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La marque UE peut-elle devenir un média dans le web social ?

Alors que l’UE n’a pas imposé sa marque dans les médias traditionnels – soit qu’elle n’a pas su intéresser les journalistes, soit qu’elle n’a pas pu acheter de l’espace publicitaire – l’UE parviendra-t-elle à s’imposer dans le web social ?

Une réponse pour envisager une stratégie permettant à la marque UE de devenir un média avec la lecture de « Why Brands are Becoming Media » dans Mashable. Brian Solis renverse l’approche traditionnelle de la communication entre médias et hors médias à travers une nouvelle classification multimédia…

« owned media » : les sources d’information contrôlées par l’UE sur Internet

Les « owned media » sont intégralement maîtrisés, jusque dans leurs canaux de distribution par leur propriétaire : site Internet avec pages web standard, blogs et comptes Twitter de Commissaires ou députés européens, groupes et pages de fans sur Facebook, chaînes sur YouTube, photos sur Flickr…

L’enjeu stratégique réside dans le plan « médias sociaux » :

  • créant un écosystème qui facilite la navigation entre les contenus ;
  • étendant l’expérience interactive de partage ;
  • fédérant les communautés engagées et déjà actives dans ces réseaux.

« earned media » : les internautes deviennent les sources de conversation

Les « earned media » sont le résultat du plan « médias sociaux » et se reflètent via le bouche-à-oreille, le buzz viral dans : billets de blogs personnels, tweets, mises à jour de statuts Facebook, commentaires…

L’enjeu stratégique réside dans le programme de relations publiques digitales qui cherche constamment à attirer l’attention des journalistes, blogueurs, webmasters, et autres personnes influentes pour produire une « crowd-powered » visibilité, mutuellement bénéfique.

Ainsi, par un investissement humain, intellectuel et financier dans une véritable stratégie de contenus et d’influence, la marque UE peut devenir un média d’affinité dans le web social.

Ce qu’il faut retenir de l’année 2009 en communication européenne

Voici une petite rétrospective – à partir des billets publiés en 2009 – de ce qui aura marqué la communication européenne pendant l’année écoulée…

Les tops

1. 2 prix en 2 ans pour la communication européenne anti-tabac :

  • Grand Prix Empreintes 2009 pour la campagne Helpers : une démarche prescriptrice de comportements par la connivence
  • Grand Prix Empreintes 2008 pour la campagne Nicomarket : une démarche prescriptrice de comportements par l’humour

2. « Europe XXL » à Lille où comment une communication sur l’Europe via la culture (organisation de manifestations festives et culturelles) permet d’agir sur les représentations que les Européens se font de la construction européenne

3. Communication politique lors des élections européennes : : le succès de la campagne des listes Europe-Ecologie en France a reposé à la fois sur une communication lisible et efficace et sur une instrumentalisation heureuse des circonstances.

4. Euronews, lauréate du Prix Européen de la Communication 2009, un contre-modèle d’info continue.

5. Création d’un prix de la capitale verte de l’Europe : sur le modèle de la compétition pour le titre de capitale européenne de la culture lancé par le Conseil européen en 1985, la Commission européenne crée – à partir de 2010 – un prix annuel de capitale verte de l’Europe.

Les flops

1. « Flopenhague » : préconisation pour une communication publique sur le climat en Europe

  • une communication grand public plus pédagogique portée par les acteurs publics/institutionnels s’appuyant sur les scientifiques et moins contrôlée par les lobbyistes/ONG ;
  • une communication diplomatique de l’UE plus incarnée, notamment par la future Commissaire au climat, Connie Hedegaard et moins contrôlée par les chefs d’Etat ou de gouvernement européens.

2. Diffusion de spots sur MTV : des campagnes de la Commission européenne relativement inefficaces :

3. Interrogations sur le plan média de la campagne gouvernementale française d’information et d’incitation au vote pour les élections européennes, confirmées par l’abstention record aux élections européennes.

Les propositions

1. Vers la création de cours d’éducation civique européenne dans toutes les écoles de l’UE :

2. Vers la création de « Maisons de l’Europe » dans toutes les capitales européennes : association regroupant les Bureaux d’information du Parlement européen et les Représentations de la Commission européenne

3. Vers la création d’une « marque UE » labellisant les actions de communication de la Commission européenne

4. Pour la création de « EU community managers » chargés de répondre aux demandes des internautes-citoyens

Les controverses

1. Communiquer l’Europe: Mission impossible ? : conférence organisée le 6 juillet à la Représentation de la Commission européenne en Belgique

2. Débat sur la stratégie de communication de l’UE : « propagande pour l’intégration communautaire ou service public d’information sur l’Europe ? » lancé par le think tank Timbro dans « The European Union’s Burden : Information dans communication to a reluctant people » qui dénonce une stratégie de communication de l’UE s’orientant vers la création d’une identité européenne au moyen d’un « vaste outil de communication qui se comporte d’une manière qui serait à peine acceptée de la communication publique nationale dans les États membres ».

3. L’UE et le Web 2.0 : quelles stratégies pour l’UE dans le web social ?

  • une stratégie de présence en ligne : le cas de la campagne pour les élections européennes du PE
  • une stratégie de partenariat(s) : le cas de la chaîne EU-Tube de la Commission
  • une stratégie d’intégration : le cas des plateformes « Les Euronautes » et « Placedeurope » en France
  • une stratégie « fédérative et servicielle »

4. Dossier spécial dans Stratégies n°1546 du 21 mai 2009 : « L’Europe, une image de marque à revitaliser ? »

5. Lors de la campagne des élections européennes en France : la diffusion du documentaire « Home » sur France 2 a-t-elle influencée le vote ?

6. Lors du renouvellement de la Commission européenne, aucun candidat ne s’est déclaré pour le poste de Commissaire à la communication ; la composition de la nouvelle Commission européenne a révélé une position en demi-teinte pour la communication.

7. Quel bilan pour Margot Wallström, la Commissaire européenne chargée de la stratégie de communication ? : la communication de la Commission européenne semble avoir relativement réussi avec Margot Wallström à placer les citoyens au cœur des politiques européennes. Mais, en revanche, elle ne semble pas avoir réussi à placer l’Europe au cœur de la vie quotidienne des citoyens.

Souhaitons que l’année qui commence – Année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale – soit aussi riche en projets et campagnes et encore meilleure en propositions et innovations. Bonne année 2010 à tous!

Spécial 500e billet : alors, c’est quoi la communication européenne ?

Qu’il s’agisse de la communication de l’Union européenne émise par la Commission ou le Parlement européen par exemple ou de la communication sur l’Europe réalisée notamment par les États membres – au fil des 500 billets publiés – quelles sont les controverses de ce qu’il convient d’appeler la « communication européenne » ?

Faut-il que la communication européenne vise à rapprocher l’UE des citoyens ou à installer le dialogue entre les citoyens et l’UE et entre les citoyens européens ?

La fausse bonne idée consiste à vouloir rapprocher l’Union européenne des citoyens européens. Une telle démarche se rapporte à imaginer que la holding d’un groupe multinational touche directement ses clients. Communiquer sur l’Europe devient alors mission impossible à cause :

  • des barrières linguistique et culturelle et des obstacles structurels comme l’absence d’espace public européen (ni médias, ni canaux de communication) ;
  • le respect du principe de subsidiarité disqualifie l’UE pour une relation de proximité ;
  • la démocratie représentative nécessite une distance entre le peuple et les élus.

La bonne idée semble davantage se trouver dans un double mouvement visant pour reprendre la comparaison à faire en sorte que les clients consomment tous les jours les produits et services de la multinationale. Communiquer sur l’Europe revient alors à tenter de :

  • placer les citoyens au cœur des politiques publiques européennes en encourageant les citoyens à débattre de l’Union et en incitant les décideurs à prendre en compte cette participation dans les politiques européennes ;
  • placer l’Europe au cœur de la vie quotidienne des citoyens en favorisant l’implication des États membres, de la société civile et des médias dans une meilleure information et un meilleur dialogue sur les politiques européennes.

Faut-il que la communication européenne adopte une approche « corporate » visant à créer une « image de marque » autour des valeurs européennes ou une approche « marketing » tournée vers à les « preuves concrètes », les « bénéfices » du produit UE ?

D’aucuns proposent une véritable labellisation des prises de parole européennes via une « marque UE » aisément reconnaissable par les Européens – quelle que soit l’institution source – favorisant ainsi une unification des émetteurs et une harmonisation des messages.

Cette approche ferait reposer la marque sur un prolongement/renouvellement de la valeur fondamentale de l’UE : de la paix (en période de guerre froide) à la norme (en période de mondialisation).

Les messages de la « marque UE » s’articuleraient autour d’une explicitation des projets de l’UE sous l’angle de la régulation : climatique et environnementale pour protéger la planète du changement climatique ou ’économique et financière pour sauvegarder l’économie sociale de marché…

D’autres envisagent un marketing-mix qui ne consiste plus à communiquer sur les promesses de l’Europe (exemple : la monnaie unique apporte le plein emploi), mais à simplifier pour tendre vers l’unique selling proposition qui va marquer les esprits du plus grand nombre (exemple : 1 Conseil européen = 1 enjeu).

Cette approche ferait reposer le « produit Europe » sur les bénéfices concrets dans la vie quotidienne des Européens de la construction européenne.

L’Europe serait ainsi une valeur d’usage courante orientée autour de la protection, de la simplification des démarches, de l’harmonisation des normes de sécurité, de la défense des consommateurs, de la valorisation de la diversité culturelle…

Faut-il que la communication européenne s’inscrive dans une logique de court terme avec des prestations de services auprès des parties prenantes ou dans une logique de long terme et de formation civique, notamment auprès des jeunes ?

La priorité de la communication européenne doit-elle se concentrer hic et nunc sur des efforts au bénéfices des parties prenantes :

  • simplifier le travail des journalistes, au-delà des accrédités à Bruxelles avec des formations afin de leur permettre de mieux comprendre les institutions communautaires et des sources aisément exploitables, fortement contextualisées…
  • simplifier le travail des acteurs décentralisés, notamment les élus locaux avec des outils d’analyse de l’opinion (Eurobaromètre flash rapide et thématisé) ou des outils pour comprendre l’UE et des messages pour qu’ils se valorisent en parlant de l’UE…

La priorité de la communication européenne doit-elle favoriser la mise en place d’un « cours d’éducation civique européenne », à destination des acteurs de l’Europe de demain.

  • c’est l’avis du Comité économique et social européen : « Comment concilier dimension nationale et dimension européenne dans la communication sur l’Europe » adopté le 10 juillet 2008, dont la rapporteur Béatrice Ouin « recommande au niveau européen, de mettre à disposition un socle commun de connaissances » rassemblant l’essentiel de l’histoire et des valeurs européennes pour former les jeunes.
  • c’est également la résolution « Dialogue actif avec les citoyens sur l’Europe » adoptée le 24 mars 2009 par le Parlement européen qui « relève qu’il est nécessaire de défendre un modèle actif d’éducation civique européenne qui donne aux jeunes la possibilité de s’investir directement dans la vie publique et de s’engager ».

L’Europe, une image de marque à revitaliser ?

Dossier spécial dans Stratégies n°1546 du 21 mai 2009 : « L’Europe, une marque à reconstruire » : la marque « Europe » ferait l’objet d’une « urgente nécessite de déployer une stratégie de revitalisation » reposant sur « une nouvelle plate-forme de marque ». Ce dossier s’inscrit dans une tendance récente visant pour parler de l’Europe à s’inscrire dans les codes du marketing : il s’agirait ainsi de vendre l’Europe…

Marketing ou communication de l’Europe ?

Faut-il faire le marketing ou la communication de l’Europe :

  • le marketing se concentre sur la valorisation d’un produit ou d’un service, notamment ses avantages avec pour but de vendre ;
  • la communication se donne comme objectif de valoriser de l’information, le plus souvent de manière sympathique et ludique afin de convaincre.

Faire le marketing de l’Europe, c’est réfléchir aux valeurs, aux bénéfices et à la personnalité de l’Europe :

Des valeurs européennes insuffisamment porteuses

Diagnostic :

  • Depuis que la paix est achevée sur le continent « l’Europe n’est pas portée par une valeur forte », selon Jean-Noël Kafer, professeur à HEC.
  • Avec les controverses sur les frontières (cf. la Turquie) ou l’histoire (cf. l’héritage judéo-chrétien), l’Europe n’a pas d’identité.
  • « l’Europe a longtemps été et reste encore parfois une marque bouc-émissaire. Les acteurs nationaux n’ont pas pu ou pas voulu créer un vrai désir d’Europe », selon Robert Zarader, président d’Equancy & Co.

Recommandation :

  • Ne pas faire reposer la marque « Europe » seulement sur les enjeux économiques ou géostratégiques : trop segmentant sur le plan politique et trop éloigné des préoccupations quotidiennes des citoyens.
  • Faire reposer la marque « Europe » sur la justice sociale ou les jeunes (pourquoi pas l’environnement).

Des bénéfices client insuffisamment populaires

Diagnostic :

  • « Le problème de l’Europe est qu’elle ne mobilise qu’une cible aisée et âgée », selon Evelyn Soum, PDG d’Ailleurs Exactement, l’agence française qui déploie la campagne de communication du Parlement européen.
  • « Aujourd’hui, l’Europe s’appuie sur une minorité d’« addicts » mais elle doit faire face à la défiance d’une large part des consommateurs », selon Jean-Marc Huleux, Associé d’Euro RSCG C&O, l’agence chargée de la campagne gouvernementale d’information et d’incitation au vote.

Recommandation :

  • Valoriser davantage les bénéfices concrets de la construction européenne : l’euro, le programme d’échange universitaire Erasmus, la libre circulation dans l’espace Schengen…
  • Sortir des déclarations emphatiques et faire de la communication par la preuve : voir la campagne « J’avance avec l’Europe » qui montre que l’engagement de l’Europe est quotidien avec des actions et des opportunités auprès de toutes les tranches de la population…

Une personnalité insuffisamment caractéristique

Diagnostic :

  • « Non seulement la marque n’a pas de message clair et sa cible ne se reconnait pas en elle, mais en plus, elle n’a pas d’émetteur unique », selon George Lewi de BEC Institute.
  • La complexité du mode de fonctionnement de l’UE rend la communication européenne quasi uniquement « BtoB ».
  • « L’Europe souffre d’un manque de puissance et de proximité (…), entre la communication de masse et l’information sur le terrain. Du coup, ça ne se voit pas », selon Thierry Saussez, le délégué interministériel à la communication et directeur du SIG.

Recommandation :

  • Pour nourrir son image, l’Europe ne peut pas se contenter de communiquer seulement lors des échéances électorales.
  • « L’Europe doit être présente partout et venir à la rencontre des citoyens », (comme lors de la Journée de l’Europe) selon Frédéric Maillard, vice Président de Junium.
  • C’est également la responsabilité des Etats de déployer la communication européenne pour Thierry Saussez.
  • Une réflexion sur le logo de l’Europe, via un lifting du drapeau européen semblé également nécessaire.

Conclusion du dossier rédigé par Alain Delcayre : il s’agit d’un « chantier titanesque mais indispensable ».

Vers la création d’une « marque UE » ?

Plusieurs documents officiels émanant du Parlement européen indiquent que la création d’une « marque UE » serait en cours de création…

L’intention stratégique : défendre la « valeur ajoutée d’une approche propre à l’UE » en matière de communication

En signant la déclaration politique « Communiquer sur l’Europe en partenariat », le 22 octobre 2008, les trois institutions communautaires – le Parlement européen, le Conseil et la Commission européenne – se sont engagées, notamment à « défendre la valeur ajoutée que représente une approche propre à l’Union en ce qui concerne la communication à propos des questions européennes ».

La préconisation opérationnelle : développer une « marque UE » reconnaissable à utiliser dans toutes les actions de communication de la Commission européenne

Première étape : le Parlement européen formule une recommandation d’« harmonisation dans la présentation de la politique de la communication ».

Déplorant « le manque de cohérence dans les actions de communication de la Commission européenne », le Parlement européen souhaite une « harmonisation dans la présentation de la politique de la communication », dans les points 25 et 26 de la Résolution du 18 décembre 2008 sur le projet de budget général de l’Union européenne pour l’exercice 2009.

Deuxième étape : le Parlement européen réserve des crédits pour définir un plan pour « garantir un niveau adéquat d’harmonisation dans la présentation de la politique de communication ».

Visant à garantir la cohérence de la communication européenne, le Parlement européen prévoit de débloquer 6 millions d’euros lorsque la Commission européenne définira une «marque UE» reconnaissable qui pourra être utilisée dans toutes les mesures et activités de la Commission en matière de communication, quelle que soit la direction générale de la Commission dont elles émanent.

Ainsi, au cours de l’année 2009, semble se dessiner le projet de créer une « marque UE », labellisant les actions de communication de la Commission européenne…