Archives mensuelles : février 2014

Des MOOC sur l’Europe au secours de la communication de l’UE ?

Les Massive Open Online Courses (MOOC) littéralement « cours en ligne ouverts aux masses » révolutionnent la formation ouverte et à distance tout au long de la vie. Qu’en est-il des MOOC sur l’Europe pour combler les lacunes en connaissances et compétences de nombreux publics ?

« Comprendre l’Europe » : un MOOC de HEC dédié à l’UE pour renforcer la participation citoyenne européenne

Les innovations sont à tous les étages puisque c’est HEC – l’école hyper-sélective et super-chère – qui lance non seulement le premier MOOC entièrement dédié à l’Union européenne et son fonctionnement mais surtout dans un format de 6 séances accessible à tous et gratuit.

D’ailleurs, HEC présente « Comprendre l’Europe » comme un «  MOOC engagé » qui « défend une plus grande participation des citoyens aux affaires publiques européennes » et « entend apporter une contribution au nécessaire renouveau démocratique européen ».

Ce cours en ligne innovant et militant permettant à chacun de connaître les fondements de l’UE en vue des élections européennes de 2014 vise à :

  • combler le manque de connaissance actuel sur l’UE, son fonctionnement, sa raison d’être ;
  • transformer une construction politique souvent perçue comme abstraite et lointaine en une réalité tangible ;
  • présenter l’Europe non plus comme une contrainte mais comme une opportunité.

« EU modules » : une plateforme d’apprentissage à distance sur l’UE

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L’Institute for European Studies se lance dans le e-learning avec « EU modules » une plateforme de formation dédiée à l’UE sous forme de webinars.

Basé un modèle payant (de 150 à 300€ par module), les formations certifiées par le monde universitaire sont accessibles à tout moment à quiconque souhaite parfaire ses connaissances et compétences pour bien comprendre, par exemple, les institutions de l’UE et leurs politiques, l’influence européenne dans le droit et les décisions publiques.

Destiné aux étudiants, chercheurs, conseillers politiques, avocats, commerçants et tous ceux qui sont impliqués dans les affaires de l’UE (ou veulent être), « EU modules » permet d’apprendre des informations cruciales sur l’UE d’une manière innovante.

Au total, l’enjeu de la formation, en particulier auprès des publics clés de l’UE que sont les potentiels médiateurs (journalistes, enseignants, élus) se trouve bouleversé par l’arrivée des MOOC sur l’Europe.

Communication politique européenne : les candidats doivent-ils encore investir dans leur site web ?

Entre l’omniprésence des médias sociaux dans le quotidien des Européens en ligne, la visibilité des « têtes d’affiche » que sont les candidats des partis politiques européens au poste de président de la Commission et le facteur confiance, les candidats doivent-ils encore investir dans leur site web ?

A quoi sert un site de campagne pour un candidat aux élections européennes ?

A partir de 1 026 sites issus de 17 pays, l’analyse « Web campaigning in the 2009 European Parliament elections » offre la clé de lecture sur le rôle des sites web de campagne.

Selon les auteurs, les sites de campagne remplissent 4 fonctions :

  • Information : la première fonction d’un site politique (partis ou candidats) est évidemment d’informer les citoyens, notamment du programme ;
  • Réputation personnelle : le 2e fonction d’un site politique est de conforter la réputation du parti ou du candidat, notamment en riposte à diverses attaques ;
  • Connexion et partage : la 3e fonction d’un site politique est de permettre à l’internaute d’entrer en contact avec le parti ou le candidat et de partager, notamment dans les médias sociaux ;
  • Audio-visualisation : la 4e et dernière fonction d’un site politique est de proposer des contenus multimédia, notamment vidéo.

Quelles sont les différences significatives entre les sites des candidats aux élections européennes ?

Toute une série d’hypothèses – qui justifieraient des différences dans la conception des sites web des candidats – sont écartées :

  • les compétences digitales des citoyens n’ont aucun impact sur la conception des sites web des candidats ;
  • le système partisan (fractionné ou concentré) n’a également aucun impact ;
  • l’orientation idéologique et le parti politique du candidat n’ont aucune influence sur la conception de leur site.

En revanche, un seul critère semble pertinent : le niveau de confiance dans le personnel politique est significativement corrélé avec le niveau de contenus relevant de la réputation personnelle : moins la confiance règne en politique, plus les contenus réputationnels s’invitent sur les sites de campagne.

Bilan : les candidats ont intérêt à limiter leur site de campagne

Entre les conclusions d’une étude portant sur les élections européennes de 2009 et les tendances numériques des élections européennes de 2014, les candidats semblent avoir intérêt à limiter leur site de campagne :

D’une part, parmi les 4 fonctions des sites web des candidats, la plupart sont mieux remplies en assurant une présence active dans les médias sociaux. Seule la fonction d’information demeure à condition de bien référencer le site sur quelques mots clés.

D’autre part, dans la mesure où la seule variable vraiment distinctive parmi les sites des candidats porte sur le volume de contenus réputationnels, les candidats auraient intérêt à ne pas entrer dans une course stérile et décrédibilisante à force de jouer la réassurance et la transparence.

Au total, les sites de campagne apparaissent beaucoup moins essentiels aujourd’hui. D’ailleurs, au-delà des militants et des curieux, qui « surfent » encore sur les sites des candidats ?

Les think tanks jouent-ils la transparence ?

Mesurée par l’inscription sur le registre des institutions européennes, la transparence – parangon des recommandations en matière de bonnes pratiques dans les politiques publiques – est-elle de fait pratiquée par les principaux think tanks ?

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Transparence à l’échelle européenne : les think tanks mondiaux absents

De manière symptomatique, les 5 premiers think tanks mondiaux (Brookings, Chatham House, Carnegie, CSIS, SIPRI) – dans le classement de l’Université de Pennsylvanie « 2013 Global Go To Think Tanks Report » – ne sont pas inscrits sur le registre de la transparence de l’UE. Too big, big fail?

Plus exactement, c’est le premier pays au monde, les Etats-Unis avec 1828 think tanks – loin devant la Chine (426) et le Royaume-Uni (287) – qui ne semblent pas pratiquer la transparence à l’européenne : quasiment aucun think tank américain – hormis le International Crisis Group – n’est inscrit.

Transparence à l’échelle européenne : les think tanks allemands exemplaires

A l’opposé, les think tanks allemands les plus reconnus et respectés sont tous inscrits sur le registre de la transparence de l’UE, qu’il s’agisse de Konrad-Adenauer-Stiftung, Bertelsmann Stiftung, Stiftung Wissenschaft und Politik ou Friedrich-Ebert-Stiftung.

Par ailleurs, ces think tanks allemands – dont les budgets annuels sont de plusieurs dizaines de millions d’€ – partagent tous également le fait de ne pas recevoir de subvention de l’UE.

Transparence à l’échelle européenne : les think tanks européens globalement présents

Avec des budgets annuels très inégaux de l’ordre de quelques millions d’€ et des financements de l’UE également très différents mais quasi systématiques, les principaux think tanks européens jouent le jeu de la transparence.

Une règle semble s’imposer qui veut que plus un think tank est important – notamment mesurée par son budget annuel et sa communauté d’abonnés sur Twitter – plus celui-ci semble susceptible d’être inscrit sur le registre de la transparence, et de recevoir des financements européens.

Par ailleurs, Transparency International, Greenpeace et Amnesty International – trois « think tanks » activistes sont inscrits sur le registre pour ce qui concerne leurs activités auprès de l’UE.

Transparence à l’échelle européenne : les think tanks français dans la moyenne

En ne se distinguant pas – ni par un excès ou un déficit de transparence – les think tanks français sont dans la moyenne :

  • Les « in » : Fondation Robert Schuman, Institut Français des Relations Internationales, Confrontations Europe, Terra Nova et Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme…
  • Les  « out » : Notre Europe, Fondapol, Fondation pour la recherche stratégique, CERI, Fondation Jean Jaures, Fondation Res Publica…

Pour aller plus loin, consultez notre cartographie complète de la scène des think tank européens.

Au total, sur une sélection des 30 principaux think tanks à l’échelle européenne, 70% jouent le jeu de la transparence européenne. La prochaine étape de la mise à jour annuelle des données sera décisive pour mesurer la qualité de la transparence sur la durée.

Publicités politiques télévisées : pourquoi il n’y a pas de véritable campagne électorale européenne ?

La publicité politique à la télévision conserve aux Etats-Unis un rôle important dans les campagnes électorales – même à l’heure des médias sociaux – tandis qu’en Europe, il n’en est rien. « Advertising for Europe » compare les publicités télévisées diffusées lors de la campagne des élections européennes de 2009 en France, Allemagne, Suède et au Royaume-Uni. Y a-t-il de solides divergences, notamment liées à des différences culturelles et à la relation de chaque pays à l’UE ou de profondes convergences, notamment dans les formats et les messages dans la façon dont les partis politiques se présentent au public lors des élections européennes ?

Des similitudes attribuées aux archétypes de la publicité politique et aux thèmes de campagne

1. Le manque de créativité dans les formats des spots TV est la chose la mieux partagée.

Partout, les partis politiques n’investissent pas beaucoup ni en termes d’argent, ni en termes d’idées dans la production des spots.

Parmi une demi-douzaine de formats, la déclaration d’une personnalité politique en plan fixe face à la caméra avec un « pack-shot » final reprenant le slogan et le logo du parti semble partout la figure de style imposée par l’exercice.

Dans tous les pays, les spots TV ont recours à la personnalisation, une option qui est définitivement devenue une caractéristique dominante de la publicité électorale.

2. Les spots TV portent sur des questions politiques similaires.

On pourrait expliquer cela par l’existence de problèmes politiques communs dans les Etats membres de l’UE, qui auraient à en discutés et décidés au niveau européen.

En fait, c’est la crise économique et financière mondiale qui s’est imposée et offre la possibilité aux partis politiques de se présenter sous cet angle :

  • Les partis libéraux et de droite affirment leur compétence en matière de politique économique et financière ;
  • Les partis de gauche se posent en gardiens de la sécurité sociale en période difficile.

Des différences liées à des particularités culturelles (systèmes électoraux et paysages médiatiques)

1. Le rôle et la tradition de la publicité électorale dans les différents pays ont clairement une influence.

Principales différences d’accès à la télévision :

  • France, Allemagne et Royaume-Uni obligent leurs stations de service public à offrir du temps d’antenne gratuit pour les partis se présentant aux élections.
  • Au Royaume-Uni, les chaînes commerciales ont également du temps d’antenne gratuit pour la publicité électorale.
  • En France et en Allemagne, les partis déjà représentés au Parlement européen reçoivent plus de temps d’antenne que les petits partis.
  • En plus de temps libre fourni par les chaînes de service public, les partis allemands sont autorisés à acheter du temps sur les chaînes commerciales.
  • En Suède, les partis ne reçoivent pas de temps d’antenne gratuit et ne peuvent acheter du temps sur les chaînes commerciales.

2. Les modèles médiatiques divergent dans les Etats-membres de l’UE.

Plusieurs systèmes médiatiques coexistent en Europe et ne sont pas sans conséquence sur la publicité politique.

Les pays méditerranéens (France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce) appartiennent au « modèle pluraliste polarisé » et sont caractérisés par la faiblesse relative des systèmes de radiodiffusion publique tandis que les acteurs politiques ont une forte influence sur les médias.

Les États du Nord et d’Europe centrale (pays scandinaves, Allemagne, Pays-Bas et Belgique) représentent le « modèle corporatiste démocratique » et ont une longue tradition de radiodiffusion publique avec de solides institutions de régulation des médias qui garantissent un haut niveau d’indépendance des médias.

Enfin, des idées plus libérales et orientées vers le marché dominent les systèmes de médias qui suivent le « modèle libéral » (Royaume-Uni et Irlande).

Ainsi, les résultats soulignent le lien étroit entre la publicité politique et la culture politique d’un pays. Pour les auteurs, même à l’égard de l’élection européenne, il serait difficile d’arriver à une campagne publicitaire commune pouvant être utilisée dans tous les pays. Au total, la prévalence de la culture politique nationale pourrait expliquer l’absence de véritable campagne européenne.

Wiki, curation, open-data et crowd-checking: quelles sont les formes nouvelles de suivre la campagne des élections européennes ?

À J-100 avant les élections européennes et au-delà des moyens de suivre la campagne sur Twitter, le web se mobilise à travers des initiatives inédites autour de wiki, de curation, d’open-data et de crow-checking. Quelles sont les formes nouvelles de suivre la campagne des élections européennes ?

Factcheck.eu : la première plate-forme européenne de crowd-checking

factcheckEUSans aucun doute l’une des initiatives les plus utiles à l’aune de la campagne électorale européenne qui s’annonce, Factcheck.eu vise à mettre en ligne des citations de personnalités politiques, à les traduire et surtout à vérifier « la réalité des chiffres et des faits plutôt que les stéréotypes et les préjugés ».

Sans orientation politique et sans but lucratif, Factcheck.eu s’inscrit dans une tendance à jauger la crédibilité des paroles publiques déjà illustrée en matière européenne lors de la campagne présidentielle française avec Vigie 2012.

Wikipedia : multilinguisme paneuropéen et curation collaborative

Deuxième nœud du web à signaler autour de la campagne des élections européennes, les pages Wikipedia consacrées aux élections européennes de 2014, dont l’activité est une indication intéressante :

Sondages et projections en sièges en ligne : curation et open-data sur les intentions de votes

Grâce à Electionista, il est d’ores et déjà possible de consulter un Google Document qui rassemble l’ensemble des sondages d’intention de votes réalisés dans les Etats-membres de l’UE. Une initiative plutôt utile, complétée d’ailleurs par une liste des comptes Twitter de tous les partis présentant des candidats dans l’UE.

pollwatch2014Grâce à PollWatch2014.eu et @pollwatch2014, il sera bientôt possible de consulter des projections de la future répartition des sièges dans le Parlement européen.

Au total, avec tous ces outils offrant le meilleur des nouvelles formes de suivre la campagne des élections européennes, l’information – à défaut d’être connue du grand public – sera plus que jamais accessible et transparente.