Élections européennes 2019 : quel est l’état d’esprit des Européens ?

Plusieurs enquêtes Eurobaromètre et rapports sur les Consultations citoyennes européennes fournissent des indicateurs sur l’état d’esprit des Européens à la veille des prochaines élections européennes dans quelques mois. Que faut-il retenir ?

Des électeurs conscients, mais seront-ils entendus ?

Selon l’Eurobaromètre 477 « Démocratie et élections », les Européens semblent prendre conscience des enjeux relatifs au prochain scrutin européen, même s’il n’est pas sûr qu’ils soient entendu quant à leurs attentes pour le bon déroulement de la campagne électorale.

Afin de renforcer l’incitation à voter lors des prochaines élections européennes, les Européens estiment qu’être mieux informer sur l’UE et son impact sur la vie quotidienne des citoyens est le facteur le plus susceptible (43%) d’accroître l’inclination des Européens à voter lors des prochaines élections, devant le fait qu’un plus grand nombre de jeunes se porte candidat (31%) ou la présence de candidates (20%).

Pour l’utilisation d’Internet pendant la période préélectorale, une grande majorité s’estime préoccupée par la désinformation ou la désinformation en ligne et convient que les règles que les médias traditionnels doivent respecter pendant la période préélectorale devraient également s’appliquer aux réseaux sociaux en ligne, aux plates-formes Internet et aux acteurs les utilisant.

Des citoyens favorables à l’UE, mais laquelle ?

Dans l’Eurobaromètre 479 « Futur de l’Europe », les Européens dessinent les contours de l’avenir, plutôt souhaité d’une construction européenne approfondie, quoique les orientations ne soient pas toujours alignées.

Un optimisme quasi consensuel se dégage pour l’avenir de l’UE, dans tous les États-membres à un niveau de près de deux tiers des Européens, hormis la France, toujours plus pessimiste et la Grèce.

futur_optimisme_UE

Les principaux atouts de l’Union européenne permettent de distinguer trois clubs de pays, selon les États-membres :

Le respect de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit importe d’abord dans la moitié des États-membres (la plupart de l’Europe du Nord et des pays fondateurs) ;

  • Le pouvoir économique, commercial et industriel est plus sensible dans l’Europe du Sud et quelques États d’Europe centrale ;
  • Les standards de vie des citoyens touche quasiment toute l’Europe de l’Est et l’Irlande ;
  • Les bonnes relations entre États-membres sont mises en avant en Grèce.

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Le futur idéal de l’Union européenne est projeté différemment selon les citoyens des Etats-membres, qui révèle quatre visions des priorités à long terme de l’UE :

  • des salaires égaux pour le même travail pour une majorité de pays en Europe du Sud et de l’Est ;
  • Davantage de sécurité pour l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie ;
  • Un système de santé garanti en Finlande, Irlande et Luxembourg ;
  • L’accès égal et juste à l’éducation aux Pays-Bas et au Royaume-Uni ;
  • L’égalité des sexes en premier pour la France ;
  • Le développement des énergies renouvelables en Suède et au Danemark.

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Des attentes et des préoccupations, mais seront-elles satisfaites ?

Selon le rapport qui synthétise les contributions des Etats-membres à l’issue des consultations citoyennes européennes, l’UE est perçue de manière positive, en dépit de ses difficultés, notamment la valeur de l’appartenance à l’UE et les bénéfices associés. Toutefois, l’absence d’une vision et d’une direction claires est un élément qui freine l’UE, ce qui suscite des souhaits de réforme.

1 – Une Union sûre et sécurisée

La questions des migrations apparaît comme l’une des principales préoccupations des citoyens de l’UE, systématiquement en tête des priorités dans presque tous les États membres.

Ce phénomène nécessite une action urgente de l’UE tant la meilleure protection des frontières extérieures de l’UE que l’impératif humanitaire et une politique commune solidaire et responsable de l’UE en matière d’asile et de répartition. Réduire l’immigration illégale passe par ses causes profondes en améliorant sécurité, conditions de vie et prospérité dans les pays d’origine, par l’aide au développement, le commerce et les investissements, tout en veillant particulièrement à soutenir la croissance économique sur le continent africain.

2 – Une Union de la convergence et de la compétitivité

Pour assurer une croissance économique durable dans toute l’Europe, le marché unique doit être achevé, notamment dans le domaine des services et du numérique, et l’Union économique et monétaire doit être approfondie pour empêcher et gérer les crises.

Plus largement, la crainte que l’UE ne soit en retard ou trop peu active dans le domaine de la recherche, du développement technologique, de l’innovation et de la transition numérique est présent chez nombre de citoyens.

Les appels à favoriser la compétitivité sont contrebalancés par des demandes en faveur de la convergence économique et sociale ainsi que par l’appui à la cohésion territoriale.

3 – Une Union qui protège l’environnement et favorise la durabilité

Sentiment urgent de s’engager plus fortement en faveur de la protection de l’environnement et du climat, en particulier réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les émissions toxiques et polluantes, améliorer le recyclage et le bien-être animal.

La lutte contre le changement climatique touche non seulement la production et la distribution énergétiques, mais aussi l’agriculture et l’agroalimentaire.

4 – Une Union du bien-être et des possibles

La protection sociale constitue un sujet de préoccupation majeur des citoyens, les citoyens souhaite un rôle plus important de l’UE dans la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale, le chômage, les discriminations, les menaces pesant sur les droits des travailleurs, l’accès limité aux services ainsi que les problèmes résultant des changements sociétaux et technologiques, y compris combler le fossé numérique.

La question de l’avenir du travail, notamment les questions d’accès, de mobilité et d’égalité hommes-femmes figure en bonne place.

Pour l’éducation, les demandes portent sur l’acquisition de nouvelles compétences répondant aux besoins du marché du travail, au renforcement de la mobilité à des fins éducatives, à la reconnaissance mutuelle des diplômes et des qualifications techniques et professionnelles, à l’accroissement des investissements dans la science et la recherche, ainsi qu’à l’apprentissage tout au long de la vie.

5 – Une Union forte sur la scène mondiale

Sujet de moindre importance, l’UE est généralement perçue comme une force au service du bien dans le monde, les citoyens insistant sur la puissance normative de l’Union, une action guidée par des valeurs perçue à la fois comme une responsabilité au niveau mondial et comme un impératif moral.

Pour protéger ses citoyens, l’UE est souvent perçue comme trop faible, manquant d’efficacité et de crédibilité en vue d’assurer sa propre sécurité et sa propre défense.

Les relations commerciales de l’UE sont généralement considérées positives, mais des préoccupations sont également exprimées sur les normes sociales et environnementales dans les accords de libre-échange avec les pays tiers.

6 – Une Union des valeurs et de la diversité

L’apparente absence de partenariat véritable entre petits et grands pays est problématique., se traduisant par l’impression d’un manque d’équité et d’une politique à deux vitesses.

Face aux divisions, l’UE continue d’être considérée comme une force au service du bien et comme une communauté liée par des valeurs partagées : droits de l’homme, État de droit, paix et démocratie comptent parmi les valeurs les plus souvent citées, de même que la paix.

La diversité des États membres est également vue comme un atout précieux pour l’Union, une identité européenne devrait coexister avec les identités nationales, plutôt que les remplacer.

Au total, le message des Européens à quelques mois des élections européennes est d’une part que l’UE concentre son action sur les domaines où elle peut faire réussir le projet européen et d’autre part que la transparence soit renforcée autour des compétences respectives des États membres et de l’UE afin de lever toute méfiance envers l’UE.

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