Archives annuelles : 2011

Quelle est l’efficacité des campagnes de communication sur les fonds européens en France ?

En 2 ans, 2 campagnes de communication – essentiellement à la TV – ont été réalisées en France sur les fonds européens : « J’avance avec l’Europe » en 2008 et « L’Europe s’engage » en 2010. Quel bilan – à la lecture des post-tests – peut-on en tirer ?

État de l’opinion sur l’appartenance à l’UE en général : une perception des bénéfices au plus bas

Mesurée depuis 1973 par les Eurobaromètres, l’opinion française sur l’appartenance à l’UE se situe en 2010 à son niveau historique le plus bas avec 44% (-5 points par rapport à 2009) considérant qu’il s’agit d’une « bonne chose ».

Un niveau plancher particulièrement inquiétant puisque les publics réputés les plus favorables à l’UE (les jeunes, les seniors et les plus diplômés) marquent un décrochage :

  • – 10 points chez les 25-39 ans (42%) ;
  • – 7 points chez les plus diplômés (55%) ;
  • – 7 points chez les 55 ans et + (41%).

État de l’opinion sur les fonds européens en particulier : un sentiment d’être mal informé, une intervention de l’UE en région peu lisible et une notoriété des fonds relativement faible

Qu’il s’agisse du niveau d’information, de la lisibilité de l’action de l’UE dans les régions ou de la notoriété des fonds européens, les résultats sont particulièrement édifiants :

  • 73% se sentent assez mal informés ou très mal informés sur ce que l’UE réalise ou contribue à réaliser dans les régions ;
  • une majorité pense que l’UE n’intervient pas sur les questions d’emploi et d’insertion professionnelle ;
  • 53% n’a entendu parler d’aucun fond européen.

État de l’opinion sur les campagnes de communication sur les fonds européens : la campagne 2010 enregistre des scores en deçà des niveaux observés lors de la campagne 2008

Voici les principaux résultats techniques comparés entre les campagnes 2010 vs 2008 :

  • Souvenir spontané : 7% (-2) soit environ 3,2 millions de personnes – Standard « campagnes institutionnelles » : 29 % ;
  • Reconnaissance de la campagne TV: 37% (-6) – Standard « campagnes institutionnelles » : 41 % ;
  • Agrément de la campagne TV 73% (-1) – Standard « campagnes institutionnelles » : 69 %.

Ainsi, la campagne 2010 est moins mémorisée, moins reconnue et moins appréciée que celle de 2008. Les

Explications ?

  • des investissements moins importants (2,6 millions € en 2008 et 2 millions en 2010)
  • des sujets moins « grand public » en 2010 qu’en 2008 (le spot sur Erasmus qui « incarne » l’idée européenne était présent en 2008 et absent en 2010).

Qu’en est-il de l’opinion des Français après les campagnes ?

  • m’a appris quelque chose sur l’action de l’Europe dans ma région : oui à 67% en 2010 vs 77% en 2008 ;
  • rend l’action de l’Europe plus concrète à mes yeux : oui à 60% en 2010 vs 69% en 2008 ;
  • me donne une meilleure opinion de l’action de l’Europe dans les régions françaises : oui à 35% en 2010 vs 38% en 2008 ;
  • me donne la même opinion qu’avant : oui à 65% en 2010 vs 60% en 2008.

Ainsi, les campagnes de communication interpellent peu le grand public mais contribuent néanmoins à donner modestement une meilleure opinion de l’action de l’Europe dans les régions.

Quels sont les coûts pour la communication européenne de ne pas investir les médias sociaux ?

Plutôt que de s’interroger de nouveau sur les avantages que pourrait procurer une communication de l’UE dans les médias sociaux – nous l’avions réalisé dès 2009 avec « Comment la communication européenne peut-elle répondre à la révolution du web social ? » – quels seraient bien davantage les coûts de ne pas investir les médias sociaux ?

Quel est le « RONI » : risk of non investment pour reprendre l’expression de François Guillot au vue des principales innovations liées à l’utilisation du web social par les institutions publiques résumées par Gea Ducci ?

Ne pas investir les médias sociaux, c’est détériorer la relation entre l’UE et les citoyens européens

Sous l’angle des services et subventions de l’UE, les médias sociaux permettraient à l’UE de :

  • développer l’écoute des suggestions et propositions ;
  • parler directement des mesures concrètes d’amélioration.

S’abstenir d’investir les médias sociaux pour l’UE, c’est en particulier continuer à dépenser des coûts largement inutiles de gestion de la relation avec les citoyens via le centre d’appel « Europe Direct ».

Ne serait-il pas en effet plus conforme aux usages quotidiens d’assurer une présence en ligne sur le carrefour d’audiences que constitue Facebook pour répondre aux interrogations des Européens plutôt qu’au travers d’une plateforme téléphonique inconnue par une très large majorité ?

Ne pas investir les médias sociaux, c’est renforcer la vulnérabilité de l’UE face aux risques d’opinion

Sous l’angle de l’expression des opinions, l’UE pourrait profiter de la « désindétermédiation » – c’est-à-dire du mouvement qui veut que les Européens sont de plus en plus informés par leur propre réseau plutôt que par les intermédiaires classiques de l’information.

S’abstenir d’investir les médias sociaux pour l’UE, c’est ainsi :

  • méconnaître les opinions partagées sur l’Europe ;
  • ne pas maîtriser les discours qui peuvent être tenus (en positif ou en négatif) sur l’Europe.

C’est surtout se montrer vulnérable face aux risques d’opinion ; sans moyen de contre-attaquer de manière pertinente et ciblée.

Ne pas investir les médias sociaux, c’est rater l’occasion pour l’UE de saisir des feedbacks

Sous l’angle du partage d’expertises, les médias sociaux représenteraient pour l’UE une opportunité pour s’enrichir en matière de communication des échanges sur les meilleures campagnes envisagées en termes d’attentes, de messages ou de modalités.

S’abstenir d’investir les médias sociaux pour l’UE, c’est passer à côté d’un vaste « panel » multi-national/culturel qui offrirait ses conseils pour améliorer la communication de l’UE et renforcer l’impact des campagnes de communication réalisées.

Ne pas investir les médias sociaux, c’est scléroser les processus décisionnels de l’UE

Sous l’angle de la participation au processus décisionnel, les médias sociaux permettraient à l’UE de disposer d’un lieu fréquenté et d’un instrument éprouvé pour favoriser l’implication des citoyens.

S’abstenir d’investir les médias sociaux sociaux pour l’UE, c’est se positionner comme le moins disant démocratique face aux innovations délibératives et participatives :

  • un risque que les accusations de « déficit démocratique de l’UE » – récurrentes – ne feraient que renforcer ;
  • un dommage pour les quelques réseaux d’alliés qui perdraient un argument pour défendre la construction européenne.

Ainsi, le calcul coût/bénéfice d’un investissement dans les médias sociaux pour l’UE semble assez évident : le plus grand danger serait de ne prendre aucun risque.

Comment la Commission européenne s’est-elle dotée d’une charte de communication dans les médias sociaux ?

« Tout le monde dans l’organisation a accepté que l’utilisation des médias sociaux est un must (…) pas une mode ». Comment en est-on arrivé là ? Retour sur le travail mené afin d’obtenir qu’une charte de communication dans les médias sociaux soit adoptée…

Lettre ouverte ambitieuse et blog dédié : les initiatives des communicants de l’UE pour s’engager dans les médias sociaux

En janvier 2010, une poignée d’éditeurs et de webmasters à la Commission européenne interpelle dans une lettre ouverte José Manuel Barroso avant même qu’il ne soit reconduit à son poste de Président de la Commission européenne.

En avril 2010, sous la responsabilité de Bert Van Maele, le responsable médias sociaux au sein de la DG Communication à la Commission européenne, un blog « Waltzing Matilda » dédié à la communication sur les médias sociaux est ouvert afin d’« apprendre comment la Commission peut utiliser les médias sociaux pour communiquer avec les citoyens ».

Réponse timide et plan d’actions mesuré : les propositions de Viviane Reding pour s’ouvrir au web social

En mai 2010, la Commissaire responsable de la communication formule une réponse en demi-teinte aux initiatives des communicants de l’UE. Tout en reconnaissant qu’« Internet doit être un élément essentiel de nos efforts pour communiquer », aucun effort financier ou humain n’est envisagé pour améliorer la communication numérique – et à fortiori – la présence dans le web social.

Toutefois, Viviane Reding reconnaît que les fonctionnaires de la Commission européenne dûment formés aux médias sociaux pourraient s’engager dans des interactions avec les citoyens au titre de leur fonction d’« ambassadeur » de l’institution.

En juin 2010, un plan d’actions présenté par Viviane Reding préconise la mise en place d’un réseau de « 10 à 15 experts en médias sociaux au sein de la Commission » pour assurer « une surveillance des blogs et les réseaux sociaux et une réfutation instantanée » (mesure 10).

Quoique l’approche envisagée des médias sociaux révèle une profonde méfiance, la formalisation d’une organisation marque une prise en compte indéniable du web social par la Commission européenne.

La stratégie et les lignes directrices pour communiquer dans les médias sociaux

Juste avant la fin de l’année, une stratégie et des lignes directrices ont été approuvées en interne entre la DG COMM et le cabinet de Reding, avec la mise en place :

  • un réseau de personnel mandaté pour parler au nom de la Commission dans les médias sociaux ;
  • des directives pour l’ensemble du personnel, qui peuvent utiliser les médias sociaux dans leur capacité personnelle.

Quels sont brièvement – selon toute vraisemblance – les objectifs de la charte de communication dans les médias sociaux :

  • des conseils incitatifs de bonne conduite facilitant les prises de parole des futures ambassadeurs volontaires plutôt que des règles strictes amendant les fiches de poste et les contrats des fonctionnaires ;
  • des indications plus directives pour les professionnels de la communication, membres du réseau habilité à prendre la parole au nom de l’institution dans le web social.

En attendant la publication officielle de cette charte de communication dans les médias sociaux, le prochain chantier est considérable puisqu’il convient de « préparer et adapter toute l’organisation aux nouvelles réalités liées à plus d’interactions et de conversations ».

« Branchons nous : pour un chargeur universel » : une campagne de communication de l’UE en amont de toute législation européenne contraignante

Avec la campagne « Branchons nous : pour un chargeur universel » destinée à favoriser l’utilisation de chargeur universel compatible avec tous les téléphones portables, smartphones inclus ; la Commission européenne réalise l’une de ses premières campagnes de communication en amont de toute législation contraignante.

Une campagne de communication symbolisant la priorité à la vie quotidienne des citoyens européens

Annoncée dès son audition publique devant le Parlement européen la « priorité de communiquer efficacement les politiques communautaires qui touchent directement le citoyen » faisait partie de la feuille de route de Viviane Reding, qui n’était alors pas encore officiellement au poste de Commissaire responsable de la communication de l’UE.

Confirmée par sa première action à la Commission européenne, l’envoi d’une « lettre aux directeurs généraux pour réfléchir à 10 nouvelles mesures législatives ou politiques concrètes », selon Euractiv.com, la volonté de trouver des idées permettant aux citoyens de se sentir plus européens semble porter ses fruits.

« Branchons nous : pour un chargeur universel » est une campagne qui touche potentiellement tous les Européens, puisque près de 500 millions de téléphones portables sont utilisés dans les 27 États membres de l’UE soit autant que le nombre de citoyens européens.

Une campagne de communication illustrant la pertinence d’une approche en amont de toute législation contraignante

La mise en place d’un chargeur universel aurait pu faire l’objet d’une législation européenne classique, ce qui semblait annoncé en mars 2009, lorsque la Commission européenne lance un ultimatum à l’industrie du téléphone portable pour adopter des normes communes pour les chargeurs, avant de les soumettre à une disposition législative européenne contraignante.

La signature d’un protocole d’accord ratifié maintenant par 14 entreprises, soit 90% du marché des téléphones portables en Europe a ouvert la possibilité de lancer une campagne de communication pour saluer leur implication et faciliter l’utilisation des chargeurs universellement compatibles par les consommateurs européens.

Ainsi, avec cette campagne – originale dans la mesure où son commanditaire ne valorise pas l’une de ses actions – la communication pensée en amont de la décision montre tout son intérêt.

Quelles sont les tendances de la communication des eurodéputés dans les médias sociaux ?

Fleishman-Hillard Bruxelles publie, mardi 25 janvier 2011, « the European Parliament Digital Trends survey », sa deuxième étude sur les tendances numériques du Parlement européen (réalisé auprès d’un échantillon de 120 euro-députés).

Il s’agit de la seconde enquête portant sur la communication des eurodéputés après « the Capital Staffer Index 2010 », sorti le 17 novembre dernier, portant notamment sur les pratiques de communication numérique des collaborateurs parlementaires européens.

Principaux résultats des pratiques actuelles, passées et futures en matière de communication des euro-députés dans les médias sociaux

Au-delà des chiffres absolus, la comparaison des résultats entre les 2 enquêtes confirme que :

  • l’animation d’une présence, notamment par un site web, demeure incontournable ;
  • Facebook prend le pas sur les blogs des euro-députés : le 1er réseau social au monde donne davantage de visibilité pour toucher plus largement les citoyens européens et permet d’engager plus facilement les échanges sur cette plateforme dont l’utilisation est moins impliquante que la lecture et le commentaire sur un blog ;
  • Twitter est utilisé par un tiers des euro-députés.

Certes, les tendances sont mesurées différemment dans les 2 enquêtes :

  • une approche prospective (question sur les pratiques d’ici 3 ans) pour l’enquête d’Edelman ;
  • une approche rétrospective (question sur les pratiques l’année précédente) pour l’enquête Fleishman-Hillard.

Mais, la lecture des tendances indique clairement que :

  • Twitter plafonne. Une majorité des euro-députés peine à trouver une utilité dans la plateforme de micro-messages instantanés. Un résultat confirmé par Stephen Clark, le responsable de la communication web du Parlement européen, qui estime que Twitter permet de s’adresser davantage aux professionnels de l’UE qu’aux citoyens (cf. « Indications sur la présence web du Parlement européen ») ;
  • Facebook : la nouvelle « bulle » à la mode avant un futur krach ? Alors que l’utilisation de Facebook a largement progressé sur l’année écoulée, les euro-députés prévoient d’en limiter fortement l’usage à l’avenir. Des interrogations sur une animation éditoriale dans la durée contribuent sans doute à cette future modération d’usage de Facebook après l’éclosion récente.

Ainsi, les pratiques de communication dans les médias sociaux des eurodéputés – résumées par Philips Leigh sur EU-Observer « MEPs have stopped blogging, are afraid of Twitter, love Facebook » – confirment les interrogations formulées lors de la conférence récente « Butterfly Europe : when social media and networks make the European Public Opinion » : « Les réseaux sociaux sont-ils l’avenir de la sphère publique européenne ? »