Alors que le Parlement européen vient de lancer sa campagne en ligne d’appel au vote avec une vidéo plutôt triste et très « publicitaire » dans toutes les langues de l’UE, les vidéos d’appel au vote sont normalement beaucoup plus décalées et usent principalement de l’humour pour dédramatiser ou de la culpabilisation pour responsabiliser…
L’humour, la clé du succès d’une vidéo virale d’incitation au vote
Plusieurs exemples, plus ou moins récents, confirment que l’humour est sans doute le meilleur moyen de sensibiliser les citoyens à l’importance des élections :
Pour la campagne des prochaines élections législatives, le très sérieux syndicat IG Metall incite les électeurs allemands à se rendre aux urnes avec un clip très geeky « « Geh Wählen » Metallmix » détournant les extraits les plus connus de vidéos virales drôles. Les résultats sont impressionnants avec près de 1,5 millions de vues (version sous-titrée en anglais).
Pour les élections présidentielles de 2002, le spot TV officiel « Le choix du prénom » joue également sur la corde sensible de la dérision, du ridicule. On y voit un couple dans une salle d’opération après un accouchement. Le personnel de l’hôpital ainsi que les autres patients décident du prénom du bébé sans se soucier des parents. La vidéo se termine par la phrase «Ne laissez personne décider pour vous, votez ».
« Jean, c’est pas si mal…Paul…Jean-Paul ! Va pour Jean-Paul ! »
Dans la même veine, le clip TV réalisé pour les élections provinciales de 2003 en Ontario « Le restaurant » où l’on y voit un couple dans un restaurant qui s’apprête à commander lorsqu’un voisin de table commence à commander à leur place. La vidéo finit sur la phrase « When you don’t vote, you let others speak for you ».
« A cheeseburger for this young lady…on a pita »
Autre exemple « à l’américaine » de l’usage de l’humour avec les spots de « Rock The vote », l’organisation dont l’objectif est d’inciter les jeunes à aller vote, dont le plus célèbre diffusé en 1991 où l’on y voit Madonna en tenue provocante tentant de chanter pour convaincre d’aller voter, dans un style très « MTV ».
« And If you don’t vote, you’re gonna get a spanky ! »
Rappelons enfin dans cette catégorie, les vidéos parodiques réalisées par le Parlement européen lors de la précédente campagne des élections européennes de 2009 : « There’s always time to vote ».
La culpabilisation, l’autre registre pour responsabiliser les abstentionnistes
Plus rarement, les vidéos d’incitation au vote visent à s’adresser au citoyen responsable qui sommeille dans le cœur de tout abstentionniste pour le réveiller, voire le culpabiliser :
Premier exemple de responsabilisation « light » avec le clip américain « Dunk the vote » où l’incitation destinée aux jeunes est transmise par la mobilisation des basketteurs professionnels.
Plus dramatique, lors des élections tunisiennes de 2011, la vidéo « Retour de Ben Ali à La Goulette » n’hésite pas à faire planer le risque d’un retour de la dictature avec une immense affiche de l’ancien président Ben Ali déployées dans les rues de la Goulette (Tunis). Des passants outrés décident d’arracher l’affiche. Se dévoile alors une autre affiche où est inscrit le message principal.
« Attention, la dictature peut revenir, le 23 octobre votez »
Enfin, l’ultime exemple consiste à instrumentaliser Hitler, comme avec ce spot « Voice over » réalisé pour les élections allemandes de 2005 où se superposent aux images du Führer les voix de citoyens prononçant des arguments classiques pour ne pas aller voter.
« Si tu ne votes vas, tu donnes ta voix aux mauvaises personnes »
Ainsi, l’humour et la culpabilisation présentent deux réalités de l’incitation au vote : pour le premier il s’agit de dédramatiser la démarche civique afin d’atténuer le sentiment d’éloignement entre le monde politique et le monde du simple citoyen ; pour le second il s’agit au contraire de dramatiser l’importance du vote et de responsabiliser l’électeur en suscitant une prise de conscience du devoir civique.