Transformation des médias : tendances globales autour de l’information et de l’impact de l’intelligence artificielle en 2024

Comme chaque année, le festival « Médias en Seine » fournit une occasion toujours pertinente pour décrypter les dernières évolutions dans le domaine de l’information et des nouvelles technologies, alors que les actualités à la chronique des médias est très intense en innovations…

Tendances globales pour les médias numériques d’information

Nic Newman, du Reuters Institute, a partagé lors de la conférence Médias en Seine « Les grandes tendances mondiales qui vont marquer les médias en 2024 » plusieurs tendances marquantes dans le paysage des médias numériques d’information :

  • 1. Fatigue et évitement de l’actualité
  • Une baisse d’attention, avec une portée hebdomadaire en déclin à l’échelle mondiale.
  • Un désintérêt croissant pour l’actualité, particulièrement prononcé en Europe.
  • Une tendance à l’évitement sélectif de l’actualité en raison de son caractère dépressif et anxiogène.

Pour répondre à la demande du public en quête d’espoir, les médias doivent privilégier des récits inspirants, un contexte enrichi, une plus grande valeur, et des contenus constructifs.

  • 2. La fin de la référence sociale
  • Une diminution de l’influence de Facebook sur le trafic des sites d’actualités, marquée par un retrait des partenariats médias.
  • Les plateformes sociales algorithmiques opèrent de manière indépendante des médias d’information.
  • Un changement encore plus significatif chez les jeunes, avec un désintérêt croissant pour Facebook.

Les éditeurs se tournent désormais vers TikTok, réduisant leurs efforts sur les médias sociaux traditionnels, et mettant davantage l’accent sur la maîtrise des vidéos verticales ainsi que sur l’adoption des stories sociales, rapides, divertissantes et authentiques.

  • 3. Confiance en berne dans l’actualité
  • Une image de confiance en déclin et de polarisation croissante due à des débats divisifs.
  • La critique des médias alimentée par une confiance réduite, avec une corrélation entre la méfiance envers les médias et la critique de ces derniers.
  • Des préoccupations liées à l’impact de l’IA et des deep fakes, brouillant davantage la frontière entre faits et fiction.

Face à ces défis, les médias doivent renforcer l’impartialité, la fiabilité dans un monde incertain, accentuer la qualité du contenu, et persévérer dans la vérification des faits sur les médias sociaux.

  • 4. Pression sur le business du journalisme
  • Une stagnation du paiement pour toute actualité en ligne.
  • La persistance du modèle « le gagnant rafle tout », surtout avec le succès des abonnements de niche.
  • L’émergence d’autres contenus payants, tels que des plateformes pour journalistes individuels (Substack et podcasts).

Pour faire face à ces pressions, l’idée de forfaits d’abonnement tout inclus pour un accès global à l’actualité se profile.

  • 5. Nouvelles technologies émergentes et innovations
  • De nouvelles façons d’interagir avec l’actualité, notamment l’utilisation de Perplexity, un chatbot basé sur l’IA, réduisant la valeur de la marque médiatique.
  • Des évolutions dans la manière d’interagir avec Internet, incluant des épingles AI, indépendantes des smartphones et des recherches classiques.

Les médias doivent embrasser la dynamique des actualités numériques en adoptant une approche d’expérimentation et d’apprentissage constant.

II. Tendances liées à l’intelligence artificielle pour les médias d’information

Au rendez-vous annuel « Médias en Seine », lors de la table ronde « Comment l’IA va rebattre les cartes dans les médias ? », plusieurs experts débattent de l’enjeu majeur de l’impact de l’intelligence artificielle dans la conception, la production et la distribution de l’information dans nos démocraties.

1. L’IA, entre réalité de l’humain hybride et le fantasme du grand remplacement technologique

Le professeur en Digital Media Strategy à Chicago, Jeremy Gilbert cherche à comprendre l’impact de l’IA sur les médias d’information, dans la mesure où les prompts proactifs du public pour obtenir des contenus prédictifs sur la base de larges modèles de langage est l’exact inverse de l’information produite par les journalistes et livrées par les médias au public.

En termes d’usage, deux visions à ce stade s’opposent entre d’une part une nouvelle forme de « human hybrid » où l’humain utilise l’IA dans sa vie quotidienne et la théorie du grand remplacement technologique où l’IA prendra en charge toute la production de l’information.

Certes, certaines activités de vérification vont évoluer avec l’IA mais par essence, le métier du journalisme ne changera pas, l’IA peut apporter plus de créativité mais l’IA ne peut pas remplacer la créativité humaine.

De nombreuses questions restent sans réponse pour le moment qu’il s’agisse de la propriété intellectuelle, de la régulation, des copyrights avec IA, des bases de données pour entraîner les IA…

2. L’IA au cœur des innovations dans la publicité avec Média Transport et le journalisme chez TV5 Monde

Pour Norbert Maire de Média Transport, la régie publicitaire spécialisée dans l’affichage urbain, plusieurs proofs of concept sont actuellement expérimentées avec l’agence de publicité Publicis, en matière d’automation des données, entre les owned data de première main et les data venant des médias sociaux ainsi que des expérimentations en matière d’IA génératives et d’analyse des comportements du public.

Pour Hélène Zemmour de la chaîne TV5 Monde, l’IA challenge de nombreux sujets clés comme l’éthique des journalistes ou les revenus publicitaires, ce qui se traduit par plusieurs initiatives afin de ne pas perdre en découverabilité des contenus face au flot de contenus de moindre qualité référencés et de développer un label collectif pour authentifier les contenus originaux et définir un fair use des IA et un partage des revenus équitables.

3. L’IA, un enjeu de bien public ; pour une citoyenneté digitale

Représentant du régulateur français l’Arcom, Benoît Loutrel précise les missions face aux différents scénarios :

  1. Combattre les acteurs malveillants, qui détournent l’IA à des fins de manipulation de l’opinion
  2. Prévenir les acteurs négligents, qui utilisent l’IA afin de produire des contenus de faible qualité qui pose problème pour les moteurs de recherche
  3. Encourager les médias de qualité, qui devraient davantage maîtrisés l’IA au service du décryptage des réalités médiatiques

Le régulateur français cherche un meilleur équilibre, nécessaire à notre démocratie dans la responsabilisation des médias algorithmiques que sont la plupart des médias sociaux face aux médias traditionnels qui éditorialisent leurs contenus. Les citoyens ont besoin d’être plus conscient de ces enjeux et de développer leur esprit critique.

4. L’IA et les prochaines élections

Pour Jeremy Gilbert, l’impact de l’IA sur les prochaines élections présidentielles aux États-Unis est d’ores et déjà perceptibles dans les Primaires. L’IA permet aux citoyens de choisir de croire les messages négatifs contre les opposants ou les messages positifs pour son propre candidat. Cette divergence entre l’avancée technologique qui ne cesse d’accélérer et le scepticisme qui renforce les attitudes des citoyens aura un impact sur la mobilisation et la participation électorales.

Pour Benoît Loutrel, lors des élections présidentielles en 2022, 2 incidents – seulement – ont émaillées la campagne avec le blocage automatisée de plusieurs comptes de candidats temporairement sur Twitter ainsi que le blocage d’une chaîne Youtube d’un candidat qui avait essayé de diffuser une publicité à caractère politique proscrite par la loi. Les plateformes des médias sociaux apprécient le rôle du régulateur pour expliquer l’importance de respecter les règles et la transparence dans la résolution.

Nuances dans les préférences médiatiques et comportements liés aux actualités : comment mieux informer les Européens sur l’Europe ?

La lecture des résultats de l’enquête Eurobaromètre Enquête médias et actualités 2023 sur les usages médias des Européens conduit à une série de recommandations…

Cibler les canaux médiatiques préférés comme la TV pour contrer l’évitement des actualités

Dans l’enquête, 71 % des répondants ont identifié la télévision comme l’une de leurs principales sources d’actualités au cours des sept derniers jours. Ce chiffre souligne l’importance de cibler la télévision dans les campagnes de communication européenne. Pour contrer l’évitement des actualités, privilégier ce canal pour captiver l’attention du public. Comparativement à 2022, la télévision reste le canal le plus couramment utilisé dans la plupart des États membres, soulignant sa constante prédominance.

Valoriser la confiance dans les médias traditionnels

Les campagnes devraient renforcer la confiance du public en mettant en avant la crédibilité des médias traditionnels, tels que les chaînes de télévision et de radio publiques. En 2023, 48 % des répondants sélectionnent ces chaînes comme leur source d’information la plus fiable, un chiffre qui varie considérablement d’un pays à l’autre. Cette confiance reste stable par rapport à 2022, soulignant la résilience de ces médias traditionnels.

Adapter les messages en fonction du niveau d’éducation du public

L’enquête révèle une corrélation entre le niveau d’éducation et la consommation d’actualités. Les messages des campagnes devraient ainsi être adaptés pour répondre aux attentes informationnelles des segments moins éduqués. La simplification des informations, sans compromettre la substance, pourrait être la clé pour atteindre ce public. En 2023, les résultats montrent que 74 % des répondants plus éduqués déclarent avoir récemment consulté quelque chose sur l’UE, comparé à 61 % des moins éduqués.

Adopter une approche différenciée sur les médias sociaux, selon les plateformes

Les médias sociaux jouent un rôle crucial dans la consommation d’actualités. Les campagnes devraient adopter des stratégies spécifiques pour chaque plateforme. Les contenus visuels et courts peuvent être privilégiés sur des plateformes comme Instagram (42 % des répondants utilisent cette plateforme), tandis que des discussions et des débats peuvent être encouragés sur Facebook (37 % des répondants l’utilisent).

Cette stratégie doit s’aligner sur la forte utilisation des médias sociaux par les jeunes, 59 % des 15-24 ans utilisant des plateformes comme Facebook et Instagram. Pour les mobiliser, les campagnes devraient créer des contenus engageants, émotionnels et interactifs. En comparaison avec 2022, l’utilisation de TikTok par les jeunes a augmenté, passant de 11 % à 55 %. Par ailleurs, les influenceurs sont particulièrement appréciés par les plus jeunes pour suivre les commentaires de l’actualité.

Angler l’actualité européenne autour des sujets d’actualités locales populaires

Les campagnes devraient se concentrer sur les sujets d’actualité les plus populaires, tels que les actualités locales pour trouver des moyens de parler d’Europe, l’un des sujets les mieux classés dans tous les États membres. Cette stratégie maximiserait la pertinence et l’engagement du public, répondant aux préférences des répondants, 50 % d’entre eux ayant consulté des actualités locales au cours des sept derniers jours.

Limiter les obstacles à l’accès à l’information

Pour surmonter les obstacles liés à l’évitement des actualités en ligne, les campagnes devraient promouvoir l’accessibilité, en mettant en avant des moyens directs tels que les sites web d’actualités. En 2023, 91 % des répondants déclarent accéder aux actualités en ligne, soulignant l’importance de faciliter cet accès.

Éduquer à la détection de la désinformation

Face à la confiance relativement basse dans les réseaux sociaux en tant que source d’information fiable, les campagnes doivent inclure des messages éducatifs sur la détection de la désinformation. Encourager une consommation critique des actualités en ligne est essentiel, notamment en soulignant que seulement 16 % font confiance aux personnes, groupes ou amis sur les médias sociaux pour des nouvelles véridiques.

Ces résultats offrent des perspectives claires pour les professionnels de la communication européenne, leur permettant de concevoir des campagnes plus efficaces et ciblées en tenant compte des préférences médiatiques et des comportements liés aux actualités des citoyens de l’UE, en vue des prochaines élections européennes.

Jacques Delors : vision, héritage, et défis de l’Europe

Dans son essai « Inside The House That Jacques Built », Charles Grant en 1994 soutient que la construction européenne nous a tous conduits à vivre dans la maison que Jacques Delors a érigée. Explorons la vision, l’héritage, et les défis actuels liés à l’héritage Delors de l’intégration européenne présente.

Les réalisations de Jacques Delors

Avec le Marché unique : « Personne ne tombe amoureux d’un marché » : Le président désigné de la Commission européenne, Jacques Delors, a conçu une stratégie pour achever le marché européen, répondant à l’« eurosclérose » de l’économie. L’« Acte unique » est né, une réforme majeure préparant l’achèvement « irréversible » du marché intérieur d’ici 1992.

Le Saut vers la Monnaie unique : Face au défi du « triangle d’incompatibilité » de Robert Mundell, Delors a pris un risque majeur en plaidant pour une union monétaire complète. Il a opté pour la création d’une monnaie sans État, défiant la logique traditionnelle et s’inscrivant dans la vision incrémentale de Jean Monnet.

La Dimension sociale : Créateur du programme Erasmus, Delors aura également soutenu l’intégration sociale au cœur de sa vision, à travers des mécanismes de négociation collective au niveau européen. Son compromis entre libéraux, socialistes, et démocrates-chrétiens a façonné l’« économie sociale de marché ».

Une « Fédération d’États-nations » : Définissant l’Europe comme un « Objet Politique Non Identifié », un point de vue non dogmatique et pragmatique de la construction européenne que résume sa formule préférée : « la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce, la solidarité qui unit ».

L’héritage delorien : « Du temps de Delors, on comprenait l’Europe »

Pascal Lamy, proche collaborateur de Delors, souligne le style de communication unique de Delors, mélangeant « travail intellectuel intense et improvisations médiatiques ». Son approche a permis une intelligibilité et une communicabilité de l’Europe à son époque.

Déficit démocratique et perspective culturelle : Delors a anticipé le déficit culturel du projet européen, négligés par ses successeurs. Le « déficit démocratique » ne réside pas dans les structures institutionnelles, mais dans le manque d’appartenance.

Une Europe nécessaire et difficile : Aujourd’hui, l’intégration européenne est plus nécessaire mais également plus difficile. Confrontée à la fragmentation mondiale, l’Europe doit passer de l’union économique à « l’autonomie stratégique » impliquant un engagement politique fort et des valeurs partagées.

« Who turned hope into history » : l’intégration européenne reste cruciale face aux défis actuels. L’héritage de Jacques Delors incarne l’espoir de façonner l’histoire européenne, dépassant la nostalgie. En ces temps critiques, espérons que son engagement passionné inspire davantage que la simple réminiscence.

Quels seront les enjeux des élections européennes de 2024 ?

L’une des premières table ronde organisée par Euractiv dessine les lignes directrices d’une campagne qu’il faut bien dire peine encore à vraiment se lancer…

L’opinion publique et les élections européennes

Mathieu Gaillard, directeur d’études chez Ipsos invite à la prudence qui est de mise, parce qu’il rappelle que les élections européennes ne sont pas perçues ou vécues comme une remise en cause des pouvoirs en place au niveau national ; et que la prise de décision des électeurs est très tardive dans les derniers jours avant le scrutin.

Les principaux enjeux pour le Parlement européen résident dans les contours de la prochaine majorité parlementaire entre la droite conservatrice et la gauche sociale-démocrate, tandis qu’une majorité proeuropéenne semble quand encore acquise, une majorité alternative, entre les droites apparaît comme une possibilité numérique, mais pas encore politique.

Des batailles culturelles et des batailles politiques

Le grand projet de la mandature actuelle aura été le Green Deal, c’est une bataille culturelle remportée pour les forces écologiques et progressistes qui auront du longtemps plaider pour se faire entendre.

Mais, à l’échelle de toute la mandature, les batailles politiques n’auront pas été toutes remportées, loin de là ; de nouvelles majorités de substitution plus à droite ont d’ores et déjà votées contre des points emblématiques sur la réduction des pesticides, les zones naturelles de restauration ou la réduction de la pollution des véhicules sur la qualité de l’air, etc.

Tandis que les plus critiques viseront à tirer des conséquences directes de la succession de crises que les dogmes fondamentaux de l’UE ont failli vaciller comme l’équilibre budgétaire ou la libre concurrence ; d’autres ne manqueront pas de constater néanmoins des contradictions entre les ambitions climatiques du Green Deal et certaines politiques structurelles européenne comme l’agriculture, le libre échange ou la politique industrielle.

Des sujets du quotidien et des préoccupations électorales

Tout laisse à penser que des sujets comme l’immigration, le coût de la vie (pouvoir d’achat et inflation), l’environnement et l’action climatique ainsi que la situation internationale (Ukraine, Israël) seront les thèmes de campagne, sur lesquelles les électeurs se sentent beaucoup plus concernés. Les élections européennes seront l’occasion d’en débattre, une nécessité démocratique.

Pour Mathieu Gaillard, les électeurs se sentent concernés par les enjeux européens, lorsqu’ils votent aux élections européennes, et ils semblent être beaucoup plus enclins avec des partis proeuropéens ; dans les enquêtes d’opinion en déclaratif. Dans les enquêtes qualitatives, les décisions de vote se prennent davantage sur des enjeux. A partir de 2017, les préoccupations climatiques prennent en importance, ce qui a un impact sur le vote, même si le discours sur l’écologie punitive prend dans l’opinion et que le risque d’un backlash est toujours possible.

En raison de débats plus clivés sur les politiques de l’Europe, la dynamique de participation aux élections européennes pourrait se confirmer à la fin du printemps prochain, même s’il ne faut pas oublier, en France, qu’il s’agira des premières élections nationales, après la séquence présidentielle et législatives de 2022, une occasion d’un vote sanction mais aussi d’un vote pour lever les contradictions des différentes familles politiques autour de l’Europe.

Prospectives électorales européennes

Pour conclure, Théo Verdier, de la Fondation Jean-Jaurès se lance dans l’exercice difficile de dessiner des tendances :

  1. Face aux risques de dérapages faute de maîtrise des sujets sur le fond, le défi sera de faire campagne sur des idées tout en étant pédagogique
  2. Avec la posture des extrêmes autour d’un euroscepticisme plus constructif, le défi de mener des débats argumentés sur des sujets clés aux niveaux national et européen
  3. Tandis que l’UE s’est occupée des enjeux de vie et de mort ces dernières années avec le Covid ou l’Ukraine, les sujets européens sont beaucoup moins technocratiques, mais pas forcément plus consensuels
  4. Dans les programmes, le volet institutionnel autour de la réforme de l’UE entre élargissement et approfondissement sera un défi d’intelligibilité

Bonne année 2024 !

Campagne européenne sur l’égalité femmes-hommes : comment lutter contre les clichés sans succomber aux stéréotypes ?

La stratégie de l’UE pour l’égalité entre les hommes et les femmes vise à créer une Europe où les femmes et les hommes, quelle que soit leur diversité, ont les mêmes opportunités de mener une vie prospère, de choisir leur propre voie et de participer à la société en toute égalité.

Parmi les mesures spécifiques, des registres d’action publique très différents entre contraintes en matière de transparence salariale, lutte contre la violence à l’égard des femmes ou présence des femmes dans les conseils d’administration des grandes sociétés cotées de l’UE.

I. La campagne #EndGenderStereotypes : discutons des stéréotypes

En 2023, la Commission européenne lance une campagne visant à remettre en question les stéréotypes sexistes à l’échelle de l’UE. Cette campagne aborde les stéréotypes liés aux choix de carrière, à la répartition des responsabilités familiales et à la prise de décisions, tant pour les hommes que pour les femmes.

Les stéréotypes sont profondément enracinés dans notre culture et sont la cause d’inégalités sans même en avoir conscience, mais affectant chacun d’entre nous, femme ou homme. Les stéréotypes limitent la liberté de chacun. C’est pourquoi il est important de les bousculer.

1. Choix de carrière : « Que te dis-tu lorsque tu vois une pompière? Tu ne t’y attends pas? »

Les stéréotypes et préjugés font leur chemin dans les esprits dès la petite enfance. Des compétences que nous acquérons dès le plus jeune âge aux matières que nous étudions à l’école et aux carrières dans lesquelles nous nous engageons, les clichés sur ce que l’on attend des femmes et des hommes, des filles et des garçons, peuvent limiter nos aspirations, nos choix et notre liberté. Nous devons donc nous interroger sur ce qui est dû à notre libre arbitre et ce qui est dû aux stéréotypes.

2. Équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle : « Que te dis-tu lorsque tu vois un père qui coiffe sa fille avant de partir au travail? Est-ce inhabituel? »

Les rôles et responsabilités des hommes et des femmes, dans leurs foyers et sur leur lieu de travail, ne sont pas déterminés seulement par leur libre choix mais aussi par les stéréotypes de genre. Parvenir à un équilibre des genres au travail, à la maison et dans la société exige que chacun élargisse ses perspectives sur ces questions en remettant en question les croyances et les normes.

3. Prise de décision : « Que te dis-tu lorsque tu vois une présidente en train de remettre une décoration à une militaire? Est-ce surprenant? »

Les femmes continuent d’être sous-représentées aux postes décisionnaires, quels que soient les domaines, et ceci est en partie dû aux stéréotypes de genre. Mais que ce soit en affaires, en politique ou dans la société, nous ne pouvons exploiter tout notre potentiel que si nous utilisons tout notre talent et notre diversité. Ne compter que sur la moitié de la population signifie ne profiter que de la moitié des idées et de l’énergie disponibles. Nous devons lutter contre les stéréotypes qui empêchent les femmes d’accéder à des postes haut placés.

II. Quelles modalités idéales de communication intégrée ?

1. Paid Media : La Commission européenne investit dans une campagne sans publicité pour diffuser ses messages. Cette approche réduit considérablement le public touché peu étendu et ne permet pas de sensibiliser de nouvelles personnes, celles les plus à convaincre, aux enjeux de l’égalité femmes-hommes et des stéréotypes.

2. Earned Media : Les médias traditionnels et en ligne jouent un rôle crucial en pouvant potentiellement relayer l’information de la campagne. Les articles, les interviews et les reportages générés par des tiers contribuent à la crédibilité de la campagne, ce potentiel des médias ne semblent pas mobilisés dans le cadre de cette campagne de fin de mandat.

3. Shared Media : Les médias sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de la campagne pour créer des discussions, partager du contenu et encourager la participation du public. La siganture de la campagne s’appuie sur un hashtag mais la viralité semble limitée, sans toolkits pour mobiliser les citoyens et les sensibiliser à relayer des messages clés.

4. Owned Media : La Commission européenne gère le site web dédié à la campagne ainsi que les relais sur les comptes de médias sociaux officiels. Ces canaux permettent une communication garantissant une prise de parole cohérente.

III. Quel défis de la campagne sur l’égalité femmes-hommes ?

Plusieurs défis majeurs, notamment la résistance aux changements et la persistance des stéréotypes profondément enracinés, difficiles à éliminer complètement en un temps limité. De plus, il est essentiel d’éviter de succomber à de nouveaux stéréotypes inverses qui pourraient émerger en réaction. La campagne doit donc maintenir un équilibre délicat.

La mesure de l’impact de la campagne est essentielle pour évaluer son succès et déterminer si les objectifs ont été atteints. Il est possible d’évaluer l’efficacité de la campagne en surveillant l’évolution des attitudes et des comportements liés aux stéréotypes de genre. Des enquêtes, des données sur les médias sociaux, et des études de suivi peuvent fournir des informations précieuses pour mesurer les progrès.

Initiative ambitieuse visant à combattre les stéréotypes qui entravent l’égalité entre les sexes via une stratégie de communication intégrée, tout en évitant les clichés ; et indispensable pour parvenir à une Europe où l’égalité femmes-hommes est une réalité.