association plus étroite des citoyens à la fabrique des politiques publiques leur conférerait un supplément d’âme et de légitimité.

Raison et progrès : embrasser la complexité du monde

L’ensemble des propositions a d’abord le mérite de dessiner les contours de l’intérêt général, résolument consensuel, en regardant la situation telle qu’elle est sans désigner de bouc émissaire. Les citoyens européens paraissent au contraire désireux d’embrasser la complexité, en vue de mieux le dompter, en se rangeant résolument dans le camp de la raison et du progrès sans céder aux sirènes du défaitisme et du populisme pseudo-triomphant.

A noter, par ailleurs, que nombres des propositions formulées correspondent en réalité déjà aux politiques conduites par l’Union européenne ou actuellement négociées par les institutions – preuve, s’il en fallait, que ces dernières ne sont pas totalement « déconnectées de la réalité ». De sorte qu’on imagine volontiers qu’un effort de communication supplémentaire, ou mieux calibré, permettrait de réduire la distance qui sépare Bruxelles des citoyens.

En outre, la qualité et l’intérêt des différentes propositions révèlent la difficulté à formuler des recommandations concrètes, qui privilégient naturellement le consensus, les déclarations d’intention et la pensée en silo.

Transparait en effet dans la plupart des propositions un appel à mobilisation des instruments traditionnels de l’action publique, à savoir : éducation et sensibilisation ; investissement et financement ; mécanismes d’incitation monétaires ; contraintes légales pures et dures.

La vision de l’État interventionniste ou stratège induite par le format de la Conférence reproduit les logiques propres à la démocratie représentative, en particulier celle d’une action publique descendante.

A cet égard, le « partage de bonnes pratiques » parfois recommandé par les panélistes ne suffit pas, car le problème sous-jacent est d’abord culturel et cognitif : il faut apprendre à penser le politique hors les murs des institutions pour le ramener au cœur de nos vies.

A noter, également, que les panélistes parviennent sans difficulté à dépasser le cadre de l’État-nation, ayant admis que l’échelle pertinente pour gouverner était à de nombreux égards celle du continent sur les questions diplomatiques, de défense et de sécurité, et sur l’ensemble de celles touchant au fonctionnement du marché intérieur.

Indéniablement, la Conférence constitue donc un jalon important dans la prise de conscience par les citoyens européens qu’ils partagent un même positionnement dans l’espace international, nombre de traits culturels et des intérêts convergents, tels qu’ils ne forment pas ensemble un vulgaire agrégat de peuples éparses mais une véritable communauté de destin pour produire davantage de commun à l’échelle de l’Union.

Une révision de l’architecture institutionnelle

Les propositions relatives au fonctionnement de l’Union visent à faire participer les citoyens aux travaux de façon plus régulière, « hors des périodes électorales » via de « nouveaux mécanismes » : plateforme de dialogue en ligne, « assemblée citoyenne » permanente et organisation de « référendums européens »

Quant à l’équilibre du triangle institutionnel, les citoyens se positionnent pour instaurer des listes transnationales, conférer au système du candidat chef de file, les Spitzenkandidaten un caractère contraignant et d’un part reconnaître au Parlement européen un véritable droit d’initiative et d’autre part davantage d’efficacité et de transparence au Conseil avec davantage de majorité qualifiée sur l’ensemble des décisions, à l’exception de celles relatives à l’élargissement de l’Union et visant à modifier ses principes fondamentaux.

L’arbre de l’institution semble néanmoins dissimuler une forêt de divergences. D’un côté, un groupe d’États réformateurs (France, Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas, Espagne et Luxembourg) « ouverts en principe » à une réforme des traités ; devant cependant composer avec un autre groupe d’États membres plus réticents (Bulgarie, Croatie, Tchéquie, Danemark, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovénie, Suède et Malte).

Au total, les propositions de la Conférence sur l’avenir de l’Europe sont dorénavant un document de référence auquel les institutions devront se rapporter et dont elles pourront même se prévaloir chaque fois que la définition de l’intérêt général européen sera sujette à débat, à la façon d’une boussole démocratique.

Vers un mécanisme permanent de participation citoyenne dans l’UE

Comment les citoyens interagissent-ils avec l’UE ? Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris mène la première analyse empirique de l’utilisation des outils participatifs existants de l’UE par rapport aux attentes croissantes d’une plus grande participation des citoyens à la prise de décision de l’UE à la suite de la Conférence sur l’avenir de l’Europe…

Panorama des mécanismes participatifs au sein de l’UE

Chaque mécanisme participatif existant est analysé, depuis le droit de pétition, la demande d’accès aux documents et la plainte auprès de la Commission européenne et du Médiateur européen, les consultations publiques et jusqu’à l’initiative citoyenne européenne.

Les critères d’analyse recouvrent sa raison d’être (à quoi ça sert ?), son accessibilité (qui peut l’utiliser ?), sa réactivité (qu’est-ce qu’il peut obtenir en théorie ?) et son efficacité (qu’est-ce qu’il peut être obtenu en pratique ?).

Après 70 ans d’intégration, les citoyens de l’UE sont largement marginalisés dans les développements de l’UE. Pourtant, ils ont le droit de « participer à la vie démocratique de l’Union » depuis 2009, et de le faire au-delà des élections.

Contrairement aux idées reçues, l’UE offre aujourd’hui un large éventail d’opportunités participatives à ses citoyens pour s’engager dans – et potentiellement influencer – le processus décisionnel de l’UE. Pourtant, ils restent peu connus et peu utilisés.

Droit d’accès aux documents de l’UE

Bien qu’il soit une condition préalable à la participation des citoyens à la vie démocratique de l’UE, le droit d’accès aux documents reste sous-développé. Les retards systématiques des institutions de l’UE à fournir une réponse et les complexités administratives du processus et de la jurisprudence affaiblissent le potentiel participatif du droit d’accès aux documents dans l’UE.

Consultations publiques

La Commission, européenne, contrairement à tout État membre de l’UE, est mandatée pour organiser une consultation pour chaque nouvelle initiative. Pourtant, elle reste libre de définir qui, comment et quand consulter ainsi que comment répondre.

Les consultations présentent généralement un déséquilibre géographique, avec un gradient de participation entre les États membres du nord et de l’ouest de l’Europe et ceux du sud et de l’est.

Plaintes auprès du Médiateur européen

L’accessibilité du droit de plainte de l’UE auprès du Médiateur européen, combinée au taux élevé de respect de ses décisions, rend ce mécanisme participatif particulièrement pertinent pour les particuliers.

Cependant, à l’instar de la commission PETI du Parlement européen, le Bureau du Médiateur européen dépend fortement de la réactivité des institutions compétentes pour satisfaire la demande du plaignant, par l’intermédiaire du Médiateur européen.

Plaintes auprès de la Commission européenne

Les plaintes auprès de la Commission européenne offrent une voie accessible à tout membre du public, des entreprises et de la société civile, qui peut contribuer de manière significative au contrôle de la Commission en signalant des lacunes dans l’application du droit de l’UE par les États membres.

La large marge d’appréciation dont jouit la Commission pour déterminer s’il y a lieu d’ouvrir une procédure d’infraction – à la suite d’une plainte – combinée à sa pratique administrative, rendent ce mécanisme peu attrayant pour la plupart des citoyens.

Initiative citoyenne européenne

Malgré l’engouement initial pour ce nouvel instrument participatif transnational, les réalités de son fonctionnement quotidien jettent des doutes sur sa capacité à concrétiser son potentiel participatif démocratique.

La visibilité limitée de l’instrument, le manque de convivialité dans l’enregistrement et la collecte des signatures, combinés à une faible efficacité, ont affaibli cet instrument, au point de décourager son utilisation parmi les citoyens et les organisations de la société civile.

Contribution des citoyens à la vie démocratique de l’Union limitée et potentiel démocratique inexploité

La capacité individuelle et collective de ces mécanismes à aider les citoyens à contribuer à la vie démocratique de l’Union reste réduite en raison d’une variété de facteurs structurels limitant la participation des citoyens de l’UE :

• Faible alphabétisation de l’UE (participative) ;

• Fragmentation du système participatif de l’UE et manque de conscience de soi parmi ses utilisateurs ;

• Accès inégal à la participation à l’UE ;

• Intégration limitée dans le processus décisionnel de l’UE.

En fin de compte, les instruments participatifs de l’UE qui ont été créés sont détachés de la formation de l’opinion politique et de la volonté des citoyens – qui se produisent uniquement au niveau national – et contribuent finalement très peu à la légitimité de la gouvernance de l’UE.

Ces limitations qui ont historiquement limité le potentiel démocratique de la participation des citoyens de l’UE pourraient être surmontées par l’introduction d’un processus participatif représentatif innovant, généralement incarné par des assemblées de citoyens.

La principale caractéristique de cette approche est l’implication directe des citoyens, choisis au hasard pour représenter les identités culturelles et la diversité de la société – au-delà des clivages partisans, des intérêts particuliers et des nationalités – dans le processus décisionnel. En tant que tel, le modèle délibératif représentatif semble particulièrement adapté au processus politique de l’UE, généralement peu peuplé, inégalement peuplé et peu délibératif.

Intégration d’une assemblée de citoyens choisis au hasard dans l’ordre juridique de l’UE

Alors que le débat se poursuit sur l’institutionnalisation des modèles délibératifs représentatifs, un modèle de processus délibératif représentatif de l’UE pourrait être mis en place sans modification du traité. L’idée serait de fonctionner en synchronisation – et non en concurrence – avec les processus participatifs européens existants.

Une Chambre des citoyens permanente, peuplée de citoyens sélectionnés au hasard ayant une expérience antérieure en matière de délibération, discuterait régulièrement de nouvelles initiatives générées soit de bas en haut, par des citoyens via les canaux participatifs existants de l’UE, soit de haut en bas, par les institutions de l’UE dans le cadre de leurs prérogatives, dans le but de proposer sur une base annuelle la convocation d’un ou plusieurs panels ad hoc de citoyens de l’UE pour donner des avis sur ces mêmes thèmes.

Le modèle proposé vise non seulement à fournir aux citoyens une voix permanente dans le processus décisionnel, mais également un système de contrôle systématique pour s’assurer qu’ils sont entendus. L’objectif est d’accroître la responsabilité et de redynamiser le pouvoir d’élaboration de l’agenda des citoyens ordinaires grâce à la création d’un écosystème délibératif et participatif intégré d’engagement démocratique et d’innovation à intégrer, sans modification du traité, dans l’architecture décisionnelle et institutionnelle existante de l’UE.

Au total, la possibilité d’intégrer des citoyens sélectionnés au hasard dans le processus décisionnel de l’UE pourrait offrir – comme en témoigne la conférence sur l’avenir de l’Europe – une opportunité de compenser les lacunes actuelles de la démocratie participative de l’UE, notamment son accessibilité, sa réactivité et son efficacité limitées.

Recommandations pour la communication de la conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Avec près de 5 millions de visiteurs uniques sur la plateforme numérique multilingue, plus de 50 000 participants actifs et 17 000 idées débattues, quelles sont en particulier les recommandations en termes de communication des citoyens européens ayant participé à la conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Une nouvelle stratégie de communication pour l’Union européenne

Parmi la centaine de recommandations tous azimuts, deux propositions portent spécifiquement sur la stratégie d’information et de communication de l’Union européenne.

Afin de susciter plus d’intérêt et d’implication parmi des citoyens européens davantage impliqués dans le processus décisionnel et de s’assurer que leur voix est entendue, la première recommandation consiste :

  • D’une part, l’UE devrait renforcer sa visibilité sur les médias sociaux et promouvoir activement son contenu ;
  • D’autre part, l’UE devrait continuer la conférence sur l’avenir de l’Europe sur une base annuelle en personne ;
  • Par ailleurs, l’UE devrait encourager davantage l’innovation en promouvant une plateforme européenne de médias sociaux accessible.

Afin de rendre l’Union européenne plus compréhensible et accessible et renforcer une identité européenne commune, la seconde recommandation vise à

  1. Rendre des informations fiables sur l’UE facilement accessibles de manière inclusive à tous les citoyens. Les institutions de l’UE devraient utiliser un langage plus accessible et éviter d’utiliser des termes bureaucratiques dans leur communication, tout en maintenant la qualité et l’expertise des informations fournies et en adaptant les informations aux différents canaux de communication et profils d’audience.
  2. Créer une application mobile où les informations concernant les politiques de l’UE présentées dans un langage clair. Un effort particulier doit être fait pour atteindre les jeunes par le biais des médias numériques, des mouvements de jeunesse et de divers « ambassadeurs » (organisations et individus) expliquant le projet de l’UE.

De nouvelles actions de communication européenne

Dès la 1ère recommandation au chapitre du changement climatique et de l’environnement, la communication est considérée comme nécessaire sous la forme d’un système de conseil et de formation pour et par les agriculteurs, ce qui semble un levier clé, pour promouvoir une production alimentaire sûre, durable, juste, climatiquement responsable et abordable, respectant les principes de durabilité, l’environnement, la sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes, tout en garantissant la sécurité alimentaire.

Au sujet de la transparence de l’UE et de ses relations avec les citoyens, la communication est perçue comme indispensable afin d’améliorer l’accessibilité pour les citoyens aux actions au niveau international, y compris les négociations commerciales sur lesquelles les critiques et les fantasmes aussi sont nombreux, par une meilleure information, éducation et participation citoyenne.

Parmi les nombreuses recommandations autour de la révolution numérique pour une société numérique sûre et digne de confiance, les citoyens identifient principalement deux justifications pour la communication :

  • D’une part, dans les luttes cybersécurité et désinformation, l’UE devrait assurer l’existence d’infrastructures résilientes et de canaux de communication alternatifs ;
  • D’autre part, pour la protection des données, l’UE devrait accroître la transparence et améliorer la communication pour un consentement éclairé qui utilisent un langage simple et clair compréhensible par tous.

Sur l’épineuse question d’accroître la participation des citoyens et l’implication des jeunes dans la démocratie au niveau de l’Union européenne afin de développer une « expérience civique complète » pour les Européens, garantir que leur voix soit entendue également entre les élections et que la participation soit effective, la recommandation porte sur des mécanismes participatifs inclusifs et leur communication pour pouvoir atteindre un public diversifié et une attention particulière doit être portée aux contenus, aux sujets et aux compétences des modérateurs.

Au sujet du rôle de l’UE en matière de migration légale, l’idée serait de lancer une campagne de communication à l’échelle européenne afin qu’EURES (services européens de l’emploi), le portail européen sur l’immigration et l’outil de profil de compétences de l’UE pour les ressortissants de pays tiers soient mieux connus des citoyens européens et plus fréquemment consultés et utilisés par les entreprises de l’UE lorsqu’elles recrutent.

Enfin, autour du sport, crucial pour nos sociétés afin de défendre nos valeurs, assurer un mode de vie et un vieillissement sains, promouvoir une culture des échanges et aussi célébrer la diversité du patrimoine européen, il s’agirait d’investir davantage dans les efforts de communication tels que la Semaine européenne du sport pour garantir que les citoyens de toute l’UE puissent bénéficier ensemble d’opportunités.

Ainsi, dans les recommandations de la conférence sur l’avenir de l’Europe, la communication occupe une place importante tant autour d’une nouvelle stratégique que de nouvelles actions.

Quelles politiques et stratégies de communication européenne en Italie ?

Dans « Educating citizens to the EU: How policies and communication strategies are implemented in Italy », Lucia D’Ambrosi analyse la stratégie de communication réussie afin d’impliquer les institutions européennes avec les institutions nationales et locales en vue de faire connaître aux citoyens les politiques de l’Union européenne, promettre l’inclusion à l’information, respecter la diversité culturelle et d’opinion dans les débats publics et promouvoir la participation des citoyens dans la vie démocratique.

Information trop sectorielle, peu orientée vers l’information sur les questions européennes et faible participation des citoyens aux processus décisionnels avec une indifférence conséquente envers la politique européenne

Dans le contexte italien, règne souvent un sentiment de désinformation et de confusion sur les institutions européennes, leurs activités et leur fonctionnement. Les informations en provenance d’Europe sont souvent perçues comme quelque chose de lointain, difficile à comprendre, peu utile pour les besoins d’information et de transparence exigés par les citoyens.

De plus, la quantité et la qualité croissantes des sources d’information rendent plus difficile l’accès et l’utilisation de ces informations par les citoyens et les désorientent au sein de ce même univers informatif.

Deux raisons principales semblent être responsables du manque d’information :

  • Le langage « eurocratique » parlé par les institutions européennes, souvent trop autoréférentiel et incompréhensible pour la plupart des citoyens ;
  • L’aspect sectoriel de l’actualité, concernant principalement des sujets de politique nationale et donc peu propice à l’analyse et à la réflexion critique.

En Italie, les médias nationaux et locaux accordent peu d’espace aux actions de l’UE et à l’impact positif que de telles opérations peuvent avoir sur le territoire. Les informations concernant une dimension identitaire européenne et ses racines sont totalement marginalisées, avec une désaffection conséquente que les citoyens ressentent envers les symboles et les politiques de l’UE.

Priorités de communication : être « européen » donne une valeur supplémentaire et sensibiliser les jeunes à leurs droits et devoirs découlant de la citoyenneté européenne

En Italie, le partenariat de gestion né dès 2008, vise à investir dans des projets de communication civique relatives à l’Union européenne qui mettent en évidence des actions de formation promues localement et favorisent un partenariat mieux intégré (institutions européennes et nationales, agences éducatives et citoyens).

Le rôle joué dans la communication européenne concerne soit l’information soit l’éducation à travers des programmes de formation, ainsi que l’éducation civique à l’école, le maillage entre l’université, l’école et les institutions, et le soutien au débat européen :

1. Un processus d’acculturation est promu par le recours aux systèmes éducatifs formels et informels, supports cruciaux pour la prise de conscience des droits et des devoirs de l’UE. Les principaux centres de formation et d’éducation, tels que les écoles et les universités, et les composantes sociales travaillent ensemble pour trouver didactiques et méthodes d’apprentissage efficaces pour éduquer les gens à la citoyenneté. L’acquisition de certaines capacités et techniques ainsi que d’attitudes et de valeurs liées à des contextes adéquats où exercer la citoyenneté européenne, renforcent une telle identification européenne et facilitent l’intégration culturelle.

L’expérience pionnière réussie du projet « HOPEurope — Building Citizenship, Democracy, Peace and Sustainability in a Multilevel United Europe », financé par l’Union européenne, comme contribution au développement de l’éducation civique européenne dans les lycées de Ligurie, au profit des élèves et des enseignants.

Le projet « Apiceuropa.eu » (Association pour les rencontres des cultures en Europe), qui signifie informer et sensibiliser sur la politique et les cultures européennes et stimuler les enquêtes et les confrontations sur les perspectives futures de l’Union européenne, en accordant une attention particulière à la jeunesse.

2. La responsabilisation des réseaux entre le système éducatif, les institutions et le journalisme afin d’expérimenter des langues adéquates pour chaque type de citoyen et pour trouver des stratégies de communication capables de rendre les informations plus attrayantes et émotionnellement engageantes. L’approfondissement des connaissances et l’analyse critique des questions européennes sont en effet des priorités à mener à travers une plus grande intégration entre les canaux d’information, qu’ils soient formels ou informels. Ainsi, le rôle joué par les centres et réseaux d’information de l’Union européenne apparaît utile et nécessaire pour rapprocher les citoyens des institutions et articuler les activités directes ou de contre avec les projets de transparence informante.

L’observatoire « Puglia-Europa » sur la communication de l’UE, destiné à surveiller l’information européenne sur la presse locale et à améliorer les connaissances des journalistes même dans un contexte régional. « Europe Direct Puglia » est son partenaire dans ce projet et ils travaillent activement ensemble pour promouvoir l’information. Un tel exemple est le fruit d’une synergie entre différents acteurs qui partagent leur expertise pour assurer la veille de l’information européenne et mettre en œuvre des actions de communication.

3. Le soutien et l’extension des débats européens est de favoriser la confrontation, de permettre aux citoyens d’exprimer leurs opinions sur les politiques communautaires et d’utiliser des lieux physiques pour expérimenter la participation. L’aspect opérationnel implique que la participation du public européen s’élargisse et devrait prendre en compte les différents multiples niveaux d’interaction nationaux et supranationaux avec les outils pour accéder au débat. Plus précisément, les nouvelles technologies et particulièrement les médias sociaux offrent des perspectives intéressantes pour stimuler l’intérêt et la curiosité des citoyens.

Parmi les expériences italiennes les plus significatives, le projet réalisé par « Casa per l’Europa (Home for Europe) » (Gemona — Friuli-Venezia Giulia), une organisation à but non lucratif, qui encourage des valeurs telles que le pluralisme, la paix et la coopération afin d’éveiller une conscience européenne civique également par une utilisation innovante des technologies existantes. Casa per l’Europa a sa place sur notre territoire et travaille comme médiateur entre les institutions européennes et les jeunes pour leur offrir des programmes et des opportunités.

En conclusion, il ne s’agit pas d’aller au-delà dans la promotion d’outils et de stratégies pour une citoyenneté active, mais plutôt d’œuvrer à rendre réelles les opportunités d’inclusion actuellement offertes par les politiques européennes. Un tel résultat peut être soutenu par la création de réseaux plus ou moins formels d’acteurs et d’experts qui peuvent rechercher des solutions pragmatiques, politiquement faisables, et qui peuvent aussi élaborer des points de vue partagés et des positions communes.