Dans l’indifférence quasi générale, le président de la Commission européenne a prononcé, hier, le désormais traditionnel discours sur « l’Etat de l’Union européenne ». Après l’année de la nouveauté en 2010 et des problématiques de communication spécifiques liée à la visibilité pour le 2e et l’interactivité pour l’année dernière, 2013 pose la question des publics du discours sur l’Etat de l’Union européenne.
Discours sur l’état de l’Union européenne destiné aux eurodéputés ? Pas vraiment
Première hypothèse, le discours étant prononcé dans l’hémicycle du Parlement européen, les députés européens en seraient donc le public destinataire principal. Pourtant, ce n’est pas vraiment le cas puisque selon le journaliste à LCI Hughes Beaudouin, sur un total de 766 eurodéputés, seule une centaine était présente dans l’hémicycle strasbourgeois hier matin.
Seulement 100 eurodéputés présents et 28 commissaires. On se demande si #soteu n’est pas une réunion élargie de la Commission
— Hughes Beaudouin (@hbeaudouin) September 11, 2013
Au terme du 2e mandat de José Manuel Barroso à la tête de la Commission, les eurodéputés semblent accorder peu d’intérêt au discours annuel de rentrée.
Discours sur l’état de l’Union européenne destiné au grand public ? Pas davantage
S’agit-il alors d’un discours retransmis en direct par les télévisions européennes et suivi en ligne par les Européens ? Pas davantage, même s’il faut bien reconnaître que le rendez-vous s’est installé dans l’eurosphère, avec cette année des résultats sensiblement équivalents à l’année dernière (environ 10K de tweets utilisant #SOTEU, dont de nombreux comptes de l’UE et une place en trending topic mondial en début de matinée).
L’enthousiasme du public est effectivement mesuré lorsque l’on regarde les tweets – relativement interchangeables d’une année à l’autre – publiés par le compte de Barroso et leurs retweets plutôt limités :
When you are in the same boat, one cannot say: ‘your end of the boat is sinking.’ #SOTEU
— José Manuel Barroso (@BarrosoEU) September 11, 2013
Europe must focus on where it can add most value. It needs to be big on big things and smaller on smaller things. #SOTEU
— José Manuel Barroso (@BarrosoEU) September 11, 2013
Discours sur l’état de l’Union européenne destiné aux journalistes ? Oui, un peu
Cette hypothèse pourrait être plus sérieuse dans la mesure ou la plupart des journalistes spécialisés dans les affaires européennes suivent, par devoir professionnel, ce rendez-vous annuel.
Mais pour autant, le discours est tellement calibré, avec des petites phrases prévues pour frapper les esprits qu’il ne répond pas aux attentes des journalistes : du fond, des annonces, des initiatives et un agenda législatifs.
“Big on big things and small on small things » Quand les slogans de com supplantent le fond @BarrosoEU #SotEU”
— Christian Spillmann (@CSpillmann) September 11, 2013
En outre, l’absence de traduction dans toutes les langues officielles de l’UE indisponible immédiatement après le prononcé est problématique pour le travail des journalistes qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
Hier, @ECspokesKoen promettait le discours de Barroso en 24 langues. Auj, seulement l’anglais de dispo cc @quatremer pic.twitter.com/ViHhIqXAsZ
— JSébastien Lefebvre (@JSLefebvre) September 11, 2013
Discours sur l’état de l’Union européenne destiné aux insiders ? Oui, beaucoup
En fait, les publics captifs qui s’intéressent vraiment au discours sur l’état de l’Union européenne semblent correspondre à la foule des fonctionnaires européens et des groupes d’intérêts. Logiquement, ce sont ceux qui ont des choses à dire à Barroso qui le lui disent à l’occasion de ce discours annuel, dont ils savent qu’ils auront son attention à cette occasion.
Euractiv estime que « le hashtag #AskBarroso (…) a surtout été utilisé par des lobbys ou des fonctionnaires européens… et snobé par les électeurs ». « Une grande partie de l’activité sur Twitter provient de fonctionnaires des institutions européennes ou d’entités proches du milieu européen. » Seuls « « plusieurs centaines de vrais citoyens » ont posé des questions.
Transparency International illustre également l’intérêt des ONG en retournant la petite phrase de Barroso sur l’UE qui a besoin d’être « big on big things » pour regretter l’absence d’engagement dans la lutte contre la corruption.
Au total, le discours sur l’état de l’Union européenne s’est en quelque sorte routinisé, en s’installant dans le paysage comme un nouveau dispositif d’interactivité en ligne entre le président de la Commission et le milieu européen.
Agree with your conclusion that the real audience (wished or otherwise) was the Brussels Bubble, so I don’t quite understand your last para, unless ‘milieu europenne = #bxlsbbl? In which case, why did they bother broadcasting it at all?