Archives mensuelles : juin 2009

Communication « politique » du président de la Commission européenne sur les futures élections européennes

Dans une dépêche datée du 9 juin 2009, l’AFP a obtenu une copie d’un projet de discours du président de la Commission européenne faisant état de propositions fortes pour les prochaines élections européennes de 2014. Lors de la conférence de presse organisée le 10 juin 2009, le discours officiel de José Manuel Barroso n’a finalement pas repris les propositions ayant « fuitées » à l’AFP…

Une méthode de communication politique relativement rare au sein de la Commission européenne

Candidat officiel à un second mandat depuis les résultats des élections européennes et la victoire du PPE, José Manuel Barroso ou son entourage semble avoir laissé « fuiter » des propositions visant à « réviser le système pour la prochaine consultation en 2014 ». Une méthode de communication politique relativement rare au sein de la Commission européenne.

Des propositions de réforme relativement politiques de la part de la Commission européenne

Le président de la Commission suggère dans son projet de discours de « voter le même jour, par exemple le 9 mai, dans tous les pays de l’UE » afin d’éviter que sur plusieurs jours de scrutin, les premiers pays ayant voté rendent public leurs résultats nationaux avant la fin du scrutin dans les autres pays.

En effet, les Européennes de 2009 se sont déroulées sur quatre jours, du 4 au 7 juin, et les Néerlandais, qui ont voté les premiers avec les Britanniques, ont rendu public leurs résultats nationaux avant la fin du scrutin dans les autres pays. Ces deux pays ont été marqués par une poussée de l’extrême droite.

Le président de la Commission déplore par ailleurs l’absence de « véritables » campagnes électorales européennes et le fait que très peu de citoyens résidant dans un autre État se soient inscrits dans ce pays pour participer au scrutin.

Bilan : Alors que les eurodéputés seront amenés à valider la nomination de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne pour un second mandat, on peut penser que le président de la Commission européenne n’a pas souhaité prendre le risque de contrarier les eurodéputés en portant un jugement officiel sur leur campagne alors qu’il allait formuler une proposition forte visant à faire voter tous les Européens le même jour, à l’occasion de la Journée de l’Europe, le 9 mai…

2011 : Année européenne du volontariat ?

Quelques jours avant les élections européennes, la Commission européenne a décidé de faire de 2011 l’Année européenne du volontariat. Le Conseil et le Parlement européen devraient entériner cette proposition l’année prochaine…

Constats

Dans l’Union européenne, des millions de citoyens font du volontariat, c’est :

  • une contribution d’un peu de temps libre à l’échelle des citoyens ;
  • une acquisition alternative de connaissances et des compétences à caractère professionnel ;
  • une expression active de la participation civique consolidant les valeurs européennes communes.

Le volontariat occupe une grande place dans des secteurs aussi divers que l’éducation, la jeunesse, la culture, le sport, l’environnement, la santé, l’aide sociale, la protection des consommateurs, l’aide humanitaire, la politique de développement, la recherche, l’égalité des chances, ou encore, les relations extérieures… autant de domaines d’intervention de l’UE.

Objectifs

Faire de 2011, l’Année européenne du volontariat aidera les États membres, de même que les communautés régionales et locales et la société civile, à atteindre les objectifs suivants :

  • travailler à l’instauration de conditions propices au volontariat dans l’Union européenne ;
  • donner aux organisations vouées au volontariat les moyens d’agir et améliorer la qualité de ce dernier ;
  • récompenser et reconnaître les activités de volontariat ;
  • sensibiliser l’opinion publique à la valeur et à l’utilité du volontariat.

Méthode

Selon le communiqué, puisque « le volontariat renferme un potentiel immense – mais jusqu’ici sous-exploité – pour le développement socio-économique de l’Europe », la Commission européenne « espère que cette démarche débouchera sur une meilleure appréhension de sa valeur ajoutée », dans le contexte de crise.

Budget

6 millions d’euros seraient alloués à l’Année européenne du volontariat et 2 millions supplémentaires aux travaux préparatoires, qui commenceront en 2010.

Communication

Les actions de communication à l’initiative de l’UE devraient porter essentiellement sur une communication de sensibilisation « du grand public européen », i.e. essentiellement les journalistes accrédités et la société civile organisée :

  • organisation de conférences, séminaires…
  • publication de documents favorisant l’échange d’enseignements sur les meilleures pratiques tirés de l’expérience.

Les actions de communication à l’initiative des structures de coordination nationales dans les États membres devraient porter essentiellement sur une communication de mobilisation « des parties prenantes », i.e. les volontaires et les organisations de volontariat :

  • organisation de labellisation d’activités, de célébrations…
  • financement de projets inscrits dans les programmes d’action communautaires et liés au volontariat, dont le programme Jeunesse en action.

La diffusion du documentaire "Home" sur France 2 a-t-elle influencé le vote aux élections européennes ?

Les faits

Home, le documentaire de Yann Arthus-Bertrand consacré à l’environnement, a réuni 8,3 millions de téléspectateurs en moyenne, vendredi 5 juin en prime time sur France 2, soit 33% de part d’audience.

Europe Écologie, la liste emmenée par Daniel Cohn-Bendit a obtenu 16,28% des voix aux élections européennes, en troisième position derrière l’UMP et à 34.760 voix seulement du Parti socialiste.

Le débat

Nombre d’observateurs et de personnalités n’en doutent pas lundi, au lendemain du scrutin, que la diffusion du documentaire à influencer le scrutin.

Sur Europe 1, Yann Arthus-Bertrand reconnait que la diffusion de son film, à l’occasion de la journée mondiale de l’Environnement, a réveillé la fibre « verte » des électeurs appelés aux urnes pour les européennes : « Bien sûr qu’on a donné des voix » à la liste Europe Ecologie.

Sur RTL, Daniel Cohn-Bendit ne contredit pas cette version des faits : « Il y a une sensibilité écologiste en France. Cette sensibilité a été activée ou réactivée sûrement par un film comme Home, c’est possible ».

L’enseignement

Ainsi, alors que la théorie nous apprenait que la disjonction entre l’information médiatique et la communication politique était aussi coûteuse pour le politique qu’était profitable leur éventuelle conjonction, la pratique avec cet épisode de la campagne électorale des élections européennes nous apprend que la conjonction entre programmation télévisée et programmatique partisane peut se révéler également profitable

Résultats des élections européennes : quelles leçons en communication politique ?

Alors que les résultats du scrutin européen sont dorénavant connus et que l’abstention reste la gagnante tant annoncée avec un taux de participation de 43.09% à l’échelle des Vingt-Sept, contre 45.47% en 2004, quelles sont les principales leçons de la campagne, en France, en matière de communication politique ?

Pour les verts, une communication pro-active sur les enjeux européens, crédible en matière de candidats et cohérente en termes de programme

A l’échelle européenne, le groupe des Verts est le seul à voir le nombre de ses eurodéputés augmenter de 43 à 60 membres avec un score passant de 5,5% en 2004 à 7,1% en 2009.

Les gagnants du scrutin européen se sont appuyés sur un positionnement fort reposant sur :

  • la prise de conscience croissante des thèmes environnementaux chez les citoyens européens ainsi que par un ras-le-bol des grands partis, à droite comme à gauche ;
  • un véritable programme européen (le Green New Deal) ;
  • des candidats certes issus d’horizons divers mais fortement unis autour de la défense de la cause écologiste ;

Pour la droite, une communication relativement active sur l’Europe centrée sur la personnalité du leader national et axée sur quelques propositions clés

Le succès électoral de la droite en Europe est sans appel avec une première place à 35,7% des voix : 43% pour le Parti populaire espagnol, 38% pour la CDU-CSU en Allemagne, près de 40% pour le PDL en Italie, 28,5% pour l’UMP en France…

Les recettes de la communication des conservateurs européens reposent sur :

  • implication forte des leaders nationaux sans campagne à l’échelle européenne du candidat Barroso à la tête de la Commission européenne ou du Parti populaire européen ;
  • position ferme par rapport à l’entrée de la Turquie dans l’Union ;
  • promotion d’une Europe de la protection (tribune « Pour une Europe qui protège » de N. Sarkozy, A. Merkel dans le Journal du dimanche) qui a le double mérite de préempter un thème de gauche (triangulation programmatique réalisée) et de donner le sentiment que la crise est bien gérée par les majorités conservatrices (adhésion partisane renforcée).

Pour la gauche, une communication relativement passive sur l’Europe, relayant un programme européen non incarné par un candidat alternatif à la tête de la Commission européenne

Partout en Europe, la social-démocratie recule ou stagne – le score passe de 27,6% en 2004 à 22,1% en 2009 : en France, le PS chute à 16,8%, les sociaux-démocrates allemands ne récoltent que 20,8%. Seules des victoires modestes sont enregistrées en Suède, au Danemark et en Grèce…

Les handicaps de la communication des sociaux-démocrates européens sont de plusieurs ordres :

  • aucun changement de logiciel politique (cf. crispation autour d’un programme commun, le « manifesto », qui n’a pas su renouveler le cocktail de troisième voie blairiste et de néo keynesianisme face aux enjeux écologiques et technologiques) ;
  • aucun changement de personnel politique (cf. hésitation à présenter un candidat alternatif à Barroso à la tête de la Commission européenne).

Pour les extrêmes, une communication quasi inexistante sur l’Europe, hyper personnalisée et concentrée sur des polémiques partisanes nationales

Les forces extrêmes à droite ou à gauche régressent, notamment au profit de liste qui viennent grossir le nombre d’euro-députés « non inscrit » dans un groupe politique (91 NI selon le site du Parlement européen).

Dans les médias, les campagnes électorales de ces partis se sont souvent limitées à la communication personnelle (partisane et nationale) de leur leader, parfois même pas candidat sur leurs propres listes européennes.

Ainsi, appelée à commenter les résultats des élections européennes, Margot Wallström, Commissaire européenne en charge de la stratégie de communication indique sur Euronews : « Je pense que ce que nous avons vu jusque-là, c’est un débat qui a été essentiellement national, et dans de nombreux Etats membres, les médias ont porté un regard essentiellement national sur ce scrutin. Alors bien sûr, si tous les échecs sont imputés à Bruxelles et si les succès sont nationaux, si pendant les quatre années et dix mois de la mandature, on parle très peu des thèmes européens et que l’on espère pouvoir mobiliser l‘électorat seulement les deux derniers mois, eh bien cela s’avère très, très difficile. »

Eurobaromètre : « Les Français et la construction européenne » : confirmation de la « fracture européenne »

La Représentation de la Commission européenne en France publie une enquête Eurobaromètre (EB Flash no 230) sur les Français et la construction européenne. A quelques jours des élections européennes, les principaux résultats de cette enquête d’opinion semblent confirmer la « fracture européenne » analysée par le député Michel Herbillon.

Perception de la construction européenne : confirmation de la fracture socio-économique

Certes, une très large majorité des Français interrogés se déclarent toujours favorables à la construction européenne.

Mais les disparités socio-économiques sont toujours fortes :

  • les étudiants (91%), les 15-24 ans (82%), les Français ayant un haut niveau d’études (80%) et ceux vivant dans les grandes villes (79%) sont les plus enthousiastes ;
  • les Français ayant un faible niveau d’études sont plus sceptiques.

Attentes à l’égard de la construction européenne : confirmation de la fracture démocratique

Plus de sept Français sur dix estiment que la construction européenne est trop éloignée des préoccupations des citoyens (72%).

Près de quatre Français sur cinq (78%) considèrent que la construction européenne se fait sans que les peuples soient suffisamment consultés.

La majorité des Français (57%) considèrent que la construction européenne a peu d’impact sur leur vie quotidienne.

Information sur la construction européenne : confirmation du déficit de médiation des hommes politiques et de la presse

Plus de deux-tiers des Français disent ne pas se sentir bien informés sur le fonctionnement de l’Union européenne (69%) alors qu’un quart des Français se disent tout à fait (23%) bien informés sur la vie politique française.

Environ trois-quarts des Français estiment que les hommes politiques français devraient davantage leur parler de l’Union européenne (76%,).

Sept Français sur dix estiment de manière similaire que les médias devraient davantage leur parler de l’Union européenne (71%).

Ainsi, la relation entre les Français et l’Europe révèle de multiples fractures, que la campagne des élections européennes n’aura pas suffisamment comblées.