Archives mensuelles : janvier 2014

Information et Union européenne : quelles sont les habitudes médiatiques des citoyens européens sur l’Europe ?

Puisque l’année 2014 sera largement dominée par les élections européennes, il n’est pas inutile d’analyser – avant la campagne électorale – les « habitudes médiatiques » selon Eurobaromètre des citoyens en matière d’affaires européennes

Niveau d’information : un sentiment dominant d’être mal informé sur les questions européennes

Les Européens se déclarent très majoritairement très mal informés :

  • Sentiment collectif : trois quart des Européens jugent que dans leur pays, les gens sont mal informés sur les questions européennes ;
  • Sentiment individuel : un tiers des Européens estiment être personnellement bien informés sur les questions européennes.

Les « clientèles » traditionnelles de l’Europe (les plus diplômés et les cadres) se classent parmi les mieux informées – de même logiquement pour les personnes ayant une image positive de l’UE.

Source d’information : les médias traditionnels privilégiés pour s’informer sur les affaires politiques européennes

La hiérarchie des sources d’information sur les affaires politiques européennes est identique aux affaires politiques nationales.

La nouveauté concerne  la « première » source d’information citée, Internet (12%) devance désormais de justesse la presse écrite (11%).

Les Européens privilégient – toute catégorie confondue – la télévision pour s’informer sur les affaires politiques européennes (78%), la presse (44%) plutôt pour les cadres et les seniors, la radio (34%) et Internet (28%) auprès des jeunes, notamment les étudiants.

Source d’information en ligne : les médias en ligne dominent et les médias sociaux progressent

En ligne, la hiérarchie des sources d’information sur l’Europe se rééquilibre :

  • les sites d’information restent largement en tête (66%), malgré un recul sensible (-6 points en un an) ;
  • les sites institutionnels et officiels sont également beaucoup moins cités (24%, -10) ;
  • les réseaux sociaux talonnent (23%, +4) ;
  • les blogs progressent également (12%, +3), devant les plateformes de partage de vidéos (7%, +1).

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La diversification des sources d’information en ligne et la progression du web social ne devraient pas être sans conséquence sur la campagne des prochaines élections européennes.

Recherche active d’information sur l’Europe : un tiers des Européens privilégie Internet

La hiérarchie des sources privilégiées en cas de recherche active d’informations sur l’UE se modifie :

  • la TV reste citée en priorité (49%), mais beaucoup moins ;
  • Internet arrive désormais en deuxième position (33%) ;
  • les journaux quotidiens passent au troisième rang (30%) ;
  • les discussions avec les amis, la famille, les collègues apparaissent (20%) ;
  • les autres médias peu « utiles » : la radio (20%), les « autres journaux et magazines » (11%), les livres, brochures et fiches d’information (6%) et les conférences (3%).

Voilà une donnée qui devrait être étudiée par tous les acteurs de la prochaine campagne européenne, notamment au regard des moyens traditionnellement privilégiés (tracts et réunions publiques).

Au total, l’enquête Eurobaromètre portant sur les habitudes médiatiques des Européens en matière d’information sur l’Europe mesure à l’échelle des Vingt-Huit les continuités (prégnance de la TV) et les ruptures (émergence d’Internet). Autant de données qui ne seront pas sans conséquence sur la future campagne des élections européennes.

Quelles sont les grandes tendances de la communication européenne ?

Avec la nouvelle année, les exercices de prospection et/ou de prédiction se multiplient en ligne. C’est l’occasion pour tenter de dresser un panorama des grandes tendances qui « impriment » la communication européenne…

La présidence tournante du Conseil de l’UE : une opération de relations publiques du « pays qui préside l’Europe »

Au fil des dernières années, la présidence semestrielle du Conseil des ministres est devenu une opération de relations publiques pour l’Etat-membre qui exerce la présidence au point de se soucier autant de son programme de travail législatif que de son image auprès de ses partenaires.

Chaque Etat-membre se saisit de cet exercice institutionnel technique pour se raconter au travers d’un savant cocktail de communication, dont la Grèce, actuel titulaire illustre parfaitement les différents ingrédients :

  • les priorités représentent une opportunité pour mettre à l’agenda des enjeux locaux forts, telle que la politique maritime, 4e priorité pour la présidence grecque ;
  • le programme culturel s’est peu à peu imposé comme une figure de style quasi imposée permettant d’illustrer les valeurs de l’Etat-membre ;
  • le logo (et éventuellement la baseline) font l’objet d’un dévoilement et d’une présentation soignés ;
  • le budget et l’organisation de la présidence sont également des indicateurs de l’état d’esprit et de la culture nationale, la Grèce se positionne comme une présidence modérée avec un budget de 50 millions d’€ que la presse aura vite fait de qualifier de « spartiate ».

Le « problème » de la communication de l’UE : de moins en mois jugé en aval (techniques/outils) mais de plus en plus critiqué en amont (actions et messages)

Entre la dégradation de l’image de l’UE et la perte de confiance des citoyens en plein période de crise, la communication de l’UE est perçue comme problématique, car elle ne parvient pas – le pourrait-elle à elle seule ? – à rétablir ces indicateurs.

Au-delà de ce constat trop convenu, une prise de conscience s’établit que ce problème de la communication de l’UE n’est pas tellement à juger en fonction des techniques et outils qui ont largement progressé ces dernières années. La critique de la communication de l’UE porte davantage sur les actions (ou les non actions) des institutions et donc sur les messages liés à ces actions.

Autrement dit, le « problème » de la communication de l’UE ne tient pas tellement à ce que le disque soit rayé, mais au fait qu’il devient impérieux de changer de disque.

Dans les médias nationaux : de plus en plus d’enjeux européens

De manière imperceptible et/ou intermittente, les sujets à la une des débats publics et des médias au sein de chaque Etat-membre de l’UE tendent à contenir davantage d’enjeux européens.

Cette réalité tient d’abord à la période de crise où l’euro n’a plus été seulement une monnaie dans toutes les bourses mais également une préoccupation dans toutes les têtes, avec de nombreux sommets européens « de la dernière chance ».

Comme l’analyse Ron Patz dans « the genesis of a European public sphere: economic crisis, Lapedusa, European elections and cross-border migration » d’autres thèmes comme les questions de migrations et d’emplois – des sujets éminemment européens – ont été largement abordés en même temps dans différents médias nationaux.

Ainsi pour Ron Patz, « il ne fait aucun doute que la synchronisation des sphères politiques nationales autour de thèmes politiques très saillants montrent qu’il y a une genèse d’une sphère publique européenne ».

Les « grandes » élections nationales : quasiment des élections aussi européennes que les élections européennes

En forçant un peu le trait, il n’est pas totalement inexact de constater que les élections législatives récemment en Italie, en France et surtout en Allemagne ont été des scrutins dont les enjeux et les résultats ont porté bien au-delà de leur pays.

Cette évolution d’« hyper-élection » – comme on peut parler d’hyper-texte – devrait se traduire par une plus grande européanisation des prochaines élections européennes : le choix des têtes de liste, des programmes mais également le poids des populismes concourront à renforcer les lectures croisées de la campagne.

Les médias sociaux : de mieux en mieux « apprivoisés » par les personnalités politiques européennes

Avec le grand mercato des postes au sein des institutions européennes – dont la compétition est d’ailleurs plus largement couverte par la presse – les personnalités politiques européennes se saisissent de mieux en mieux des médias sociaux pour mobiliser leur base et partager leur opinion.

Ainsi par exemple, la Vice-Présidente de la Commission, responsable de la communication, Viviane Reding s’est récemment illustrée en participant au premier « Online Citizens’ Dialogue » : un Google Hangout organisé avec 5 bloggeurs européens.

Au total, l’année électorale 2014 s’annonce intense pour la communication européenne.

Budget d’austérité pour la communication de l’Union européenne en 2014

Avec la nouvelle année vient également les nouveaux budgets ; et celui de la DG Communication subit – comme annoncé dès septembre dernier – une très forte baisse inédite de plus de 24% à seulement 85 630 000 € contre 106 419 000 € dans le budget modifié de 2013. Quelles sont les actions d’information / de communication sauvegardées et sacrifiées dans le programme de travail de la DG COMM pour 2014 ?

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Les actions multimédia et les actions locales des Représentations, notamment les partenariats sont les grands perdants

Quoique quasiment toutes les lignes budgétaires soient en recul, deux programmes sont totalement abandonnés :

  • Parmi les actions multimédia, le budget est amputé de 10 millions d’€, correspondant à la disparition de Presseurop et Euranet (réseau de radios) tandis que le soutien à Euronews est préservé.
  • Au sein des actions locales de communication des Représentations dans les Etats-membres, le budget est divisé par deux, avec le budget de 10 millions d’€ des partenariats de gestion là-encore sacrifié.

Ces deux principaux abandons – pourtant unanimement appréciés et positivement évalués – correspondent à la principale mesure d’austérité du budget de la communication de l’UE pour 2014.

Les outils d’information et de communication en ligne sont les seuls gagnants

Unique ligne budgétaire à progresser modestement de 1,3 millions d’€, les outils d’information et de communication en ligne, en particulier le portail Europa sont les seuls « gagnants » du budget 2014.

Plusieurs chantiers justifient la priorité accordée au digital :

  • le renforcement du centre de contact en ligne Europe Direct ;
  • la rationalisation web visant à restructurer le portail Europa, optimiser le contenu en ligne pour les dispositifs mobiles et professionnaliser l’utilisation des médias sociaux.

Toutes les autres actions d’information et de communication sont rognées

Avec plus ou moins d’importance, toutes les autres actions d’information et de communication de la Commission européenne sont rognées :

  • Les formations aux journalistes sont quasiment divisées par deux ;
  • L’analyse de l’opinion publique diminue pour la première fois ;
  • Les publications écrites, les visites à la Commission, les espaces publics européens ainsi que les studios et équipements audiovisuels régressent également.

Au total, la tendance constatée en 2013 de conserver (voire conforter pour le web) les actions d’information et de communication internalisées et concentrées à Bruxelles au détriment des actions décentralisées avec les Représentations et externalisées via les médias se confirment. Ce budget d’austérité en pleine année électorale permettra-t-il de répondre aux attentes et besoins des publics européens ?

Best of de la communication européenne en 2013

Avant de tourner la page de la 7e année d’existence du blog – la meilleure en termes de fréquentation et de partage grâce à votre confiance : 64 041 Pages vues, 39 648 Visites et 28 397 Visiteurs uniques – quels ont été les articles les plus lus de l’année 2013 ?

1er article le plus lu : le recensement des journalistes européens des médias français actifs sur Twitter

Avec plus de 1,700 vues, le succès du panorama des journalistes français spécialisés dans les affaires européennes sur Twitter révèle plusieurs réalités : d’abord, que les listes sont toujours très appréciées, ensuite que Twitter s’est imposé comme le média social digne d’intérêt pour l’Europe et enfin que les journalistes sont des sources d’information toujours recherchées.

2e article : la stratégie de communication du Parlement européen sur les élections européennes de 2014

Plus d’un an avant le scrutin européen, l’intérêt pour la stratégie de communication du Parlement européen pour sa dorénavant traditionnelle campagne d’incitation au vote confirme que l’enjeu essentiel de la communication de l’UE en 2014 portera sur les élections et sera sanctionnée par les résultats, en particulier la participation électorale.

3e article : l’utilité des médias sociaux dans la communication européenne

La question posée en mars 2013 : « A quoi servent les médias sociaux dans la communication européenne ? » se hisse sur le podium des articles les plus lus en 2013, une preuve que la communication de l’UE dans les médias sociaux intéresse autant qu’elle interroge. La lisibilité de la stratégie de communication de l’UE dans les médias sociaux, à commencer par sa verbalisation, est un besoin impérieux.

4e article : le budget pour la communication de l’Union européenne en 2013

Comme chaque année, le décryptage du budget de la DG COMM couvrant un large éventail de lignes budgétaires destinés à financer les principaux outils et actions de communication de l’UE est un article lu et partagé.

5e article : les inquiétudes sur la future campagne des élections européennes de 2014

Dernier article à dépasser les 500 visites, les mauvaises nouvelles concernant la campagne des élections européennes en France inquiètent : l’éventuelle annulation de l’envoi postal des professions de foi des candidats, l’absence éventuelle d’une campagne officielle d’incitation au vote après la disparition des partenariats de communication et le dépôt des candidatures très tardif laissant la place à un calendrier électoral exsangue.

6e article : le benchmark des vidéos en ligne d’incitation au vote

Au moment où le Parlement européen dévoile son premier clip vidéo en ligne appelé « humanifesto », le benchmark des vidéos en ligne d’incitation au vote analyse les 2 voies créatives d’une dizaine de spots vidéo entre l’humour dédramatisant et la culpabilisation dramatisée.

7e article : la disparition de Presseurop

Article le plus récent parmi les plus lus de l’année, « Pourquoi il faut sauver le soldat Presseurop ? » expose les nombreuses raisons qui plaident pour la survie du média européen par excellence, qui renaîtra d’une manière ou d’une autre – à n’en pas douter – avec le changement de Commission au cours de l’année.

8e article : le bilan de l’initiative citoyenne européenne après 1 an

Pour l’« anniversaire » après 1 an de la mise en œuvre de l’initiative citoyenne européenne, un bilan en demi-teinte est dressé, notamment sur le plan statistique avec 14 initiatives citoyennes européennes en cours et une seule en voie de succès. Cette dernière initiative portant sur l’eau comme bien public a d’ailleurs été officiellement soumise à la Commission européenne en fin d’année 2013.

9e article : le classement des médias en ligne européens selon leur fréquentation

Article le plus commenté, le classement des médias en ligne européens selon leur fréquentation plaçant Presseurop en tête avec son multilinguisme unique (10 langues) indique que le paysage des médias en ligne européens est de plus en plus concurrentiel.

10e article : la transparence sur les budgets des agences de communication auprès de la Commission européenne en 2011

Dernier article parmi les plus lus en 2013, le marché des prestataires de la communication de l’UE que l’on peut estimer à environ 100 millions d’euros par an en moyenne est un objet d’étude intéressant.

Au total, les principaux thèmes abordés à travers ce classement des articles les plus lus dans l’année 2013 recoupent les enjeux de communication européenne autour des élections européennes, des budgets ou des médias sociaux et les enjeux d’information européenne, notamment les journalistes européens et les médias européens en ligne.