Les « Années européennes » : des campagnes d’information pour faire évoluer les mentalités et les comportements

Les Années européennes sont des initiatives des institutions européennes visant à informer et à nouer le dialogue avec les citoyens européens afin de faire évoluer les mentalités et les comportements. Outre la sensibilisation des citoyens européens, les Années européennes sont également des occasions d’attirer l’attention des gouvernements nationaux…

Chaque année, partant d’un constat commun, un thème de nature « sociétal » est sélectionné. Des objectifs, un calendrier et un budget sont alors octroyés par les institutions européennes. Chaque Année européenne fait donc l’objet d’une campagne de sensibilisation au niveau européen et national. Les thèmes sont choisis suffisamment à l’avance pour assurer le succès de chaque campagne. Les thèmes sont au centre des préoccupations des institutions européennes et des États membres. Les programmes et les activités à l’échelle européenne sont établis et financés le plus souvent par la Commission européenne. Les activités au niveau national sont définies et financées par les États membres. Des moyens financiers, humains et technologiques importants sont investis chaque année dans ces campagnes pan-européenne.

Voici la liste complète des Années européennes :

1983 des PME et de l’artisanat

1984 de l’Européenne et de l’Européen

1985 de la musique

1986 de la sécurité routière

1987 de l’environnement

1988 du cinéma et de la télévision

1989 de l’information sur le cancer

1990 du tourisme

1992 pour la sécurité, l’hygiène et la santé sur le lieu de travail

1993 des personnes âgées et de la solidarité entre les générations

1994 de la nutrition et de la santé

1995 du jeune conducteur

1996 de l’éducation et de la formation tout au long de la vie

1997 contre le racisme et la xénophobie

1998 de la démocratie locale et régionale

1999 de la lutte contre la violence à l’égard des femmes

2001 : des langues (dans le cadre du Livre Blanc « Enseigner et apprendre : Vers la société cognitive »)

2003 : des personnes handicapées (dans le cadre de la « déclaration de Madrid » : « Non-discrimination plus Action positive font l’inclusion sociale »)

Pour aller plus loin…

2004 : de l’éducation par le sport (dans le cadre de la déclaration annexée au traité d’Amsterdam définissant le sport comme « ferment de l’identité des peuples »)

Pour aller plus loin…

2005 : de la citoyenneté par l’éducation (dans le cadre du projet sur l’éducation à la citoyenneté démocratique du Conseil de l’Europe)

Pour aller plus loin…

2006 : de la mobilité des travailleurs (dans le cadre de la « stratégie de Lisbonne » pour la croissance et l’emploi de l’Union européenne)

Pour aller plus loin…

2007 : de l’égalité des chances pour tous (dans le cadre du Livre vert de la Commission « Egalité et non-discrimination dans l’Union européenne élargie » en 2004)

Pour aller plus loin…

2008 : du dialogue interculturel (dans le cadres des programmes Erasmus, Leonardo Da Vinci, Jeunesse et Culture)

Pour aller plus loin…

Qu’est ce qui diffère entre le projet de Constitution et le traité de Lisbonne ?

Selon Valéry Giscard d’Estaing, dans une Tribune dans Le Monde : « Traité européen : « les outils sont exactement les mêmes, seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils » ». Autrement dit, « la différence porte davantage sur la méthode que sur le contenu ».

Le projet de Constitution était animé d’une volonté politique double : mettre davantage de démocratie (donc simplifier les institutions communautaires) et de transparence (donc assurer des débats publics lors de la Convention pour l’Europe). Les citoyens étaient expressément invités à participer.

Le traité de Lisbonne correspond davantage à une solution technique : rédiger des amendements aux textes précédents pour sortir de l’ornière l’UE. Les citoyens sont délibérément tenus à l’écart.

Par ailleurs, toujours selon VGE, « les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a changé dans la boîte à outils ». L’ordre mais également l’ambition. Avec le traité de Lisbonne, l’UE abandonne temporairement toute grande ambition politique (toute référence « constitutionnelle » et donc toute mention des symboles de l’UE disparaissent).

Ainsi, alors que le projet de constitution pouvait être interprété comme une ingérence des hommes politiques dans le projet européen, le traité de Lisbonne doit être vu comme une reprise en main par les fonctionnaires des institutions communautaires, au risque d’éloigner davantage encore les citoyens.

Quel avenir pour la Politique agricole commune ?

A l’approche du bilan de la politique agricole commune (PAC) prévue pour 2008 qui sera mené par Mariann Fischer Boel, la commissaire européenne à l’agriculture et au développement rural et alors que la PAC a fait l’objet d’un vif débat en France, on peut s’interroger sur l’avenir de cette politique, qui « pèse » plus de 40% du budget de l’UE.

Face aux nouveaux enjeux de la PAC :

  • Assurer le maintien du financement commun pour les 25 États membres ;
  • Assurer la compétitivité des agriculteurs européens sur les marchés mondiaux dans le respect des règles de l’OMC ;
  • Assurer des pratiques environnementales durables (sécurité alimentaire, protection rurale et tourisme vert) ;

=> Les agriculteurs doivent-ils rester des producteurs de la filière agro-industrielle ou devenir des protecteurs du patrimoine rural ? En somme, le XXIe siècle sera-t-il celui des agriculteurs (celui qui s’occupe de l’« ager », les terres cultivées en latin), ou celui des paysans (celui qui entretient le « pagus » ; l’ensemble de la campagne en latin).

=> Le coût de la PAC doit-il reposer sur les prix payés par les consommateurs ou sur les impôts payés par les contribuables ? Quelle solidarité budgétaire inventer pour maintenir un financement communautaire équitable à 27 État membres?

Quelques mots sur Europe by Satellite, le service audiovisuel de l’UE

Europe by Satellite (EbS) est un service destiné à aider les médias presse, télé et radio à couvrir les activités de l’Union européenne. Dans ce cadre, il transmet depuis 1995 – par satellite et par Internet – des images, sons et vidéos d’événements tels que les conférences de presse de l’UE et les sessions plénières du Parlement européen. Les images sont accompagnées de la bande son originale et de traductions (jusqu’à 21 langues).

Aucun traitement des données n’est effectué, pour laisser aux médias des différents États membres leur propre ligne éditoriale. Néanmoins, une optimisation d’EbS, souhaitée par de nombreux journalistes serait de transmettre des informations mieux équilibrées (ne pas se limiter à la retransmission des événements institutionnels) et des images/vidéos plus vivantes (ne pas se limiter à des prises de vue fixes).

Comment communiquer dans une Europe paradoxale ?

L’Europe institutionnelle progresse, mais pour suivre cette avancée, il faut être formé et très fortement motivé. L’Europe quotidienne, accessible des échanges d’étudiants, des jumelages, du tourisme, de la culture… n’est pas visible.

Selon Éric Dacheux,

« entre cette sphère très lointaine et visible et cette sphère très proche, mais invisible, l’Europe n’existe pas. Rapprocher l’Europe du citoyen est un objectif impossible. Car, se rapprocher de quelque chose qui n’existe pas ne veut rien dire. »

Quelle solution alors ? Il faut, dans un premier temps, faire prendre conscience aux citoyens que l’Europe existe. Il faut que l’Europe montre aux citoyens ce qu’elle leur apporte dans leur vie quotidienne et locale. Dans un deuxième temps, il faut que l’Europe donne envie d’en débattre, de s’approprier ses enjeux.

Autrement dit, il faut que la stratégie de communication de l’Europe repose sur une triple exigence :

  • vaincre l’appréhension des citoyens à l’égard de l’Europe,
  • favoriser l’appropriation des sujets européens pour, enfin,
  • susciter un sentiment d’adhésion à l’Europe.

Pour aller plus loin, lire « Europe : le devoir d’informer, le droit de comprendre. Éléments d’une stratégie publique pour la France » de François-Xavier Priollaud.

Petite précision : la TV fonctionne par la spectacularisation et la simplification. Or l’Europe n’est ni très spectaculaire ni très simple. Donc, la TV n’est pas le bon vecteur d’information sur l’Europe.