De profonds changements dans le budget (sacrifié avec une baisse moyenne de 20%) et l’approche stratégique (reconcentrée sur Bruxelles avec un abandon des partenariats avec les Etats-membres) de la communication de l’UE, qui font polémiques sont prévus pour 2014, selon le compte-rendu de la dernière reunion, le 12 juillet dernier, du Groupe de travail sur l’information réunissant les communicants des institutions européennes. De quoi s’agit-il ?
Propositions de la Commission européenne réduisant le budget de la communication de 20% et abandonnant les partenariats avec les Etats-membres
Afin de se conformer au plafond du nouveau budget de l’UE, la DG COMM de la Commission estime nécessaire une réduction moyenne de 20% du budget global de la communication.
Pour la communication de l’UE en 2014, la Commission décide :
- de réduire le nombre de lignes budgétaires et d’accroître leur flexibilité ;
- d’identifier les domaines jugés inefficaces au lieu d’opérer une réduction globale de toutes les activités.
Sur le papier, cette approche semble intelligente, mais le choix des activités sacrifiées en 2014 l’est un peu moins :
- Le programme « L’Europe pour les citoyens » réduit de 20% ;
- Les « actions multimedias » réduites de 35%, à savoir le réseau de radio « Euranet » et l’outil en ligne « Presseurop » ;
- La nouvelle activité « Communication des Représentations de la Commission, y compris les actions de partenariat » (jusqu’à présent dissocié) coupée de 45%, avec l’interruption des partenariats de gestion dès 2014 malgré les engagements pluriannuels au profit d’autres formes de coopération avec les Etats-membres. En revanche, les centres d’information sur l’Europe « Europe Direct » sont sanctuarisés.
Réactions des autres institutions et des Etats-membres
Fort logiquement, le représentant du Parlement européen regrette que la Commission s’écarte de l’esprit de la Déclaration conjointe signée par les institutions européennes en octobre 2008. A ce jour, cette déclaration politique reste le texte européen le plus contraignant (texte non obligatoire) qui fonde le début d’une coopération interinstitutionnelle renforcée et efficace dans le domaine de la communication de l’UE. Un tel irrespect de la part de la Commission, l’institution normalement garante de l’intérêt européen est pour le moins inquiétant.
Par ailleurs, le représentant du Parlement européen craint que les nouveaux moyens budgétaires soient en deçà des attentes afin de susciter l’intérêt et la sensibilisation des citoyens dans la perspective des élections européennes de 2014. Un tel désengagement de la part de la Commission l’année même d’un scrutin européen ne peut être interprété autrement que comme un signe de démission dans sa tache d’informer les Européens.
Rejoignant les préoccupations formulées par plusieurs délégations d’Etats-membres au sujet de l’approche de la Commission, il est possible de reprocher toute une série de choses :
- La décision de la Commission de démanteler les accords de partenariat de gestion est prise sans consultation préalable des parties prenantes – un bel exemple de « gouvernance » ;
- La base sur laquelle la Commission n’a pas jugé les partenariats rentables n’est pas claire, puisque toutes les évaluations nationales qui ont été effectués par des organismes extérieurs ont jusqu’ici conclu à des résultats positifs ;
- Les ressources financières allouées par la Commission aux partenariats sont nécessaires pour mener avec les Etats-membres une variété d’activités d’information axées sur l’UE, que les Etats-membres ne porteraient pas seuls.
Les négociations sur l’avenir du budget et de l’orientation stratégique de la communication européenne seront à l’ordre du jour de la prochaine réunion le 13 septembre prochain.
Pourquoi la Commission décide de réduire les dépenses opérationnelles engagées dans les Etats-membres de façon drastique au lieu d’opter pour des coupes horizontales, notamment dans les frais d’administration ?