Archives de catégorie : Opinion publique européenne

Billets sur l’opinion publique européenne

Euroscepticisme : quel rôle des médias en ligne ?

La participation du public via des commentaires sous les articles de presse en ligne et dans les médias sociaux ajoute une nouvelle dimension à la fabrication de la contestation de l’Union européenne dont le cadrage et le débat sont traditionnellement menés par des publics élitistes (journalistes, universitaires et groupes politiques ou civiques marginaux). Comment la contestation de l’UE est refaçonnée dans la sphère publique numérique, selon Asimina Michailidou dans « The role of the public in shaping EU contestation: Euroscepticism and online news media » ?

Couverture journalistique des questions européennes en ligne : les cadrages uniformisés de l’Europe

L’analyse d’un corpus de plus de 1 500 articles en ligne donne une tendance dans les principaux médias d’information en ligne au fil du temps dans toute l’Europe vers une relative uniformité dans le cadrage de la politique de l’UE :

Non seulement, la politique au jour le jour reçoit beaucoup d’attention des journalistes, en particulier les politiques nationales restent fermement le « cadre » fondamental, les négociations et rivalités des scènes politiques nationales – micropolitique des partis ou ragots sensationnalistes diplomatiques – dominent les cadrages journalistiques.

Mais surtout, les actions des différents décideurs sont présentées comme des faits apparemment « neutres », donc peu commentés ou analysés, ce qui laisse du coup le discours technocratique et les choix collectifs pratiquement incontestés par les journalistes.

La perspective des lecteurs : l’euroscepticisme (re)contextualisé

Cependant, le manque d’intérêt des journalistes pour les implications démocratiques de l’UE contraste avec la manière dont les lecteurs débattent de la politique européenne. Les lecteurs utilisent souvent les forums de commentateurs pour exprimer leur profonde préoccupation face à l’état de la démocratie en Europe et à l’absence de mécanismes de contrôle démocratiques.

Les évaluations négatives de l’UE dominent à travers les pays, quelle que soit la source du débat de l’UE, la position de l’acteur (agissant en qualité de citoyen, représentant politique ou non gouvernemental) ou la portée (nationale/transnationale, UE/étranger) au point d’être un élément unificateur essentiel des sphères publiques en ligne.

Sans pour autant constituer une communauté consciente, qui se réunit consciemment pour débattre de l’état actuel des affaires européennes et de l’orientation future de l’intégration européenne, les sphères d’information en ligne sont néanmoins synchronisées en termes de sentiment public, une sorte de communauté des utilisateurs, unie par son anti-élitisme et sa compréhension de soi qui constituent la voix du peuple et la défense de la démocratie.

L’euroscepticisme est en partie le reflet du cadrage journalistique. Les contributions journalistiques eurosceptiques déclenchent des débats en ligne plus intenses et le ton principal de l’article est amplifié. Le débat devient ainsi de plus en plus homogène en ce sens qu’une voix pro-européenne est quasiment inexistante dans les commentaires des lecteurs.

Les médias en ligne, en particulier les médias sociaux, jouent un rôle dans l’amplification de la contestation de l’UE et du mécontentement populaire de catalyseur en devenant populaires et en restant dans l’œil du public.

Que conclure pour l’espace public européen en ligne ?

Premièrement, les plateformes d’info en ligne reproduisent plutôt que de contester les cadres dominants des médias hors ligne.

Deuxièmement, les échanges publics de lecteurs ne dépendent pas nécessairement des cadres journalistiques et du style de reportage.

Troisièmement, la désaffection vis-à-vis des institutions de l’UE est palpable dans les débats en ligne sur les principaux médias d’information en ligne. L’euroscepticisme diffus n’est plus confiné aux limites de la sphère publique en ligne ou à des acteurs publics spécifiques.

Des sphères publiques en ligne dans l’UE – fragmentées par nationalité – émergent ainsi de manière unifiée grâce à la référence aux mêmes événements / informations et à l’utilisation parallèle des mêmes cadres et interprétations. Les cadres et les thèmes utilisés pour rendre compte des événements politiques de l’UE divisent les publics en « nous et eux », perpétuant ainsi la perspective nationale et un euroscepticisme diffus.

Au total, le cadrage journalistique de la politique de l’UE dans les médias en ligne contribue à approfondir les conflits existants plutôt que la réalisation d’une compréhension commune et donc participe de la dynamique d’un euroscepticisme diffus en ligne.

Quête du sens de l’Europe : cartographier les communautés d’Européens

Puisque le rédacteur en chef de la nouvelle revue Européens Pascal Beria reconnaît dans un billet sur « l’empire du sens » que le bon sens n’est plus la chose au monde la mieux partagée, contrairement à la conviction de Descartes, il nous reste à retracer les itinéraires personnels du sens européen afin de cartographier les différentes communautés d’Européens en fonction du sens qu’ils donnent à l’Europe…

De la quête de sens européen à la cartographie des communautés

Les travaux de l’« Observatoire du sens » mené par l’agence Wellcom et l’institut ViaVoice se révèlent précieux pour fixer le cadre d’une réflexion autour du sens de l’Union européenne et de ses communautés.

A partir de deux axes structurant la relation individuelle/collective et la relation transmission/projection, se dessinent plusieurs territoires de sens de l’Europe :

  • Sur l’axe horizontal (arbitrairement) à gauche vers un sens de l’Europe comme accomplissement personnel, autour des valeurs de liberté et d’autonomie et à droite vers des aspirations plus collectives à exercer des responsabilités communes ;
  • Sur l’axe vertical, le haut pointe vers une capacité de projection dans le futur tandis que vers le bas pèse davantage le poids de l’héritage et des patrimoines.

Ainsi, le premier repère est le centre, où il est possible de distinguer ceux qui sont littéralement déboussolés par l’Europe, disons des Européens indécis ou indifférents. Autour deux cercles selon le niveau d’engagement des publics avec l’Europe se dessinent.

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Pour ceux qui ne font pas du sens de l’Europe l’alpha et l’omega de leur vision du monde, il est possible de distinguer quatre publics distincts :

  • Les Engagés sont globalement convaincus, sans le poids de l’idéologie, par l’aspiration future à une construction européenne plus importante ;
  • Les Enracinés sont en revanche plus attachés, sans passions tristes, à leur écosystème de relations et de représentations ;
  • Les Europtimistes ont une relation plus utilitariste à l’Europe, qui leur permet – quant à eux – de s’épanouir, de voyager, de profiter ;
  • Les Eurosceptiques font une expérience moins concrète et concluante de l’Europe, donc plus ambiguë.

Pour ceux en revanche qui place l’Europe au centre du sens, comme clé explicative globale, dont on peut extrapoler qu’ils ne sont pas les plus nombreux dans la société, mais certainement les plus vocaux, les visions sont plus radicales :

  • Les Euroconstructifs sont convaincus qu’il faut construire une Europe puissance capable de rivaliser avec les grands acteurs pour protéger les Européens – la vision littéralement la plus constructive de l’Europe ;
  • Les Nationalistes sont des enracinés qui craignent que le projet européen vienne en contradiction, en opposition avec leur aspiration à conserver leurs identités et leurs patrimoines ;
  • Les Internationalistes sont les hérités d’un projet européen plus émancipateur que protecteur ;
  • Les Europhobes sont dans une situation de rejet contre une Europe qu’ils ne peuvent pas tolérer dans leur vie.

Au total, la tentative de cartographier un territoire des Européens en fonction du sens qu’il donne à l’Europe dessine près d’une dizaine de communautés d’Européens qui cohabitent et seront appelés prochainement aux urnes.

Vers une campagne électorale européenne sous le signe des paradoxes ?

Alors que le scrutin est encore lointain pour les citoyens qui seront appelés aux urnes en mai prochain, l’atmosphère en matière européenne est pour le moins paradoxale. Revue des principaux paradoxes du moment…

Le paradoxe classique d’un scrutin européen mangé par les enjeux de politique intérieure

Comme souvent, selon Jean-Louis Bourlanges dans l’émission Le Nouvel Esprit Public, le 3 février, le débat européen en France est mangé par des enjeux de politique intérieure. Non seulement, la campagne va se dérouler entrecoupée des longs week-ends du mois de mai, mais surtout les conséquences du grand débat national et l’éventuel référendum vont venir escamoter le débat européen.

Plutôt que de s’intéresser aux éventuels programmes et propositions pour le futur de l’UE, la scène médiatique est davantage préoccupée par l’écume liée au choix des têtes de liste ; ce qui générera le ressentiment des électeurs qui n’auront pas eu le sentiment que les vrais sujets auront été abordés et tranchés par les résultats électoraux.

Le paradoxe contemporain d’un projet européen dorénavant à sauvegarder

Hérité des années 1950 et des Trente Glorieuses, le projet de construction européenne, reposant sur la démocratie représentative, le multilatéralisme en politique étrangère, l’économie sociale de marché régulée et redistributive est dans le climat actuel tombé du côté des « avantages acquis » à sauvegarder face à la poussée populiste.

La mobilisation des extrêmes autour d’une dynamique paneuropéenne et de leur éventuel coalition – quoiqu’illusoire en majeur partie – tire le jeu politique non plus vers le sinistrisme qui poussait les forces politiques vers une montée irrésistible des forces « progressistes » mais bien davantage vers un affrontement entre la sauvegarde de la construction européenne co-construite par la social-démocratie et la démocratie chrétienne et la destruction sous la pression des forces populistes et néo-conservatrices.

Le paradoxe médiatique européen de débats éloignés des attentes

Dans les médias, le débat autour de l’Europe se traite davantage sous l’angle doctrinal, idéologique ou théorique sur la forme de la construction européenne, sur des décisions arbitrales pour ou contre telle ou telle action (l’euro, Schenghen…) ou des sujets forcément polémiques, comme l’immigration.

Dans les sondages, ou lors des consultations citoyennes européennes, les attentes du public sont, en revanche, beaucoup plus prosaïques, concrètes pour faire avancer l’Europe de l’apprentissage et de la formation tout au long de la vie pour faire face aux changements, de la progression des protections, notamment sociale ou encore de la lutte contre les changements climatiques, sans compter tous les enjeux régaliens de l’Europe : défense, justice et droits fondamentaux.

Le paradoxe européen d’une élection à finalité incertaine

La finalité des élections européennes n’est pas – plus – consensuelle :

  • S’agit-il d’« élire » le futur président de la Commission européenne via le système des Spitzenkandidaten qui consiste à imposer aux chefs d’État et de gouvernement la tête de liste du parti européen arrivé en tête le soir du scrutin, sachant que ce système n’est plus défendu par tous les membres du Conseil européen ?
  • S’agit-il de choisir les représentants qui défendront les orientations politiques soutenues par les citoyens, la première consistant à approuver ou désapprouver le président de la Commission européenne nommé par le Conseil européen, puis chaque Commissaire et chaque projet de texte sur la base de coalition ad hoc ?

Le lendemain du scrutin européen n’a jamais été aussi indéterminé, non seulement en raison de la fébrilité face à la vague annoncée de populisme mais surtout à cause de l’inconnu du Conseil européen, qui pencherait vers une nomination de circonstance « en fonction des résultats », selon les termes du traité de Lisbonne, mais donc indépendamment du système des Sptizenkandidaten.

Le paradoxe europhobe d’une détestation de l’UE qui fait la démonstration de sa raison d’être

Dernier paradoxe soulevé par le correspondant des Echos à Bruxelles Gabriel Grésillon dans « la très paradoxale percée des europhobes ». Selon lui, « à mesure que les partis populistes s’imposent dans le paysage européen, leur discours ouvertement hostile à l’Union donne à cette dernière une reconnaissance politique inégalée ».

Ce paradoxe des partis eurosceptiques radicaux – dit europhobes – est également pointé par France Culture qui constate que « la posture anti-européenne des eurosceptiques radicaux rejoint un positionnement anti-système, anti-élite, censé avoir des retombées électorales. Une façon donc de s’ancrer un peu plus dans le système politique qui est en théorie rejeté. »

Au total, les balbutiements de la campagne électorale 2019 sont à plus d’un titre paradoxaux : les opposants les plus farouches légitiment en dépit l’Europe tandis que les acteurs censés les plus européens délégitiment en partie le scrutin européen.

Élections européennes 2019 : quel est l’état d’esprit des Européens ?

Plusieurs enquêtes Eurobaromètre et rapports sur les Consultations citoyennes européennes fournissent des indicateurs sur l’état d’esprit des Européens à la veille des prochaines élections européennes dans quelques mois. Que faut-il retenir ?

Des électeurs conscients, mais seront-ils entendus ?

Selon l’Eurobaromètre 477 « Démocratie et élections », les Européens semblent prendre conscience des enjeux relatifs au prochain scrutin européen, même s’il n’est pas sûr qu’ils soient entendu quant à leurs attentes pour le bon déroulement de la campagne électorale.

Afin de renforcer l’incitation à voter lors des prochaines élections européennes, les Européens estiment qu’être mieux informer sur l’UE et son impact sur la vie quotidienne des citoyens est le facteur le plus susceptible (43%) d’accroître l’inclination des Européens à voter lors des prochaines élections, devant le fait qu’un plus grand nombre de jeunes se porte candidat (31%) ou la présence de candidates (20%).

Pour l’utilisation d’Internet pendant la période préélectorale, une grande majorité s’estime préoccupée par la désinformation ou la désinformation en ligne et convient que les règles que les médias traditionnels doivent respecter pendant la période préélectorale devraient également s’appliquer aux réseaux sociaux en ligne, aux plates-formes Internet et aux acteurs les utilisant.

Des citoyens favorables à l’UE, mais laquelle ?

Dans l’Eurobaromètre 479 « Futur de l’Europe », les Européens dessinent les contours de l’avenir, plutôt souhaité d’une construction européenne approfondie, quoique les orientations ne soient pas toujours alignées.

Un optimisme quasi consensuel se dégage pour l’avenir de l’UE, dans tous les États-membres à un niveau de près de deux tiers des Européens, hormis la France, toujours plus pessimiste et la Grèce.

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Les principaux atouts de l’Union européenne permettent de distinguer trois clubs de pays, selon les États-membres :

Le respect de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit importe d’abord dans la moitié des États-membres (la plupart de l’Europe du Nord et des pays fondateurs) ;

  • Le pouvoir économique, commercial et industriel est plus sensible dans l’Europe du Sud et quelques États d’Europe centrale ;
  • Les standards de vie des citoyens touche quasiment toute l’Europe de l’Est et l’Irlande ;
  • Les bonnes relations entre États-membres sont mises en avant en Grèce.

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Le futur idéal de l’Union européenne est projeté différemment selon les citoyens des Etats-membres, qui révèle quatre visions des priorités à long terme de l’UE :

  • des salaires égaux pour le même travail pour une majorité de pays en Europe du Sud et de l’Est ;
  • Davantage de sécurité pour l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie ;
  • Un système de santé garanti en Finlande, Irlande et Luxembourg ;
  • L’accès égal et juste à l’éducation aux Pays-Bas et au Royaume-Uni ;
  • L’égalité des sexes en premier pour la France ;
  • Le développement des énergies renouvelables en Suède et au Danemark.

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Des attentes et des préoccupations, mais seront-elles satisfaites ?

Selon le rapport qui synthétise les contributions des Etats-membres à l’issue des consultations citoyennes européennes, l’UE est perçue de manière positive, en dépit de ses difficultés, notamment la valeur de l’appartenance à l’UE et les bénéfices associés. Toutefois, l’absence d’une vision et d’une direction claires est un élément qui freine l’UE, ce qui suscite des souhaits de réforme.

1 – Une Union sûre et sécurisée

La questions des migrations apparaît comme l’une des principales préoccupations des citoyens de l’UE, systématiquement en tête des priorités dans presque tous les États membres.

Ce phénomène nécessite une action urgente de l’UE tant la meilleure protection des frontières extérieures de l’UE que l’impératif humanitaire et une politique commune solidaire et responsable de l’UE en matière d’asile et de répartition. Réduire l’immigration illégale passe par ses causes profondes en améliorant sécurité, conditions de vie et prospérité dans les pays d’origine, par l’aide au développement, le commerce et les investissements, tout en veillant particulièrement à soutenir la croissance économique sur le continent africain.

2 – Une Union de la convergence et de la compétitivité

Pour assurer une croissance économique durable dans toute l’Europe, le marché unique doit être achevé, notamment dans le domaine des services et du numérique, et l’Union économique et monétaire doit être approfondie pour empêcher et gérer les crises.

Plus largement, la crainte que l’UE ne soit en retard ou trop peu active dans le domaine de la recherche, du développement technologique, de l’innovation et de la transition numérique est présent chez nombre de citoyens.

Les appels à favoriser la compétitivité sont contrebalancés par des demandes en faveur de la convergence économique et sociale ainsi que par l’appui à la cohésion territoriale.

3 – Une Union qui protège l’environnement et favorise la durabilité

Sentiment urgent de s’engager plus fortement en faveur de la protection de l’environnement et du climat, en particulier réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les émissions toxiques et polluantes, améliorer le recyclage et le bien-être animal.

La lutte contre le changement climatique touche non seulement la production et la distribution énergétiques, mais aussi l’agriculture et l’agroalimentaire.

4 – Une Union du bien-être et des possibles

La protection sociale constitue un sujet de préoccupation majeur des citoyens, les citoyens souhaite un rôle plus important de l’UE dans la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale, le chômage, les discriminations, les menaces pesant sur les droits des travailleurs, l’accès limité aux services ainsi que les problèmes résultant des changements sociétaux et technologiques, y compris combler le fossé numérique.

La question de l’avenir du travail, notamment les questions d’accès, de mobilité et d’égalité hommes-femmes figure en bonne place.

Pour l’éducation, les demandes portent sur l’acquisition de nouvelles compétences répondant aux besoins du marché du travail, au renforcement de la mobilité à des fins éducatives, à la reconnaissance mutuelle des diplômes et des qualifications techniques et professionnelles, à l’accroissement des investissements dans la science et la recherche, ainsi qu’à l’apprentissage tout au long de la vie.

5 – Une Union forte sur la scène mondiale

Sujet de moindre importance, l’UE est généralement perçue comme une force au service du bien dans le monde, les citoyens insistant sur la puissance normative de l’Union, une action guidée par des valeurs perçue à la fois comme une responsabilité au niveau mondial et comme un impératif moral.

Pour protéger ses citoyens, l’UE est souvent perçue comme trop faible, manquant d’efficacité et de crédibilité en vue d’assurer sa propre sécurité et sa propre défense.

Les relations commerciales de l’UE sont généralement considérées positives, mais des préoccupations sont également exprimées sur les normes sociales et environnementales dans les accords de libre-échange avec les pays tiers.

6 – Une Union des valeurs et de la diversité

L’apparente absence de partenariat véritable entre petits et grands pays est problématique., se traduisant par l’impression d’un manque d’équité et d’une politique à deux vitesses.

Face aux divisions, l’UE continue d’être considérée comme une force au service du bien et comme une communauté liée par des valeurs partagées : droits de l’homme, État de droit, paix et démocratie comptent parmi les valeurs les plus souvent citées, de même que la paix.

La diversité des États membres est également vue comme un atout précieux pour l’Union, une identité européenne devrait coexister avec les identités nationales, plutôt que les remplacer.

Au total, le message des Européens à quelques mois des élections européennes est d’une part que l’UE concentre son action sur les domaines où elle peut faire réussir le projet européen et d’autre part que la transparence soit renforcée autour des compétences respectives des États membres et de l’UE afin de lever toute méfiance envers l’UE.

Des opinions publiques divisées sur l’UE en Europe de l’Ouest

Une vaste enquête paneuropéenne du Pew Research Centre dans les huit plus grands pays d’Europe de l’Ouest confirme qu’une majorité affirme que l’adhésion à l’Union européenne a été une bonne chose pour l’économie de leur pays ; mais en même temps, des majorités affirment que certaines compétences de l’UE devraient être rendues aux gouvernements nationaux. La campagne pour les élections européenne ne fait que commencer…

Côté pile : une majorité des Européens de l’Ouest disent que l’adhésion à l’UE a des avantages économiques

Ouf, des majorités dans tous les pays sauf en Italie indiquent que l’adhésion à l’UE a profité économiquement à leur pays. Ce sentiment est le plus répandu au Danemark, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne, où environ sept sur dix ou plus voient l’adhésion à l’UE comme une bonne chose. Les Italiens sont divisés sur la façon dont l’adhésion à l’UE a affecté leur pays : 46% bonne, 48% mauvaise et 32% affirment que l’appartenance à l’UE nuit à l’économie italienne.

Dans tous les pays étudiés, le poids du populisme pèse sur les consciences politiques : les personnes qui ont des opinions populistes sont moins susceptibles de dire que l’adhésion à l’UE a eu un impact positif sur l’économie de leur pays. Dans la moitié des pays, les populistes de gauche et les populistes de droite ressentent la même chose à propos de l’UE, ce qui peut laisser craindre des coalitions électorales entre partis populistes de bord différent, et a fortiori au sein du futur hémicycle du Parlement européen.

Dans la plupart des pays – France, Italie, Royaume-Uni, Pays-Bas et Allemagne – les personnes de gauche sont plus susceptibles que celles de droite de considérer l’adhésion à l’UE comme une bonne chose pour l’économie. En Espagne, cependant, la tendance gauche-droite est inversée : le groupe du droite est légèrement plus susceptible que le courant de gauche de considérer l’adhésion à l’UE comme un résultat positif.

Côté face : la plupart des Européens de l’Ouest veulent que certains pouvoirs de l’UE soient rendus aux gouvernements nationaux

Dans tous les pays, des majorités disent vouloir que certains pouvoirs de l’UE soient rendus aux gouvernements nationaux. Même au Danemark et aux Pays-Bas, environ deux tiers déclarent que certaines compétences de l’UE devraient être restituées.

Le désir de rendre les pouvoirs de l’UE aux pays est le plus répandu au Royaume-Uni, où le gouvernement national négocie actuellement une sortie de l’UE (of course). Mais, une majorité d’Allemands ou d’Espagnols (53% et 49% respectivement) sont encore enclins à favoriser ce type de changement.

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Les personnes qui ont des opinions populistes sont plus susceptibles que celles du courant dominant de vouloir plus de souveraineté nationale dans sept des huit pays étudiés. Par exemple, en France, 68% des populistes de gauche soutiennent le retour des pouvoirs de l’UE aux gouvernements nationaux, contre 54% de la gauche mainstream ; à droite, 76% des populistes de droite disent la même chose, contre 61% de la droite ordinaire. La seule exception à cette tendance est le Royaume-Uni, où les populistes et les principaux répondants sont largement d’accord sur cette question.

L’idéologie joue également un rôle dans la façon dont les gens perçoivent la division des pouvoirs entre l’UE et les gouvernements nationaux.

Dans cinq des huit pays, les partisans de la droite idéologique sont beaucoup plus susceptibles que ceux de gauche de penser que les pouvoirs devraient être rendus aux gouvernements nationaux. Les trois pays où ceux de droite ne sont pas plus susceptibles que ceux de gauche de soutenir le retour des pouvoirs aux gouvernements nationaux sont la France, l’Espagne et la Suède.

En bref, l’état des opinions publiques en Europe de l’Ouest à un an des élections européennes est potentiellement explosif si ces majorités d’idées qui souhaitent rétrocéder des pouvoirs confiés à l’UE se retrouvent dans les urnes.