Archives de catégorie : Web et Europe

Billets sur les enjeux de la communication numérique européenne

Guerres informationnelles : manipulations d’informations étrangères et menaces d’interférences

Première édition du rapport sur les menaces de manipulation d’informations étrangères et d’interférences grâce aux travaux de la division Stratcom du Service européen pour l’action extérieure, un projet pilote appliquant un nouveau cadre, basé sur les meilleures pratiques autour d’un premier échantillon de 100 incidents détectés et analysés entre octobre et décembre 2022…

Principaux résultats

L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie domine l’activité observée des manipulations et menaces. L’Ukraine est la cible directe de 33 incidents et dans 60 incidents, le soutien à l’invasion était la principale motivation de l’attaque.

Les voies diplomatiques font partie intégrante des incidents : les canaux diplomatiques russes servent régulièrement de facilitateurs aux opérations de manipulations et menaces, déployés sur un large éventail de sujets. La Chine utilise également les canaux diplomatiques, ciblant principalement les États-Unis.

La collusion des acteurs existe mais demeure limitée : des acteurs officiels russes ont été impliqués dans 88 incidents analysés tandis que des acteurs chinois le sont dans 17 cas ; dans au moins 5 cas, les deux acteurs russes et chinois se sont engagés conjointement.

Les incidents ne se produisent pas dans une seule langue : le contenu est traduit et amplifié en plusieurs langues. Les incidents concernent au moins 30 langues, dont 16 sont des langues de l’UE. La Russie utilise une plus grande variété de langues que les acteurs chinois, mais 44 % du contenu russe cible les populations russophones, tandis que 36 % ciblent les populations anglophones.

Tactiques et techniques de manipulations d’informations et de menaces d’interférences

Les objectifs présumés sont principalement destinés à distraire et à déformer : la Russie (42 %) et la Chine (56 %) ont principalement l’intention d’attirer l’attention sur un acteur ou un récit différent ou de rejeter le blâme (« distraire »). La Russie tente de modifier le cadrage et le récit (« déformer ») relativement plus souvent (35 %) que la Chine (18 %).

Parmi les 10 combinaisons de tactiques et de techniques, le développement de contenus à base d’images et à base de vidéos, faciles et peu coûteux, sont les deux techniques les plus récurrentes employées :

  • Des contenus fabriqués à partir d’images et de vidéos sont utilisés pour dégrader l’image ou la capacité d’action des adversaires et pour discréditer des sources crédibles ;
  • Les voies diplomatiques officielles sont utilisées pour discréditer des sources crédibles, pour fournir du contenu à base d’images et de texte, déformer les faits en recadrant le contexte des événements, et dégrader les adversaires ;
  • Dans le cas de la Russie, une raison possible de l’utilisation accrue des comptes diplomatiques pourrait être une conséquence des chaînes contrôlées par l’État russe avec une large portée autrefois sanctionnées dans l’UE ;
  • Les contenus fabriqués à base d’images et de vidéos ont été distribués sur plusieurs plates-formes afin de maximiser l’exposition du contenu.

Techniques d’usurpation d’identité et victimes

Les techniques d’usurpation d’identité deviennent plus sophistiquées. Les usurpations d’identité d’organisations et d’individus internationaux et de confiance sont utilisées par des acteurs russes, en particulier pour cibler l’Ukraine. La presse écrite et la télévision sont le plus souvent usurpées, les magazines voyant tout leur style copié.

Un bref examen des cas dans lesquels la Russie s’est fait passer pour des entités légitimes et de confiance montre que personne n’est à l’abri de voir son identité ou sa marque utilisée à mauvais escient. Les acteurs de la menace utilisent l’usurpation d’identité pour ajouter de la légitimité à leurs messages et pour atteindre et affecter des publics familiers avec les entités usurpées et qui leur font confiance. Six incidents ont utilisé des cas d’usurpation d’identité. Tous liés à l’invasion russe de l’Ukraine. Les médias étaient les entités les plus souvent usurpées. Lors de quatre incidents, de fausses pages de couverture imitant le style visuel des magazines satiriques européens, notamment Charlie Hebdo. De plus, deux vidéos ont imité des médias internationaux (Aljazeera et Euronews).

Narratifs

Le récit le plus courant parmi les incidents analysés était « l’Occident est l’agresseur envers la Russie » qui comprend des messages qui dépeignent l’Occident comme étant antagoniste envers la Russie, poussant l’Ukraine à la guerre, provoquant et profitant de la guerre, exécutant mobilisation militaire et implication dans des actions qui attisent les tensions entre l’Ukraine et la Russie. Ce récit a été observé dans 17 incidents.

Le récit « L’Ukraine est l’agresseur envers la Russie » a été observé dans 15 incidents. Ce récit dépeint faussement l’Ukraine comme celle qui a provoqué et voulu la guerre, commis des atrocités, des crimes de guerre et un génocide, et déployé ou planifié de déployer des attaques chimiques/nucléaires.

Le récit « Les sanctions contre la Russie se retournent contre leurs auteurs », qui met en évidence les conséquences négatives présumées des sanctions sur les pays occidentaux et autres, avec un accent particulier sur la crise alimentaire et énergétique ainsi que sur l’inflation, est également apparu dans 15 incidents. Il convient de noter que ce groupe narratif comprend également des messages alléguant que les crises actuelles sont causées par les pays occidentaux et leurs sanctions.

Le 4e récit le plus courant « L’Occident est hypocrite », qui comprend tous les messages qui dépeignent à tort les entités occidentales comme violant les droits fondamentaux, menant des campagnes de désinformation, corrompues, colonialistes, russophobes ou sinophobes et exploitant les autres, a été observé 14 fois.

Le 5e récit le plus fréquent, « L’Ukraine est un État nazi et terroriste », qui présente de fausses affirmations selon lesquelles l’Ukraine est un État nazi et/ou terroriste ou qu’il soutient de tels groupes, est apparu dans 11 incidents.

Composition de l’écosystème médiatique des acteurs de la menace

Canaux de communication officiels : canaux officiellement utilisés par un État et ses représentants pour diffuser du contenu, comme, les sites Web officiels d’un État ou les comptes de médias sociaux des services diplomatiques et des ambassades.

Chaînes contrôlées par l’État : chaînes médiatiques officiellement affiliées à un acteur étatique. Elles sont détenues majoritairement par un État ou un parti au pouvoir, gérées par des organes nommés par le gouvernement et suivent une ligne éditoriale imposée par les autorités de l’État.

Chaînes liées à l’État : chaînes sans liens transparents ni affiliation officielle à un acteur étatique, mais dont l’attribution a été confirmée par des organisations ayant accès à des sources de données dorsales privilégiées, telles que des plateformes numériques, des entités de renseignement et de cybersécurité, ou par gouvernements ou services militaires sur la base d’informations classifiées.

Effets

80% des incidents n’ont déclenché aucun type de réponse, cependant, 20 incidents ont reçu une réponse de communication. Dans certains cas, plusieurs contre-mesures ont été prises. Au total, 28 contre-mesures ont été prises en réponse aux incidents. La contre-mesure la plus courante était la déclaration de réfutation, lorsqu’une entité impliquée a publié une déclaration réfutant les allégations de l’incident, ce qui représente 50% de tous les plans d’action. La démystification ou la vérification des faits des allégations de l’incident s’est produite dans 3 cas. La contre-mesure la moins courante était la suppression du contenu, car cela ne s’est produit qu’en réponse à un incident.

Au total, ce rapport contribue à fournir à la communauté des défenseurs des manipulations d’informations étrangères et menaces d’interférences un cadre de compréhension commune en vue de formuler une réponse collective et systématique.

Promesses du web 3.0 : quel avenir souhaitable pour l’Europe ?

Entre la toute-puissance actuelle des GAFAM et la logique future de décentralisation du web3 autour de l’empowerment des créateurs de contenus, l’Institut Sapiens a fait discuter deux essayistes Caroline Faillet, auteur de « Web3, la nouvelle guerre digitale » et Charleyne Biondi, auteur de « Dé-coder une contre-histoire du numérique »…

Charleyne Biondi : Le numérique c’est un enjeu stratégique

Avec son regard de techno-politiste, la contre-histoire du numérique est une invitation à comprendre les évolutions qui se sont imposées dans nos vies quotidiennes :

  • Les big data, c’est un moyen d’influencer et de gouverner les populations ;
  • Le numérique, en tant qu’il produit et collecte ces données, c’est devenu un enjeu stratégique ;
  • Le techno-pouvoir correspond aux capacités des nouveaux souverains big tech.

Au total, la souveraineté numérique, nouvel enjeu stratégique, doit se comprendre sous trois angles : la régulation, les infrastructures critiques et les sujets sécurité/défense.

Caroline Faillet : Les nouvelles guerres digitales

Avec son métier de consultante, le regard se porte sur les couches du champ de bataille :

  • Les câbles : le combat est d’ores et déjà quasiment perdu ;
  • Les logiciels : le combat est pour le moment largement perdu ;
  • La dimension cognitive : l’attention capturée par les interfaces.

Pour dire les choses très simplement, la bataille, pour l’avenir de nos sociétés, se joue contre la captologie, cette technique qui vise à capturer notre attention grâce au design et aux interactions avec les plateformes et les applications.

Au total, la cyber-guerre, c’est la guerre sourde de l’attention et les actions de manipulation des opinions par des puissances étrangères.

Charleyne Biondi : La révolution numérique

Dans son rôle d’historienne des nouvelles technologies, la science informatique peut être vue comme une grande découverte, aussi radicale que Newton ou Einstein. Pourquoi ? Parce que c’est une révolution industrielle, mais aussi un changement de paradigme ; c’est-à-dire une nouvelle manière d’être au monde.

Les nouvelles idées de l’informatique prennent corps dans les populations via des outils numériques comme les réseaux sociaux et les applications. Le numérique nous mène à un point de bascule où les systèmes politiques et les imaginaires collectifs sont bouleversés.

Caroline Faillet : L’empowerment des individus

En tant que pédagogue des futures technologies, le web 3.0, c’est la poursuite de la prise de pouvoir des individus, engagée avec le web 2.0, via la désintermédiation et la révolution des usages :

  1. Digitalisation de la valeur : avec le token, des individus sont propriétaires de cryptoactifs dématérialisés ;
  2. Décentralisation de l’organisation : avec la blockchain, c’est le partage de la valeur de pair à pair.

Un « optimisme de devoir » doit être adopté pour corriger les dérives et reprendre le pouvoir des GAFAM contre leur business-model fondé sur la monétisation des données personnelles grâce aux usagers-propriétaires de leurs actifs numériques dans le web 3.0.

Charleyne Biondi : Les risques politiques du numérique

Plusieurs étapes clés ont incarné les dérives politiques du numérique :

  1. Le techno-utopisme libertaire de la Silicon Valley, c’est la première figure des cyberpunks
  2. La crainte de la surveillance de masse, c’est le temps des whistleblowers comme Edward Snowden ;
  3. Le discours démocratique de la régulation des GAFAM vs le splinternet qui divise les espaces numériques, avec en particulier la grande muraille virtuelle en Chine ;
  4. La rhétorique de la décentralisation heureuse avec le web 3.0, c’est le moment présent ;
  5. L’hyper-marchandisation du cyber espace, c’est le risque si l’on se retrouve uniquement avec des métavers gérés via des blockchain tokenisés, qui réduise toute vie numérique à des actifs monétisables.

Caroline Faillet : Les opportunités du web 3.0

La bataille se mène à la fois contre les plus dogmatiques qui se mobilisent toujours (scams/trolls/fake…), mais aussi contre la radicalisation renforcée par les algorithmes et encore contre le business-model « quand tout est gratuit, c’est vous qui êtes le produit ».

Se tourner vers des intentions d’usage « citoyennes », des échanges plus vertueux et durables, là où la tech recrée du lien, le token, ce n’est pas de l’argent mais une valorisation de tâches, d’activités et de partages de savoirs et de connaissances et du coup, la blockchain, c’est un lien direct et transparent.

Au final, dans ces transformations du numérique, la plus belle promesse serait que l’Europe passe d’un nain de l’ère du web 2.0 dominé par les GAFAM à un géant du web 3.0 décentralisé et souverain.

Élections européennes 2024 : les partis politiques européens pourront-ils faire campagne en ligne ?

Le mieux serait-il l’ennemi du bien si l’on en croit le processus d’adoption d’un règlement européen sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique, dont les bonnes intentions risquent de saper la capacité à lutter contre l’abstention et faire campagne en ligne et sur les réseaux sociaux…

Quand l’Europe se veut légitimement comme souvent exemplaire

A la suite de la proposition de règlement par la Commission européenne, première étape de toute future législation européenne, les deux autres institutions doivent se positionner sur les points clés de règlementation.

La position du Conseil de l’UE du 13 décembre 2022 sur la publicité à caractère politique se montre ouverte « dans un contexte où les campagnes politiques se déroulent de plus en plus en ligne et par-delà les frontières nationales (…) à promouvoir des normes élevées de transparence dans la publicité à caractère politique dans l’UE, à limiter l’utilisation de la publicité ciblée à des fins politiques et à faciliter la prestation et la surveillance transfrontières de services de publicité à caractère politique ».

Du point de vue des ministres, cette régulation permettrait de lutter contre la désinformation, la manipulation de l’information et l’ingérence dans les élections ainsi qu’à préserver un débat démocratique ouvert dans les États membres de l’UE.

La position du rapporteur au Parlement européen, Sandro Gozi, député européen Renew argumente sur des arguments complémentaires comme « offrir à nos concitoyens plus de transparence et (…) lever les obstacles à la création d’un véritable marché unique dans ce domaine et à construire un environnement favorable aux campagnes transnationales ».

Du point de vue des députés européens, les élections sont proches et les règles doivent être claires et prêtes dans les temps pour le scrutin du printemps prochain.

Le micro-ciblage, le sujet de controverse contentieux

L’interdiction du ciblage et de la diffusion de publicités basées sur des catégories spécifiques de données à caractère personnel définies dans le cadre du règlement général sur la protection des données se révèle à la fois indispensable et problématique :

  • Indispensable, lorsqu’il s’agit d’interdire le ciblage publicitaire sur des critères comme l’origine ethnique, la religion ou les opinions politiques ou bien le ciblage de mineurs ;
  • Problématique, dans la mesure où le micro-ciblage largement interdit conduira les annonceurs à ne pouvoir utiliser seulement que les données personnelles explicitement fournies par les citoyens à cette fin.

Le compromis, adopté en commission parlementaire au sein du Parlement européen, selon certaines sources mentionnées par Euractiv « va trop loin », soulignant que le ciblage est une « partie importante du processus démocratique de formation de l’opinion ».

Pour l’Association des services Internet communautaires, le projet de règlement européen sur l’encadrement des publicités politiques « pourrait limiter la visibilité de tout contenu parlant d’un sujet de société qui serait concerné par un débat en cours devant un parlement », dans une tribune publiée par Libération.

« L’enfer législatif est pavé de bonnes intentions… et parfois les élus, en pensant bien faire, peuvent commettre de lourdes erreurs. C’est ce qui est peut-être en train de se passer à Bruxelles, où l’Union européenne pourrait sans le vouloir porter une atteinte grave à la liberté d’expression et au débat démocratique en ligne. »

La négociation va se poursuivre entre les institutions européennes pour parvenir à un compromis définitif, il est encore possible de trouver une voie médiane entre la position initiale de la Commission européenne, la vision raisonnable du Conseil de l’UE et la position plus maximaliste qui veut laver plus blanc que blanc du Parlement européen.

La publicité des partis politiques et de la société civile, en particulier lors des périodes électorales, participe, qu’on l’apprécie ou qu’on le déteste, à la délibération publique et à la construction d’un espace public européen permettant aux opinions politiques de s’exprimer et de circuler. Le nouveau régime risque de renforcer l’isolement des citoyens et l’éclatement des offres politiques en des groupes homogènes sans relation les uns avec les autres renforçant la polarisation politique et l’ascension aux extrêmes.

Communication européenne sur nos smartphones : il y a une app pour ça

Slogan emblématique de la marque à la pomme lors du lancement de l’iphone : « il y a une app pour ça », l’Union européenne semble s’en être saisi pour investir nos portables avec à ce jour 24 applications référencées sur l’Apple Store. Que peut-on en dire pour chaque catégorie souvent arbitraire prévue pour les classer ?

1ère catégorie : les applications « éducation » en mode ludique ou serious game

Avec un quart des applications référencées de l’Union européenne, les app éducation sont destinées à des publics spécifiques qui visent à faire un apprentissage, que l’on va présenter de la plus ludique à la moins pédagogique :

L’application « Cyber Chronox » se positionne comme un outil ludo-éducatif de sensibilisation des jeunes à la protection des données et aux droits fondamentaux sous forme de bande dessinée interactive pour des activités dans un cadre éducatif informel.

« Happy Onlife » est un jeu engageant visant à accompagner les enfants de 8 à 12 ans tout en impliquant leurs parents et enseignants pour initier avec eux une médiation active afin d’apprendre à se comporter en toute sécurité dans le monde numérique.

« Invasive Alien Species Europe » vise à permettre au grand public de recevoir et de partager des informations sur les espèces exotiques envahissantes en Europe, dont 10 à 15 % sont envahissantes, causant des dommages environnementaux, économiques et/ou sociaux.

L’application « CEPOL LEED » donne accès à une plate-forme de elearning destinée aux responsables de l’application des lois dans les États membres et autres pays partenaires.

L’application « The EU Relocation Programme » vise à aider les demandeurs d’asile avec des informations sur la procédure de relocalisation et leurs droits et obligations lors de la demande de relocalisation.

Dernière app, le « Council Voting Calculator » est destiné aux spécialistes de l’UE afin de leur permettre de simuler un vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’UE avec un calculateur en fonction des procédures et des positions des États-membres.

2ère catégorie : les applications de « référence » informatives

Commençons par le commencement, l’application de la Charte de l’UE « EU Charter » se positionne comme « un guichet unique des droits fondamentaux » qui donne accès à la Charte des droits fondamentaux de l’UE ainsi que les jurisprudences de la Cour européenne de justice et de la Cour européenne des droits de l’homme.

Application pratique destinée aux juristes, « CVRIA » se présente comme l’outil idéal pour ceux qui souhaitent se tenir au courant des travaux de la Cour de justice de l’Union européenne : communiqués, décisions, audiences, arrêts et avis.

L’application « EP Research Service » donne accès à toutes les publications et infographies publiées par le Service de recherche du Parlement européen fournissant une analyse indépendante et objective sur les questions, la politique et le droit de l’UE.

Le Bureau européen d’appui en matière d’asile offre un soutien pratique aux personnes sur le terrain avec « EASO Practical Tools » concernant les droits des personnes ayant besoin d’une protection internationale et des informations sur les procédures applicables.

L’application du Comité européen des régions vise à se connecter aux responsables politiques locaux d’Europe et obtenir les dernières nouvelles de l’organisme de l’UE représentant les villes et les régions.

3ème catégorie : les applications « Voyage » de services

« Passenger rights » peut se révéler très pratique si vous avez déjà été bloqué ou vos bagages perdus, l’application couvre désormais tous les modes de transport dans l’UE – aérien, ferroviaire, bus et bateau, vous pouvez vérifier vos droits immédiatement, sur place.

« Going Abroad » est l’application de sécurité routière pour trouver toutes les règles de sécurité routière avant de partir à l’étranger sur les routes en Europe.

Comme partout avec le Covid, « Reopen EU » fournit un aperçu de la situation sanitaire dans les pays européens, sur la base des données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies afin de planifier ses voyages en Europe.

Enfin, « EPexplorer » permet de découvrir le campus bruxellois du Parlement européen à travers une expérience interactive en réalité augmentée.

4ème catégorie : Utilities & Productivity, les applications pratiques

« ERA SMS » de l’agence de l’UE pour les chemins de fer donne un aperçu des principaux éléments constituant le système de gestion de la sécurité ferroviaire.

« Innovation Radar » vise à identifier les innovations et les innovateurs à fort potentiel dans les programmes-cadres de recherche et d’innovation financés par l’UE.

« EU CBRNE Glossary » est le glossaire officiel de l’UE sur les risques chimiques, biologiques, radiologiques, nucléaires et explosifs pour les praticiens de la gestion et de la réponse de crise.

« Food Checker » est un outil de collecte dans le but d’identifier des produits alimentaires apparemment identiques mais présentant des différences de composition (nutrition et ingrédients) sur les étiquettes.

« EU Council » conçue pour les invités aux événements et réunions qui se déroulent dans les bâtiments du Conseil de l’UE à Bruxelles et à Luxembourg.

Bonus : une appli « social media » et une appli « simulation »

En tant que social media, l’app « European Solidarity Corps » vise à permettre aux jeunes de 18 à 30 ans de s’engager dans des projets liés à la solidarité dans toute l’Europe en tant que bénévole, stagiaire ou même salarié travaillant sur un projet solidaire. Les fonctionnalités inspirées des réseaux sociaux, on retrouve la possibilité de créer un profil, publier des contenus, interagir avec la communauté et chater mais aussi rechercher et postuler à des opportunités.

App la plus aboutie, « EUcraft » est un jeu de simulation vous permettant de prendre des décisions au sein du Conseil de l’UE en se mettant à la place des ministres nationaux et en négociant sur des sujets réels afin de parvenir à un accord. Il s’agit d’un jeu éducatif basé sur le vrai processus de négociation et sur de vrais sujets, cependant, les procédures de négociation sont présentées sous une forme simplifiée et gamifiée, avec l’ajout d’éléments ludiques et un degré d’abstraction.

N’hésitez pas à partager en commentaire les applications européennes que vous connaîtriez !

Parler d’Europe, ce n’est pas excuser l’Union européenne

Intervention un peu poil à gratter au colloque « Comment parler d’Europe ? », de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe de Richard Werly, correspondant de la presse suisse en France, qui vient de passer du côté obscur de la force en passant du journal, l’institution Le Temps très respectable à la presse populaire alémanique avec le média en ligne Blick, là où le débat sur l’Europe avec le public est le plus vif…

Le débat sur l’Europe, c’est aussi dans les médias populaires, y compris les réseaux sociaux

C’est dans les médias populaires, y compris les réseaux sociaux, que sont les audiences massives, loin des élites, qui doivent reconquérir le peuple et réinvesti ces médias populaires. C’est la seule bataille qui compte, tenir bon sur cette crête populaire pour refonder la légitimité des politiques publiques européennes. Il faut parler de l’Europe au présent, pas au conditionnel.

Parler d’Europe, c’est parler de nous

D’abord, comment parler d’Europe, c’est se poser la question de pourquoi on devrait en parler. Parler d’Europe, c’est simplement parler de nous, parce que de toute façon l’Europe, c’est nous. Il faut que le public se réapproprie la notion d’Europe, parce que le succès des anti-Européens ont dissocié l’Europe de nous. Il faut reprendre les choses à la base, l’Europe, c’est nous.

Répondre aux critiques, sans esquiver

Ensuite, c’est à qui parler d’Europe, on ne pas parler à tout le monde en même temps, il faut cibler les messages et sur quoi s’appuyer. Avec la vague de la pandémie et l’Ukraine, c’est une opportunité, une chance historique de reparler d’Europe, c’est le moment d’en parler.

Ce n’est plus le sujet de parler aux élites, il y a assez de think tanks ; les journalistes, c’est au grand public qu’il faut parler. Les pro-Européens ont eu tendance à avoir peur du débat, parce qu’ils s’en sortent mal, leurs arguments sont moins simples, moins convaincants. Il faut réinvestir la scène, il faut tenir pour répondre aux critiques, sans esquiver, prendre les questions telles qu’elles sont.

Ne pas chercher à excuser l’Union européenne

Enfin, parler d’Europe, ce n’est pas excuser l’Union européenne. Le pire des travers, c’est de penser qu’il faudrait excuser l’Union européenne, si l’UE c’est le camp du bien, le débat est perdu d’avance. Il ne faut pas tomber dans ce travers.

Jean Quatremer avait publier un livre « Les salauds de l’Europe », il avait raison, la cause européenne a été captée par une minorité qui a pris à son profit la cause européenne, défendent leur intérêt plutôt que l’intérêt général européen. Le pire, c’est de toujours chercher à excuser l’Europe.

L’Europe n’est pas bêtement un projet qui doit protéger

Un autre concept, mis en avant par les politiciens, que l’Europe doit protéger. Ce n’est pas son rôle. Le projet européen vous fait passer du lac à l’océan. C’est une idée extrêmement perverse. Les gens vont chercher les indices de protection maximale. Mais, le projet européen est insécurisant, au quotidien, parce qu’il complique les choses. C’est une idée dangereuse, l’Europe nous protègera à terme, mais elle ne tranquillise pas.

D’autant que, l’Europe a davantage protégé les libertés, même si toutes les normes, pour réguler sur les médias sociaux, qui procèdent d’une bonne volonté peuvent à terme réduire la liberté d’expression. Le processus européen protège les démocraties, mais pas partout tout le temps, songeons à la Hongrie. De même pour les agriculteurs et les industriels.

Règles du journaliste européen : loin de Bruxelles, opportuniste et tenace

Trois modes d’emploi pour mieux parler d’Europe :

  1. Un correspondant à Bruxelles, c’est indispensable, à condition qu’il ne reste pas sur place, il ne faut surtout pas rester, il faut faire le tour des capitales, à l’époque des sommets européens dans les États-membres, la caravane journalistiques européenne avait du bon. C’est une déperdition d’être correspondant auprès des institutions européennes, plus vous vous en approchez, plus vous êtes irradié et risquez de devenir anti-européen, il faut sortir de la machine bruxelloise.
  2. Il faut être opportuniste, il faut savoir saisir les bons moments, il faut trouver les bonnes circonstances et les bons mots. L’Europe, il ne faut le répéter à tout moment, il faut le dire au bon moment.
  3. Comme les diplomates, il faut de la ténacité. Il faut être capable de traverser des déserts, comme le disait Jean Monnet, « ce qui est important, ce n’est pas d’être optimiste ou pessimiste, c’est d’être déterminé, il n’est de défaite que celles que l’on accepte ».