Alors que les résultats du scrutin européen sont dorénavant connus et que l’abstention reste la gagnante tant annoncée avec un taux de participation de 43.09% à l’échelle des Vingt-Sept, contre 45.47% en 2004, quelles sont les principales leçons de la campagne, en France, en matière de communication politique ?
Pour les verts, une communication pro-active sur les enjeux européens, crédible en matière de candidats et cohérente en termes de programme
A l’échelle européenne, le groupe des Verts est le seul à voir le nombre de ses eurodéputés augmenter de 43 à 60 membres avec un score passant de 5,5% en 2004 à 7,1% en 2009.
Les gagnants du scrutin européen se sont appuyés sur un positionnement fort reposant sur :
- la prise de conscience croissante des thèmes environnementaux chez les citoyens européens ainsi que par un ras-le-bol des grands partis, à droite comme à gauche ;
- un véritable programme européen (le Green New Deal) ;
- des candidats certes issus d’horizons divers mais fortement unis autour de la défense de la cause écologiste ;
Pour la droite, une communication relativement active sur l’Europe centrée sur la personnalité du leader national et axée sur quelques propositions clés
Le succès électoral de la droite en Europe est sans appel avec une première place à 35,7% des voix : 43% pour le Parti populaire espagnol, 38% pour la CDU-CSU en Allemagne, près de 40% pour le PDL en Italie, 28,5% pour l’UMP en France…
Les recettes de la communication des conservateurs européens reposent sur :
- implication forte des leaders nationaux sans campagne à l’échelle européenne du candidat Barroso à la tête de la Commission européenne ou du Parti populaire européen ;
- position ferme par rapport à l’entrée de la Turquie dans l’Union ;
- promotion d’une Europe de la protection (tribune « Pour une Europe qui protège » de N. Sarkozy, A. Merkel dans le Journal du dimanche) qui a le double mérite de préempter un thème de gauche (triangulation programmatique réalisée) et de donner le sentiment que la crise est bien gérée par les majorités conservatrices (adhésion partisane renforcée).
Pour la gauche, une communication relativement passive sur l’Europe, relayant un programme européen non incarné par un candidat alternatif à la tête de la Commission européenne
Partout en Europe, la social-démocratie recule ou stagne – le score passe de 27,6% en 2004 à 22,1% en 2009 : en France, le PS chute à 16,8%, les sociaux-démocrates allemands ne récoltent que 20,8%. Seules des victoires modestes sont enregistrées en Suède, au Danemark et en Grèce…
Les handicaps de la communication des sociaux-démocrates européens sont de plusieurs ordres :
- aucun changement de logiciel politique (cf. crispation autour d’un programme commun, le « manifesto », qui n’a pas su renouveler le cocktail de troisième voie blairiste et de néo keynesianisme face aux enjeux écologiques et technologiques) ;
- aucun changement de personnel politique (cf. hésitation à présenter un candidat alternatif à Barroso à la tête de la Commission européenne).
Pour les extrêmes, une communication quasi inexistante sur l’Europe, hyper personnalisée et concentrée sur des polémiques partisanes nationales
Les forces extrêmes à droite ou à gauche régressent, notamment au profit de liste qui viennent grossir le nombre d’euro-députés « non inscrit » dans un groupe politique (91 NI selon le site du Parlement européen).
Dans les médias, les campagnes électorales de ces partis se sont souvent limitées à la communication personnelle (partisane et nationale) de leur leader, parfois même pas candidat sur leurs propres listes européennes.
Ainsi, appelée à commenter les résultats des élections européennes, Margot Wallström, Commissaire européenne en charge de la stratégie de communication indique sur Euronews : « Je pense que ce que nous avons vu jusque-là, c’est un débat qui a été essentiellement national, et dans de nombreux Etats membres, les médias ont porté un regard essentiellement national sur ce scrutin. Alors bien sûr, si tous les échecs sont imputés à Bruxelles et si les succès sont nationaux, si pendant les quatre années et dix mois de la mandature, on parle très peu des thèmes européens et que l’on espère pouvoir mobiliser l‘électorat seulement les deux derniers mois, eh bien cela s’avère très, très difficile. »