Archives de l’auteur : Michael Malherbe

La communication européenne en dehors de l’Union européenne

Lors de la conférence « Communication européenne, comment se faire entendre ? », organisée par l’Académie des Controverses et de la Communication Sensible, Karine Johannes, professeure à l’Université internationale de Rabat est intervenue autour de la problématique de la communication de l’Union européenne à l’étranger…

Les registres de communication de l’UE à l’étranger

En théorie, c’est le Service européen d’action extérieure, le SEAE, qui gère la diplomatie européenne, en particulier sa cohérence, son efficacité et l’influence de l’UE à l’étranger tandis que 139 délégations partout dans le monde s’occupent du dialogue politique et stratégique avec les acteurs locaux ainsi que la gestion des programmes européens de coopération, de partenariat, d’aide au développement.

En pratique, plusieurs paradigmes de communication cohabitent :

  1. La diplomatie publique : une stratégie de nation à nation, qui repose sur des relations à long terme, de coopération constructive autour de nos intérêts et des défis ;
  2. La communication institutionnelle : une démarche d’institutions à publics, qui vise à partager des informations sur les priorités politiques dans des contextes locaux ;
  3. L’information médiatique : une finalité d’institution à opinions, qui vise à lutter contre la désinformation avec des connaissances.

Et la communication autour des élections européennes à l’étranger ?

Le SEAE et ses délégations mène une campagne de communication pour les ressortissants européens dans les pays à l’étranger, à la fois pour des raisons politiques, car le Parlement européen contrôle les actions du SEAE et le futur Parlement pèsera sur la politique extérieure mais aussi pour des raisons géopolitiques qu’il s’agisse de la bataille des récits autour d’enjeux mondiaux entre les grandes puissances ou des débats autour des impacts de l’UE dans le monde.

Pour les élections européennes, la communication est pyramidale, venant du SEAE vers les délégations, mais aussi polyphonique, chaque acteur local, ambassade ou consulat, communique séparément et enfin mobilisatrice dans ses finalités et procédurale en se basant sur des faits, pas sur des récits.

D’une certaine manière, on assiste à une certaine contradiction entre d’une part, un imaginaire de dépassement des États-nations avec le projet de l’UE, unie dans la diversité et d’autre part, l’opérationnalisation fragmentée par les États-membres.

Modèles et traits de la communication de l’UE hors de l’UE

Plusieurs modèles de communication, comme clé d’analyse :

  1. Une politique soluble dans la communication : la communication comprise comme un mode d’action politique à part entière
  2. Une communication institutionnalisante avec la performativité de l’énonciation
  3. Une approche persuasive et non délibérative visant le consentement politique

Des traits relatifs à la communication :

  • Un émetteur unique avec la délégation de l’UE à l’étranger
  • Une concrétude de l’espace physique et médiatique
  • Une approche unifiée et une énonciation collective négociée
  • Une perpétuation réticulaire, avec un usage des réseaux sociaux, des leaders d’opinion, des multiplicateurs pour faire parler
  • Des rites et des mythes fondateurs et agrégateurs : fêtes, commémorations…
  • Un discours narratif légitimant sur la base d’accords politiques internationaux, l’UE s’adresse aux peuples en vertu de liens forts légitimes d’adhésion et de consentement

Discipline largement moins étudiée, la communication européenne hors de l’Europe est à la fois une source d’inspiration, de comparaison et potentiellement de corrections.

Le sport, vecteur d’information puissant pour promouvoir l’image de la Communauté européenne

Comment émerge l’idée de « faire société européenne » par le sport, selon William Gasparini, titulaire de la chaire Jean Monnet « Le sport passeur d’Europe » dans « Vendre l’Europe ? Le sport comme vecteur de communication du projet européen (1966-1985) » au travers des premiers usages européistes du sport dans le cadre d’une nouvelle politique de communication et d’un processus d’européanisation informelle…

Donner un visage plus proche et plus humain à une Europe en quête de légitimité

Dans la presse britannique, la Commission européenne apparaît comme incapable de vendre la Communauté dans les pays membres : non seulement son action d’information n’atteindrait pas la cible visée mais se révélerait « lamentablement » insuffisante pour mettre favorablement en lumière la Communauté. En s’exprimant différemment : moins de technicisme, de statistiques et de raisonnements destinés aux experts, et davantage de références à l’aspect humain, susceptible de frapper l’imagination de l’opinion publique, l’homme de la rue s’intéresserait davantage.

Dès le milieu des années 1960 et surtout à partir des années 1970, le sport est progressivement perçu par la CEE comme le fer de lance de la diffusion d’une réalisation européenne concrète à même de créer une « identité européenne » contre le vent d’euroscepticisme qui souffle au sein des populations des pays fondateurs.

C’est dans ce contexte qu’en 1973, la déclaration de Copenhague introduit les termes d’identité européenne dans le lexique communautaire et préconise des mesures touchant directement et concrètement la vie des citoyens européens, comme le sport progressivement convoqué dans les discours pour « vendre l’Europe » et en donner une image plus attractive.

Une européanisation informelle par le sport

Visant à renforcer le pouvoir d’identification et la légitimité politique des institutions européennes, la politique symbolique de la Commission contribue à façonner un modèle européen du sport et à développer l’idée que le sport est un vecteur efficace de communication des « valeurs » et de « l’identité » européennes.

Pour comprendre comment émerge cette idée, il convient de la replacer dans un contexte d’interdépendance entre la sphère de la politique communautaire et celle du sport. L’utilisation du sport dans la construction européenne est ainsi autant le produit de transformations internes à la Communauté (l’élargissement, les nouvelles politiques communautaires, notamment en matière de communication, ou la professionnalisation des personnels) qu’externes (la médiatisation du sport européen à partir des années 1970, les enjeux géopolitiques du sport).

Populariser le projet européen à travers le sport et contribuer à faire circuler un modèle sportif européen

De 1966 à 1985 s’ouvre ainsi une période importante dans la constitution d’une politique symbolique des Communautés européennes dans laquelle s’inscrit la doxa sportive européenne. En effet, les institutions européennes déploient progressivement toute une série d’opérations d’information et de communication pour favoriser l’émergence d’une société civile, d’une opinion et d’un espace publics aux dimensions de la scène politique européenne.

Dès 1966, dans sa recherche d’une adhésion des peuples au projet européen, l’idée d’une Coupe du Marché commun s’inscrit dans les prémices d’une stratégie de communication de la CEE ayant pour objectif de fabriquer des euro-citoyens « ordinaires ». À l’origine, deux journalistes sportifs belges, Michel Szur et Raymond Arendt, qui multiplient les initiatives auprès de grands clubs européens de football. Mais, par suite de la fin de non-recevoir de l’UEFA, le projet avorte.

À partir des années 1970, les instruments et les objectifs de la communication sur les communautés européennes se diversifient. Avec le soutien du Parlement, la Commission adjoint à ses moyens traditionnels de communication (relations publiques, conférences de presse, brochures destinées au grand public) des outils d’analyse de l’opinion (programme Eurobaromètre) et des médias.

Les compétitions sportives comme vecteur de communication de l’identité européenne

La Commission puis le Parlement instrumentalisent progressivement le sport pour favoriser l’émergence d’une « identité européenne ». Après plusieurs tentatives de soutien à des événements sportifs, une note de synthèse sur « le sport comme vecteur de communication », en 1984, pose que « les compétitions sportives offrent de nombreuses opportunités de donner aux citoyens une image de la Communauté qui exprime sa vitalité et sa capacité d’expression. Le sport permet de donner un visage humain à l’Europe. Le sport permet de toucher, de sensibiliser, d’affilier des millions de personnes qu’on ne peut atteindre autrement ». Cette note constitue une sorte de guide de la politique de la Commission dans le domaine de la communication du projet européiste par le sport.

Le recours au sport pour consolider l’identité européenne et un espace sans frontières

Lors du Conseil européen de Fontainebleau (25-26 juin 1984), un comité ad hoc pour « l’Europe des citoyens » vise à renforcer l’identité et l’image de l’Europe auprès de ses citoyens et dans le monde. Le Comité insiste particulièrement sur l’éducation, la jeunesse et les sports. Pour la première fois, un rapport des institutions européennes souligne l’importance du sport comme puissant moyen de communication entre les peuples.

Parmi les réalisations, la « Course de l’Europe à la voile » en 1985 ou le « Tour de l’avenir de la Communauté Européenne » entre 1986 et 1991. En revanche, l’idée de constituer des équipes sportives communautaires n’a été acceptée ni par les États-membres, ni par les fédérations sportives, tout comme l’identification communautaire des athlètes aux Jeux olympiques, refusée par le CIO. Des résultats à première vue décevants par rapport aux ambitions affichées.

Au total, même si les réalisations concrètes de « l’Europe du sport » sont minimes, l’idée d’une identité européenne ou d’un attachement à l’Europe par le sport a fait son chemin, du moins dans les milieux européistes.

Comment réenchanter le projet européen pour susciter l’adhésion à l’Union européenne ?

L’UE peut réenchanter sa relation avec ses publics si elle rend son action lisible et compatible avec leurs attentes vis-à-vis d’une Europe qui les protège, garantit leurs libertés et rénove sa gouvernance pour la rendre plus transparente et démocratique, inspiration autour d’une relance européenne, à partir d’une résolution du Conseil économique, social et environnemental sur l’avenir de l’Europe

Réenchanter avec des politiques alignées sur les valeurs

#1 Une Europe forte sur la scène internationale, qui protège tous les acteurs économiques, pas seulement les consommateurs européens, ni les grands groupes, mais surtout les TPE-PME en tant que piliers majeurs de l’économie européenne.

Cette ambition se traduit par de nouvelles priorités comme le fait d’appliquer aux biens importés les mêmes niveaux d’exigence qu’aux biens produits localement, la mise en cohérence des politiques commerciales de l’Union avec ses engagements internationaux en faveur du développement durable ou le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.

#2 Le réenchantement de l’Union, c’est également l’engagement en faveur de la transition écologique avec le Green deal (Pacte vert pour l’Europe) ou le plan de relance NextGenerationEU.

Cela doit se traduire dans les grandes politiques sectorielles avec une nouvelle Politique agricole commune, de la recherche ou des fonds structurels. La transition ne peut réussir que si elle va dans le sens d’une plus grande justice sociale, environnementale et fiscale et touchent de ce fait au niveau de vie, au pouvoir d’achat, au consentement à l’impôt et donc à la cohésion sociale.

#3 En vue de promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité et de défendre ses intérêts et ses valeurs sur la scène internationale, l’Europe doit aussi être reconnue comme l’un des grands acteurs du multilatéralisme, en matière de développement humain, environnemental, culturel, économique et social et faire valoir ses normes au niveau mondial.

Mais là encore, être libre, c’est aussi jouir d’une indépendance dans les secteurs stratégiques : disposer d’un système alimentaire répondant à nos besoins ; s’approvisionner en matières premières et en énergie décarbonée et abordable ; développer la souveraineté numérique.

Réenchanter le projet européen pour susciter l’adhésion

Retrouver le sens du projet européen passe par une nécessaire relance de réalisations concrètes qui touchent notre quotidien. Pour retisser la confiance, il faut renouer avec la vision de Robert Schuman d’une Europe fondée sur « des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait ».

Susciter l’envie, c’est aussi élaborer des projets en faveur de populations à même de nourrir l’idéal européen : logement, formation, emploi, mobilité, culture et numérique pour davantage sensibiliser et former à l’Europe les citoyens.

Redonner foi dans l’UE, c’est rapprocher efficacement l’Europe des citoyens, donc donner une place effective à la société civile en vue d’un dialogue social plus présent dans les grandes décisions de l’UE.

Les citoyens doivent également voir leur place renforcée et devenir de véritables acteurs de l’UE et pas uniquement lors des élections. Dans un monde interactif, il faut continuer à s’appuyer sur de nouvelles méthodes. Développer la participation citoyenne via des consultations plus fréquentes, un traitement des pétitions, une formation à la citoyenneté européenne ou encore des liens renforcés avec les élus européens.

« Renforcer l’âme de notre Union » semble aujourd’hui à portée de main, l’Europe avance quand elle est unie et qu’elle peut être audacieuse en action et délivrer des réalisations.

L’avenir de l’Europe, la démocratie fédérale et la justice distributive

Toutes les initiatives de démocratie participative, y compris la « Conférence sur l’avenir de l’Europe » n’ont pu ignorer le dilemme institutionnel fondamental du système politique de l’UE, à savoir le conflit entre l’interdépendance intense et le partage du pouvoir dans une unité politique multiniveau d’une part, et l’autonomie des gouvernements comme condition de la légitimité démocratique du pouvoir d’autre part.

Selon Arthur Benz, dans “Federal democracy, distributive justice and the future of Europe”, pour faire progresser la démocratie fédérale dans l’UE, il convient de privilégier des modes de gouvernance qui privilégie la justice distributive découlant des disparités territoriales en matière de ressources et de contraintes…

Quelles sont les conséquences politiques de la division du pouvoir européen ?

Concevoir l’UE comme une démocratie fédérale ne signifie pas plaider en faveur d’une intégration accrue vers un État fédéral, ni d’ailleurs affaiblir corrélativement les États membres. Qu’on suppose ou non l’existence d’un demos européen, l’Union européenne se compose d’États-nations pleinement développés dotés de gouvernements et de systèmes de protection sociale bien établis. Par conséquent, les pouvoirs de l’UE sont et seront encore davantage à l’avenir partagés dans une large mesure avec les États membres.

Les États membres restent les maîtres des traités et détiennent un pouvoir de contrebalancement fort contre la délégation de fonctions essentielles de l’État au niveau européen. Le mythe d’une Europe qui se ferait sur le dos des peuples, ainsi que du déficit démocratique de l’UE n’est pas d’actualité.

Cependant, les États-membres n’ont pas empêché la tendance auto-renforçante à la sur-constitutionalisation des politiques économiques et réglementaires. Du coup, une partie de la réalité perçue et subjectivement vécue donne l’impression que les modes de coordination contraignent une certaine idée de l’autonomie et de la démocratie.

Comment une gouvernance multiniveau véritablement fédérale est-elle la seule en mesure de vraiment préserver la démocratie ?

Promouvoir la démocratie dans une fédération européenne d’États-nations nécessite avant tout d’étendre une forme de coordination multiniveau qui préservent l’autonomie des gouvernements des États membres et permettent l’inclusion des parlements sans entraver la gouvernance multiniveau dans une Europe fédérale.

Pour réussir, cette répartition des pouvoirs nécessite de faire de la justice distributive une question résolue dans l’UE. Tandis que ces politiques distributives sont bien à l’ordre du jour européen, quoique toujours menacées lors des négociations budgétaires, ce qui manque cruellement, ce sont des procédures appropriées permettant des décisions légitimes.

Pourquoi la démocratie fédérale s’applique pour l’avenir de l’Europe ?

Aussi, lorsqu’il s’agit de discuter de l’avenir de l’UE, le concept de démocratie fédérale peut servir d’idée directrice. Au lieu de renforcer l’UE avec des politiques stratégiques ou de promouvoir une idéalisation vague de la démocratisation, une approche réaliste permet de faire face aux défis à relever. Le concept de démocratie fédérale souligne la nécessité d’équilibrer l’autonomie des gouvernements démocratiques et la coordination entre les niveaux et les juridictions, tout en attirant l’attention sur la nécessité des politiques de redistribution plus fortes dans un système fédéral.

Le concept de démocratie fédérale met en lumière les dynamiques inhérentes à la division des pouvoirs entre les niveaux et entre les exécutifs responsables de la coordination et les institutions ou procédures démocratiques légitimant le pouvoir politique. Ces dynamiques peuvent conduire à un renforcement auto-entretenu du pouvoir, ce qui n’est ni souhaitable, ni efficace et doivent donc être soumises à un contrôle.

Cependant, maintenir l’équilibre requiert de la souplesse : la division des pouvoirs doit être ajustée selon les politiques publiques poursuivies, la coordination multiniveau doit répondre aux conflits et aux relations de pouvoir changeants, et les politiques de redistribution doivent tenir compte des disparités changeantes de ressources ou de contraintes. Préserver cette souplesse est essentiel dans une fédération démocratique afin d’équilibrer l’autonomie des gouvernements et la gouvernance coordonnée.

Ainsi, le fédéralisme démocratique, en tant que réponse pour l’avenir de l’Europe, ne peut être qu’un processus légitime, d’autant plus avec une Union perçue comme une « fédération contestée » en cours de construction.

L’incommunication européenne, une chance pour les Européens ?

Dans son dernier livre « Penser l’incommunication », Dominique Wolton, fondateur de la revue Hermès, développe tout un chapitre sur l’incommunication comme « les chances inouïes de l’Europe ». Alors que tout concoure à l’échec du projet européen, en raison de l’incommunication (stéréotype, défiance, crises, etc.), la construction progresse de manière paradoxale entre cohésion et méfiance, grâce à la volonté politique puisque « le désaccord oblige à agir ».

L’incommunication, de fait un facteur efficace de construction de l’Europe

Les réussites de l’Europe relèvent notamment des difficultés d’intercompréhension, qui ont été un facteur positif, motivant, accélérateur d’Histoire ; des rapprochements par des coopérations économiques ; des rencontres pour des négociations physiques ; la référence à l’état de droit et à la démocratie et enfin des confrontations publiques, visibles et vivantes – négocier et cohabiter sont les maîtres mots de l’Europe ;

La communication politique européenne doit résister à la fragmentation du monde, l’éclatement de la mondialisation et montrer que ses références universelles ne s’opposent pas à l’ouverture. L’action politique doit viser à : valoriser les populations frontalières en cohabitation naturelle, coopérer avec ceux qui veulent rejoindre l’Europe, créer de la fierté d’agir ensemble, débattre, parler politique, l’humour est un court-circuit de l’intelligence et enfin élargir le rôle des médias avec des enquêtes qualitatives.

En somme, « l’Europe, ce n’est pas un État en plus grand, c’est quelque chose qui s’invente sans chef. C’est évidemment la communication politique la plus compliquée et la plus fragile au monde ».

Les chantiers de l’incommunication européenne :

  1. Rapprocher mentalement et culturellement les deux Europe de l’Ouest et de l’Est pour mieux se retrouver ;
  2. Accroitre la confiance des Européens entre eux- « un cas de psychopathologie insuffisamment analysé » ;
  3. Inventer une vaste coopération européenne pour la recherche et l’université, piliers d’une démocratie de masse ;
  4. Valoriser le tourisme, le patrimoine, les modes de vie, le brassage sociale et culturel entre différences et ressemblances ;

Les priorités :

  1. Vigilance et esprit critique à l’égard de l’économie des données ;
  2. Sortir l’Europe du modèle de l’économie numérique de l’idéologie libérale ;
  3. Construire une communication politique, tout le monde est ici responsable ;
  4. Valoriser la diversité linguistique et culturelle européenne, l’utopie européenne ;
  5. Proposer des solutions pour la jeunesse, entre identité, connaissance de soi et altérité.

Discussion : théorie politique de la communication vs pensée critique et fatigue du numérique

Dominique Wolton aura passé sa vie de recherches à réfléchir à l’information et à la communication, sa dernière trilogie pose ses enseignements les plus récents, qui devraient durablement marquer la théorie politique :

  • « Informer n’est pas communiquer » : on rêvait du village global, on redécouvre la tour de Babel, les enjeux de la communication portent sur la relation, son acception ou son refus ;
  • « Communiquer, c’est négocier » : on a rêvé la communication technique, parfaite, immédiate, elle est en fait fragile, politique et humaine, c’est le risque de l’altérité et de l’échec ;
  • « Penser l’incommunication » : les difficultés à se faire comprendre, à écouter l’autre, à partager, place l’incommunication comme un défi pour éviter l’acommunication et assumer la négociation.

En revanche, le scepticisme autour du numérique, présenter dès ses premiers ouvrages sur Internet se renforce avec tout un chapitre consacré à « la fatigue du numérique », « la langue de bois mondiale » et l’idéologie technologique ; qui semblent pour le dire très simplement être tantôt la cause de tous nos maux et en même temps relativement anecdotique. Mais surtout, ce que l’on peut regretter, c’est que contrairement à son relatif optimisme, les enjeux numériques ne semblent pas faire l’objet d’une réflexion prescriptive et prospective, de même ambition que pour la communication européenne.