Archives annuelles : 2010

Faut-il parler d’un « journalisme citoyen européen » ?

La sortie récente d’un dossier de l’Observatoire géostratégique de l’information « Médias et Europe » sous la direction d’Eddy Fougier, chercheur associé à l’IRIS, relance le débat sur l’existence éventuelle d’un « journalisme citoyen européen »…

Sous l’angle du public, le journalisme citoyen européen existerait : les euro-bloggeurs sont des médiateurs de l’information européenne

Thèse défendue par Eddy Fougier, l’Europe offrirait un nouvel espace pour le « journalisme citoyen ».

Par leur volonté de décrypter « une actualité souvent complexe, mais importante, à destination d’un public dont l’intérêt n’est pas toujours acquis d’avance », les euro-blogeurs et, au-delà, l’ensemble des parties prenantes au débat européen joueraient un « rôle d’intermédiaire entre le fait brut européen et le public », rôle qui ne serait donc « plus monopolisé par le journaliste et l’expert professionnel ».

Par leur « démarche de type bottom-up en partant des citoyens et des États, plutôt que des institutions européennes et de leur agenda », les euro-blogueurs « combleraient un vide qui existe entre, d’un côté, la masse des citoyens passifs et largement indifférents vis-à-vis de l’actualité européenne qui sont informés par les grands médias et, de l’autre, des professionnels de l’Europe informés par une presse spécialisée très technique, institutionnelle et bruxelloise ».

Ainsi, l’existence de ce « journalisme citoyen européen » naissant via des blogs individuels ou collectifs comme 27etc sur slate ou des sites internet participatifs apparaît, selon Eddy Fougier, « donc plutôt comme une bonne nouvelle pour la démocratie européenne ».

Sous l’angle du métier, le journalisme citoyen n’existe pas : les internautes sont des interlocuteurs-contributeurs face aux journalistes

Thèse récemment défendue par Axelle Tessandier sur ReadWriteWeb : « un internaute ne sera jamais journaliste ».

Rien ne sert de reprendre toutes les différences fondamentales (activité récréative vs. activité rémunérée, point de vue particulier vs. point de vue général, prisme de l’information vs. prisme de l’opinion…) entre l’exercice du blog et celui du journalisme, que François Guillot avait exposé lors d’un colloque en septembre dernier : « les blogs sont des médias, mais les blogueurs ne sont pas des journalistes ».

Rien n’empêche pour autant de reconnaître que les blogs contribuent à reposer la question du métier de journaliste. Pour Axelle Tessandier, « lorsque les points de vue s’échangent pour s’enrichir, cela créer sans aucun doute une nouvelle façon de s’informer » et les rôles de contributeur et d’interlocuteur des internautes auprès des journalistes ne sont plus à remettre en cause.

Ainsi, l’existence de ces contributeurs-interlocuteurs émergeant dans les médias sociaux constitue le « journalisme conversationnel » comme « un fait inéluctable » et même « un bienfait ».

Sous l’angle de la finalité, euro-blogeurs et journalistes sur l’Europe réalisent une « information européenne 2.0 »

En raison des risques et des dérives du terme de « journalisme citoyen », la notion d’« information européenne 2.0 » correspond davantage à la réalité de l’éco-système médiatique européen.

D’une part, les journalistes professionnels conservent les médias susceptibles de remplir les missions d’« agenda setting » pour fixer la hiérarchie des priorités et de « gate keeper » pour sélectionner les sujets traités.

D’autre part, les euro-blogeurs disposent de médias capables de proposer des angles originaux et de contribuer aux débats.

Ainsi, pour reprendre l’interview de Julien Frisch à CaféBabel, « les blogs citoyens ne peuvent pas remplacer le journalisme professionnel, car les enquêtes demandent du temps et de l’argent. Mais les blogs peuvent aider à comprendre ce qui se dit à l’intérieur d’organes officiels ».

Au fond, si les euro-blogueurs et les journalistes sur l’Europe partagent le même but de rendre plus transparent l’UE alors de ces interactions interpersonnelles naîtra une « information européenne 2.0 ».

Quelle image dégage la page d’accueil du site du Parlement européen ?

Vitrine par excellence sur Internet, la page d’accueil d’un site web dégage une image instructive, comme le lancement de la nouvelle page d’accueil du site de la Commission européenne le 1er février dernier l’avait révélé. Qu’en est-il pour celle du site du Parlement européen, notamment en comparaison d’autres assemblées parlementaires américaines ou françaises ?

La barre de navigation principale : une synthèse originale combinant informations « froides » et « chaudes »

L’analyse de la barre de navigation principale du site du Parlement européen indique un positionnement original au regard des sites du Sénat américain et de la Chambre des Représentants :

  • Contrairement au site du Sénat américain qui met l’accent sur le temps long (Senators / Committees / Legislation and Records / Arts and History / Visitors / Reference), le site du Parlement européen – ses membres sont élus au suffrage universel direct depuis 1979 seulement – met davantage l’accent sur le temps court (Actualité / Le Parlement / Vos députés / Activités / EP Live).
  • Contrairement à l’approche autour de l’activité politique pour le site de la Chambre des Représentants (Representatives / Committees / Leadership / House Organizations), le site du PE adopte une approche plus institutionnelle (Actualité / Le Parlement / Vos députés / Activités / EP Live).

Les rubriques : une pratique complète associant rubriques éditoriales et fonctionnelles

L’analyse des rubriques – par leur diversité – tend à rapprocher le site du Parlement européen des sites des assemblées parlementaires françaises :

  • Comme le site de l’Assemblée nationale, qui met en avant de nombreux contenus éditoriaux (liste d’articles à la une, « dossiers en cours », vidéos), le site du PE y consacre également une large partie de ses écrans successifs puisqu’il faut scroller pour consulter toute la page.
  • Comme le site du Sénat français, qui multiplie les liens rapides (colonne de droite) et rassemble les différentes présences sur les réseaux sociaux dans une boîte « Restons connectés », le site du PE y consacre également une large place (1e colonne de gauche et dernière colonne à droite).

Les Header et Footer : des zones en devenir, à l’image d’une institution jeune

Points faibles du site du Parlement européen, Header et Footer se distinguent des autres sites :

  • un Header sans visuel : la bannière en haut de page est très pauvre sur le plan graphique contrairement à l’ensemble des autres sites qui illustrent avec des clichés des monuments historiques qui accueillent les institutions ;
  • un Footer vide : le bas de page, qui permet de « poser » la page avec une série de liens sur tous les autres sites est vide comme si les fondations de l’institution n’étaient pas montrées.

Comment faciliter une bonne couverture médiatique aux Conseils européens ?

Sommets des chefs d’État ou chefs de gouvernement des vingt-sept Etats-membres, les Conseils européens qui se réunissent au moins 4 fois par an ont pour but de « définir les grands axes de la politique de l’Union ». Ces Conseils européens font normalement l’objet d’une prise en charge ponctuelle de la part des médias nationaux qui « couvrent l’événement ». Encore faut-il se conformer aux attentes et pratiques des journalistes…

Faciliter « l’effet d’agenda » des médias ou comment éviter la dispersion des actions

Afin de faciliter la mise sur l’agenda médiatique d’un Conseil européen, il faut d’abord que les acteurs concernés – tant les institutions européennes que les chefs d’Etat ou chefs de gouvernement – ne multiplient pas les initiatives européennes hors champ à la veille du Conseil européen afin d’imposer cet événement à l’agenda des médias.

À cet égard, pour ne prendre que la situation française, la mise sur l’agenda médiatique du dernier Conseil européen des 28 et 29 octobre a été perturbée pour les médias français par deux initiatives quasi-concomitantes du chef de l’Etat. D’une part, le sommet sur la sécurité Sarkozy, Merkel et Medvedev à Deauville les 18 et 19 octobre et, d’autre part, le partenariat « historique » entre la France et le Royaume-Uni en matière de défense signé le 2 novembre.

Pour que les médias puissent porter l’attention de leurs publics sur le Conseil européen, sans risque de dispersion, les acteurs européens doivent concentrer leurs prises de parole sur cet événement.

Accompagner « l’effet de cadrage » des médias ou comment éviter la confusion des conclusions

Afin de faciliter la lisibilité des enjeux du Conseil européen, il faut ensuite que les acteurs européens ne multiplient pas les interprétations pendant le Conseil européen afin de proposer une clé de lecture globale de cet événement aux médias, un Conseil européen devant répondre à un enjeu : clés de lecture sous l’angle du contexte (exemples : résoudre la crise en Géorgie en 2008, répondre à la crise financière en 2008…) ; clés de lecture sous l’angle de la responsabilité (exemples : adopter le paquet climat-énergie avant le Sommet de Copenhague en 2008, adopter le plan d’aide à la Grèce en 2010…).

À cet égard, le dernier Conseil européen ne brille pas par la clarté des conclusions : une avancée ? Cf. Jean Quatremer : « L’Union européenne pérennise le Fonds européen de stabilisation financière » mis en place pour le plan de sauvetage de la Grèce ;

  • un recul ? Cf. France24 : « Les Vingt-Sept se résignent à une réforme « limitée » du traité de Lisbonne », nécessaire justement pour établir ce « mécanisme permanent de gestion de crise pour préserver la stabilité financière de la zone euro ».
  • un danger ? Cf. Gilles Savary : « Le Conseil européen de tous les dangers » ;
  • une victoire ou une défaite pour Angela Merkel, qui n’a pas pu imposer toutes ses propositions ?

Pour que les médias puissent proposer un cadre d’analyse lisible sur le Conseil européen, les acteurs européens doivent suggérer la nature des enjeux et le cadre interprétatif global.

Ainsi, du point de vue des acteurs européens, la couverture médiatique d’un Conseil européen repose sur leur capacité à concentrer leurs propositions en amont et leurs interprétations en aval sur un enjeu susceptible de créer une unanimité éditoriale sur la manière dont il doit être perçu et rendu auprès du public.

Euronews, futur service public européen de l’information européenne ?

Alors que la question « un service public européen de l’information, une solution ? » lancée par Jean-Sébastien Lefebvre après un MédiaCafé “Europe, no medium, no message“ à Bruxelles la semaine dernière, Euronews – la télévision européenne d’information – pourrait-elle remplir cette mission ?

Propositions de la Commission européenne pour renforcer « la seule chaîne de TV qui propose un angle journalistique européen et qui réserve un temps d’antenne considérable aux affaires européennes »

Dans son rapport 2010 sur la citoyenneté de l’Union, la Commission européenne formule 25 propositions pour « lever les obstacles à l’exercice des droits des citoyens de l’UE » dont la dernière concerne plus particulièrement Euronews :

  • financement plus durable par la Commission d’Euronews pour « rendre compte des affaires européennes dans l’information des citoyens de l’Union et la réflexion publique européenne » ;
  • mise en place d’un studio bruxellois pour Euronews pour « rendre directement compte de l’actualité depuis la capitale de l’UE », probablement d’ici avril 2011.

Selon Euractiv.com « Commission wants to boost Euronews TV channel », « avec une part plus élevée de financement provenant du budget de l’UE, l’indépendance de la chaîne peut être remise en question ». D’ailleurs, dans le rapport, la Commission dicte déjà la ligne à suivre, en précisant qu’Euronews « devrait améliorer son format en vue d’avoir un impact et une réputation comparables à ceux d’autres grandes chaînes d’information internationales ».

Effectivement, la conclusion du rapport – « le chemin sera encore long avant que l’on puisse parler d’un véritable paysage médiatique européen qui suscite des débats approfondis sur les politiques de l’UE » – sonne d’autant plus juste si l’indépendance éditoriale d’Euronews est affectée.

Actions d’Euronews pour renforcer son statut de média TV international : déclinaisons persane, turque et arabe en 2010 ; ukrainien en 2011

Diffusée aujourd’hui dans 155 pays par le biais de satellites et atteint près de 335 millions de foyers dans le monde, la chaîne fonctionne actuellement en 10 langues (allemand, anglais, arabe, espagnol, français, italien, portugais, russe, turc et perse) :

  • Avec les langues persane (lancée le 20 octobre 2010), turque (lancée le 30 janvier 2010) et arabe, Euronews est diffusée dans les trois langues majeures d’Afrique du nord, du Proche et du Moyen Orient, et se positionne comme une chaîne exemplaire du dialogue interculturel euro-méditerranéen au sens large du terme.
  • Avec le lancement d’un service ukrainien en 2011, « Euronews, pour la 1e fois, produira des programmes locaux liés à l’information nationale » et se positionnera comme une chaîne d’influence européenne au sein d’un régime russophone.

Ainsi, tant les actions d’Euronews que les propositions de la Commission européenne positionnent peu à peu cette chaîne comme un service public européen de l’information européenne.

« L’Europe s’engage » : vaste campagne TV sur les fonds européens en France

Dans le cadre du partenariat de communication entre la France et les institutions de l’UE, une vaste campagne de communication est lancée aujourd’hui pour communiquer sur les fonds européens…

Réédition et actualisation de la campagne de communication « J’avance avec l’Europe » réalisée en 2008 sur les fonds européens

À l’occasion de la signature du partenariat de communication en 2008, une campagne TV grand public sur les réalisations concrètes des fonds structurels européens, intitulée « J’avance avec l’Europe » avait été réalisée pour la 1e fois de manière interministérielle par les ministères qui gèrent les programmes européens en France.

  • une série de 13 programmes courts diffusés du 27 octobre au 30 novembre 2008 sur TF1, M6 et RFO aux heures de forte audience,
  • un site d’information relais, « J’avance avec l’Europe » pour visionner les vidéos, présenter les programmes et les fonds européens et renvoyer vers leurs sites dédiés.

Fort de cette campagne qui avaient porté des résultats encourageants en termes de connaissance sur les aides concrètes que l’Europe peut apporter au quotidien sur le plan individuel et collectif, le partenariat de communication en 2010 s’oriente vers la rediffusion des spots TV actualisés : sur l’emploi, l’innovation, la création d’entreprises, la formation professionnelle, le développement durable et le développement rural (en métropole et dans les DOM).

Diffusion de la nouvelle campagne « L’Europe s’engage » en 2010 pour un montant de près de 2 millions d’euros

Du 25 octobre au 27 novembre 2010, sur les grandes chaînes nationales, 6 programmes courts de 45’ inspirés de parcours réussis de bénéficiaires des aides européennes – afin de montrer les opportunités offertes par l’UE auprès de toutes les tranches de la population (associations, étudiants, entreprises, volontaires, chômeurs) – seront diffusés :

  • 5 programmes courts sur les aides proposées grâce aux FEDER (innovation des PME et soutien aux projets de coopération), FSE (emploi des jeunes et soutien à la création d’activité) et FEADER (agriculture respectueuse de l’environnement),
  • un 6ème programme court dédié à l’action de l’Europe en faveur de l’Outre-Mer grâce au FEDER/DOM.

Par ailleurs, avec un budget de 1,95 millions d’euros co-financés par le Ministère de l’Economie/FSE, la DATAR, le Ministère chargé de l’Outre-Mer/FEDER DOM, le Ministère de l’Agriculture/FEADER et la Commission européenne (150 000€), sont également réalisés :

  • un site internet www.leuropesengage.eu utilisant la même charte graphique que le site récemment lancé www.europe-en-france.gouv.fr avec toutes les vidéos et un compte Twitter,
  • un kit de communication pour assurer la déclinaison de la campagne au plan local (affichettes, bannières web, annonces presse, dossier de presse sonore, communiqués de presse type).

Alors que les dernières actualités sur la communication de la politique régionale y plaidaient :

la campagne de communication sur les fonds européens en France est une excellente initiative.