L’Europe des Médias : présentation de l’espace médiatique européen

Aujourd’hui, l’information européenne est en profonde mutation au point que le pluralisme de la presse européenne et l’urgence de conserver une représentation médiatique pour l’idée européenne ne semblent plus pour le moment menacés. Pourtant, l’espace public européen demeure embryonnaire et les médias vraiment européens sont peu nombreux. (Article paru initialement dans la Revue Tank)

Qu’est-ce que l’espace public européen ?

Le concept d’espace public européen possède en effet souvent le défaut d’échapper à ses auteurs. Existerait-il seulement à l’occasion de l’Eurovision et de la finale de la Ligue des champions, à défaut d’une meilleure maîtrise des langues européennes et d’une mobilité renforcée des Européens ? Mettons de côté l’intérêt académique du concept, limpide dans la réflexion d’Olivier Baisnée autour d’un espace public européen « orléaniste », au sens où il n’implique qu’une élite socialisée à, et intéressée par, les questions européennes, constituée au premier chef par les journalistes européens.

La réalité, c’est plutôt qu’entre un espace public vraiment transeuropéen encore en gestation et des espaces publics nationaux cloisonnés, les limites d’un espace public européen sont fortes. Du coup, les médias transeuropéens sont relativement faibles et l’Europe dispose d’une portion congrue dans les médias nationaux.

Qui s’intéresse à l’Europe ?

Dans les médias nationaux, que l’on juge qu’il s’agisse d’un problème d’offre (les médias nationaux et les politiques ne savent pas vendre l’UE) ou de demande (les citoyens ne s’intéressent pas à l’UE), le résultat est le même. Les médias octroient à l’UE l’importance que les citoyens et les politiques lui donnent, hormis éventuellement quelques médias anglo-saxons transnationaux monolingues (The Economist, The Financial Times Europe et The Wall Street Journal Europe), qui poursuivent une couverture élitiste de l’UE à travers un prisme national assumé correspondant à l’expansion culturelle ou idéologique d’un média à forte notoriété, lus dans plusieurs pays européens et qui forgent l’opinion auprès des milieux dirigeants. Pour les médias transeuropéens, la règle est somme toute assez cruelle : l’importance des publics est inversement proportionnelle au traitement de l’UE. Autrement dit, les médias transeuropéens de masse ne traitent quasiment pas de l’UE tandis que les médias couvrant les affaires européennes tentent une approche plus pluraliste du sujet mais s’adressent de facto à un public restreint, qu’il soit monolingues ou multilingues.

Au bout du compte, on distingue une dichotomie de plus en plus flagrante entre d’un côté, une presse ultra-spécialisée sur l’Europe, très difficile d’accès, au sens strict, par son coût et la difficulté que représente sa lecture pour le non-spécialiste, et de l’autre, une presse populaire nationalo-centrée, qui se désintéresse de plus en plus de ces questions et laisse le grand public largement dans l’ignorance de la chose européenne.

Un média paneuropéen est-il possible ?

Certes, il existe quelques médias audiovisuels transeuropéens. Mais force est de constater qu’ils ne parviennent pas à toucher le grand public, soit qu’ils s’agissent de médias à vocation européenne dont le cœur de métier n’est pas nécessairement de couvrir l’actualité institutionnelle européenne (chaînes de télévision Euronews, Arte ou Eurosports) soit qu’il s’agisse des agences de presse spécialisées (Agence Europe – Bulletin Quotidien Europe, Europolitique aujourd’hui disparue). En dépit de plusieurs tentatives, il n’existe donc pas vraiment, à ce jour, de média paneuropéen grand public. Pourquoi ?

  • difficultés du côté de la demande : absence de langue et de références culturelles communes au sein de l’UE alors que le traitement de l’information se réalise en fonction des préoccupations et des sujets d’intérêt du public.
  • conséquences du côté de la demande : financement exsangue, parce qu’il n’existe pas véritablement de marché publicitaire paneuropéen et parce qu’il est très difficile de mesurer les audiences européennes.
  • difficultés du côté de l’offre médiatique : faible européanisation des pratiques journalistiques, en raison de la pression du système journalistique national, y compris chez les correspondants de presse à Bruxelles.
  • conséquence du côté de l’offre : complexité de faire travailler au sein d’une même rédaction des journalistes en provenance de différents pays européens pour des raisons interculturelles.

Etat de l’offre

Pourtant, une presse écrite et en ligne spécialisée sur les questions européennes méconnue du grand public existe. Malgré un débat sur leur modèle économique ou leur équilibre dans la place accordée aux professionnels et aux amateurs de l’information, une vingtaine de médias européens dédiés aux affaires européennes coexistent.

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Face aux médias européens « historiques » (New Europe, European Voice aujourd’hui racheté par Politico Europe) assurant leurs revenus avec de la publicité et des abonnements à des éditions papier et offrant de la visibilité à des experts via des tribunes libres, de nouveaux acteurs « pure player web » plus ouverts au sponsoring et aux partenariats (Euractiv, EU Business, Contexte) sont apparus, eux-mêmes concurrencés par des médias reposant davantage sur la vidéo (Vieuws, EU Reporter) et proposant des services de média training et de production en complément de leur activité éditoriale.

Des projets financés par les acteurs publics (Eurotopics, Touteleurope), par des cabinets de conseil (The Parliament Magazine, Paris-Berlin) ou alors par des volontaires (VoxEurope), des amateurs (E!Sharp) ou des freelances (MyEurope) tentent de se faire également une place.

Nouveaux sujets, nouvelles opportunités ?

Par ailleurs, de nouvelles thématiques s’européanisent et trouvent des échos dans des médias inattendus, comme les euromythes dans la presse grand public britannique ou les blogs contestataires qui s’intéressent de près aux projets « bruxellois ». Là, l’Europe devient peu à peu un espace naturel et un centre d’intérêt même si un certain populisme se développe aussi.

Et de nouvelles pratiques se développent comme la professionnalisation de la prise en compte des attentes et besoins de leurs publics avec davantage de pédagogie et de comparaison pour les médias grand public ou d’analyse et de contexte pour les médias destinés aux professionnels des affaires publiques européennes. Une certaine éditocratisation politique du journalisme européen favorisant un traitement plus politique des affaires européennes vise davantage à « mener » le débat politique européen.

En somme, le paysage médiatique européen est beaucoup plus divers avec une plus grande segmentation des manières de pratiquer le métier entre correspondants à Bruxelles précarisés, spécialistes européens marginalisés et éditocrates européens installés. Le journalisme européen est en profonde transformation, tant avec l’arrivée de pure players dont Politico Europe, du data journalisme, d’une nouvelle euro-génération Erasmus multilingue et digital native, de médias décalés et satiriques, d’une alliance inédite baptisée : « Leading European Newspaper Alliance » (LENA) d’échange d’articles entre des journaux européens de référence, etc.

De quoi l’Année européenne 2016 sera-t-elle le nom ?

À quelques jours de la fin de l’année 2015, sur le site officiel de la Commission européenne concernant les Années européennes, il est noir sur blanc écrit : « Aucune décision n’a encore été prise sur les thèmes des Années européennes à venir ». L’Union européenne se désintéresserait-elle de ses propres moyens de communication auprès du grand public ?

Un agenda législatif allégé, des priorités politiques resserrées… et plus d’année européenne en 2016 ?

La communication de la Commission européenne n’est pas toujours d’une très grande lisibilité, si l’on s’en tient à ses principaux actes.

L’agenda législatif transmis au Parlement européen et au Conseil de l’UE est pour le moins allégé, avec des inquiétudes sur l’absence de certains textes pourtant attendus, comme par exemple sur l’égalité des genres, la qualité de l’air ou l’alcool… La dé-législation européenne semble en marche.

D’ailleurs, les priorités politiques de Juncker – l’alpha et l’oméga de toutes nouvelles initiatives – sont particulièrement resserrées autour de 10 thématiques transversales. A tel point que l’Année européenne 2016 semble la grande oubliée, à moins que l’annonce soit particulièrement tardive.

Une résolution du Parlement européenne pour une Année européenne 2016 pour la fin de la violence faite aux femmes

Pourtant, si la Commission européenne semble avoir oublié l’Année européenne 2016, ce n’est pas le cas du Parlement européen qui a adopté en juin 2015 une résolution sur la stratégie de l’Union pour l’égalité entre les femmes et les hommes (341 voix pour, 281 contre et 81 abstentions) qui réitère la volonté des députés européens de définir 2016 comme l’Année européenne de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.

Un thème sociétal, contemporain et important, notamment les nouvelles formes de violence telles que le cyber-harcèlement, la cyber-traque furtive ou encore la cyber-intimidation qui ne saurait être écarté par la Commission Juncker, majoritairement à droite, au seul titre que la résolution avait été présentée par l’eurodéputée belge Marie Arena, porte-parole du groupe des sociaux-démocrates…

Encore quelques jours de patience pour savoir si la Commission européenne a prévu de suivre la résolution du Parlement européen pour faire de 2016 l’Année européenne pour la fin de la violence faite aux femmes, ou si l’une des rares actions de communication récurrente de l’UE ne sera pas exploitée.

Comment assurer la transparence du lobbying européen ?

Avec le rôle croissant de l’UE, le lobbying s’est largement développé à Bruxelles. Le Service européen de la recherche parlementaire publie un Briefing visant à faire le point sur les améliorations de la transparence du lobbying au niveau de l’UE…

Le lent cheminement de la responsabilisation du processus décisionnel de l’UE

Le développement du lobbying européen à susciter diverses réactions :

  • Pour certains, le lobbying européen a encouragé la pluralité de la décision de l’UE en favorisant l’inclusion de la société civile, en fournissant aux citoyens européens une « voix » entre les élections afin de surmonter le déficit démocratique au sein de l’UE ;
  • Pour d’autres, le lobbying européen a soulevé des critiques sur l’influence indue sur les décideurs politiques de l’UE, facilité par la pression de groupes qui ont eu un plus grand mot à dire dans le droit de l’UE que leur seule représentativité et expertise ne leur auraient permis.

La première reconnaissance officielle des activités de lobbying au niveau de l’UE remonte à 1988, quand un rapport publié par la Commission européenne – le «Rapport Cecchini» sur l’achèvement du marché unique – recommande que les intérêts des entreprises participent plus activement et directement au processus décisionnel européen.

En 1995, le Parlement européen a mis en place un registre des représentants d’intérêts, suivi par la Commission européenne en 2008. Les deux registres ont été fusionnés en 2011, devenant un registre de transparence commun. Depuis 2008, le Parlement européen a demandé à plusieurs reprises un registre obligatoire.

En 2014, le président de la Commission nouvellement élu, Jean-Claude Juncker, a mis la question de la transparence de la réglementation du lobbying à l’agenda politique, en promettant de présenter une proposition pour un registre obligatoire, qui couvrirait non seulement la Commission et le Parlement européen, mais inclurait également le Conseil (qui reste à ce jour seulement un observateur). En outre, depuis le 1er Décembre 2014, la Commission a entrepris de publier des informations concernant les réunions tenues avec les lobbyistes par les Commissaires, les membres de leurs cabinets, et / ou les directeurs généraux.

Des préoccupations de la transparence et de la régulation des pratiques de lobbying européen

1. Difficile estimation du nombre de groupes d’intérêts qui font du lobbying auprès des institutions européennes

Le nombre et la distribution des groupes d’intérêt varient considérablement puisqu’aucune base de données fiable et « certifiée » existe sur les activités de lobbying au niveau de l’UE.

À compter du 1er décembre 2015, le registre de la transparence de l’UE (non obligatoire) comprend un total de 8 728 personnes inscrites – une augmentation d’environ 60% depuis 2011 qui sous-estime la population totale réelle des groupes d’intérêts de l’UE.

Le Corporate Europe Observatory, un organisme sans but lucratif consacré à la recherche et à la promotion de lobbying transparent, estime dans une étude de 2011 entre 15 000 et 30 000 lobbyistes à Bruxelles. En 2001, la Commission a estimé que les fonctionnaires faisaient face à 20 000 lobbyistes.

2. Défaut d’informations sur la typologie des groupes d’intérêts de l’UE

La typologie des groupes d’intérêts de l’UE varie aussi considérablement. Selon le registre de la transparence de l’UE, les lobbyistes travaillant pour les entreprises au sens large représentent plus de 50% des inscrits, ce qui peut expliquer pourquoi ils constituent la majorité des réunions avec les institutions de l’UE. Les ONG constituent la deuxième plus grande part (2 252 inscrits et 18% des réunions avec la Commission).

Mais, l’exactitude de ces données, toutefois, est contestée. Les cabinets d’avocats sont un bon exemple. Ceux-ci sont considérés parmi les consultants les plus dynamiques opérant à Bruxelles (multipliés plus de cinq fois depuis 1995, et représentant actuellement 53% du marché du conseil dans l’UE). À l’heure actuelle, cependant, non seulement moins de 100 cabinets d’avocats sont enregistrés dans le registre de l’UE, mais les informations qu’ils fournissent sont souvent incomplètes.

3. Méconnaissance sur les dépenses de lobbying européen

La rareté de l’information affecte également les dépenses sur le lobbying au niveau de l’UE. À l’heure actuelle, peu d’informations sont disponibles, et les données disponibles ont tendance à être spécifique à un secteur. Selon un rapport, par exemple, l’industrie des services financiers dépense plus de 120 millions d’€ par an en lobbying auprès des institutions de l’UE. Un autre rapport, publié en 2014, a examiné les dépenses de lobbying dans trois secteurs : l’industrie automobile, l’aviation et l’énergie et a conclu que, entre 2008 et 2013, ces secteurs ont augmenté leurs dépenses d’environ 70%.

Lobbyfacts, un site web qui recueille et agrège les données du registre de la transparence de l’UE, rapporte que le top 10 des entreprises engagées dans le lobbying de l’UE dépensent un total combiné de 39 millions d’€ par an. Philip Morris, ExxonMobil et Microsoft sont les trois plus grands consommateurs de lobbying à Bruxelles avec plus de 4,5 M € par an chacun.

Integrity Watch rapporte que presque toutes les entreprises qui ont eu plus de 10 réunions de haut niveau avec la Commission de janvier à juin 2015 ont déclaré au moins 900 000 € par an en dépenses de lobbying.

4. Délicate gestion des conflits d’intérêts et des « portes tournantes »

Les « portes tournantes », i.e. les allers-retours de professionnels entre des rôles dans le secteur privé et public est une pratique problématique.

Alter-UE, une organisation de la société civile centrée sur l’analyse de lobbying, a dénoncé à plusieurs reprises les règles laxistes en place au niveau de l’UE pour lutter contre ce phénomène. Selon Alter-UE, 50% des membres du personnel qui travaillent dans les plus grandes firmes de lobbying à Bruxelles ont exercé une partie de leur parcours dans l’une des institutions de l’UE. Un rapport récent d’Alter-UE indique qu’en 2009-10, 6 des 13 Commissaires sur le départ ont pratiqué des rôles dans des entreprises ou de lobbying.

Au total, de tous les efforts pour réglementer le lobbying au niveau de l’UE actuellement en cours, le plus important est que tous les co-législateurs européens appliquent les mêmes normes de transparence, ce qui implique que le Conseil se joigne au registre de la transparence utilisée par la Commission et le Parlement européen.

Quelle est la stratégie de communication de la Turquie sur l’Union européenne ?

Alors qu’un sommet UE-Turquie sera organisé dimanche au sujet des migrants, la stratégie de communication de la Turquie sur l’UE, mise en œuvre depuis 2010 et refondée en 2014, patine dans un contexte où les opinions publiques montrent une baisse du soutien à la fois en Turquie et dans l’UE…

Une stratégie de communication sur l’UE de la Turquie à double sens

La stratégie de communication ambitionnne de rétablir la confiance mutuelle et la sincérité du processus d’adhésion tant en Turquie que dans l’UE :

  • Pour la Turquie, l’approche vise à accroître le soutien du peuple turc pour les réformes en renforçant leur conviction que le processus d’adhésion de l’UE est « le projet de modernisation et de démocratisation le plus important depuis la proclamation de la République » qui fera la promotion du niveau de vie dans tous les domaines.
  • Pour l’UE, la démarche vise à faire de la Turquie une priorité plus élevée et à fournir des faits sur la Turquie pour aider à façonner une perception plus précise parmi les citoyens de l’UE.

La mise en œuvre de plans d’action visent à construire des ponts permanents entre les turcs et citoyens de l’UE afin de transmettre à court terme les messages appropriés pour améliorer la perception de la Turquie et à moyen terme établir des mécanismes permanents et durables de dialogue avec les publics cibles pour changer les attitudes et les perceptions des parties prenantes.

Principaux principes de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

La liste des principes inscrit la stratégie de communication dans une démarche complètement moderne :

  • Identifier les besoins d’information des publics cibles ainsi que leurs sensibilités
  • Adopter une attitude participative, flexible, proactive et utilisant efficacement des moyens de communication modernes
  • Renforcer la relation avec les publics cibles et créer des synergies
  • Employer des actions aux effets durables, mesurables et orientées vers les résultats
  • Fonder sur un engagement sincère et confiant
  • Apporter une transformation des mentalités

Objectifs de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

Afin de surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin de l’adhésion de la Turquie à l’UE, l’objectif stratégique ultime est de créer la sensibilisation du public à la fois dans l’UE et la Turquie en ce qui concerne les réformes politiques et la transformation socio-économique en Turquie.

Objectifs pour la Turquie :

  1. Informer le public sur les avantages obtenus à la suite du processus d’adhésion à l’UE
  2. Accroître le soutien et la base en faveur de l’adhésion turque
  3. Faciliter la transformation des mentalités en Turquie pendant le processus d’adhésion à l’UE

Objectifs pour l’UE :

  1. Assurer une présence accrue de l’adhésion de la Turquie à l’agenda de l’UE
  2. Renforcer le soutien à l’adhésion de la Turquie dans l’UE en fournissant aux citoyens de l’UE des faits visant à surmonter les malentendus
  3. Mettre en avant le « Strong Turquie, Strong EU » en mettant l’accent sur les contributions de la Turquie à l’UE

Publics et audiences cibles de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

Afin de construire une relation UE-Turquie basée sur une approche « gagnant-gagnant » durable et forte, l’adhésion à l’UE de la Turquie ne sera pas seulement le résultat d’un processus purement technique effectué par les institutions turques et de l’UE mais exige la participation active et le soutien de tous les segments de la société : les sociétés civiles turques et de l’UE, le secteur privé, les milieux universitaires, les administrations locales / régionales / nationales, les médias internationaux, ainsi que la culture, les arts, les milieux sportifs, les jeunes et les leaders d’opinion.

Afin de toucher les partisans de l’adhésion à l’UE de la Turquie ainsi que les opposants et les sans avis à la fois dans l’opinion publique turque et européenne, des mécanismes durables de dialogue seront construits.

Messages de la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie

Messages pour la Turquie :

  • L’UE est un projet de paix qui est basée sur la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité, la primauté du droit et le respect des droits de l’homme
  • L’adhésion à l’UE est un objectif prioritaire pour une Turquie plus démocratique, moderne et prospère
  • Le processus d’adhésion à l’UE aura une incidence positive sur la vie quotidienne des gens, en fournissant une grande quantité d’avantages et d’opportunités pour les différents segments (par exemple, les gens d’affaires, les étudiants, les femmes, les agriculteurs, les personnes défavorisées, etc.)
  • Le processus doit être embrassé et adopté non seulement par l’Etat, mais aussi par tous les segments de la population, notamment par la société civile
  • Le succès du processus d’adhésion à l’UE de la Turquie dépend des changements qui sont nécessaires non seulement dans les règles et les institutions, mais aussi dans les mentalités

Messages pour l’UE :

  • L’adhésion de la Turquie est une priorité que l’UE poursuit avec sincérité, engagement et détermination
  • La Turquie met en œuvre des réformes politiques et la transformation socio-économique avec la prise de conscience de ses obligations relatives à l’adhésion à l’UE
  • La Turquie et l’UE sont des partenaires stratégiquement importants qui partagent des valeurs communes
  • Les deux parties ont beaucoup à gagner dans des domaines tels que la politique étrangère, les relations économiques et commerciales, la sécurité de l’approvisionnement énergétique, la gestion des frontières, de l’emploi et de la politique de migration
  • La Turquie vise à enrichir la mosaïque européenne avec ses propres couleurs comme un modèle exemplaire de diversité culturelle et religieuse vivant ensemble dans la paix.
  • Les peuples de l’UE et de la Turquie sont en train de construire un avenir commun et fort ensemble
  • L’adhésion de la Turquie améliorera l’UE d’un projet régional de paix à un véritable rpojet global

Au total, la stratégie de communication sur l’UE de la Turquie est éclairante tant elle montre le long chemin à parcourir pour convaincre et changer durablement les mentalités en Turquie et dans l’UE.

L’espace public culturel et virtuel au secours de l’UE

Dans une réflexion sur le rôle crucial et ambivalent des médias et de la culture pour l’UE, Ancuta-Gabriela Tarta revisite la notion d’espace public et annonce plusieurs clashs. Pourquoi ?

1er clash des espaces publics : hors ligne contre médias en ligne

Les médias traditionnels imprimés et audiovisuels représentent la connexion la plus importante entre les citoyens et les institutions européennes. Les gens obtiennent leurs informations sur l’activité des institutions européennes dans les médias, et ils ont une image de l’UE sur la base de ce qu’ils voient dans les médias.

En théorie, pour rendre le travail de l’UE, les médias doivent offrir aux citoyens la possibilité de discuter les décisions des institutions européennes, ainsi que de transmettre le résultat de ces discussions à Bruxelles.

Dans la pratique, les décideurs européens sont situés à une distance considérable de la plupart des citoyens dont ils influencent pourtant la vie. Mais, sans soutien public, la légitimité des acteurs politiques européens devient très discutable.

La couverture médiatique traditionnelle de l’UE a plusieurs handicaps :

  • Tout d’abord, les personnages sont ternes et peu attrayants, et les institutions plutôt abstraites et lointaines. Les citoyens déclarent avoir du mal à se rapporter à l’information européenne.
  • Deuxièmement, il y a un manque de perspective dans les infos de l’UE, au point que les gens se demandent « et alors? ». À la fin, l’information est correctement contextualisée mais pas ou peu expliquée, et est souvent assez superficielle.
  • Dernier point, mais non le moindre, les gens considèrent la couverture des nouvelles européenne comme étant biaisés, manquant de pluralisme et de débat.

Alors, les défauts des anciens médias pourraient-ils être réduits par les nouveaux médias ?

Internet est un moyen à la fois le plus rapide et d’ubiquité car il peut être consulté à partir de n’importe quel point de l’espace européen. Dans le même temps, la nature essentiellement interactive du web 2.0 facilite la participation à des discussions et des débats.

2e clash des espaces publics : la culture face à la politique

Habermas, le concepteur de l’espace public, estime que l’espace public littéraire (dans les cafés et les salons) est la condition préalable à l’émergence d’un espace public politique. Que peut cet espace culturel dans la société d’aujourd’hui ?

La culture populaire peut aider à sensibiliser les citoyens aux questions politiques beaucoup plus inintéressants, mais autrement importants en rendant la politique plus accessible, et que cela plaise ou non, en la rendant aussi plus populaire. Les programmes d’infotainment pourraient être un moyen de susciter l’intérêt du public pour les questions politiques qui, autrement, pourraient sembler terne et peu attrayant.

Puisqu’il est irréaliste d’attendre des citoyens qu’ils s’impliquent dans un débat actif sur la politique officielle de l’UE, c’est aux institutions européennes de rendre leur communication plus populaire avec les citoyens.

La réaction du public à une question politique est souvent émotionnelle et esthétique, et non rationnelle et il n’est pas rare que les expériences émotionnelles et esthétiques sont la lampe de poche pour éclairer des questions politiques obscures et incompréhensibles.

Pour un espace public culturel renouvelé reposant sur Internet

Un espace public culturel virtuel serait un espace de communication pluraliste permettant l’expression de tous les points de vue entre les citoyens et les décideurs sur la base d’une « rhétorique de la vie quotidienne » rendant accessible à un large éventail de citoyens les arguments politiques et offrant un environnement de socialisation pour des discussions passionnées voire des réactions irrationnelles, tout en favorisant la participation.

Dans le contexte de l’UE, l’espace public culturel semble très pertinent. Les citoyens de l’UE ne peuvent être appelés à développer un « sentiment » d’appartenance à un espace transnational, aussi longtemps que cet espace est d’abord une construction politique. Ils ne peuvent pas sérieusement se sentir « unis dans la diversité ». Qu’est-ce que les citoyens peuvent, cependant, être censés faire ? Agir et s’exprimer en fonction de leur contexte culturel, leurs goûts, leurs aversions et leurs convictions intérieures.

Internet pourrait être l’endroit de la médiation entre les citoyens et les décideurs puisque la nature virtuelle et la structure des réseaux sociaux tend à favoriser un type de communication informelle qui fait appel principalement aux émotions et à l’esthétique plutôt qu’au rationnel.

L’espace public culturel, via Internet, est en fait la première étape à franchir afin de développer un espace public politique, qui permettrait de résoudre le problème de déficit démocratique des institutions européennes.