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Séminaire : « La communication européenne: quelle(s) voix pour l’Europe ? » le 9 décembre 2011 à Paris

L’Europe traverse une profonde crise de confiance, provoquant autant d’attentes que de défiance de la part des citoyens des Etats-membres. Dans ce contexte marqué par l’incertitude quant à son devenir, l’Europe semble avoir du mal à faire entendre sa voix : Qui parle pour l’Europe ? Qui parle de l’Europe ?

En quoi les difficultés de l’Europe politique nous permettent-elles de repenser la communication européenne ?

Représentants des institutions européennes et nationales, élu, journaliste et euro-bloggeur reviendront sur la difficulté à rendre audible un discours européen et visible une entité politique qui repose sur des acteurs, des institutions, des procédures dont l’apparente complexité semble décourager leur appropriation par les citoyens.

Table ronde n°1 : Les défis de la communication européenne :

Quels sont les défis auxquels doivent faire face les institutions européennes dans leur adresse aux Etats-membres et à leurs citoyens ? Multiplicité et coordination des discours institutionnels et politiques, prééminence de logiques nationales dans la promotion ou la dévalorisation de l’action européenne, place des citoyens sollicités dans une communication participative mais tus dans le processus politique :

  • Bruno Denoyelle, Service de l’Information du Gouvernement, France
  • Christian Gsodam, Secrétariat général du Comité des Régions
  • Marie-Christine Vergiat, députée au Parlement européen
  • Anna Zalewska-Urbanczyk, Représentation de la Commission européenne à Paris

Table ronde n°2 : Quelle place pour l’Europe dans les médias sociaux et traditionnels ?

Quel est le traitement médiatique d’une actualité européenne qui semble rétive aux logiques de dramatisation, de personnalisation et de simplification pour partie caractéristiques de la couverture des sujets politiques nationaux ? Place dévolue aux questions européennes au sein des rédactions, travail journalistique des spécialistes de l’Europe et développement de nouveaux moyens de diffusion, notamment numériques :

  • Aurélie Valtat, communication web, Conseil de l’Union européenne
  • Fabrice Pozzoli-Montenay, journaliste européen
  • Bert Van Maele, médias sociaux à la DG Communication de la Commission européenne
  • Michael Malherbe, euro-bloggeur

Séminaire organisé au Bureau d’information pour la France du Parlement européen le 9 décembre de 13h45 à 18h15, conjointement par les étudiants des Master 2 « Communication politique et publique en France et en Europe » de l’UPEC et « Communication politique et sociale » de l’Université Paris 1, sous la responsabilité de Stéphanie Wojcik, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication – UPEC, et Nicolas Hubé, maître de conférences en science politique – Université Paris I.

Quelles sont les stratégies de communication web des eurodéputés ?

Après les enquêtes via questionnaires, réalisées par :

Pour la 1e fois, une analyse exhaustive des usages web des eurodéputés est réalisée par Darren G. Lilleker et Karolina Koc Michalska dans « MEPs online: Understanding communication strategies for remote representatives »…

Audiences potentielles et dispositifs web correspondants : les 4 stratégies en ligne des euro-parlementaires pour atteindre leurs objectifs

L’éloignement (politiquement de leurs parlements et partis nationaux et géographiquement de leurs électeurs) ainsi que la multiplicité de leurs audiences font que les eurodéputés conjuguent plusieurs stratégies d’interconnexion pour tenter d’attirer des publics spécifiques (électeurs, journalistes, militants, partisans…) :

Audience « civique » des internautes-électeurs à la recherche d’informations basiques pour se forger une intention de vote :

  • profil du député européen : informations sur la carrière politique, la famille, les hobbies et l’éducation ;
  • section sur le travail régional ou national de l’élu ;
  • section avec des vidéos et une galerie photos ;
  • section spéciale « interventions médias » : articles de journaux, émissions de TV, podcasts ;
  • FAQ ;
  • possibilité d’imprimer le site.

Audience « journalistique » des internautes à la recherche d’information pour un usage professionnel :

  • section spéciale pour les médias : agenda de l’élu, déplacements et discours, communiqués ;
  • section sur le travail de l’élu au Parlement européen ;
  • fonctionnalités : RSS ; Contact (e-mail, téléphone), Traduction multilingue, Téléchargements ;
  • Lien vers profil Twitter.

Audience « thématique » des internautes mobilisés/engagés pour une cause ou un enjeu spécial et souhaitant s’investir dans une campagne thématique :

  • blog additionnel avec possibilité de laisser des commentaires ;
  • section avec des numéros spéciaux (autres que le travail du PE) ;
  • les liens vers des ONG, vers des pages du portail web Europa.

Audience « partisane » des internautes-militants politiques voulant exercer un rôle de soutien actif :

  • Online chat, online web camera ou forum ;
  • fonctionnalités : partage et envoi de contenu (texte, photos et vidéos) du site vers d’autres plateformes (Flickr, Youtube…) ;
  • profil sur n’importe quel réseau social site et possibilité de commenter sur Facebook ;
  • possibilité de s’inscrire sur le site, de visite à Bruxelles, de devenir bénévole et de faire des dons d’argent en ligne.

Principaux enseignements de l’analyse des 440 dispositifs web des eurodéputés

1. « L’ère du site web brochure est finie » : les sites des eurodéputés présentent une large gamme de web 1.0 et web 2.0 afin d’offrir des expériences attrayantes et interactives pour les visiteurs. Certains s’engagent même dans une utilisation stratégique des environnements en ligne, ce qui permet un engagement plus fort avec des journalistes, des militants et des sympathisants sur des questions précises.

2. « L’hybridation des sites web se développe » : cette gamme de fonctionnalités produit un équilibre complexe entre l’information et les possibilités d’interaction, avec plusieurs niveaux d’engagements possibles.

3. « L’enchâssement entre réseaux sociaux et sites web est acquis » : 46% fournissent des liens vers au moins un profil de réseau social. Sur les 201 utilisant les réseaux sociaux, 198 sont sur Facebook qui apparaît comme l’espace où les députés européens construisent des profils et des communautés interactives avec un large éventail de personnes. Parallèlement l’usage de Twitter, YouTube et Flickr se généralise.

4. Le clivage idéologique : les euro-députés de gauche, issus de partis minoritaires et engagés sur des enjeux tels que l’environnement vont davantage tenter de s’engager avec des « demandeurs d’information », comme des journalistes, des blogueurs politiques ou des partisans en ligne.

5. Le fossé générationnel : les jeunes euro-députés ainsi que ceux qui représentent les nouveaux membres de l’UE sont les plus proactifs et novateurs.

La question, posée par les auteurs, est de savoir si la nouvelle génération de parlementaires européens montre la voie en encourageant un mode plus interactif de communication politique ?

Comment s’informent et communiquent les collaborateurs des euro-députés ?

Le cabinet Edelman vient de publier – le 17 novembre dernier – une enquête « Capital Staffer Index 2010 » sur les pratiques d’information et de communication des collaborateurs des élus du Congrès américain, des parlements français, allemand et britannique ainsi que du Parlement européen. Quelles sont les pratiques des collaborateurs des euro-députés ?

Les collaborateurs des euro-députés s’informent essentiellement en ligne, sur les sites web des journaux

Les principales sources d’information politique en ligne auxquels les collaborateurs parlementaires font confiance sont les sites web de journaux :

  • presse internationale : FT 6%, ou The Economist 4% ;
  • presse européenne spécialisée : Euractiv 13%, European Voice 6% et EU Observer 4%.

Des recherches indépendantes et de mémos succincts sont les moyens jugés les plus crédibles pour les lobbyistes :

  • mémos résumés sur une page : 63% ;
  • recherches menées par des organisations non gouvernementales : 58% ;
  • livres blancs rédigés par des universitaires : 57%.

Par ailleurs, 49% des collaborateurs lisent des blogs liés à la politique, mais sans contribuer ni déposer de commentaire.

Les collaborateurs des euro-députés communiquent plus largement via les médias sociaux

Communication administrés => élus : tandis que les canaux de communication traditionnels demeurent critiques, la communication numérique marque des points (comparaison 2010 vs 2009 de l’efficacité des moyens de contacter les élus, selon leurs collaborateurs) :

  • visites en personnes : de 83% à 87% (+4)
  • lettres écrites : de 75% à 84% (+9)
  • téléphone : de 77% à 91% (+14)
  • Bloging : de 45% à 51% (+6)
  • Micro-Bloging : de 27% à 33% (+6)

Communication élus => administrés : de manière beaucoup plus sensibles, les collaborateurs des euro-députés ont tendance à utiliser les canaux de communication numériques :

  • E-mails : de 82% à 96% (+14)
  • via le blog ou le site de l’élu : de 30% à 60% (+30)
  • via la page Facebook de l’élu : de 22% à 46% (+24)
  • via Twitter : de 7% à 16% (+9)

Par ailleurs, 66% des collaborateurs conseillent leurs élus sur l’utilisation des médias sociaux.

Vers une maturité de la communication numérique des parlementaires ?

Certes, l’efficacité de la communication numérique des administrés – auprès de tous les élus – fait des gains importants :

  • +41 points : contact à travers leurs blogs
  • +15 points: contact le biais des réseaux sociaux
  • +11 points: contact par le biais de microbloging
  • +8 points: contact par le biais de microbloging

Et, la communication numérique des élus fait – auprès de tous les élus – une croissance à deux chiffres :

  • Facebook : 4 fois plus de temps d’usage depuis trois ans (62% actuellement contre 15%)
  • Bloging : près de trois fois l’utilisation depuis trois ans (46% vs 16%)
  • Twitter: plus de cinq fois l’utilisation depuis trois ans (38% vs 7%)

Mais, les tendances pour les 3 prochaines années – auprès de tous les élus – marquent le pas et tendent à montrer une relative maturité des usages :

  • Blogs : de 46% d’utilisation aujourd’hui à 50% dans 3 ans (+4)
  • Facebook : de 62% d’utilisation aujourd’hui à 52% dans 3 ans (-10)
  • Twitter : de 38% d’utilisation aujourd’hui à 45% dans 3 ans (+7)

Palmarès des eurodéputés français sur Facebook et Twitter

Voici un rapide tour d’horizon de la présence des eurodéputés français sur les deux principaux réseaux sociaux : Facebook et Twitter…

Principaux résultats : une large majorité est présente sur Facebook, un tiers dispose de comptes Twitter

Sur 72 eurodéputés français :

  • 66% soit 48 sont sur Facebook : la très grande majorité à travers un profil, quelques-uns via un groupes ou une fan page (24 n’y sont pas présents) ;
  • 33% soit 24 sont sur Twitter : une petite minorité n’a pas mis à jour son compte depuis la fin de la campagne en juin 2009 (48 n’y sont pas présents) ;
  • 27% soit 20 ne sont présents sur aucun de ces deux réseaux sociaux.

Comparaison en demi-teinte avec le reste des eurodéputés : meilleurs sur Facebook, moins bons sur Twitter

Selon le travail de l’équipe web du Parlement européen : « Writing for (y)EU » dans “How many MEPs use social media? A tentative update” :

Sur 736 eurodéputés :

  • 401 sont sur Facebook, soit 55% : les eurodéputés français sont au dessus de la moyenne européenne ;
  • 230 sont sur Twitter, soit 31% : les eurodéputés français sont sous la moyenne européenne.

Classement par groupes politiques : les élus Verts sont les plus actifs, les élus UMP les moins présents

Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (Modem) :

  • 3 eurodéputés sont présents à la fois sur Facebook et Twitter : Nathalie GRIESBECK, Robert ROCHEFORT et Corinne LEPAGE, avec le seul « verified account » Twitter de tous les eurodéputés français
  • option Facebook seul pour Marielle DE SARNEZ
  • un member non présent : Sylvie GOULARD

Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne (Parti communiste et Front de gauche)

  • 4 sur 5 sont sur Facebook
  • Patrick LE HYARIC, Directeur de L’Humanité est également sur Twitter

Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (Parti socialiste) :

  • 64% sur Facebook
  • 50% sur Twitter, mais quelques comptes abandonnés après la campagne électorale
  • 6 « cumulards » se classant parmi les plus connus : Catherine TRAUTMANN, Harlem DÉSIR, Henri WEBER et Vincent PEILLON

Groupe des Verts/Alliance libre européenne : (Europe Ecologie) : les élus les plus actifs

  • 12 sur 15 sur Facebook (proportionnellement les plus nombreux)
  • 8 sur 15 sur Twitter
  • 6 sur 15 « cumulards » (proportionnellement les plus nombreux) : Sandrine BÉLIER, Daniel COHN-BENDIT, Karima DELLI, Eva JOLY (compte Twitter seulement réservé), Hélène FLAUTRE, Yannick JADOT et Michèle RIVASI

Groupe du Parti Populaire Européen (UMP) : quoique la 1e force politique avec 29 membres, les élus les moins présents :

  • 10 soit 34% n’assurent aucune présence (un record absolu et relatif)
  • 62% sur Facebook
  • 17% sur Twitter
  • 4 cumulards : Damien ABAD, Christophe BÉCHU, Philippe JUVIN et Pascale GRUNY

Non inscrits : 2/3 sur Facebook, mais présence périphérique aux affaires européennes

Les données brutes recueillies sont disponibles en téléchargement pour affiner les résultats au fil du temps :

Les publics cibles de la communication européenne : la défaillance des médiateurs naturels (1/2)

Afin de réduire le déficit démocratique de la construction européenne, la communication avec les citoyens constitue l’une des priorités de la Commission européenne. Cette stratégie devrait logiquement s’appuyer sur des médiateurs puisqu’en dépit d’un usage massif d’Internet, la Commission n’a pas les moyens de toucher directement les citoyens. Pourtant, les médiateurs naturels sont défaillants…

S’attaquer à la stérilité conjoncturelle des relations conflictuelles entre l’UE et ses médiateurs naturels pour lutter contre la fébrilité structurelle de l’information sur l’Europe

D’une part, l’actualité récente montre que la Commission européenne semble maladroitement s’être installée dans une logique stérile de concurrence avec les émetteurs d’information sur l’Europe, notamment les journalistes.

D’autre part, le constat durable en matière d’information ou de communication sur l’Europe est implacable : aucun émetteur – et à fortiori la Commission européenne – n’a réussi jusqu’à présent à sortir d’une fébrilité structurelle.

Il est impératif que les communicants de l’UE réapprennent à travailler avec les médiateurs naturels de l’UE, compris comme :

  • autorité morale : l’UE doit reconnaître ses médiateurs comme des parties indépendantes, respectueuses des diversités, capables de susciter la confiance et l’intérêt de leurs propres publics ;
  • autorité de compétences : l’UE doit être en mesure de mettre à la disposition de ses médiateurs des experts qui offriront leur capacité pour faire comprendre les enjeux, pour susciter et garantir le dialogue ;
  • autorité de représentation : l’UE doit se convaincre que le principe de subsidiarité s’applique particulièrement bien en communication, avec les relais et réseaux nationaux et locaux.

S’attaquer à la défaillance des médiateurs naturels de l’UE pour réduire le déficit démocratique de l’information sur l’Europe

Deux approches doivent être conjointement poursuivies auprès des médiateurs :

  • approche partenariale avec les médiateurs étatiques et institutionnels ;
  • approche servicielle auprès des journalistes, des enseignants et des élus locaux ;

D’une part, la stratégie « Communiquer sur l’Europe en partenariat », lancée en octobre 2007 par Margot Wallström doit être confortée :

  • le partenariat stratégique entre les institutions communautaires doit rapidement déboucher sur une réunion du Groupe interinstitutionnel de l’information (GII) pour déterminer les priorités annuelles communes en matière de communication ;
  • le partenariat de gestion avec les États membres doit rapidement doit rapidement déboucher sur l’objectif dès 2010 de conclure 27 contrats (4 États membres n’ont pas encore mis en place de partenariats : Luxembourg, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni et les 23 autres partenariats devront faire l’objet d’une reconduction) ;
  • le partenariat de collaboration avec la société civile proposé dans une résolution « Dialogue actif avec les citoyens sur l’Europe » adoptée en session plénière, mardi 24 mars 2009 par le Parlement européen doit rapidement déboucher sur des propositions concrètes et réalistes de la Commission européenne.

D’autre part, l’approche servicielle – au-delà de la fourniture d’informations et de données d’actualité – consistant à fournir des prestations facilitant le travail des médiateurs doit également être appuyée :

  • des formations pour les journalistes qui ne sont pas correspondant à Bruxelles afin de leur permettre de mieux comprendre les institutions communautaires ;
  • des formations aux futurs corps enseignants afin de leur permettre de mieux enseigner l’éducation civique européenne ;
  • des formations pour les élus locaux à travers des outils pour mieux connaître le fonctionnement de l’UE et des messages pour se valoriser en parlant de l’UE.

Ainsi, face à « la contradiction fondamentale de la communication institutionnelle européenne » :

  • un public « réel » restreint qui a besoin d’une information de qualité, abondante ;
  • un public « convoité », constitué d’opinions publiques fragmentées, globalement désintéressées par les questions européennes et qui ont le sentiment de n’y rien comprendre ;

une réconciliation entre l’UE et ses médiateurs naturels permettrait de mieux informer les citoyens.