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Erasmus+ : quelles sont les raisons du succès de la communication ?

Le lancement d’« Erasmus+ », le nouveau programme de l’UE pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport pour la période 2014-2020, connaît un fort intérêt avec près de 30 000 mentions en ligne sur les 6 derniers mois et plus de 500 000 vues pour la vidéo de présentation en ligne. Pourquoi ?

Une politique publique européenne ambitieuse et tangible

Premier atout d’Erasmus+, des engagements forts et quantifiés de l’UE, répondant aux besoins d’un public jeune ayant de nombreuses attentes :

  • un budget de 14,7 milliards d’euros pour les 7 prochaines années, soit une augmentation de 40 % par rapport aux niveaux de dépenses des 7 années antérieures ;
  • un objectif de renforcer les compétences et l’employabilité, ainsi que de moderniser l’éducation, la formation et le travail des jeunes ;
  • un résultat tangible de plus de 4 millions d’Européens ayant la possibilité d’étudier, de se former, d’acquérir une expérience professionnelle ou de travailler comme bénévoles à l’étranger.

Autrement dit, le succès du programme Erasmus+ est d’abord lié à la légitimité et à l’ampleur d’une telle action de l’UE : la mobilité est au cœur du projet européen et les jeunes sont un public prioritaire.

Un territoire de marque judicieusement étendu

Le choix de réaliser un brand-stretching de la marque de gamme « Erasmus » sur la mobilité étudiante vers une marque-ombrelle « Erasmus+ » rassemblant les prestations de l’UE en matière d’éducation, de formation, de jeunesse et de sport est une excellente idée capitalisant sur la notoriété du programme le plus connu.

Ce positionnement de marque permet de rendre plus compréhensible l’action de l’UE. Sur la liste des programmes de l’UE destinés aux citoyens, le programme Erasmus+ est clairement à classer dans la catégorie des rares actions reconnues par le plus grand nombre.

Une communication de la preuve, modeste, sociale, partenariale et décentralisée

Parmi les raisons du succès du nouveau programme « Erasmus+ » – au-delà d’une attente légitime d’une génération et d’une réponse à la hauteur de l’enjeu – la manière de communiquer participe à plus d’un titre :

  • les supports de communication, notamment la vidéo de présentation, sont de facture modeste, orientés vers la preuve et la facilitation, la prise en main du dispositif par le public ;
  • l’utilisation des réseaux sociaux (Facebook : 46K likes et Twitter 5K abonnés) sont ouverts à l’échange et combinent informations pratiques et contenus communautaires générant de l’engagement ;
  • les relais locaux dans les Etats-membres que sont les agences et organismes responsables du déploiement accompagnent la communication dans toutes les langues et avec les spécificités nationales.

Au total, sans moyens de promotion extravagants mais avec un important travail de positionnement, d’information et des partenaires décentralisés, la communication du nouveau programme « Erasmus+ » est un succès riche d’enseignements.

Floraison des serious games sur l’Europe

Cette année représente un véritable « printemps des serious games sur l’Europe » avec plusieurs projets permettant de sensibiliser des publics variés, notamment jeunes, à des problématiques européennes complexes…

« CAP Odyssey » : un serious game ludique pour comprendre les évolutions de la politique agricole commune

S’inspirant du jeu Habbo City, le joueur doit relever les défis liés à la gestion d’une exploitation agricole dans le village « Abondance » au travers de 7 missions permettant de retracer les évolutions de la PAC.

cap_odysseyDestiné aux jeunes urbains européens, « CAP Odyssey » vise à faire comprendre les enjeux de l’agriculture aujourd’hui : viabilité économique, sécurité alimentaire, revenu des agriculteurs, gestion des ressources naturelles, changement climatique, volatilité des prix, maintien de l’activité dans les espaces ruraux…

Lancé en début d’année à l’occasion des 50 ans de la PAC, « Cap Odyssey » parviendra-t-il à rassembler le million de joueurs que vise le ministère de l’Agriculture, co-financeur avec la Commission européenne ?

« Mission Knut » : un serious game pédagogique pour mieux connaître les institutions européennes

Développé par la Région Bretagne, « Mission Knut » invite à se mettre dans la peau d’un Commissaire européen afin de relever le défi de faire voter un texte européen qui éviterait une nouvelle catastrophe écologique et économique.
mission_knutS’adressant plus particulièrement aux jeunes, le serious game vise à leur permettre de se familiariser avec le processus décisionnel européen, à quelques mois d’élections européennes annoncées comme difficiles en termes de participation électorale.

« Vivre l’Europe en Alsace » : un futur serious game pour renforcer l’identité européenne de l’Alsace

L’Agence de Développement Touristique du Bas-Rhin développe actuellement un serious game qui invite le joueur- consom’acteur à expérimenter véritablement le concept de tourisme européen en Alsace.

Voir la description du projet et du scénario
Voir le teaser

Au-delà des serious games français sur l’Europe, un discours sur l’utilité des « Serious Games in a European Policy Context » se développe partout dans l’UE autour de quelques piliers :

  • Une technologie avancée d’enseignement de plus en plus rentable
  • Une innovation créative de plus en plus attrayante
  • Un double intérêt en matière d’inclusion sociale et d’empowerment

En somme, les serious games sur l’Europe ont de l’avenir.

L’auberge européenne : le web-documentaire pour communiquer l’Europe auprès des jeunes

Dès qu’il s’agit d’Europe auprès des jeunes, deux idées reviennent immanquablement : l’auberge espagnole, le film culte de Cédric Klapisch et Erasmus, le programme de mobilité. Alors, pourquoi ne pas fusionner les deux ? C’est le défi de « l’auberge européenne », le web-documentaire européen de la rentrée 2013…

Concept de l’auberge européenne : 10 étudiants, 10 villes européennes, 10 visions de la vie Erasmus

Au travers d’un web-documentaire composé de portraits de 10 étudiants français expérimentant la vie Erasmus en Europe, « l’auberge européenne » offre une plongée au cœur d’une génération d’Européens de terrain.

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Les portraits de chaque étudiant (Cléo, Léon) se décomposent d’une vidéo, d’une question posée à Cédric Klapisch qui y répond, d’une présentation d’un groupe de musique, de bonnes adresses dans la ville et d’un lien vers un réseau social pour entrer en contact avec l’étudiant.

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L’auberge européenne : les bons registres de communication pour toucher les jeunes

Avec le dispositif mis en place, les bons registres de communication sont activés pour toucher les jeunes :

  • L’auberge européenne se fonde sur ce qui préoccupe vraiment les publics jeunes, leur avenir personnel ;
  • L’auberge européenne crée de la proximité avec les jeunes, sans tomber dans la démagogie du langage « jeune » en incluant des témoignages « terrain » ;
  • L’auberge européenne joue sur le sentiment d’appartenance des jeunes en intégrant une dimension musicale et sociale.

En bref, les contenus sont au rendez-vous pour séduire les jeunes et faire passer des messages sur l’Europe.

L’auberge européenne : la faible activation participative pour engager les jeunes

L’auberge européenne ne prévoit pas suffisamment de mécanique d’engagement en ligne – ce qui risque de limiter la viralité et la visibilité du web-documentaire.

L’auberge européenne ne répond pas au désir d’engagement des jeunes, à leur souhait d’être impliqués et de contribuer. Les jeunes ne peuvent pas s’approprier le web-documentaire dans lequel ils pourraient se reconnaître. Aucun mécanisme ne permet aux jeunes de partager le web-documentaire sur les réseaux sociaux. De même, ils ne peuvent pas interagir avec les jeunes témoins et ne peuvent pas eux-mêmes témoignés.

Autrement dit, la forme du web-documentaire n’est pas suffisamment optimisée pour favoriser une pleine appropriation par les jeunes en reprenant les codes et les mécaniques qu’ils pratiquent en ligne.

Au total, l’auberge européenne est une action de communication sur l’Europe auprès des jeunes particulièrement séduisante quoiqu’incomplète.

« Our space » : la nouvelle plateforme délibérative européenne destinée aux jeunes

À un an des élections européennes, une nouvelle plateforme délibérative est lancée par l’UE. « Our space – the virtual youth space » est le MySpace des jeunes européens pour parler, contribuer, partager, participer et voter « sur ce qui est décidé pour vous, sans vous ». L’objectif est de proposer un espace commun aux jeunes européens et aux décideurs politiques…

Quel est le bilan des initiatives délibératives et participatives européennes antérieures ?

Comme le rappelle Thomas Delahais dans « Les effets de programmes européens de participation citoyenne sur l’action publique européenne : les cas de Plan D et Debate Europe » : les résultats des nombreuses initiatives européennes, notamment en ligne, ont souvent été très limités.

De 2006 à 2009, « la Commission européenne a investi 10 millions d’euros dans une centaine de débats organisés à travers toute l’Europe, dont un certain nombre de projets participatifs, voire délibératifs, à l’échelle européenne. Or, malgré la bonne volonté de leurs organisateurs et la bonne tenue, en général, de ces débats, leur caractère innovant aussi, leurs effets sur la sphère publique et sur ses acteurs se sont généralement révélés à peine perceptibles, voire totalement absents.

Les initiatives délibératives et participatives de la Commission européenne se confrontent toujours, selon Thomas Delahais à la « difficulté des fonctionnaires à accepter la parole de citoyens “qui ne représentent qu’eux mêmes” ».

Que faut-il attendre du MySpace des jeunes européens ?

Qu’en sera-t-il des effets attendus ou induits par « Our space » à la lecture des principales limites constatées dans les projets précédents ?

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Our space aura-t-il des effets utilisables pour l’action publique, dans le cadre du processus électoral ?

Sûrement, est-ce l’effet attendu le plus recherché si le projet réussi, encore que les jeunes participants seront recrutés parmi des jeunes déjà engagés et que tout dépendra de l’implication des candidats aux élections européennes.

Our space produira-t-il des résultats utiles pour l’action publique, en vue de proposer une solution à des problèmes européens ?

Sans doute, est-ce l’effet attendu le moins susceptible d’être obtenu, compte tenu de l’étendue relativement limitée des législations européennes, de la méconnaissance répandue des politiques publiques européennes et que tout dépendra de la qualité du community management.

Our space sera-t-il communiqué aux bonnes personnes, notamment les participants, sans même parler des destinataires des conclusions ?

Comme dans la plupart des actions de l’UE, la publicisation est réduite et ce n’est pas la page Facebook (360 like) ou le compte Twitter (264 followers) qui suffiront à ce que la participation ne se limitent pas, comme trop souvent, aux publics proche de l’UE.

Au total, « Our space » représente une réelle innovation : la 1e plateforme pan-européenne de dialogue entre les jeunes et les politiques sur l’Europe. Reste à savoir si c’est également une opportunité pour mobiliser les jeunes à voter aux élections européennes.

Coïncidence paradoxale : Erasmus à la TV en France et en faillite dans l’UE

Alors que le programme « Erasmus » pour la mobilité des étudiant(e)s s’apprête à fêter son 25e anniversaire le 8 octobre prochain, une campagne de communication en France propulse la génération Erasmus sur les écrans de télévision tandis que les budgets à l’échelle européenne sont en situation de faillite…

Campagne de communication TV sur la « génération Erasmus » en France

Suivant le plan de communication « génération Erasmus » pour la France, que nous avions présenté en février dernier, une campagne de communication se déploie du 26 septembre au 24 octobre à la télévision (M6, NT1, iTélé, BFM TV, Tv5 Monde, LCI) à travers 4 portraits de jeunes partis étudier et se former en Europe.

Un site Internet ainsi qu’un relais sur les sites d’hébergement de vidéos (You Tube et Daily Motion) complète le dispositif mis en œuvre par l’Agence Europe-Education-Formation France.

Panique bruxelloise sur la faillite budgétaire du programme Erasmus

Au même moment, « Erasmus est en faillite » titre Presseurop : les coupes budgétaires souhaitées par les Etats-membres menacent le budget du programme Erasmus qui représente « bon an mal an, entre 400 et 450 millions d’euros » et près de 220 000 mobilités étudiantes.

 

C’est Alain Lamassoure, le président de la Commission des budgets du Parlement européen qui tire la sonnette d’alarme et sort ainsi « une arme de communication massive » selon MyEurop pour négocier ainsi une rallonge budgétaire pour la fin de l’année.

Alors que l’attachement des Européens à ce programme emblématique n’est plus à prouver (cf. la tribune de Cédric Klapisch : « 25 ans déjà… ») et que l’attention des Français est particulièrement attirée, il ne reste plus qu’à souhaiter qu’un compromis soit rapidement trouvé pour boucler la fin de l’année.