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EUMedialPoll2023 : qu’est-ce qui influence les influenceurs de l’Union européenne ?

Depuis 2016, l’enquête #EUMediaPoll révèle quelles sources d’informations ont le plus d’influence sur les décideurs de l’Union européenne, y compris les membres du Parlement européen, le personnel des institutions de l’UE et les leaders d’opinion…

Sources médiatiques : Politico Europe, la source d’information la plus influente dans la prise de décision de l’UE devant The Economist et FT Brussels, à la fois reconnus pour leur expertise et la qualité de leur analyse

Tout a changé pour la source d’information la plus influente en 2023. Une nouvelle bataille entre Politico Europe et The Economist émerge en haut du classement sur un pied d’égalité, comme les médias les plus influents de cette année, nécessaires pour prendre des décisions éclairées dans la capitale de l’Europe.

Du côté des médias spécialisés dans les affaires européennes, plusieurs mouvements significatifs dans le top 10 comprenant Euractiv (en hausse de 6 %) et faisant son entrée dans le top 5, EU Observer (en hausse de 7 %), ce qui révèle que sa présence est plus significative dans la sphère médiatique européenne tandis qu’Euronews (en baisse de 10 %) perd en crédibilité, sans doute lié aux nouveaux actionnaires et aux déboires financiers entraînant des licenciements dans la rédaction.

Médias sociaux les plus utilisées par les décideurs de l’UE : LinkedIn à la hausse et X-Twitter à la baisse

LinkedIn continue de gagner en impact en tant que premier média social le plus fréquemment utilisé par les décideurs de l’UE, derrière l’appli de messagerie WhatsApp mais surtout dorénavant devant X (anciennement Twitter) en baisse de fréquence d’utilisation, en particulier depuis le rachat par Elon Musk en octobre 2022.

YouTube et Facebook en milieu de tableau conservent leurs positions solides dans le paysage des médias sociaux de la sphère européenne, tandis qu’Instagram se démocratise et TikTok fait une timide apparition dans le classement pour la première fois.

Le cas des influenceurs

Les influenceurs des médias sociaux (militants, universitaires, militants, journalistes, etc.) ont vu une augmentation significative de leur influence, passant de 30 % en 2022 à 46 % cette année, même si leur influence directe ne devrait pas encore être surestimée.

Cette montée croissante des influenceurs des médias sociaux montre à quel point ils sont essentiels dans la façon dont ils introduisent de nouveaux sujets et façonnent les comportements. L’influence de ces individus commence à avoir un impact dans le domaine de l’élaboration des politiques publiques européennes.

Les personnels des institutions de l’UE et les formateurs d’opinion à Bruxelles

Les personnels des institutions de l’UE trouvent The Economist le plus influent, tandis que parmi les formateurs d’opinion à Bruxelles, FT Brussels est considéré comme plus influent. Politico Europe est considéré comme le meilleur en raison de son accès privilégié aux sources, tant The Economist que FT Brussels sont respectés en raison de leur expertise et de la qualité de leur analyse.

Comment les décideurs de l’UE accèdent-ils aux nouvelles et aux informations de l’UE ? Les sites de nouvelles en ligne et les lettres d’information par e-mail sont les moyens les plus courants d’accéder aux nouvelles et aux informations. D’autres sources qui font leur entrée dans le sondage sont les think tanks et les organisations de la société civile.

Autant d’insights intéressants à suivre dans la perspective des prochaines élections européennes en 2024.

Comment faire campagne auprès des citoyens sur l’Europe ?

Plusieurs tables rondes de la conférence annuelle EuropCom fournissent des insights éclairants sur la manière de communiquer et de mobiliser les citoyens européens en vue des futures élections européennes en juin 2024…

La communication du côté des institutions européennes

Mobiliser les électeurs : le pouvoir des communautés

Première table ronde EuropCom, les stratégies visant à favoriser la participation active aux processus démocratiques reposent sur le principe de se concentrer sur les personnes afin d’aider les gens à voter.

Gaia Manco, Chef de service à la DG COMM du Parlement européen présente la plateforme « together.eu for democracy », le projet de participation des citoyens du Parlement européen :

Action : les institutions doivent toujours fournir des contributions, des espaces, des outils, une éducation et une formation, mais les solutions finales doivent toujours venir de la société civile. L’information conduit à l’engagement et l’engagement conduit à la mobilisation. Cela aide à activer un public plus restreint mais plus engagé, prêt à être actif sur le terrain.

Communauté : les gens se rencontrent lors d’événements, c’est pourquoi aucun projet d’engagement ambitieux ne peut être mené par les institutions sans impliquer les personnes sur le terrain. Les réseaux sociaux ne suffisent pas, l’idée est d’être aussi inclusif que possible.

Inconnu : quelque chose qui doit être accepté, tout projet d’engagement est une co-création des institutions et des communautés, donc le résultat ne peut pas être connu à l’avance.

Informer les électeurs : souligner l’impact des décisions de l’UE sur la vie des gens

Jens Mester, Chef d’unité à la DG COMM, présente plusieurs enquêtes démontrant que l’une des principales raisons pour lesquelles les gens ne votent pas aux élections européennes est le manque d’informations sur l’UE… alors que les gens sont très intéressés à en savoir plus sur l’UE :

  • Montrer l’action politique de l’UE et son impact (discours sur l’État de l’Union, rapport général de l’UE, coins d’apprentissage pour les enseignants et les étudiants) ;
  • Fournir des informations sur les élections et les droits électoraux ;
  • Impliquer les personnes, y compris les jeunes, dans la démocratie européenne (Initiative citoyenne européenne, suivi de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, plateforme « Have your Say ») ;
  • Travailler en collaboration avec d’autres acteurs / activer des partenaires et des réseaux.
  • Activer les bénéficiaires des programmes de financement de l’UE ayant la responsabilité de mobiliser les gens en faveur de l’UE.

La communication du côté des novations

La technologie numérique et le changement démocratique : de la macro-politique à la micro-politique

Autre table ronde EuropCom, Rachel Gibson, Professeure de politique à l’Université de Manchester partage les résultats d’un projet Horizon 2020 sur lequel elle a travaillé pendant cinq ans consacrés au développement de la relation entre les technologies numériques et la démocratie.

Au début de l’ère d’Internet, les praticiens étaient très optimistes et idéalistes quant au rôle des technologies numériques dans l’amélioration de la démocratie. Cet optimisme s’est maintenant dissipé avec l’avènement des fausses informations, des discours haineux et du capitalisme de surveillance.

Les changements structurels qui se produisent en politique grâce à la technologie numérique font dissocier la macro-politique relevant de la démocratie pré-numérique, tandis que la démocratie post-numérique fonctionne au niveau de la micro-politique, des formes de mobilisation introduisant de nouvelles voix dans l’arène politique, au risque d’une privatisation de l’espace public, et au pire, comme un passage vers une vision de la politique plus « narcissique ».

Au niveau macro-politique, à l’époque des partis politiques de masse, il était important de se demander « Où est la voix du public ? ». Cette question demeure, à la condition que les individus soient exposés à une plus large gamme d’informations pour éviter les effets de chambre d’écho.

Au niveau micro-politique, la nouvelle question « Comment l’engagement micro-politique se traduit-il par un changement sociétal significatif ? » pourrait être facilité pour une meilleure prise en compte des opinions numériques par des partis politiques qui gèrent les influenceurs de manière plus efficace.

Ma liberté d’expression contre vos sentiments : l’importance de la satire dans les démocraties modernes

Fabio Mauri, « Directeur général à la DG MEME », adopte une approche non conventionnelle pour son discours en mettant en avant l’importance de la satire dans la construction de démocraties saines et critiques.

La satire est conçue pour faire réfléchir, pas rire ! c’est un phénomène profondément humain, si l’on songe au rôle du bouffon du roi, figure familière dans les cours médiévales, qui était chargé de partager de mauvaises ou difficiles nouvelles avec le souverain par le biais de la comédie.

Les gens ont tendance à faire plus confiance aux comédiens qu’aux politiciens : « Le rire tue la peur et sans peur, nous ne pouvons avoir aucune confiance ». La question de la confiance versus le scepticisme ironique en est était au cœur des débats sur les sociétés démocratiques saines et la confiance que nous avons ou n’avons pas envers les politiciens.

La préoccupation correspond à une tendance croissante à la rectitude politique à tout prix et à une méfiance qui l’accompagne à l’égard de tout ce qui ressemble à de la satire – une sorte d’allergie à la satire. Le fait que vous soyez offensé ne vous donne pas raison. Le rôle de la satire en politique et dans l’espace public plaide en faveur d’une plus grande tolérance à l’égard des opinions qui pourraient ne pas être en phase avec les vôtres, mais qui font néanmoins partie du débat, des désaccords et de la critique essentiels à une démocratie saine. La satire veut exagérer les problèmes pour que vous puissiez les regarder sous un autre angle.

Influences de la désinformation manipulative et des technologies artificielles sur la démocratie, que faire pour soutenir la démocratie européenne ?

Lors de la session d’ouverte d’EuropCom 2023, la question des menaces sur l’information afin de réduire et atténuer la désinformation et permettre aux citoyens de l’UE d’accéder à des informations fiables dans un écosystème sain de l’information.

La société civile pousse les institutions à mettre en œuvre des législations pour réduire et atténuer la désinformation

Flora Rebello Arduini, directrice des campagnes chez Ekō explique comment des campagnes de désinformation bien structurées et financées jouent en faveur de ceux qui les promeuvent en vue d’éroder la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques en particulier pour remettre en question les résultats des élections.

Pour contrer la désinformation sur les plateformes de médias sociaux et exploiter tout le potentiel de la directive sur les services numériques pour réduire et atténuer la désinformation, il est nécessaire de mieux protéger la sécurité des citoyens sachant que plus de 70 pays et 2 milliards de personnes seront appelés à voter l’année prochaine.

La vérification des fausses informations évolue, quand les journalistes sont meilleurs pour vérifier les faits, les gens doivent aussi acquérir plus d’expérience

Jonathan Lundberg, journaliste et auteur spécialisé dans les guerres culturelles numériques, attire l’attention sur l’importance d’une perspective historique, affirmant que nous étions tous des êtres sociaux et qu’il y a toujours eu des mensonges. Seulement maintenant, avec l’avènement d’Internet, tout va plus vite. Les problèmes ne sont pas nouveaux, mais ils s’expriment de nouvelles manières. Cependant, Internet fournit également des outils qui aident à vérifier les faits. Les groupes marginalisés sont plus touchés par la désinformation renforçant la nécessité de trouver des solutions pratiques pour communiquer avec eux et gagner leur confiance.

La lutte contre la désinformation nécessite que tout le monde acquière des compétences journalistiques, car la désinformation est partout

Anna Słojewska, coordinatrice et correspondante de l’UE pour Rzeczpospolita, présente le projet Lie Detectors qui organise les visites de journalistes dans les écoles afin de partager des compétences en éducation aux médias avec les élèves. Parmi les outils pour lutter contre les fausses informations, la vérification des auteurs et des pages web, la comparaison avec des articles et des sources similaires, les discussions avec les membres de la famille et les professeurs, et l’utilisation du bon sens.

Contrer la désinformation avec l’IA : toutes les guerres se font aussi par la communication

Dmytro Bilash fondateur de Osavul se concentre sur le développement de solutions alimentées par l’IA pour protéger les États, les entreprises et la société contre les menaces informationnelles. La lutte contre la désinformation avec l’IA se compose d’une partie analytique des informations et d’une partie réactive pour répondre à la désinformation plus rapidement, qui nécessite une intervention humaine. Accroître la collaboration et la coopération avec les géants de la technologie est essentiel pour créer un marché plus ouvert afin de protéger notre société.

La démocratie ne peut plus être considérée comme acquise face à la désinformation

Confrontés à une bataille toxique en ligne d’une ampleur qui menace les fondements mêmes de nos sociétés libres et de nos élections libres, Delphine Colard, porte-parole adjointe au Parlement européen craint que la démocratie ne peut être tenue pour acquise. Nous devons nous unir avec pour objectif commun de défendre la liberté des personnes et de rendre la société plus résiliente face aux attaques en activant de bonnes pratiques.

Les citoyens ont besoin de voir et de sentir la démocratie européenne en action plus que jamais

Lors de la séance de clôture, Jaume Duch Guillot, directeur général de la communication au Parlement européen souligne l’importance de disposer d’une stratégie de communication axée sur la lutte contre la désinformation.

La première étape dans la lutte contre la désinformation, c’est par des législations claires telles que le RGPD et les directives DSA/DMA, ainsi que la future loi sur l’IA, défendant la société contre la désinformation.

La deuxième étape consiste à réaliser que personne ne peut rester seul, c’est une tâche collective, à partager entre les institutions, les médias, les plateformes de médias sociaux, la société civile, les éducateurs et les autres parties prenantes. Tout le monde devrait promouvoir une meilleure éducation aux médias et aider à diffuser des messages importants.

La troisième étape consiste à être proactif en matière de communication. Il ne suffit pas d’être réactif et défensif face à la désinformation : « La meilleure façon de lutter contre la désinformation, c’est par l’information ». Beaucoup de désinformation tend à dire que voter n’a pas d’importance, que voter est inutile, que le Parlement européen ne sert à rien – ce n’était pas vrai.

Tout le monde, des particuliers aux organisations de la société civile et même aux gouvernements nationaux, devrait aider les institutions européennes à promouvoir la lutte contre la désinformation.

Framing, Agenda-Setting et Priming : quels modèles d’effets médiatiques pour la communication européenne

Les théories majeures de – l’agenda-setting, le priming et le framing – offrent une compréhension approfondie de la manière dont les médias d’information façonnent les perceptions et les attitudes du public. Comprendre ces théories est essentiel à qui cherchent à développer des stratégies de communication efficaces.

L’agenda-setting : impact sur les priorités politiques et influencer les décisions prises par les dirigeants européens

Développé par Maxwell McCombs et Donald Shaw, soutient que les médias ne nous disent pas quoi penser, mais plutôt sur quoi penser. Les médias ont le pouvoir de déterminer les questions considérées comme importantes par le public en mettant l’accent sur certaines problématiques.

Par exemple, dans le contexte de l’Union européenne, les médias peuvent influencer l’ordre du jour politique en accordant une couverture médiatique significative à des sujets spécifiques tels que le changement climatique, la migration ou les politiques économiques. En mettant en avant ces questions, les médias influencent l’attention du public et créent un environnement favorable à la discussion et à l’action politique.

Le priming : impact sur la façon dont les citoyens évaluent les candidats et les enjeux lors des élections européennes

Développé par Shanto Iyengar, Mark Peters et Donald Kinder, se réfère à la façon dont les médias créent un contexte pour la discussion publique. En accordant une attention accrue à certains sujets, les médias peuvent amener le public à porter une attention particulière à ces thèmes.

Par exemple, la couverture médiatique intensive des élections européennes peut jouer un rôle de priming en attirant l’attention du public sur les enjeux politiques et les choix électoraux. En fournissant des informations et des analyses approfondies sur les programmes des partis politiques, les médias peuvent influencer les perceptions et les décisions des électeurs.

Le framing : impact sur les attitudes du public envers l’UE, en fonction de la manière dont les médias présentent les problèmes et les acteurs

Développé par Erving Goffman, se concentre sur la manière dont les médias présentent et structurent une histoire, ce qui influence la compréhension et l’évaluation par le public. Les médias utilisent des éléments tels que les métaphores, les récits, le choix des mots et le ton pour encadrer une histoire d’une certaine manière.

Par exemple, lorsqu’il s’agit de la communication sur l’Union européenne, les médias peuvent adopter différents cadres pour aborder les questions européennes, tels que le cadre économique, le cadre politique ou le cadre social. Chaque cadre offre une perspective unique sur les enjeux européens et peut influencer la façon dont le public perçoit et évalue les politiques et les actions de l’Union européenne.

Perspectives

Ces théories – agenda-setting, priming et framing – offrent des perspectives précieuses pour comprendre comment les médias influencent la communication et l’opinion publique au sein de l’Union européenne.

Cependant, il est important de noter que ces théories ne sont pas une panacée et présentent certaines limites. Par exemple, elles peuvent négliger d’autres facteurs tels que les influences sociales, économiques et culturelles sur la perception et l’attitude du public.

De plus, la façon dont les médias utilisent ces théories peut varier en fonction du contexte politique et médiatique spécifique. Par conséquent, les professionnels des relations publiques doivent adopter une approche holistique en intégrant ces théories avec d’autres approches de communication et en tenant compte du contexte européen unique pour élaborer des stratégies de communication efficaces.

Au total, les théories de l’agenda-setting, du priming et du framing offrent des outils précieux pour comprendre l’impact des médias sur l’information et la communication de l’Union européenne. En utilisant ces théories de manière stratégique, les professionnels des relations publiques peuvent façonner l’attention du public, influencer les perceptions et les attitudes, et contribuer à une communication plus efficace au sein de l’Union européenne. Cependant, il est essentiel de compléter ces approches par d’autres facteurs et de tenir compte aussi du contexte spécifique pour obtenir des résultats optimaux.

L’Union européenne encore à la traine dans l’information audiovisuelle trop franco-française

La question est clairement posée au vue des résultats de l’étude de l’Observatoire Europe de la Fondation Jean-Jaurès sur « L’Union européenne dans les médias : atonie générale, sursaut récent », les citoyens européens ont-ils une visibilité suffisante sur la teneur du débat politique européen pour participer aujourd’hui aux prises de décision qui nous toucheront demain ?

L’Union européenne toujours largement absente de l’information nationale à la télévision et à la radio

Sur les 7 années étudiées de 2015 à 2022, en moyenne, l’actualité de l’Union européenne est traitée dans 3 % ou moins de l’ensemble des sujets de journaux télévisés des chaînes historiques de télévision. En 2022, en raison de la couverture de la guerre en Ukraine, la part de sujets portant sur l’Union européenne (5,7 %) dépasse les résultats de 2015 et 2019 (4,8 %).

Les trois segments de médias analysés (journaux télévisés traditionnels, chaînes d’information en continu et radios nationales) accordent une place généralement uniforme – et plutôt faible – aux dossiers européens, en moyenne, cela concerne 2,6 % des sujets diffusés sur les tranches d’information analysées, les plus écoutées et regardées.

En d’autres termes, sur une heure d’information audiovisuelle diffusée en France entre 2020 et 2022, les auditeurs sont exposés en moyenne à 94 secondes ayant trait à l’actualité de l’Union européenne.

Les chaînes d’information en continu purement nationales (LCI, BFM TV, CNews) constituent l’ensemble de médias où la part de sujets européens est la plus faible (1,9 %) ; les sujets européens ne dépassent pas 1,5 % de l’ensemble des sujets diffusés sur BFM TV, la première chaîne d’information en continu de la télévision française en termes d’audience.

On constate une forme de domination de la Commission européenne sur les deux autres institutions dans la communication de l’action communautaire. Ce phénomène, déjà observé par le passé dans nos travaux, est fortement accentué par la couverture du volet européen de la guerre en Ukraine.

#1 Une incarnation renforcée : le langage audiovisuel de l’exécutif en action appliqué à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen voit sa médiatisation corrélée à l’Ukraine, ses phases d’exposition couvrent ses temps forts de communication.

Ces éléments de la grammaire audiovisuelle sont en France habituellement réservés aux membres du gouvernement et au président de la République.

Enfin, sur le plan de l’incarnation, le président de la République française demeure une personnalité importante dans la couverture des affaires européennes. Il s’exprime dans 50 sujets sur l’Union européenne dans l’année, soit 4,5 % du volume consacré aux affaires européennes.

#2 Un regard porté vers l’est et le nord de l’Union : si la guerre en Ukraine a modifié la couverture médiatique de l’Union européenne, elle réoriente celle des États membres, traditionnellement réservée à nos voisins territoriaux directs, vers les États de l’Europe de l’Est, dont la Pologne et du Nord avec la Suède et la Finlande.

L’Union européenne dans l’information locale et régionale avec France Bleu et France 3

Sur les antennes des réseaux France Bleu et France 3 en France métropolitaine, sur les 289 sujets en 2021, le premier enjeu traité est celui de la pêche, le second thème qui fait parler de l’Union au niveau local concerne les transports, enfin, le suivi des vagues de vaccination occupe la troisième place.

Nonobstant les sujets européens à dimension institutionnelle ou politique diffusés sur le réseau France Bleu et France 3 qui ne sont pas étudiées, la part consacrée à l’actualité de l’Union européenne dans les médias audiovisuels locaux publics est relativement faible, voire très faible. Sur les chaînes du service public, le 19/20 est le JT du soir qui consacre le moins de place aux nouvelles européennes.

Lorsque l’Union européenne traite d’enjeux « concernants », ayant une dimension concrète, son actualité devient un sujet potentiel pour l’information locale, comme l’illustre les chargeurs universels d’appareils électroniques d’ici à 2024 ou certaines mesures du Pacte vert.

Recommandations pour une mise en lumière à faire perdurer dans les médias audiovisuels publics et privés

Aucune chaîne de télévision et de radio étudiées dans le panel de l’audiovisuel public et privé ne dispose de correspondant permanent à Bruxelles – ce qui permet de mieux comprendre le peu d’exposition donnée aux affaires de l’Union européenne dans les journaux d’information qu’écoutent les Français au quotidien.

Sur le service public, les objectifs sont clarifiés mais il reste à les quantifier, afin d’inscrire formellement un objectif de couverture des affaires européennes dans le corpus généraliste de programmes d’information des télévisions et radios financées par l’État.

Pour les chaînes privées, les télévisions et radios privées françaises ne parviennent pas à accorder une place régulière aux questions européennes dans leurs programmes d’information

L’Arcom devrait mettre en place un baromètre de la place de l’Union européenne dans les médias audiovisuels afin d’engager une logique incitative voire que le législateur institue la couverture des affaires européennes au titre des obligations déontologiques.

Que faire vraiment face à cette atonie générale ? Faudrait-il en passer par la possibilité de fixer par la loi une mission d’information sur l’Europe dans l’audiovisuel ?