L’OCDE s’interroge sur comment « Renforcer la transparence et l’intégrité des activités d’influence étrangère en France : Un outil pour lutter contre les risques d’ingérences étrangères ».
Principaux constats sur la résilience démocratique
La France développe de nombreux outils de politiques publiques pour lutter contre les risques d’ingérence étrangère : dispositif pénal de répression des atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation, outils réglementaires dédiés au financement de la vie politique, encadrement des activités de lobbying, lutte contre la corruption, le trafic d’influence, la prise illégale d’intérêts, ainsi que dispositifs administratifs de contrôle des investissements étrangers ou lutte contre les ingérences numériques étrangères.
La transparence et l’intégrité de la vie publique sont des domaines prioritaires d’action pour renforcer la résilience de la France face au risque croissant d’ingérence dans ses processus démocratiques.
Par exemple, l’influence de l’opinion publique comme moyen indirect d’influence sur les décisions publiques et les processus démocratiques n’est pas couverte, alors qu’il s’agit d’une part croissante des activités d’influence étrangère
Risques d’interférence étrangère
Au-delà des services de renseignement ou des institutions diplomatiques, de nombreux acteurs, notamment non-gouvernementaux, sont mobilisés (groupes de réflexion, institutions culturelles, organisations de la société civile, universités, diasporas, et médias :
- Capture des élites politiques et économiques : corruption, influence indue, offre de cadeaux et autres avantages ou mobilités professionnelles ;
- Financement de la vie politique : influence indue et capture politique ;
- Ingérence électorale : narratifs trompeurs, attaques de dénigrement ou piratages informatiques contre des candidats, financement de publicités ciblées ;
- Manipulations de l’information d’origine étrangères : campagnes de manipulations de l’information visant à façonner l’opinion publique et à renforcer le polarisation politique et le défiance via médias d’État, sites web de désinformation, fermes à trolls et bots sur les réseaux sociaux, influenceurs et journalistes sous influence, intelligence artificielle ;
- Coercition économique : investissements directs de puissances étrangères, d’entreprises d’État ou assimilées dans des secteurs stratégiques ou d’infrastructures critiques ;
- Utilisation abusive de la coopération universitaire, culturelle, des organisations de la société civile et des think-tanks : dépendances et captures des élites ;
- Contrôle, surveillance et répression transnationale des diasporas : ingérences ou manipulation.
L’ingérence étrangère, un phénomène déjà bien appréhendé par le cadre juridique et les pouvoirs publics en France :
- Sur le plan pénal, le dispositif de répression des atteintes aux intérêts fondamentaux ;
- Restrictions posées au financement provenant de l’étranger des partis politiques et des campagnes électorales ;
- Dispositif de lutte contre les atteintes à la probité, y compris la corruption, le trafic d’influence, la prise illégale d’intérêts ;
- Dispositif de contrôle des investissements étrangers ;
- Dispositif de lutte contre les ingérences numériques étrangères ;
- Dispositif sur l’encadrement des activités de représentation d’intérêts.
Principales recommandations
La France pourrait adopter un dispositif spécifique sur l’encadrement des activités de lobbying et d’influence étrangères effectuées au nom d’États ou d’organisations étatiques étrangères afin de renforcer la transparence des activités d’influence étrangère, de détecter et de sanctionner les activités non-déclarées :
1. Définir les acteurs et les activités d’influence étrangère couverts par le dispositif de transparence, tant l’influence sur les processus décisionnels, mais aussi celle sur le débat public ;
2. Définir les cibles des activités d’influence étrangère, tant les décisions publiques et les processus démocratiques visés que les processus électoraux ;
3. Définir les obligations de transparence pour les activités d’influence étrangère ;
4. Assurer le respect des obligations de transparence, avec un dispositif gradué de sanctions allant de sanctions administratives pécuniaires aux sanctions pénales ;
5. Délimiter le cadre institutionnel permettant l’administration du dispositif, le contrôle, les enquêtes et l’application des sanctions en confiant tout ou une partie de la mise en œuvre du dispositif à la HATVP avec un registre séparé ou unique administré par la HATVP.
6. Renforcer les obligations déontologiques applicables aux responsables et agents publics et aux représentants d’intérêts en matière d’influence étrangère.
7. Renforcer le contrôle sur les carrières professionnelles d’anciens responsables et agents publics au sein d’entités étrangères, au-delà de trois ans pour les activités de représentation.