Communication européenne sur nos smartphones : il y a une app pour ça

Slogan emblématique de la marque à la pomme lors du lancement de l’iphone : « il y a une app pour ça », l’Union européenne semble s’en être saisi pour investir nos portables avec à ce jour 24 applications référencées sur l’Apple Store. Que peut-on en dire pour chaque catégorie souvent arbitraire prévue pour les classer ?

1ère catégorie : les applications « éducation » en mode ludique ou serious game

Avec un quart des applications référencées de l’Union européenne, les app éducation sont destinées à des publics spécifiques qui visent à faire un apprentissage, que l’on va présenter de la plus ludique à la moins pédagogique :

L’application « Cyber Chronox » se positionne comme un outil ludo-éducatif de sensibilisation des jeunes à la protection des données et aux droits fondamentaux sous forme de bande dessinée interactive pour des activités dans un cadre éducatif informel.

« Happy Onlife » est un jeu engageant visant à accompagner les enfants de 8 à 12 ans tout en impliquant leurs parents et enseignants pour initier avec eux une médiation active afin d’apprendre à se comporter en toute sécurité dans le monde numérique.

« Invasive Alien Species Europe » vise à permettre au grand public de recevoir et de partager des informations sur les espèces exotiques envahissantes en Europe, dont 10 à 15 % sont envahissantes, causant des dommages environnementaux, économiques et/ou sociaux.

L’application « CEPOL LEED » donne accès à une plate-forme de elearning destinée aux responsables de l’application des lois dans les États membres et autres pays partenaires.

L’application « The EU Relocation Programme » vise à aider les demandeurs d’asile avec des informations sur la procédure de relocalisation et leurs droits et obligations lors de la demande de relocalisation.

Dernière app, le « Council Voting Calculator » est destiné aux spécialistes de l’UE afin de leur permettre de simuler un vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’UE avec un calculateur en fonction des procédures et des positions des États-membres.

2ère catégorie : les applications de « référence » informatives

Commençons par le commencement, l’application de la Charte de l’UE « EU Charter » se positionne comme « un guichet unique des droits fondamentaux » qui donne accès à la Charte des droits fondamentaux de l’UE ainsi que les jurisprudences de la Cour européenne de justice et de la Cour européenne des droits de l’homme.

Application pratique destinée aux juristes, « CVRIA » se présente comme l’outil idéal pour ceux qui souhaitent se tenir au courant des travaux de la Cour de justice de l’Union européenne : communiqués, décisions, audiences, arrêts et avis.

L’application « EP Research Service » donne accès à toutes les publications et infographies publiées par le Service de recherche du Parlement européen fournissant une analyse indépendante et objective sur les questions, la politique et le droit de l’UE.

Le Bureau européen d’appui en matière d’asile offre un soutien pratique aux personnes sur le terrain avec « EASO Practical Tools » concernant les droits des personnes ayant besoin d’une protection internationale et des informations sur les procédures applicables.

L’application du Comité européen des régions vise à se connecter aux responsables politiques locaux d’Europe et obtenir les dernières nouvelles de l’organisme de l’UE représentant les villes et les régions.

3ème catégorie : les applications « Voyage » de services

« Passenger rights » peut se révéler très pratique si vous avez déjà été bloqué ou vos bagages perdus, l’application couvre désormais tous les modes de transport dans l’UE – aérien, ferroviaire, bus et bateau, vous pouvez vérifier vos droits immédiatement, sur place.

« Going Abroad » est l’application de sécurité routière pour trouver toutes les règles de sécurité routière avant de partir à l’étranger sur les routes en Europe.

Comme partout avec le Covid, « Reopen EU » fournit un aperçu de la situation sanitaire dans les pays européens, sur la base des données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies afin de planifier ses voyages en Europe.

Enfin, « EPexplorer » permet de découvrir le campus bruxellois du Parlement européen à travers une expérience interactive en réalité augmentée.

4ème catégorie : Utilities & Productivity, les applications pratiques

« ERA SMS » de l’agence de l’UE pour les chemins de fer donne un aperçu des principaux éléments constituant le système de gestion de la sécurité ferroviaire.

« Innovation Radar » vise à identifier les innovations et les innovateurs à fort potentiel dans les programmes-cadres de recherche et d’innovation financés par l’UE.

« EU CBRNE Glossary » est le glossaire officiel de l’UE sur les risques chimiques, biologiques, radiologiques, nucléaires et explosifs pour les praticiens de la gestion et de la réponse de crise.

« Food Checker » est un outil de collecte dans le but d’identifier des produits alimentaires apparemment identiques mais présentant des différences de composition (nutrition et ingrédients) sur les étiquettes.

« EU Council » conçue pour les invités aux événements et réunions qui se déroulent dans les bâtiments du Conseil de l’UE à Bruxelles et à Luxembourg.

Bonus : une appli « social media » et une appli « simulation »

En tant que social media, l’app « European Solidarity Corps » vise à permettre aux jeunes de 18 à 30 ans de s’engager dans des projets liés à la solidarité dans toute l’Europe en tant que bénévole, stagiaire ou même salarié travaillant sur un projet solidaire. Les fonctionnalités inspirées des réseaux sociaux, on retrouve la possibilité de créer un profil, publier des contenus, interagir avec la communauté et chater mais aussi rechercher et postuler à des opportunités.

App la plus aboutie, « EUcraft » est un jeu de simulation vous permettant de prendre des décisions au sein du Conseil de l’UE en se mettant à la place des ministres nationaux et en négociant sur des sujets réels afin de parvenir à un accord. Il s’agit d’un jeu éducatif basé sur le vrai processus de négociation et sur de vrais sujets, cependant, les procédures de négociation sont présentées sous une forme simplifiée et gamifiée, avec l’ajout d’éléments ludiques et un degré d’abstraction.

N’hésitez pas à partager en commentaire les applications européennes que vous connaîtriez !

Consultation De Facto : comment permettre à chacun de mieux s’informer ?

Retour sur la table ronde lors de Médias en Seine, « comment permettre à chacun de mieux s’informer ? » autour de la consultation De Faco, autour d’une réflexion globale sur une information plurielle, vérifiée qui a fait l’objet de 110 000 contributeurs et 2023 propositions, il s’agit d’un projet soutenu par la Commission européenne pour lutter contre la désinformation.

Axel Dauchez, Président et fondateur de Make.org

La consultation a permis de recueillir des réponses sur un sujet sensible auprès d’un très grand public, c’est une matière très riche sur les sujets qui génèrent le plus d’engagement et de consensus.

Principaux enseignements :

  • Sur-prépondérance des fake news, des craintes fortes
  • Sujet de bien s’informer était une préoccupation, c’est dorénavant une priorité, un impact sur la cohésion sociale
  • Convocation de tous les acteurs : l’enseignement à l’école, la régulation des pouvoirs publics, les comportements des citoyens
  • Une sorte d’union sacrée, avec de vrais paradoxes : rupture ou évolution ?

Christine Buhagiar, Directrice régionale Europe de l’AFP

Une consultation positive, on sort d’une attitude passive/critique sur l’information à une envie d’être plus actif, apprendre à douter, se doter d’outils, comment trouver la réalité des faits, c’est un changement de paradigme complet, c’est encourageant.

Une information de qualité, c’est restituer les faits en toute objectivité, c’est dans la charte fondatrice de l’AFP : oublier toute objectivité, aller sur le terrain. Une information exacte ne suffit plus en captant des photos et des vidéos d’observation des faits, le travail journalistique doit prouver par d’autres outils et méthodes que ce qui vient du terrain est vrai dans la lutte contre la désinformation. Aujourd’hui, 140 personnes ne font que de la lutte contre la désinformation, on n’aura jamais pu l’anticiper il y a même 5 ans.

Face au problème du manque de confiance du public dans les journalistes, un tiers des gens fait confiance aux médias. L’une des réponses à ce problème, c’est l’éducation aux médias, sur la base de valeurs, d’éthique. Si les personnes ont des outils de contre-enquête leur permet d’évaluer la qualité du travail des journalistes.

Sylvain Parasie, Sociologue et Professeur des Universités à Sciences Po

Au départ, une grande déstabilisation des pratiques, des troubles liés à la digitalisation. Il y a une extrême exigence des citoyens à l’égard de l’information, une attente très forte, un véritable intérêt : diversité, transparence, concentration.

Une information sur les réseaux sociaux, sans filtre journalistique. Le rôle des journalistes a changé : l’éditorialisation collective d’un média, alors que la circulation des articles est individuelle avec des réceptions très diverses. L’éthique et les standards journalistiques deviennent encore plus important et la pratique du fact-checking se développe aussi au sein de l’audience. La différence entre journalistes et citoyens reste importante, mais les critères de jugement de la qualité de l’information se rapprochent.

La distance avec les médias reste néanmoins importante au sein de la population, il existe aussi des phénomènes d’évitement de l’information avec des personnes très éloignées des médias.

Nathalie Sonnac, Présidente du Conseil d’Orientation et de Perfectionnement du Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information

Une conscientisation finalement dans un monde complexe, tout un chacun participe à la circulation de l’information, générant du bruit, un flux informationnel constant, difficile de s’y repérer. Il y a besoin de repères, d’informations de qualité, de sensibilisation aux médias, il y a un risque que la mauvaise information chasse la bonne, les citoyens en sont conscients.

Face à la crise de confiance, de façon institutionnelle dans toute l’Europe et les Etats-Unis frappe particulièrement les médias, il y a une forte demande pour s’acculturer aux médias et à l’information pour avoir un socle commun : en 2013, institutionnalisation de l’éducation aux médias pour les plus jeunes et en 2022, le renforcement de l’éducation à l’information avec des référents au sein des rectorats.

Aussi, il faut embarquer les familles dans l’univers numérique et le monde de la recherche et de l’université ainsi que les professionnels de l’éducation pour aider les éducateurs à se former eux-mêmes.

Au total, l’éducation aux médias est une priorité afin de développer ses capacités de lecture critique, de renforcer l’éducation au sein du système éducation et qui soit aussi destiné à toutes les générations.

L’Europe, sanctuaire ou crépuscule de la démocratie ?

Déjà en perspective des élections européennes du printemps 2024, la Maison de l’Europe de Paris a organisé une conférence, avec l’intervention d’Emmanuel Rivière, le patron de l’institut de sondage Kantar Public, responsable de toutes les enquêtes Eurobaromètre…

Quelle est la perception de la démocratie dans l’Union européenne ?

Petit tour d’horizon à l’appui de diverses enquêtes d’opinion en 10 points clés :

  1. Premier résultat significatif, la nature démocratique de l’Union européenne est reconnue très majoritaire, par plus de 72% des Européens, quoique cette proportion soit légèrement inférieure en France.
  2. Parmi les valeurs, la démocratie arrive en 4e position après les libertés, la paix et l’euro, ce qui montre à la fois les acquis communautaires et les principes ; en France, l’item démocratie est plus bas dans les valeurs.
  3. Globalement, la satisfaction sur le fonctionnement démocratique à l’échelle européenne est majoritaire, à 54%, il est d’ailleurs davantage interrogé à l’échelle nationale, y compris en France.
  4. Cette satisfaction sur le fonctionnement de l’UE est un sentiment inégalement réparti géographiquement avec une césure visible en Europe de l’Est, plus critique à l’égard de l’Union européenne.
  5. Le traditionnel clivage sociologique qui veut que plus on étudie longtemps, plus on a le sentiment d’être entendu dans la démocratie européenne se confirme dans les enquêtes les plus récentes.
  6. Les menaces contre la démocratie, comme les extrêmes ou la désinformation sont présentes, mais les citoyens européens se déclarent plutôt prudents et vigilants pour faire face à ces défis.
  7. Pour les valeurs que le Parlement européen doit défendre, depuis longtemps, c’est la démocratie qui apparaît en première position dans l’Union européenne, mais en France, c’est l’égalité femme-homme.
  8. L’intérêt pour les élections européennes est dans la moyenne à cette période, c’est-à-dire à 18 mois du scrutin, une partie seulement des Européens a connaissance de ce rendez-vous pour le moment.
  9. Malgré l’horizon menaçant sur l’état de droit dans quelques pays européens, même si la plupart peuvent se considérer concernés, les Européens défendent fermement les principes démocratiques.
  10. Les élections européennes permettent d’avoir le sentiment d’être entendu dans l’Union européenne, à quasiment chaque scrutin, ma voix compte davantage, c’est un vrai moment démocratique.

Que faut-il retenir ?

Les crises d’aujourd’hui, contrairement aux crises précédentes, produisent plutôt des sentiments positifs pour l’Union européenne, à elle de s’en saisir pour transformer l’essai.

60 ans du traité de l’Élysée : une communication terne en demi-teinte

Dimanche 22 janvier, c’est l’anniversaire de la signature du traité de l’Élysée entre le chancelier Adenauer et le président de la République de Gaulle, que peut-on retenir de cette séquence importante alors que le moteur franco-allemand carbure un peu moins bien ces derniers temps…

Le verre à moitié plein : le plaidoyer de Laurence Boone, Secrétaire d’État chargée de l’Europe

A l’occasion d’une conférence à la Maison de l’Europe de Paris quelques jours après, les éléments de langage de la membre du gouvernement Borne cadre la séquence de communication, en trois temps :

  • Sur le soutien à l’Ukraine en termes humanitaire, militaire et financier
  • Sur les politiques publiques européennes
  • Sur l’appartenance et la jeunesse

La célébration du soixantième anniversaire du traité de l’Élysée, c’est l’occasion de renouveler que l’engagement pour la paix est plus que jamais d’actualité dans un contexte de remise en cause du modèle européen, voire un moment de changement d’époque, un pivot.

La locomotive franco-allemande, à défaut de parler de couple compte-tenu des récentes difficultés vise à :

  • Ancrer le continent européen dans la démocratie, en défendant l’indépendance de la justice, la lutte contre la corruption, le pluralisme des médias, pour tous les États-membres et les pays candidats ;
  • Développer une véritable stratégie industrielle européenne, pour que l’Europe soit une puissance géo-économique qui réussisse la transition numérique et climatique ;
  • Assurer la réforme du marché de l’énergie afin de répondre au besoin d’autonomie stratégique, de sécurité des approvisionnements et de développement des énergies renouvelables ; le compromis franco-allemand sur l’hydrogène porte sur la source d’énergie bas-carbone (nucléaire inclus) en contrepartie de l’extension du pipeline France-Espagne vers l’Allemagne ;
  • Flécher les aides post-covid pour permettre aux entreprises de faire face à la hausse des prix des énergies et aux subventions de la loi américaine Inflation Reduction Act ;
  • Diriger des ressources dont l’origine demeure indéterminée vers un fond de souveraineté ;
  • Réviser la charte des droits fondamentaux pour aligner par le haut les droits des femmes et l’égalité femme-homme, à travers le pacte Simone Veil ;
  • Défendre le principe des listes transnationales aux élections européennes afin de renforcer le sentiment d’appartenance des Européens à l’Union européenne.

Le verre à moitié vide : les déclarations officielles sans souffle ou essouflées

Mettons de côté le lyrisme déplacé du discours du président de la République à l’occasion des célébrations à la Sorbonne qui s’est exprimé avec cette expression curieuse un peu essoufflée : « Deux âmes dans une même poitrine. Elles ne se ressemblent pas et elles n’ont pas la même histoire, mais elles sont dans cette même poitrine et elles battent à l’unisson. Deux âmes dans une même poitrine, c’est nous. »

Regrettons que la France et l’Allemagne ne soient pas parvenues lors de cette occasion de faire des annonces coordonnées attendues, en particulier au sujet de la livraison de chars lourds à l’occasion des conclusions du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité.

L’absence d’initiative symbolique dans le franco-allemand, d’avancées inattendues pour la construction européenne ou de convergences renforcées sur de nouveaux enjeux rend finalement ce rendez-vous très institutionnel assez convenu.

Communication politique européenne : un exercice d’aggiornamento à l’européenne

Face à la polycrise (mot de l’année), c’est toujours plus au cœur que le projet européen est menacé. Les changements des règles financières, avec notamment le plan de relance post-covid, que certains avaient nommé sans doute à tort le moment hamiltonien s’est relativement bien passé. Les évolutions des règles du marché intérieur pour répondre aux subventions des USA de l’IRA (Inflation Reduction Act) contre l’inflation et celles en Europe pour assurer la transition numérique et climatique, ce qui est au cœur de la doctrine européenne, seront une autre paire de manche. C’est vraiment le moment de réviser la vision des Pères fondateurs, un exercice de communication ultra-sensible ? Comment les décideurs européens s’y prennent pour faire trembler les fondations du temple européen ?

Le moment « make or break » : la cacophonie des plans qui s’empilent

Les débats sont publiquement animés en ce moment traditionnellement réservé aux vœux de début d’année, plusieurs Commissaires européens, en particulier Thierry Breton, Margrethe Vestager et Paolo Gentiloni se sont positionnés pour exposer leurs plans afin de réviser les règles du marché intérieur, sachant que France et Allemagne représentent ensemble près de 80% des subventions accordées aux entreprises en 2022 dans un cadre temporaire post-covid.

Thierry Breton, le Commissaire tout terrain hyper-actif plaide pour un assouplissement des règles de subvention aux entreprises et de stimulation de la fabrication industrielle en Europe « Made in Europe » avec une « loi sur les technologies vertes ». Il est également favorable à un fonds européen qui compenserait les aides de pays de l’UE ayant moins de capacité.

Très présent dans les médias, le Commissaire au marché intérieur est le plus concerné par les réponses de l’UE a apporté face à la crise des prix de l’énergies, aux subventions du marchés aux USA et les actions d’ores et déjà engagées auprès des entreprises européennes en particulier par le couple franco-allemand, qui se rejoint au moins sur ce sujet en ce moment.

Margrethe Vestager, la Commissaire à la concurrence s’est également positionnée sur le sujet, en faveur de modifications des règles de l’UE en matière de subventions pour permettre temporairement aux pays de s’aligner sur le programme de subventions américain qui « risque d’attirer certaines de nos entreprises européennes ». Elle plaide aussi en faveur d’un fonds commun de l’UE pour permettre aux pays de subventionner les industries vertes sur un pied d’égalité.

Étonnamment plus classique dans sa communication, ce qui montre la sensibilité du sujet, elle s’est exprimée par écrit, via une lettre destinée aux ministres de l’UE.

Paolo Gentiloni, Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires s’est également immiscé dans la discussion avec une déclaration publique en faveur de 2 piliers : l’allégement des règles en matière d’aides d’État, sans bouleverser notre mode de concurrence et disposer également d’un financement commun pour éviter la fragmentation.

Dans l’ensemble, chacun dans son style, selon son portefeuille et surtout avec des temporalités d’application un peu différentes, les Commissaires plaident pour faire bouger les lignes, ce qui semble globalement acquis et surtout pour un modèle équilibré et juste entre les États-membres, ce qui est le « bon sens européen », mais pas forcément le sens commun des chefs d’État et de gouvernement pour le moment.

Le moment « Davos » : le discours d’équilibrisme d’Ursula von der Leyen

Très attendue après un long silence, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est exprimée depuis le forum de Davos, un choix discutable, dans le cadre d’un exercice d’équilibre délicat : assurer aux dirigeants européens que leurs entreprises assiégées recevront de l’argent publique européen, tout en insistant sur le fait que l’UE ne devient pas protectionniste.

Sans grande prise de risque et dans une vision de moyen-terme, Ursula Von der Leyen a annoncé une nouvelle loi sur l’industrie Net-Zero qui fixera des objectifs pour 2030 afin d’augmenter le financement des technologies propres et d’accélérer les permis pour les sites de production.

A plus court terme, au sujet des assouplissement temporaires des règles historiquement strictes des aides d’État directes aux entreprises, Ursula Von der Leyen est restée encore à ce stade assez vague en confirmant que l’UE va offrir aux entreprises des « modèles d’allégements fiscaux plus simples » et accélérer le processus d’approbation d’autres efforts d’aide d’État.

Pour tenir le fil et être diplomatiquement correcte, Ursula Von der Leyen a confirmé l’engagement continu de l’UE en faveur du libre-échange et s’est abstenue de critiquer les États-Unis – malgré l’état difficile des relations UE-États-Unis.

Que faut-il retenir ? Qu’un débat aussi sensible n’aurait sans doute pas été autant publicisé il y a quelques années et surtout qu’une feuille de route claire et partagée est indispensable pour aligner les parties-prenantes, sans perdre de temps, pour poser de nouvelles règles pour le marché intérieur.