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Panorama des chaînes d’information en Europe et des actions de l’UE pour communiquer dans les médias audiovisuels

A l’occasion du MIPCOM, le marché international des contenus audiovisuels, organisé à Cannes en octobre dernier, l’Observatoire européen de l’audiovisuel et la DG Communication de la Commission européenne ont présenté une analyse du développement des chaînes d’information en Europe, une occasion pour revenir sur les actions de l’UE pour communiquer dans les médias audiovisuels…

Panorama des chaînes d’information en Europe

Voici les principaux résultats issus de la base de données MAVISE gérée par l’observatoire européen de l’audiovisuel :

Forte diversité des canaux de diffusion avec 162 chaînes d’information – sans compter les 2.800 télévisions locales et régionales – disponibles en Europe :

  • 32 chaînes européennes à vocation explicitement internationale et distribuées dans plus d’une vingtaine de pays en Europe : CNN International, BBC World News, Euronews (8 versions linguistiques) et France 24 (3 langues) ;
  • 87 chaînes européennes à vocation essentiellement nationale mais présentes dans près d’une dizaine de pays en moyenne ;
  • 43 chaînes d’information établies hors de l’Europe mais disponibles dans au moins un pays européen.

Fort accroissement des capacités de distribution avec 50% des chaînes d’information ayant moins de 5 ans :

  • quasiment toutes les chaînes d’information sont disponibles dans le cadre des offres satellitaires, câbles ou sur les réseaux ADSL ;
  • seulement 7 chaînes d’information sont accessibles sur les réseaux terrestres analogiques ;
  • 16 chaînes d’information sont diffusées sur les différents réseaux numériques terrestres (TNT) ;
  • 8 chaînes d’information (toutes privées) sont spécialement conçues pour les appareils mobiles ;
  • quelques chaînes d’information ont lancé une application iPhone (BBC World News, Al Jazeera, Sky News, France 24, BFM TV,…).

Forte présence des chaînes d’information publiques : 33 chaînes parmi les 119 chaînes d’information européennes sont publiques, soit presque un tiers des chaînes alors que les chaînes publiques ne représentent que 5 % environ de l’ensemble des chaînes de télévision européennes tous genres confondus.

Forte diversité linguistique : 26 langues sont utilisées par les 119 chaînes d’information européennes. 6 langues dominent toutefois le paysage des chaînes d’information européennes : l’anglais (16 chaînes), l’italien, l’arabe et le turc (11 chaînes), l’allemand (10 chaînes), suivies du français (9 chaînes).

Fort accès aux chaînes d’information étrangères en France : avec la TV par l’ADSL, les Français disposent en moyenne d’une offre de 51 chaînes contre 21 chaînes d’information pour la moyenne européenne.

Panorama des actions de l’UE pour communiquer dans les médias audiovisuels

Parce que les Européens aimeraient être davantage informés sur l’UE par leurs chaînes de télévision, la DG Communication de la Commission a lancé en 2008 une « Stratégie audiovisuelle » visant à accroître la couverture des affaires européennes dans les médias audiovisuels.

Avril 2009 : la Commission européenne a lancé une nouvelle chaîne de télévision « EuroMed » pour « informer le grand public du partenariat euro-méditerranéen, faciliter la couverture et la diffusion de l’actualité euro-méditerranéenne, stimuler le dialogue, promouvoir la diversité culturelle et l’égalité entre les hommes et les femmes », selon Euractiv.

  • partiellement financée par la Commission à hauteur de 2,16 millions d’euros, l’équipe de production d’EuroMed News se compose d’équipes de France Télévision et de centaines de diffuseurs locaux ;
  • essentiellement diffusée sur les télévisions publiques des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient : 300 nouveaux sujets, 40 magazines de treize minutes et 9 documentaires de vingt-six minutes, seront produits jusqu’à février 2010.

1er semestre 2010 : la Commission européenne lancera un réseau de chaînes de télévision européennes pour couvrir plus largement les questions européennes. Doté d’un budget de 8 millions d’euros en 2009, le projet repose sur la production de produits audiovisuels d’information, les équipes de production disposant d’une charte d’autonomie éditoriale.

Débat sur la stratégie de communication de l’UE : propagande pour l’intégration communautaire ou service public d’information sur l’Europe ?

Au cours de cet été, un think tank suédois, Timbro publie une étude : « Le fardeau de l’Union européenne : informer et communiquer auprès d’un peuple réticent ». Les auteurs soulèvent le problème d’une stratégie de communication visant à promouvoir le succès de l’intégration européenne afin de gagner le soutien populaire à la construction européenne alors même que les citoyens européens ne payent aucune attention à « la révolution démocratique de l’Europe ».

Ainsi, un fossé se creuse entre des citoyens européens souhaitant un véritable service public d’information sur l’Europe et les institutions européennes engagées dans une « propagande » pour l’intégration communautaire.

La Commissaire européenne chargée de la stratégie de communication, la suédoise Margot Wallström, répond sur son blog qu’il convient de nuancer : entre information et propagande, il y a justement la communication, qui repose sur le dialogue entre les citoyens européens et les institutions européennes.

Réquisitoire du think tank Timbro contre la stratégie de communication de l’UE

Le think tank Timbro dans « The European Union’s Burden : Information dans communication to a reluctant people » passe en revue le budget et les actions de communication de l’UE.

D’une part, le budget communication de l’UE est beaucoup plus élevé que le seul budget de la DG Communication de la Commission européenne, s’élevant à 213 million d’euros en 2009 :

  • 124 millions d’euros en 2009 pour le programme « Jeunesse en action » dont les objectifs sont d’« associer activement les jeunes à la société en tant que citoyens, (et de) renforcer leur sentiment d’appartenance à l’Europe » ;
  • 7,5 millions d’euros en 2009 pour le programme d’information sur la monnaie unique de la DG Eco ;
  • 18 millions d’euros en 2009 pour la campagne de communication du Parlement européen pour les élections européennes ;
  • budgets pour des commémorations telles que les 50 ans du traité de Rome en 2007 ou la chute du mur de Berlin en 2009…

D’autre part, les actions de communication de l’UE sont bien plus que de simples campagnes de promotion des réalisations de l’UE, il s’agit d’investissements dans les médias ou la société civile qui visent à influencer ces acteurs et faire passer un message politique pour davantage d’intégration européenne :

  1. Financement de compétitions pour les journalistes traitant des questions européennes et de médias européens comme les réseaux Euronews pour la TV (10,8 millions d’euros en 2009), Euranet pour la radio (6 millions d’euros en 2009), EUTube et EuroparlTV (9 millions d’euros en 2009 pour la webTV du parlement européen) sans compter les Séminaires de formation pour les journalistes (1,8 millions d’euros en 2009)…
  2. Financement de campagnes décrites « de bon samaritain » comme « School Milk Aid » (distribution de lait dans les écoles pour 69 millions d’euros en 2009 soit 305 000 tonnes de lait), « Fruit to School Children » (distribution de fruits frais dans les écoles pour 90 millions d’euros en 2009) ou encore « Help – for a life without tobacco » (campagne anti-tabac auprès des jeunes, 14 millions d’euros en 2007)…
  3. Financement de think tanks créant une « colonisation de la société civile » et formant une opinion globalement favorable à la construction européenne.

Ainsi, la stratégie de communication de l’UE s’oriente vers la création d’une identité européenne au moyen d’un « vaste outil de communication qui se comporte d’une manière qui serait à peine acceptée de la communication publique nationale dans les États membres ».

Plaidoyer de la Commissaire européenne chargée de la stratégie de communication de l’UE

Dans un billet « The silly season », Margot Wallström invite à nuancer :

  1. Le lien entre consultation des citoyens et rejet de l’UE – prouvant le déficit démocratique de l’UE – est loin d’être évident. Depuis 1972, il y a eu pas moins de 35 référenda tenus sur des questions européennes, seulement 9 ont produit des résultats négatifs.
  2. Le lien entre financement d’infrastructures, de services ou d’informations aux médias et influence éditoriale fait fi des règles déontologiques propres aux médias et ne fait pas la différence entre actions de relation presse visant à faire passer un cadrage particulier sur un sujet et actions de promotion visant à faciliter le travail des journalistes sur les questions européennes.
  3. Le lien entre information et propagande – qui seraient les seules possibilités pour la communication européenne – révèle une profonde méconnaissance du métier de communicant de l’Europe, qui repose justement sur le dialogue approfondi sur le souhaitable et le possible avec les citoyens et leurs « corps intermédiaires » qu’ils soient médias, ONG ou Etats.

Ainsi, la responsable de la stratégie de communication de l’UE rappelle que « pour 40 centimes d’euros par personne et par an, la Commission européenne :

  • maintient des représentation dans tous les États membres ;
  • porte des consultations publiques auprès des citoyens ;
  • finance Europe Direct, le service qui répond aux questions des citoyens ;
  • fournit des facilités de studio gratuites pour l’usage des journalistes radio ou TV ;
  • organise des séances quotidienne de questions/réponses pour les journalistes ;
  • offre une couverture des événements publics, une bibliothèque audiovisuelle et des centaines de sites multilingues, notamment interactifs comme Debate Europe ou EUtube ».

Bref, un été particulièrement chaud pour la communication européenne…

Personal Democracy Forum 2009 : la révolution de la stratégie d’information aux citoyens de l’administration Obama

Alors que le « Public Services 2.0 workshop » lance une initiative “European Union Public Services 2.0” pour renforcer la transparence des services publics en Europe par un meilleur usage du web via une démarche participative : brainstorm, discuss, draft, endorse, les États-Unis d’Obama – constatant l’essoufflement de la e-mobilisation militante – lance une e-révolution afin que le pouvoir de surveillance des e-citoyens soit institutionnalisé dans l’exercice transparent de l’action publique américaine….

La révolution de l’administration Obama : la mise à la disposition du public sur Internet des données de l’État

Pour Nicolas Vanbremeersch sur Meilcour, « la révolution est majeure, et de deux ordres » :

1. Data.gov : un accès public aux données publiques

Puisque la donnée sur l’action publique est un bien public, elle doit être mise à disposition du public. C’est le projet data.gov. « profondément subversif », car « il offre au citoyen la donnée d’action brute et accessible. Il livre des sources ouvertes. »

2. Usaspending.gov : un contrôle civique des dépenses publiques

Puisque les États-Unis sont démocratiques, les citoyens peuvent contrôler l’action de l’Etat. Pour y parvenir, il faut une transparence intégrale sur les dépenses de l’administration, et les projets associés. C’est l’objectif de usaspending.gov.

Ainsi, selon Netpolitique, le « Fact Check » des citoyens intègre les « Checks and Balances » des institutions américaines.

Puisque tout pouvoir doit être limité par un autre pouvoir, « le pouvoir de surveillance des citoyens devient une branche intégrée de la séparation des pouvoirs ».

La pratique politique sous Obama : la bonne gouvernance nécessite une stratégie d’information transparente

Que faut-il comprendre ? Pour Nicolas Vanbremeersch sur Meilcour, « c’est que, dans un monde connecté et commentant sans cesse, il vaut mieux livrer l’information, la rendre la plus lisible possible, plutôt que la retenir et la packager. Cela autorise le débat renseigné, cela crée une exigence et une attente. Cela fait du public non plus un simple spectateur d’informations tronquées, mais un acteur potentiel véritable. » Ainsi, l’information transparente des citoyens apparaît comme la condition de la réussite d’une bonne gouvernance populaire et légitime.

Par ailleurs, comme le note Netpolitique, « Obama met en place une stratégie d’institutionnalisation du citoyen, qui d’une certaine façon, est aussi un moyen de contourner les critiques soulevées sur les sites participatifs du Gouvernement » pour lesquels les logiques de débat et de collaboration en ligne, qui avaient fait le succès du candidat Obama ne semblent pas mobiliser les citoyens.

Ainsi, entre l’approche participative en vue de renforcer la transparence des services publics sur le web et l’approche révolutionnaire de mise en ligne des données publiques pour institutionnaliser le pouvoir des citoyens, la voie semble toute tracée pour l’UE…

Entre mythe et réalité : décryptage de l’impact de l’UE dans les Etats membres

Une enquête réalisée par Yves Bertoncini pour le think tank Notre Europe évalue l’impact des interventions de l’UE dans les Etats membres. Au-delà des constats sur la portée réelle des interventions de l’UE au niveau national, des « logiques de projection contribuent à entretenir des mythes politiques »…

Quel est la portée réelle des interventions de l’UE au niveau national ?

Un impact normatif plus réduit qu’on ne le dit, hors quelques secteurs

La proportion des normes d’origine communautaire dans le total des normes appliquées en France s’est établie à moins de 15% au cours des 20 dernières années.

Environ la moitié des règlements et directives adoptés par l’UE concernent les secteurs de l’agriculture et de la pêche, alors que ces deux secteurs ne représentent que 10% de la production normative nationale.

Un impact budgétaire limité, mais substantiel dans certains secteurs et pays

Les dépenses communautaires représentent un peu moins de 1% du PIB de l’UE.

L’importance des dépenses communautaires est substantielle dans quelques secteurs : elles s’élèvent à plus des 2/3 des dépenses publiques européennes totales dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et du développement rural ; à environ la moitié du total des dépenses de cohésion régionale et à un peu plus d’un tiers des dépenses d’aide humanitaire.

L’impact des dépenses communautaires au niveau national varie fortement selon les pays, compte tenu de l’hétérogénéité de leur niveau de richesse et de leur niveau de dépenses publiques.

Un impact « politique » multiforme mais diffus

Les prises de position de l’UE sont d’autant plus innombrables qu’elles ne produisent pas d’effets contraignants et qu’elles permettent à l’UE d’intervenir dans des domaines sur lesquels les États membres entendent globalement garder la main.

Malgré un impact normatif et budgétaire relativement réduit sur le plan concret, l’impact politique et médiatique des prises de position non contraignantes de l’UE contribue à conforter l’image d’une UE « en trompe l’œil »…

Quelles sont les mythes politiques des interventions de l’UE au niveau national ?

Des logiques de projection idéologique sur ce qu’on voudrait que l’UE soit ne soit pas

Ces logiques sont paradoxalement entretenues à la fois par les forces politiques les plus actives dans le débat public sur l’Europe : les fédéralistes et les « anti-européens ».

Ces opinions politiques ont en commun de voir « l’UE en grand », que ce soit pour les uns en vue de militer pour une intégration européenne accrue ou pour les autres afin de combattre avec vigueur la construction européenne.

Ainsi, « leur surestimation de l’ampleur des interventions de l’UE finit par marquer les esprits », comme le dénonce Jean-Louis Bourlanges dans Le Monde : « l’Europe fait semblant. Semblant d’être une solution aux yeux de ses promoteurs et, à l’inverse, d’être une menace aux yeux de ses adversaires qui lui attribuent abusivement la responsabilité de tous les bouleversements ».

Des mécanismes de confusion dans les transferts de responsabilité

Ces mécanismes de confusion sont entretenus à la fois par les responsables politiques nationaux et communautaires :

  • les responsables politiques nationaux « se défaussent sur de prétendues « contraintes bruxelloises » souvent réelles, mais fréquemment illusoires et bien commodes pour faire admettre des décisions impopulaires » ;
  • les institutions communautaires « soucieuses de renforcer leur légitimité et leur image en montrant qu’elles agissent « concrètement-sur-le-terrain-dans-la-vie-quotidienne-des-citoyens sont souvent promptes à se « hausser du col » en prétendant exercer une influence politique qui n’est considérable que dans quelques secteurs ».

Ainsi, l’enjeu de l’impact de l’UE dans l’opinion publique semble davantage dominé par les mythes politiques que par une réalité manifestement plus modeste.

Elections européennes : Internet au cœur de l’information des citoyens

Alors que ce sont « près de sept individus sur dix âgés de 15 ans et plus qui se connectent au moins une fois par mois à Internet (…) le comportement politique en ligne des Français devient un véritable enjeu », étudié par l’Observatoire Ifop de la netcampagne…

Internet, le média de référence pour se forger une opinion politique

Invitée à préciser l’utilité de chacune des grandes familles de médias pour arrêter leur choix, une nette majorité des personnes interrogées a désigné Internet (56%). Viennent ensuite la télévision (50%), la radio (47%), la presse écrite nationale (44%), la presse écrite régionale (40%) et la presse gratuite (27%).

Internet, une source d’information politiquement neutre pour faire son choix

Fait remarquable, les chiffres varient assez peu d’un électorat à l’autre. Les électeurs du Front de gauche sont les moins enclins (52 %) à juger Internet « utile » pour arrêter leur choix, tandis que ceux de l’UMP plébiscitent ce média à 64%, tout comme l’électorat du MoDem et du NPA (62% tous les deux). En milieu de tableau, on retrouve les électeurs des listes socialistes (56%) et celles d’Europe Ecologie (58 %). Internet arrive donc en tête chez cinq des six principaux électorats, seuls les électeurs socialistes citant davantage la radio.

Internet, un outil principalement utilisé pour des recherches sur l’actualité et dans une moindre mesure sur les candidats et les programmes

Les activités pratiquées au cours de la campagne se sont principalement focalisées sur la recherche d’informations sur l’actualité politique (34%) quoique davantage du côté des cadres et des professions libérales que parmi les employés (31% contre seulement 13 %) et en agglomération parisienne (29% contre 19% dans les communes rurales).

Les activités proprement politiques sont pratiquées par moins de 20% des internautes :

  • 16% ont visité régulièrement des sites de candidats ;
  • 14% ont visionné des vidéos politiques en ligne – « alors que la plupart des état-major politiques ont axé une partie de leur communication « online » sur l’utilisation de ce support » selon le blog E-toile de Touteleurope ;
  • 12% ont visité un blog politique ;
  • 11% ont transféré à des proches des informations sur la campagne.
  • 6% ont participé à des débats en ligne, les plus actifs se recrutant parmi les moins de 25 ans (10% de participants réguliers).

Ainsi, la campagne des élections européennes révèle l’importance devenue forte d’Internet dans l’information des citoyens et a contrario l’importance encore faible d’Internet dans la communication politique.