Archives annuelles : 2011

Les grandes dates de la communication de l’Union européenne

Découvrez à travers 24 événements les principales étapes de la politique de communication de l’UE :

• « Europcom », le 1er colloque européen sur la communication publique en Europe et sur l’Europe – 12 octobre 2010

Du 12 octobre au 14 octobre 2010, à Bruxelles, plus de 400 communicants publics de toutes les institutions et services publics des différents niveaux de pouvoirs des 27 États-membres de l’UE se sont retrouvés pour aborder les enjeux de la communication publique en Europe et sur l’Europe.

• Plan d’action de Viviane Reding pour améliorer la communication de la Commission européenne – 21 juin 2010

La stratégie de Viviane Reding en matière de communication de l’UE semble davantage préoccupée par les médias traditionnels et les pratiques politiques plutôt que porté par les opportunités des médias sociaux et les pratiques citoyennes : – Professionnalisation du personnel et des outils – Centralisation des prises de parole généralistes – Personnalisation autour de Barroso 14 mesures pour développer et renforcer la vocation servicielle de la DG Communication.

• Entrée en fonction de Viviane Reding, Vice-Présidente, Commissaire désignée pour la justice – 10 février 2010

Nouvelle position rétrogradée pour la communication au sein du Collège des Commissaires – Margot Wallström était « Première Vice-présidente de la Commission européenne responsable de la stratégie de communication » tandis que Viviane Reding n’est pas explicitement titulaire de ce dossier.

• Lettre ouverte au président Barroso et aux futurs Commissaires afin d’ »exploiter la puissance d’Internet » – 12 janvier 2010

La communauté des éditeurs et des webmasters de la Commission européenne rédige une lettre ouverte afin d’« exploiter la puissance d’Internet pour une meilleure communication » grâce à la consolidation et l’amélioration d’une information claire, précise et mise à jour sur le portail Europa ainsi que la création d’une culture de communication interne qui encourage et habilite le personnel à utiliser Internet et les nouveaux médias pour interagir avec les citoyens. En mai, Viviane Reding leur répond qu’« Internet doit être un élément essentiel de nos efforts pour communiquer » dans un contexte de « croissance zéro des ressources humaines en communication ».

•  Campagne de communication officielle du Parlement européen pour les élections européennes – 17 mars 2009

Seule institution européenne dont les membres sont élus au suffrage universel direct, le Parlement européen réalise une campagne de communication unique dans les 27 États membres pour mobiliser un électorat tenté par l’abstention. Le message de cette campagne est relatif au choix en s’inscrivant dans une démarche non partisane ne favorisant aucun choix particulier. Le budget de la campagne s’élève à environ 18 millions d’euros, rapporté aux 375 millions d‘électeurs potentiels, cela signifie un budget de cinq centimes d’euros par citoyen.

• Déclaration de principe sur la politique de communication de la Commission européenne – 11 mars 2009

La mission de communication de la Commission européenne est l’une des priorités de la Commission européenne, pleinement intégrée dans l’ensemble de ses activités opérationnelles, qui consiste à assurer la communication concernant l’UE et ses politiques. Cette priorité reflète l’engagement de la Commission à l’égard de la démocratie, du dialogue et de l’échange de vues. La communication participe de la démarche politique qui vise à créer, chez les citoyens, un sentiment d’appropriation des politiques de l’UE et à établir une sphère publique européenne.

• Déclaration politique des institutions de l’Union européenne pour communiquer en partenariat – 22 octobre 2008

Les institutions européennes (Conseil de l’UE, Commission et Parlement européen) décident de « mettre en place une synergie » à travers une déclaration politique visant à créer une démarche pragmatique de partenariat fondé sur le choix annuel de priorités conjointes de communication et sur une coopération concrète entre les services de communication des États membres et des institutions.

• EuroparlTV, la webTV du Parlement européen  – 17 septembre 2008

Doté d’un budget de 9 millions d’euros par an, EuroparlTV vise « à diffuser en direct des événements parlementaires proprement dits, et à mieux faire découvrir l’activité de l’institution, via des portraits de parlementaires, interviews et débats ». Les vidéos – traduites dans plus de vingt langues – sont classées dans des rubriques très ouvertes à l’internaute : « Votre Parlement », « Votre point de vue », « Jeune Europe » et « Parlement en direct ».

• Avis du Comité économique et social européen (CESE) « Comment concilier dimension nationale et européenne dans la communication sur l’Europe » – 10 juillet 2008

Béatrice Ouin, rapporteur, estime que la politique de communication européenne doit reposer sur : – un socle commun de connaissances sur l’Europe (kits à destination des élèves) ; – une base commune d’information dans les médias européens (packs multimédias pour les journalistes) ; – communiquer sur le projet européen via des formations sur l’UE (valeurs et réalisations) aux journalistes, aux élus locaux, aux enseignants et à la société civile organisée.

• Communiquer sur l’Europe dans les médias audiovisuels – 24 avril 2008

La Commission veut contribuer à une meilleure information des citoyens et assurer une couverture plus large des affaires européennes sur les stations de radio, les chaînes de télévision et les plateformes multimédias « en encourageant la coopération et les échanges entre les organismes de radio et de télévision et en proposant gratuitement des produits audiovisuels ». Cette stratégie vise à donner aux citoyens européens les moyens de s’informer sur leurs médias de prédilection et créer à terme une sphère publique européenne.

• «Debate Europe» — Exploiter les réalisations du Plan D comme Démocratie, Dialogue et Débat – 2 avril 2008

Bilan du Plan D entre 2005 et 2007, notamment six projets de consultation des citoyens coordonnés par des organisations de la société civile, ainsi que des projets locaux axés sur les femmes et sur les jeunes : l’adhésion du public à l’UE ne peut se construire que par un débat ouvert à la participation des citoyens. Alors que la stratégie du Plan D consistant à «mieux écouter, mieux expliquer et agir localement», la nouvelle phase pour 2008 et 2009 prend le nom de « Debate Europe » et vise à mettre les citoyens en relation avec les décideurs politiques afin de briser le cloisonnement entre questions nationales et européennes.

• « Euranet », le réseau européen de radios – 26 février 2008

Un consortium regroupant 16 stations radiophoniques issues de 13 États membres de l’UE qui diffuse quotidiennement des programmes traitant de l’actualité européenne pour une audience estimée de 12 à 19 millions d’auditeurs par jour dans l’UE.

• Communiquer sur l’Europe par Internet : faire participer les citoyens – 3 octobre 2007

Le portail EUROPA, lancé en février 1995, est rapidement devenu la principale référence pour les informations sur l’Union européenne, ses activités et ses politiques. La Commission lance une nouvelle stratégie visant à intégrer la culture Internet et à exploiter les possibilités de la communication en ligne en vue d’élargir le débat sur l’UE. Le défi est double : réorganiser le site EUROPA et susciter l’intérêt et le dialogue ouvert et en temps réel sur les affaires européennes.

• Communiquer sur l’Europe en partenariat – 3 octobre 2007

Parce que la communication sur l’Europe ne doit pas être “l’affaire de Bruxelles”, la Commission a besoin du soutien des autres institutions et des États membres. Tous les acteurs concernés doivent communiquer de façon cohérente et intégrée sur l’action européenne : mise en place de partenariats de gestion, basés sur des plans de communication communs, avec les États membres qui le souhaitent, développement d’une collaboration plus étroite avec les institutions européennes à travers un accord interinstitutionnel sur la communication afin de donner des priorités de l’UE en matière de communication et de convenir de la stratégie de la communication de l’Union.

• Lancement d’un concours de recrutement dans le domaine de la communication et de l’information – 28 février 2007

Premier concours destiné aux spécialistes de la communication, l’Office de sélection du personnel (EPSO) lance une procédure pour répondre aux besoins des institutions européennes en personnel hautement qualifié dans le domaine de la communication et de l’information, Le concours d’administrateurs vise à recruter du personnel qui se verra confier des tâches d’analyse, de conception, d’étude, de conseil et de rédaction. Les lauréats du concours d’assistants effectueront de tâches d’assistance, de soutien et de logistique.

• « EUTube », la chaîne de vidéos de l’UE sur YouTube – 3 mars 2006

La Commission européenne lance une chaîne sur YouTube. Un mois et demi après le lancement, plus d’un million de visites et près de 7 millions de vidéos ont été visionnées.

• Livre blanc sur une politique de communication européenne : “Combler le fossé entre l’Europe et ses citoyens » – 1 février 2006

Nouvelle approche, plus démocratique, de la communication entre l’UE et ses citoyens, en prévoyant le passage : – d’une communication à sens unique vers un dialogue renforcé; – d’une communication axée sur les institutions vers une communication axée sur les citoyens; – d’une conception venant de Bruxelles vers une démarche plus décentralisée. Le livre blanc définit cinq grands domaines d’action : – Définir des principes communs et une vision commune de la politique de communication de l’UE. – Impliquer les citoyens : améliorer l’éducation civique, créer une relation entre les Européens et renforcer les liens entre les citoyens et les institutions. – Collaborer avec les médias et utiliser le potentiel offert par les technologies de l’information comme Internet. – Comprendre l’opinion publique européenne via un réexamen de la méthodologie des sondages Eurobaromètre. – Agir ensemble en établissant un partenariat entre tous les acteurs concernés (institutions européennes, États membres, collectivités locales et régionales, partis politiques et organisations de la société civile). Le livre blanc est le premier document de la Commission à mentionner le concept de sphère publique européenne.

• Plan D comme Démocratie, Dialogue et Débat – 13 octobre 2005

A la suite des «non» référendaires français et néerlandais à la Constitution européenne, le plan D cherche à stimuler la communication et le débat sur les activités de l’UE en répondant à la nécessité d’être à l’écoute des attentes des citoyens. Autour de trois principes stratégiques : « mieux écouter », « mieux expliquer » et « agir localement pour associer les citoyens à la réflexion », le plan D amène les gens à débattre de l’UE et des politiques européennes, et les responsables politiques à écouter les citoyens.

• Plan d’action de la Commission relatif à l’amélioration de la communication sur l’Europe – 20 juillet 2005

Dispositif interne à la Commission comprenant 50 mesures concrètes à prendre afin d’assurer une communication plus efficace sur l’Europe, soutenue par une approche moderne et plus professionnelle dans tous les services. La Commission doit donc mettre de l’ordre dans ses propres affaires, par une organisation plus efficace et une meilleure utilisation tant des ressources humaines que des ressources financières, ainsi que des outils et des services de communication.

• Entrée en fonction à la Commission de Margot Wallström au poste de vice-présidente chargée des relations inter-institutionnelles et de la stratégie de communication – 22 novembre 2004

A un poste inédit, Margot Wallström doit contribuer à l’élaboration d’une nouvelle approche de la communication européenne, qui place les citoyens au centre des politiques de l’Union. Les principaux objectifs de son mandat : – mettre fin au “jeu des reproches” et créer une nouvelle culture de coopération entre les institutions, – développer un “sentiment d’appartenance commun” afin de partager plus largement le projet européen, – “reconnecter” les citoyens grâce à une nouvelle stratégie insérant la communication à un stade précoce, – mettre en place une “infrastructure démocratique transeuropéenne” pour un débat allant de la base au sommet.

• Conseil européen de Bruxelles : nécessité de sensibiliser davantage les citoyens à l’Union et à ses réalisations – 17 juin 2004

Les 17 et 18 juin 2004, les chefs d’État ou de gouvernement des Vingt-cinq adoptent à Bruxelles le traité établissant une Constitution pour l’Europe. Ils reconnaissent la nécessité de sensibiliser davantage les citoyens à l’importance du travail accompli par l’Union et à son incidence pour leur vie quotidienne. La Commission doit proposer que l’Union relève ce défi par une politique commune de la communication.

• La mise en oeuvre de la stratégie d’information et de communication de l’Union européenne – 20 avril 2004

Adoption d’une approche réaliste et progressive reposant sur deux axes majeurs : – une capacité pour l’UE d’élaborer et de diffuser des messages adaptés et ciblés sur ses différents thèmes d’information prioritaires, – un partenariat volontaire et opérationnel avec les États membres permettant de développer une réelle mise en synergie des structures et capacités des États membres en complément des actions de l’UE. Par ailleurs, une meilleure coordination des moyens propres de la Commission tant en ce qui concerne ses outils de communication que sa culture interne de communication.

• Une stratégie d’information et de communication pour l’Union européenne – 10 février 2002

Élaboration d’une stratégie d’information et de communication de l’UE, globale et cohérente, devant permettre de développer une meilleure perception de son existence et de son rôle par ses citoyens. Pour la 1e fois, propose d’établir le socle de base nécessaire au développement d’une politique de communication commune aux institutions européennes.

• Un nouveau cadre de coopération pour les activités concernant la politique d’information et de communication – 27 juin 2001

La Commission propose aux institutions européennes et aux États-membres un nouveau cadre de coopération. Une hypothétique synergie volontaire, qui devrait permettre d’améliorer la perception de l’UE, de ses institutions et de leur légitimité.

• Conseil européen d’Helsinki : unir les efforts pour diffuser des informations générales coordonnées – 10 décembre 1999

Les 10 et 11 décembre 1999, les chefs d’État et de gouvernement demandent au Parlement européen, au Conseil et à la Commission d’unir leurs efforts pour diffuser des informations générales coordonnées sur l’Union et pour optimiser l’utilisation des ressources.

 

Discussion sur l’Union européenne et sa communication : « L’Europe, bof ? »

Lundi 4 avril 2011, de 18h30 à 20h00, la Représentation en France de la Commission européenne et le Mouvement Européen–France organisent un débat sur la communication de l’UE – à l’occasion de la venue à Paris de Claus Sørensen, Directeur Général de la Communication de la Commission européenne. Trois thèmes sont annoncés…

L’Europe, quel message pour quel projet ?

Plutôt que de répondre par la « classique » controverse de nature institutionnelle entre Europe fédérale – forcément souhaitable – et Europe communautaire – inévitablement condamnée à l’échelle d’un continent – je proposerai un détour « hérétique » autour de la plateforme de marque de l’UE (cf. « Quel est l’ADN de la marque UE ? ») :

  • Comment la marque voit le monde qui l’entoure et les grands enjeux aujourd’hui et demain ?: Vision « française » d’un monde multipolaire ou « anglo-saxonne » d’un marché mondialisé ?
  • Quel est le rôle que la marque se donne pour incarner cette vision ? : Mission régulatrice faite d’harmonisation intérieure ou de pacification internationale ?
  • Quel est le projet associé à cette mission ?: Ambition : une Europe puissance ou une Europe marché, grande Suisse libre-échangiste et pacifiste ou une Europe concrète, intervenant dans la vie quotidienne des citoyens ?
  • Quel est ce sur quoi la marque ne transigera pas ? : Valeurs : aucune valeur en propre mais les valeurs de l’humanité : la paix, les droits de l’homme…

Comment communiquer l’Europe au quotidien ?

Plutôt que de répondre encore par l’importance d’une communication européenne non plus centrée sur ses institutions mais concentrée autour des préoccupations des citoyens (cf. l’exemple de la communication web de l’UE au Royaume-Uni “exciting, relevant and fun” ou les campagnes de communication sur l’Europe concrète valorisant les bénéfices concrets que l’Europe apporte aux gens tout en sortant des déclarations emphatiques ou soporifiques), je proposerai un double constat sur la communication européenne :

  • illusion autour de la figure fantasmée du « citoyen de base » alors que la communication européenne s’adresse sinon à une Europe des élites du moins à des citoyens européens avertis, comme l’on parle d’un public d’experts initiés ;
  • mythe autour de l’impact réel de l’UE dans les États membres d’une Europe qui fait semblant : « Semblant d’être une solution aux yeux de ses promoteurs et, à l’inverse, d’être une menace aux yeux de ses adversaires qui lui attribuent abusivement la responsabilité de tous les bouleversements », dixit Jean-Louis Bourlanges dans Le Monde.

Quelle place pour l’Europe sur les réseaux sociaux ?

Plutôt que de vanter les mérites, les intérêts et les avantages des médias sociaux – un discours plutôt largement entendu et attendu d’un bloggeur – je proposerai un renversement de perspective autour de 2 questions :

En conclusion, sortons de l’alternative autour de la communication européenne réduite soit à une propagande pour l’intégration communautaire soit à un service public d’information sur l’Europe et osons de nouvelles questions :

  • Faut-il que la communication européenne vise à rapprocher l’UE des citoyens ou à installer le dialogue entre les citoyens et l’UE et entre les citoyens européens ?
  • Faut-il que la communication européenne adopte une approche « corporate » visant à créer une « image de marque » autour des valeurs européennes ou une approche « marketing » tournée vers à les « preuves concrètes », les « bénéfices » du produit UE ?
  • Faut-il que la communication européenne s’inscrive dans une logique de court terme avec des prestations de services auprès des parties prenantes ou dans une logique de long terme et de formation civique, notamment auprès des jeunes ?

Et si la véritable révolution aujourd’hui serait que le système de communication de l’UE ne craigne pas d’inclure son audience – les citoyens – comme partie centrale, non plus à l’extérieur de sa sphère mais à l’intérieur ?

Défauts de conception pour le concours autour du nom du programme de recherche et d’innovation de l’UE

Alors qu’un groupe de discussion « EuroPCons » (Pros & Cons en anglais) vient d’être lancé pour dresser les pires pratiques en communication de l’UE et apprendre de ses erreurs – une idée inspirée de la conférence « EuropCom » sur la communication publique européenne – le dernier concours lancé par la Commission européenne mérite de rejoindre cette catégorie…

Ces dernières années, l’UE a multiplié le recours aux concours (cf. « Pourquoi cette mode de la communication européenne pour les concours ? ») ; un dispositif considéré comme l’ultime moyen pour les communicants européens de tenter de recruter et de fidéliser – en vain – des Européens à moindre frais.

1er défaut : un concours qui ne repose pas sur une compétition en lien avec les compétences de la cible

Annoncé aujourd’hui, par un communiqué, le concours s’adresse aux « chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs ou innovateurs » et les invite à « proposer un nom pertinent, attrayant et facile à retenir pour le nouveau programme de recherche et d’innovation de l’UE » et « utilisable dans de nombreuses langues ou facile à traduire ».

Pourquoi solliciter cette population d’innovateurs pour les engager dans une telle compétition de branding ?

Il aurait été beaucoup plus profitable pour la Commission européenne de s’inspirer des « Apps Contest » ces concours en matière d’innovation technologique lancés aux États-Unis notamment autour d’applications –web et/ou mobiles- à caractère civique et politique.

Ainsi, au lieu de susciter la circonspection au sein de la communauté des passionnés de nouvelles technologies avec ce concours qui ne sollicite pas d’émulation dans leur domaine de compétences, une compétition autour de l’« Open data » – de la mise en valeur des données publiques européennes – aurait contribué à canaliser l’énergie de ces férus d’informatique.

2e défaut : un concours qui ne repose pas sur une incitation liée aux centres d’intérêts de la cible

Autre particularité du concours, la récompense promise au lauréat n’apparaît pas susceptible d’intéresser suffisamment la cible : « le ou la lauréat(e) gagnera un voyage, tous frais payés, pour assister à la conférence européenne sur l’innovation qui aura lieu à la fin de cette année à Bruxelles ».

Non que les participants à un concours ne soient forcément que motivé par la gratification pécuniaire, mais là encore l’exemple des « Apps Contest » américains révèlent qu’il aurait été plus judicieux de multiplier les prix (différentes catégories) plutôt que les montants des prix, « afin d’encourager ainsi un nombre plus important de développeurs à concourir comptant sur une rétribution plus symbolique que pécuniaire ».

3e défaut : un concours qui ne repose pas suffisamment sur la participation du grand public

Dernier défaut du concours, la participation du grand public est cantonnée à un vote sur Internet sur les seules trois propositions de noms retenues au préalable par un jury international – un potentiel participatif extrêmement réduit.

A contrario, les « Apps Contest » US – selon Laurence Allard et Olivier Blondeau sur NetPolitique – prévoient « une phase visant le grand public où il lui était demandé de proposer des idées qui seraient ensuite soumise à l’imagination et à l’inventivité des développeurs ».

De plus, « l’intérêt de favoriser le temps réel, c’est-à-dire le retour d’expérience sur des développements in progress et le lien avec les médias et réseaux sociaux leur assurant une diffusion virale particulièrement efficace » n’est pas présent dans le concours de la Commission.

Au final, ce concours pour trouver le nom du programme de recherche et d’innovation de l’UE ne parviendra pas à « entrer en relation avec les parties intéressées et le grand public et rendre notre travail plus visible au niveau politique et médiatique » comme semble l’imaginer Máire Geoghegan-Quinn, Commissaire européenne responsable de la recherche et de l’innovation.

Benchmark des couvertures journalistiques « en direct » du Conseil européen

Alors que se développe la pratique du « live coverage », de la couverture en temps réel de grands événements avec l’usage de médias sociaux, la couverture journalistique des Conseils européens – ces sommets des Chefs d’Etat et de gouvernement – évolue également. Petit benchmark des dispositifs réalisés pour le Conseil européen des 24 et 25 mars à Bruxelles…

Live coverage du Conseil européen avec Storify pour Euractiv.fr : accent sur la mise en perspective

Grâce à Storify, un outil qui permet de « raconter des histoires en utilisant les médias sociaux », et à la présence de leur journaliste, Loup Besmond de Senneville, à Bruxelles : Euractiv.fr réalise une page spéciale : « Suivez le Conseil européen en direct ».

Principal avantage de Storify :

  • Création d’une timeline riche agglomérant des tweets, des photos, des vidéos et du texte pour donner un contexte aux lecteurs une vision relativement panoramique de l’événement.

Principal inconvénient de Storify :

  • Intervention manuelle nécessaire pour alimenter le flux avec au minimum un « glisser-déposer » de Tweets ou de liens.

Ce dispositif éditorial permet de mettre l’accent sur des éléments de contexte avec l’utilisation de rich media (photos et vidéos)au détriment de mises à jour en temps réel.

Live coverage du Conseil européen avec CoveritLive pour MyEurop.info : accent sur la conversation en temps réel

Grâce à CoveritLive, un outil qui permet d’« interagir avec le public en temps réel via les flux de médias sociaux », et à la présence de leur journaliste, Jean-Sébastien Lefebvre, à Bruxelles : MyEurop.info réalise une page spéciale : « Live blogging du Conseil européen ».

Principal avantage de CovertLive :

  • Création d’un streaming automatique en temps réel agglomérant des tweets ou des liens (avec possibilité pour l’internaute de poser directement une question sans être inscrit sur aucun média social).

Principal inconvénient de CovertLive :

  • Une mise en perspective moins aisée, quoiqu’il soit possible avec cet outil de publier également d’autres contenus que des Tweets ou des liens.

Ce dispositif conversationnel permet de favoriser le temps réel et l’échange avec l’utilisation de Twitter et deTwitpic (grâce au #EUCO) au détriment de mises en perspective.

Ainsi avec les outils disponibles grâce aux médias sociaux, la couverture journalistique « en direct » des Conseils européens évoluent.

Quelles leçons peut-on tirer des expériences délibératives européennes ?

« Sondages délibératifs », « Conférences de consensus », « Consultations européennes de citoyens »… Ces dernières années, plusieurs dispositifs reposant sur une participation directe de citoyens européens ont été menés en Europe.

Certes, « le premier constat qui s’impose est celui d’une relative réussite : organiser la participation de citoyens d’origines nationales diverses à l’échelle transnationale s’est révélé réalisable » selon le « Bilan des premières expériences participatives à l’échelle communautaire » réalisé par Laurie Boussaguet pour Notre Europe.

Mais, l’impact exact sur les institutions européennes demeure difficile à mesurer : « les expériences organisées se sont clôturées [seulement] par une présentation de leurs résultats devant des représentants des institutions européennes ».

Alors, quelles leçons peut-on tirer de ces expériences délibératives européennes ?

Quatre catégories de dispositifs participatifs en fonction de leurs finalités

Une participation tournée vers le processus décisionnel et conçue comme une aide à la décision : les conférences de consensus

Principes de fonctionnement :

  • permettre à un panel de profanes de dialoguer et de débattre de manière constructive avec des experts ;
  • laisser ces citoyens profanes délibérer afin d’établir des recommandations communes, de façon consensuelle.

Une participation tournée vers le peuple européen et conçue comme un outil d’aide à la formation des opinions : les sondages délibératifs

Méthodologie :

  • « former » les citoyens sur les enjeux questionnés avant de recueillir leur opinion ;
  • laisser s’exprimer les citoyens, mais « en connaissance de cause ».

Une participation combinée vers l’émergence du peuple européen tout en définissant des axes généraux d’action publique pour l’UE : les consultations de citoyens

Particularités :

  • absence de formation préalable des citoyens ;
  • moindre présence des experts dans le débat.

Une participation ciblée auprès de secteurs d’activités particuliers : la mise en réseau d’espaces locaux et d’activités sectorielles

Modalités :

  • coopération inter-zones pour assurer l’échange d’informations et de bonnes pratiques ;
  • implication multi-acteurs pour développer une meilleure gouvernance sectorielle et territoriale.

Trois propositions pour une meilleure écoute de la part des institutions européennes

D’abord, faire concorder les thèmes des délibérations citoyennes avec les domaines de compétences de l’UE, sinon c’est inefficace puisque cela ne débouche pas sur quelque chose de précis.

Ensuite, mettre en place une certaine procéduralisation – une sorte de devoir de réponse adressé aux organisateurs et aux citoyens-participants du dispositif – consistant à dire/préciser ce que les institutions européennes, Commission en tête, sont censées « faire avec tout ça ».

Enfin, donner une assise institutionnelle à cette participation citoyenne – une forme d’institutionnalisation de cette voix citoyenne à l’échelle européenne – soit au sein des institutions européennes, soit en tant qu’agence indépendante.

Finalement, la principale leçon pour les expériences délibératives, selon Laurie Boussaguet, c’est que leur survie est bien davantage conditionnée à leur institutionnalisation par l’UE qu’à leur effective utilité pour la construction européenne.