Cartographie des principaux Think Tanks européens

« Penser comme un universitaire, agir comme un diplomate et écrire comme un journaliste », voilà les qualités par excellence d’un think-tank dans son rôle de leaders d’opinion. À l’échelle européenne, par leur capacité d’alimenter le débat public et d’exercer une influence sur l’agenda politique, les think tanks européens sont devenus plus actifs et inventifs…

Les think tanks européens autant de « policy research » que d’ « adovocacy »

En matière d’influence idéologique, les think tank européens contribuent par leurs discours à présenter l’Europe comme inéluctable, policée et consensuelle et renforcent la rhétorique de la mécanique institutionnelle et de la technocratie. Un rôle relativement contre-performant, même si le pluralisme et la communication se sont largement développés ces dernières années.

Comme « policy research organisations », les think tanks européens remplissent une fonction d’information sur l’Europe d’autant plus souhaitable qu’ils parviennent à produire une information utile, accessible et fiable dans un temps minimum. Néanmoins, le risque subsiste que les messages complexes tendent à être dilués par les médias.

Les think tanks européens, en tant qu’« advocacy think tanks » exercent un rôle d’étudier les propositions les plus intéressantes et de les faire passer aux politiques. Mais, l’influence politique des think tanks européens est plutôt paradoxale : pour permettre un dialogue entre partis politiques, il faut passer par des structures médiatrices apolitiques.

La scène bruxelloise des principaux think tanks européens a profondément évolué

L’essor et la floraison des think tanks européens sont certainement dus à l’importance croissante de la capitale de l’UE – à l’image de Washington DC – comme plaque tournante pour l’élaboration des politiques de l’UE dans un nombre croissant de domaines.

Les think tanks européens sont de plus en plus intéressés à alimenter l’agenda de l’UE mais également à réinjecter l’agenda de l’UE dans les politiques nationales, en assurant une présence à travers le continent, en particulier (mais pas exclusivement) à Bruxelles.

Ce rôle d’interface est une particularité européenne. Dans l’UE, les think tanks européens jouent un rôle pédagogique important, en particulier (mais pas exclusivement) au niveau national.

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Les think tank européens
Nom Site Pays d’origine Date de création Position Description
Centre for European Policy Studies (CEPS) http://www.ceps.eu Bruxelles 1983 Historique Le Centre d’études politiques européennes, une institution indépendante sans but lucratif, est parmi les think tanks les plus expérimentés sur l’UE.
European Policy Centre (EPC) http://www.epc.eu Bruxelles 1997 Historique L’European Policy Centre est un think tank indépendant, à but non lucratif, travaillant sur le bon fonctionnement du processus d’intégration européenne.
Friends of Europe (FoE) http://www.friendsofeurope.org/ Bruxelles 1999 Historique Les Amis de l’Europe est un think tank à but non lucratif dont l’objectif est d’encourager les réflexions sur l’avenir de l’Union européenne.
German Marshall Fund of the United States http://brussels.gmfus.org/ Bruxelles 1972 Américain Le German Marshall Fund est une institution américaine qui vise à promouvoir les relations transatlantiques.
International Crisis Group http://www.crisisgroup.org/ Bruxelles 1995 Américain L’International Crisis Group est une ONG multinationale, à but non lucratif, dont la mission est de prévenir et résoudre les conflits meurtriers.
Carnegie Europe http://www.carnegieeurope.eu/ Etats-Unis 1909 Américain La Fondation Carnegie pour la paix internationale est yun cercle de réflexion et d’influence global dédiée au développement de la coopération interétatique et à la promotion des intérêts des États-Unis sur la scène internationale.
The Lisbon Council for Economic Competitiveness and Social Renewal http://www.lisboncouncil.net/ Bruxelles 2003 Spécialiste : économie Le Conseil de Lisbonne pour la compétitivité économique et social de renouvellement est un think tank à but non lucratif, indépendant et politiquement neutre.
Bruegel http://www.bruegel.org Bruxelles 2004 Spécialiste : économie Bruegel est un think tank européen, indépendant et non doctrinal, travaillant dans le domaine de l’économie internationale.
Open Europe http://www.openeurope.org.uk/ Royaume-Uni 2005 Spécialiste : économie Open Europe est un think tank pour la promotion d’idées pour la réforme économique et politique de l’Union européenne.
European Council on Foreign Relations (ECFR) http://www.ecfr.eu/ Royaume-uni 2007 Spécialiste : relations internationales Le Conseil européen des affaires étrangères se veut le premier centre de recherche et d’influence pan-européen ayant pour objectif de promouvoir un débat éclairé sur le développement d’une véritable politique étrangère européenne.
Bertelsmann Stiftung http://www.bertelsmann-stiftung.de Allemagne 1977 Allemand La Fondation Bertelsmann est un think tank libéral allemand qui se destine à promouvoir le « processus de réforme » et les « principes de gouvernance ».
Stiftung Wissenschaft und Politik http://www.swp-berlin.org/ Allemagne 1962 Spécialiste : relations internationales La Stiftung Wissenschaft und Politik est l’institution fondatrice derrière l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité, qui conseille à la fois le Bundestag et le gouvernement fédéral.
Center for European Reform http://www.cer.org.uk/ Royaume-Uni 1996 Britannique Le Centre for European Reform est un think tank pro-européen mais critique, dont l’objectif est d’améliorer la qualité du débat sur l’Union européenne.
Institut Français des Relations Internationales (IFRI) http://www.ifri.org France 1979 Spécialiste : relations internationales Dirigé par Thierry de Montbrial. l’Institut Français des Relations Internationales est indépendant de toute tutelle pour produire une recherche policy-oriented sur les affaires internationales et européennes.
Institut Jacques Delors http://www.notre-europe.eu/ France 1996 Français L’Institut Jacques Delors, fondé sous le nom de Notre Europe, produit des analyses et des propositions destinées aux décideurs européens et aux débats relatifs à l’UE.
Fondation Robert Schuman http://www.robert-schuman.eu France 1991 Français La Fondation Robert Schuman, indépendante, sans but lucratif et sans affiliation politique œuvre en faveur de la construction européenne.
Fundación para las Relaciones Internacionales y el Diálogo Exterior (FRIDE) http://fride.org/ Espagne 1999 Spécialiste : relations internationales Le Fondation pour les relations internationales et le dialogue des Affaires étrangères est un think tank européen indépendant.
Centre for Eastern Studies http://www.osw.waw.pl/ Pologne 1990 Polonais Le Centre for Eastern Studies est un think tank qui entreprend des recherches indépendantes sur la situation politique, économique et sociale dans l’UE et le monde.
Institute of Public Affairs http://www.isp.org.pl/ Pologne 1995 Polonais L’Institut des affaires publiques est un think tank  non-partisan de réflexion pour soutenir les réformes de modernisation et  fournir un forum pour un débat éclairé sur les questions sociales et politiques.
Open Society Institute http://www.opensocietyfoundations.org/ Bruxelles 1993 Indépendant L’Open Society Institute est un réseau de fondations créé par le milliardaire américain George Soros pour promouvoir la gouvernance démocratique, les droits de l’homme et des réformes économiques, sociales et légales.
The Wilfried Martens Centre for European Studies (CES) http://www.martenscentre.eu/ Bruxelles 2007 Politique Le Centre Wilfried Martens d’études européennes est la fondation politique au niveau européen du Parti populaire européen.
Fondation européenne d’études progressistes (FEPS) http://www.feps-europe.eu/en/ Bruxelles 2008 Politique Composée pour moitié des fondations et laboratoires d’idées nationaux basés partout en Europe, et pour moitié des groupes et partis politiques, la FEPS assure une couverture dense du monde progressiste européen.
Konrad-Adenauer-Stiftung http://www.kas.de/ Allemagne 1955 Politique La Fondation Konrad Adenauer est un think tank allemand associé à la CDU.
Friedrich-Ebert-Stiftung http://www.fes-europe.eu/ Allemagne XIXe Politique La fondation Friedrich-Ebert est associée au SPD, le parti social-démocrate allemand. C’est la plus importante et la plus ancienne fondation associée à un parti politique en Allemagne.

Même si leur influence réelle reste difficile à mesurer, les think tanks européens sont de plus en plus nombreux, répandus et influents à Bruxelles. Aujourd’hui, il faut compter sur eux dans le débat politique européen.

Quels sont les budgets de la DG Communication en 2016 ?

Comme chaque année, le programme de travail de la DG Communication de la Commission européenne permet de tracer les priorités et les arbitrages. En 2016, contrairement à l’année dernière, le budget augmente de quasiment 5 millions d’euros. Pour quelles missions ?

Le digital, en hausse, est toujours le premier poste de dépenses

Avec 23 millions d’euros en 2016, les « outils d’information et de communication en ligne » se voient doté de 2 millions en plus pour la gestion du portail Europa, notamment dans le cadre de la mise en œuvre d’un programme de transformation numérique reposant sur un nouveau système de gestion des contenus web dont l’objectif est d’assurer une présence sur la toile qui soit cohérente, pertinente et efficiente et dont le contenu soit axé sur l’utilisateur et organisé par thèmes au lieu de refléter l’organisation interne en silo.

L’animation des réseaux sociaux est également prise en compte avec un budget de près de 5 millions d’euros permettant l’élaboration de stratégies relatives aux médias sociaux et la gestion des réseaux sociaux internes de la Commission, notamment le soutien du réseau de médias sociaux et des Représentations.

Les Représentations, véritable pilier de la communication de l’UE

Avec un budget de près de 15 millions d’euros, soit près de 3 millions supplémentaires, les Représentations deviennent le deuxième poste de dépenses, juste devant les Relais d’information « Europe Direct ».

Dorénavant, la stratégie de communication des Représentations est tout azimut :

  • médias sociaux, adaptés aux publics locaux ;
  • débats et de conférences visant les faiseurs et multiplicateurs d’opinion ;
  • dialogues citoyens s’adressant au grand public.

Le principal objectif, rappelé par la DG COMM, de ces activités locales est de communiquer des messages relatifs aux orientations politiques de la Commission.

Les autres outils de la DG Communication

Le reste du budget s’inscrit pleinement dans la continuité des précédents exercices entre :

  • les actions d’information aux médias (6 millions d’euros) ;
  • l’équipement audiovisuel et l’exploitation de studios radio/TV (5,5 millions d’euros) ;
  • l’analyse de l’opinion publique avec les Eurobaromètres (6,6 millions d’euros) ;
  • les visites sur place (3,8 millions d’euros) ;
  • et les traditionnelles publications écrites (2n1 millions d’euros).

budget_DGCOMM_2016

En somme, le budget de la DG Communication en 2016 compte deux surprises : la première, c’est la hausse significative de 5 millions d’euros et la seconde, c’est l’absence de nouvelles initiatives avec une réelle continuité.

Dégradation du multilinguisme pour les Directions générales de la Commission européenne sur Internet ?

Quatre ans après notre enquête réalisée qui révélaient que près des deux tiers des Directions générales de la Commission européenne sont totalement multilingues en 22 ou 23 langues tandis que 4 DG ne sont lisibles en ligne qu’en anglais, la dégradation du multilinguisme est sensible au niveau des sites Internet des « DG »…

33 Directions générales de la Commission européenne : des sites Internet de présentation des DG ou thématiques très diversement multilingues

Une grande majorité des services de la Commission se présentent à la fois au travers d’un portail thématique « grand public » et d’un site plus dédié à l’administration à proprement parlé.

Sur l’ensemble de la cinquante de sites disponibles en ligne, 66% sont actuellement monolingues, contre 33% multilingues – un déséquilibre significatif et en nette dégradation. Alors qu’en 2012, 20 DG sur 31 étaient multilingues, c’est dorénavant la proportion inverse.

11 Directions générales, parmi les plus importantes, sont lisibles uniquement en anglais en ligne

La liste des Directions générales qui ne se donnent pas la peine de traduire, un minimum leurs sites est longue :

  • DG CNECT Réseaux de communication, contenu et technologies
  • DG EAC Education et culture
  • DG ENER Energie
  • DG GROW Marché intérieur, industrie, entrepreneuriat et PME
  • DG ENV Environnement
  • EUROPEAID Coopération internationale et développement
  • DG HOME Migration et affaires intérieures
  • DG MOVE Mobilité et transports
  • DG NEAR Elargissement
  • DG RTD Recherche et innovation
  • DG TRADE Commerce

Les virages les plus cinglants viennent par exemple des DG NEAR, DG ENV ou EUROPAID qui passent du multilinguisme total au monolinguisme anglophone.

La DG Traduction, comble de l’ironie, n’est toujours disponible qu’en 7 langues.

17 Directions générales, preuve qu’il s’agit d’une décision politique, sont très largement multilingues

Plusieurs DG n’ont pas hésité à inclure la 24e langue officielle de l’UE – le Croate – avec l’entrée du pays dans l’Union en 2013, comme par exemple la DG EMPL, la DG JUST, ou le Service européen de l’action extérieur dont le site n’était que trilingue en 2012.

Sinon, le choix des trois langues officielles de l’UE est en régression, avec seulement 9 sites disponibles actuellement.

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Pour rappel, la Commission européenne possède l’un des plus grands services de traduction au monde. Il compte 1 750 linguistes et un personnel administratif de 600 personnes. Le service d’interprétation de la Commission emploie 600 interprètes permanents, 3 000 interprètes indépendants et 250 assistants.

Au total, la dégradation du multilinguisme des Directions générales de la Commission européenne en ligne est significatif, en termes de volume, mais surtout en termes de message politique. Et, ce n’est pas le bon pour les citoyens européens.

De l’importance du « design » dans les projets de participation en ligne de l’UE

La fabrique de la participation des publics en ligne est largement conditionnée par le « design », selon Romain Badouard qui analyse plusieurs plateformes européennes dans « La mise en technologie des projets politiques : Une approche « orientée design » de la participation en ligne »…

Pourquoi le design compte dans la fabrique numérique de la participation politique ?

Dans l’univers « physique », la loi prime, alors que sur internet, c’est l’architecture qui domine : « code is law ». Les principes d’affichage et de fonctionnement d’un site font que « les web designers qui créent des sites participatifs construisent des modèles de participation » qui :

  • « font agir », c’est-à-dire cadrent, orientent, configurent les actions que les internautes réalisent ;
  • « font interagir », c’est-à-dire  rendent possible et contraignent certaines formes de communication ;
  • « font advenir » des pratiques participatives, en suscitant certaines formes d’engagement que les internautes choisissent (ou refusent) d’adopter (ou de bricoler).

Comment les ressources entrent en jeu dans la construction d’un modèle de participation en ligne ?

Les arborescences des sites balisent des parcours de navigation, qui peuvent s’apparenter à des procédures comme par exemple les étapes : information, débat et vote.

Les applications permettent d’agir sur les contenus : production, modification,  personnalisation, filtrage ou évaluation, et d’interagir entre internautes : fil de discussion chronologique ou organisation ante-chronologique.

La publicisation des données relatives à l’identité et aux activités des internautes dessinent une identité à la fois déclarative, agissante et calculée qui constitue également des formes de cadrage et d’incitation à l’action et à l’échange.

Les modèles de participation incorporés dans les consultations en ligne de la Commission européenne

Les plateformes consultatives de la Commission européenne constituent un bon exemple de la manière dont le design de dispositifs participatifs peut conduire à une mise en pratique de modèles de participation différents.

Ces plateformes sont à la fois mobilisées en tant qu’instruments de gouvernance dans le cadre de « nouveaux » processus de prise de décision, et comme outils de communication mettant en scène une participation citoyenne pour endiguer le « déficit démocratique ».

Votre point de vue sur l’Europe : une participation instrumentale

Votre Point de vue sur l’Europe, la plateforme qui héberge les consultations permanentes de la Commission européenne depuis 2001 vise à la fois à ouvrir et à réglementer les procédures consultatives.

La plateforme met en œuvre une participation « instrumentale », le modèle véhiculé est celui de l’expertise (profane ou organisée) : il s’agit de mobiliser des connaissances dispersées au sein de la « société civile » européenne comme autant de ressources pour la décision. Ce modèle est porté par des applications qui ne permettent qu’une participation individuelle à la consultation, qui valorisent la compétence et la responsabilité des internautes (via un passage « obligé » par une phase d’information et le recours aux identités civiles des participants) et la non-contrainte de leurs réponses (quand ceux-ci les envoient directement par mail).

La Consultation européenne des citoyens : une participation transformative

La Consultation européenne des citoyens vise à formuler des propositions de politiques publiques en vue des élections européennes de juin 2009 via une approche délibérative, où les positions sont discutées afin de produire des accords entre participants.

La plateforme met en œuvre une participation « transformative » pour sensibiliser les participants à leur citoyenneté européenne par des activités de débat et de vote. Elle valorise un citoyen actif et polyvalent (via la multitude des applications permettant de produire et d’agir sur les contenus). Pour autant, il n’est pas attendu de lui une quelconque expertise : il s’agit davantage de mettre en avant la dimension socialisante de la participation citoyenne (notamment par la place centrale des profils), et par un système de vote de faire émerger des préoccupations.

Dans ce cas précis, l’activité de participation compte davantage que ses résultats : on montre un espace public européen en train de se construire. Dans le cas précédent à l’inverse, les résultats de la participation comptaient davantage que l’activité : il s’agissait d’obtenir des informations pertinentes dans le cadre de la construction de directives.

Au total, le modèle de participation inscrit dans le design compte mais aussi les interprétations de l’internaute, qui peut adopter le projet ou manipuler les applications pour réaliser d’autres actions.

Les évolutions de la communication de l’UE tiennent-elles leurs promesses ?

Pour le grand public, c’est entendu, malgré les récentes évolutions de la communication de l’Union européenne, celle-ci n’est toujours pas audible. Nonobstant le temps – impératif – et les moyens – indispensables – pour que ces progrès portent leurs fruits, il est possible d’ores et déjà d’évaluer les premiers effets de cette nouvelle approche de la communication de l’UE…

1. Une coopération à la carte

La principale innovation sur laquelle la communication de l’UE s’est largement développée ces 10 dernières années fut le partenariat, introduit dans la déclaration politique du 22 octobre 2008 « Communiquer l’Europe en partenariat ». Avec les partenariats, ce sont de véritables campagnes de communication pilotées à la fois par les institutions européennes et les Etats-membres qui ont pu voir le jour. Mais, cette approche exigeante pour chacun des partenaires, a vécu.

Dorénavant, la coopération en matière de communication au sein de l’UE est beaucoup moins formalisée, donc moins interinstitutionnelle au profit de coopérations infra-étatiques à la carte, menées dans une logique plus opportunistique de « one shot » ou d’échange de visibilité entre organisations peu médiatisées. La promesse d’une audience captive plus réduite a eu raison de grandes opérations tout public sans garantie en termes de retour sur investissement.

2. Une décentralisation à fragmentation

Comme il existe des bombes à fragmentation qui dispersent leurs projectiles pour décupler leurs résultats, les réseaux et relais décentralisés de l’UE démultiplient la communication à l’échelle régionale et locale pour toucher les Européens. Le mouvement vers davantage de décentralisation, renforcé par les réseaux sociaux qui jouent la carte de la proximité, était irrésistible pour « Bruxelles », honnie par les grands médias et un large spectre des classes politiques nationales.

Mais, fragmentation doit également se comprendre comme une dispersion des messages entre le bras armé de la DG COMM « Europe Direct » chargé de répondre aux questions des Européens et la pléiade de réseaux thématiques pilotés par les différentes directions générales, notamment Your Europe Advice, Solvit, Fin-Net par la DG MARKT, Enterprise Europe Network par la DG ENTR, Eures par la DG EMPL, Eurodesk, Euroguidance ou Europass par la DG EAC, Euraxess par la DG RTD, etc. L’absence apparente de coordination nuit à l’harmonie de la voix européenne.

3. Une harmonisation à coup de corporate

Dernière évolution significative de la communication de l’UE ces dernières années, la rationalisation à marche forcée qui consiste, comme dans le lit de Procuste, à couper tout ce qui dépasse pour ne conserver qu’un brouet plutôt insipide. Cette démarche d’uniformisation qui correspond bien à une certaine culture administrative ne répond sans doute pas avec suffisamment d’agilité aux nécessaires adaptations exigées par le terrain et les circonstances.

Néanmoins, 2016 sera surtout marquée par la future campagne de communication corporate de la Commission européenne, qui prévoit – selon le document fuité par Politico Europe – de totaliser un budget pharaonique de près de 26 millions d’euros. Il est à la fois trop tôt avant les résultats de cette campagne, et surtout trop tard puisque le processus est largement entamé pour juger définitivement.

Reste que pour le moment, les promesses de l’année 2016 en matière de communication européenne sont nombreuses mais méconnues : les coopérations à la carte n’ont pas encore fait l’objet d’une évaluation aussi objective que les précédents partenariats de gestion ; les réseaux décentralisés, y compris « Share Europe Online » pour les community managers de l’UE non plus d’ailleurs ; et encore moins la campagne de communication corporate.