Comme chaque année, l’enquête #EUMediaPoll, la plus grande enquête sur la consommation de médias parmi les décideurs, influenceurs et leaders d’opinion révèlent les médias considérés comme les plus influents. Alors, qui influencent les « Brussels Insiders » ?
Quelles sont les sources d’information les plus influentes pour les décideurs européens ?
En 2020, le Financial Times détrône Politico Europe en tant que source d’information la plus influente. Pourquoi Politico Europe a-t-il perdu sa couronne ? Parce qu’il a eu un impact énorme dans ses premières années car il était nouveau, percutant, initié et irrévérencieux. La newsletter Playbook Brussels de Politico atteint tout de même les 100 000 abonnés.
Les qualités attribuées aux deux plus importants médias influents sont très différentes :
- Pour le Financial Times, il s’agit du niveau d’expertise, de la qualité des journalistes et de la réputation positive du média ;
- Pour Politico Europe, il s’agit plutôt de l’insider access, de l’audience atteinte et de la timeliness, liée à présence essentiellement en ligne.
D’autres médias britanniques – le Brexit n’a pas encore d’impact sur l’influence britannique sur les décideurs bruxellois – avec The Economist et BBC news sont également très bien classés.
Comment les médias d’information se comparent-ils aux autres sources d’influence ?
Les collègues professionnels arrivent en tête, influençant 90% des décideurs européens. Les informations fournies par les institutions européennes et les États-membres sont également considérées comme très influentes. Les contacts personnels sont également toujours essentiels.
En revanche, l’influence des médias sociaux et des influenceurs en ligne est minoritaire. Les podcasts font également leur entrée dans les médias susceptibles d’influencer les décideurs européens.
Quels sont les médias sociaux les plus utilisées par les décideurs européens ?
L’usage des médias sociaux utilisées par les influenceurs de l’UE est dorénavant très fragmenté : WhatsApp en tête, puis Twitter, Facebook, Youtube, LinkedIn et Instagram. WhatsApp a dépassé Twitter en tant que média social le plus utilisé, mais Twitter est toujours considéré comme une source d’informations influente. Plus d’un quart choisit « Autres » lorsqu’on leur demande ce qu’ils utilisent, contre seulement 3% en 2018.
Pour le député européen Tiemo Wölken, le rôle de Twitter se justifie car il permet à la fois d’atteindre et de recevoir les commentaires de la bulle bruxelloise.
La stabilisation de Twitter et LinkedIn signifie qu’une large partie des Brussels Insiders y sont d’ores et déjà actifs. La place de WhatsApp est la traduction logique que ce sont les contacts professionnels et personnels qui représentent la première source d’influence pour les décideurs européens. Le narrow-cast du dark social, ces petits feux de camp numériques cachés, ne devrait cesser de progresser face à la logique de broad-cast pilotée par les algorithmes décriés des principaux médias sociaux.
Quels sont les enjeux de l’influence des Brussels Insiders ?
La diversité est la principale problématique. Le manque de médias non anglophones dans le top 10 est préoccupant. Les efforts de multilinguisme devraient être renforcés. Avec la diversité des langues vient aussi la diversité des pensées.
La nécessité d’un paysage médiatique européen plus diversifié est un enjeu à la fois dans les institutions de l’UE et dans les salles de rédaction des médias européens pour réduire la déconnexion avec les peuples européens. Il est important de mieux comprendre la culture et la politique de chaque État-membre et comment cela influence et façonne l’élaboration des politiques de l’UE.
Pour aller plus loin, le Thread des résultats et du panel de présentation : #EUMediaPoll.
Au total, le paysage de l’influence des décideurs européens est nuancé, reposant sur un mix entre les contacts interpersonnels, indispensables puis les médias d’information, la qualité reste essentielle et les médias sociaux pour interagir entre influenceurs européens.