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Quel futur pour l’engagement citoyen avec l’Europe ?

Un rapport de la Banque Mondiale, rédigé avec la pandémie de Covid-19 « Emerging Digital Technologies Create New Risks and Value » dresse une série de prédictions technologiques et d’implications pour des pouvoirs publics qui souhaiteraient pratiquer une gouvernance numérique centrée sur les utilisateurs encore plus d’actualité aujourd’hui. Quelles conséquences pour l’engagement citoyen avec l’Europe ?

Adopter le mouvement d’une « gouvernance numérique » centrée sur l’utilisateur

Internaliser des ressources autour des technologies gouvernementales permet non seulement aux équipes employées de fournir des services publics numériques, mais également d’entraîner les pouvoirs publics à améliorer le traitement des questions de politique numérique.

Face aux capacités des fournisseurs de technologies, les pouvoirs publics, notamment l’Union européenne doit accroître ses capacités à promouvoir et conserver en interne des compétences numériques, afin d’acquérir les diverses compétences nécessaires non seulement pour fournir des services publics axés sur l’utilisateur, mais aussi pour savoir comment faire face aux futures innovations.

Lancer des débats publics sur le « score social » pour s’assurer de faire des choix éclairés

Chaque société dispose de points de vue différents sur le compromis entre la vie privée individuelle et les données publiques des individus et des institutions. Les décideurs publics et les dirigeants de la société civile devraient planifier dès maintenant que les systèmes de notation sociale arriveront bientôt, et leur arrivée posera un dilemme politique important avec des niveaux élevés de notoriété publique.

Pour éviter que des décisions profondément éthiques soient prises à la hâte ou en état de crise, des débats publics devraient être menés dès maintenant sur les frontières entre les utilisations acceptables et inacceptables du scoring social via des méthodes participatives telles que les assemblées de citoyens pour s’assurer que les conclusions qui en découlent sont prises en compte, légitimes et prêtes à être traduites en actes.

Le débat public sur les réglementations qui affectent directement les citoyens, telles que la notation sociale, la prise de décision algorithmique et la protection des données, ne devrait pas être limitée aux gouvernements et à l’industrie technologique. Le fait que certains de ces choix réglementaires soient très techniques ne doit pas être utilisé comme excuse pour ne pas engager le public dans ces choix. Les citoyens seront très directement touchés par la réglementation des principales plates-formes et se méfieront fortement de l’intervention du gouvernement dans presque toutes les circonstances.

Élaborer des politiques numériques informées, robustes et légitimes avec des assemblées de citoyens

Compte tenu de la complexité des enjeux et du problème majeur de faire des choix légitimes, les pouvoirs publics devraient résister à la tentation de limiter leurs pratiques d’engagement à des consultations simplistes limitées aux environnements en ligne. Compte tenu des conséquences profondes des décisions prises, tout processus participatif devrait être soigneusement conçu pour promouvoir l’inclusivité et un jugement éclairé.

Pour réduire la suspicion, l’Union européenne pourrait animer des assemblées de citoyens composées de panels de citoyens choisis au hasard qui délibèrent tout au long d’un processus qui implique que les citoyens se renseignent sur la question en jeu, consultent des experts, entendent les différents points de vue sur la question et participent à des discussions afin de présenter des décisions ou un ensemble de recommandations à l’intention des pouvoirs publics.

Veiller à un engagement numérique régulé, inclusif et accessible des citoyens

L’essor des grandes sociétés transnationales de technologie numérique a donné aux gouvernements des maux de tête réglementaires à l’échelle mondiale. Les gouvernements commencent à prendre des mesures pour se mettre à jour et se reconfigurer face à ces géants aux multiples facettes.

Construire des structures réglementaires pouvant intervenir pour améliorer les résultats de l’engagement des citoyens doit constituer une priorité afin de donner aux citoyens de nouvelles façons ultra-fluides de s’engager avec les structures de pouvoir directement à partir des plateformes de médias sociaux via l’ajout d’outils et de fonctionnalités spécifiquement déployés pour briser et combler les divisions.

À l’époque des données, la participation des citoyens au pouvoir et à la prise de décision doit être facilitée via des services accessibles et gratuits réduisant les obstacles pour les organisations de technologie civique et les entrepreneurs d’accéder aux interfaces de programmation d’applications de médias sociaux pour développer plus de solutions qui favorisent l’engagement des citoyens.

À ce jour, la plupart des initiatives de technologie civique se sont appuyées sur des modèles de participation volontaires et auto-sélectionnés alors qu’il faut promouvoir l’inclusion d’individus peu susceptibles de participer à des mécanismes basés sur l’auto-sélection.

Dans ce cas, la sensibilisation proactive des individus est impérative lorsque les gouvernements souhaitent solliciter des commentaires simples des citoyens (par exemple, la qualité de la prestation de services, les plaintes) afin d’évaluer ses performances sur une base continue en appelant directement ou en envoyant des SMS aux citoyens pour solliciter leurs commentaires sur les services publics qu’ils ont récemment utilisés.

D’autres mesures peuvent être prises lors de la conception d’outils de participation, notamment l’utilisation réfléchie et intelligente de technologie accessible, limitée aux appareils déjà disponibles et largement utilisés par le public cible.

Garder les choses hautement accessibles du point de vue de l’utilisateur n’exclut pas la possibilité d’utiliser des technologies émergentes, notamment des solutions d’IA pour penser à l’interface utilisateur ou le back-office.

Toute conception technologique inclusive nécessite systématiquement plusieurs cycles de recherches et de tests auprès des utilisateurs à mesure que la solution technologique est progressivement développée. La capacité des gouvernements et des militants à mener des recherches et des tests appropriés avec les utilisateurs constitue une compétence essentielle si l’on veut utiliser efficacement les technologies émergentes pour tirer parti des pratiques d’engagement des citoyens.

Les technologies ne sont aussi bonnes que les institutions et les processus dans lesquels elles sont intégrées. Seules de véritables améliorations institutionnelles pourront faire entrer les institutions dans le 21e siècle afin de récolter les avantages des technologies émergentes.

La véritable victoire pour les citoyens aura lieu lorsque les institutions européennes commenceront à modifier leurs règles pour :

  • Mener des exercices de budgétisation participative ;
  • Abaisser le seuil des initiatives citoyennes ;
  • Mandater des assemblées de citoyens pour permettre la co-conception de législation.

Au final, il est temps de donner aux citoyens une voix contraignante dans les processus décisionnels, de la législation à la prestation de services dans un proche avenir.

Quel est l’avenir des plateformes d’activisme numérique ?

Par rapport à l’activiste dans la rue, le « slacktivist » en ligne est souvent apparu comme incapable d’obtenir un quelconque changement par ses activations digitales. Est-ce toujours le cas ?

Discussion sur l’activisme numérique, du point de vue des plateformes digitales

Le podcast Citizen Lobbyist sur l’activisme numérique offre ue discussion passionnante entre le chief campaigner d’Avaaz Louis Morago et l’executive director de WeMove.eu Laura Morago.

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Ce qui importent dans les campagnes digitales

Ce qui se passe après que vous cliquiez (pour signer une pétition), c’est là que commence la vraie histoire. Les pétitions sont des moyens pour partager des idées, quels que soient les outils, pour attirer la couverture médiatique, la viralisation et finalement l’attention des décisionnaires publics.

Ce qui se passe avant la mise en ligne de la pétition est également très important, afin de transformer un enjeu porté par des ONG en demande basique de mise à l’agenda des décideurs publics, qui ait une connexion émotionnelle et un impact évident auprès du grand public, qui soit un lien entre les communautés locales et les opinions publiques, qui se traduise par un call-to-action pour des actions dans la vraie vie et donc qui puisse devenir un combat mené par des avocats pro bono, des investigateurs indépendants, des élus.

Ce que le Covid-19 impacte

Au-delà des souffrances liées à la crise, les gens sont plus ouverts à des changements importants et les responsables politiques à des décisions plus profondes. L’inter-connectivité des enjeux entre la planète, les personnes et les profits (dans cet ordre de priorité) est davantage perçue. La volonté de reconstruire, d’effacer les échecs, de lutter pour davantage de juste apparaissent comme des arguments de poids.

Ce qui comptent pour les citoyens-activistes numériques

La peur, la colère, la défiance ne sont pas des carburants positifs pour le changement ; l’unité est plus important que la confrontation ; le partage des connaissances et le training sont clés ; la prise de responsabilité individuelle compte… afin de devenir des « active citizen » dont les actions comptent.

Conclusions par Alberto Alemanno, expert du citizen lobbying

Conservateurs vs. Progressistes

Premier enseignement : la plupart des personnes qui s’engagent dans une démarche de campagne de plaidoyer en ligne sont plutôt des audiences internationales progressives tandis que les audiences conservatrices s’orientent plutôt vers des mobilisations autour des scrutins nationaux. Du coup, les défis portés par les plateformes de plaidoyer portent plutôt sur des problématiques européanisées ou internationalisées comme le changement climatique.

Démocratie représentative vs. Démocratie participative

Deuxième enseignement : la fracture entre la démocratie représentative et la démocratie participative se réduit, avec des plateformes numériques pour le plaidoyer en ligne qui participent de la politisation et de la visibilisation du poids du soutien du publics sur certains sujets. Du coup, le « dark side » de ces plateformes importe, comme savoir qui met à l’agenda les sujets, qui finance ou qui rend des comptes.

Plateformes communautaires vs. Plateformes partitaires

Troisième enseignement : les plateformes digitales peuvent évoluer de simple courroie de transmission entre les électeurs et les élus de certains sujets sans entrer dans le jeu électoral à des plateformes qui se transforment en partis politiques (le mouvement 5 étoiles, la République en Marche) qui passent de la construction de communautés à la structuration d’un électorat. Du coup, les règles de régulation et fabrication du consensus ainsi que la transparence sont particulièrement nécessaires pour éclairer le public.

Tant l’activisme numérique est en pleine effervescence que le besoin de règles du jeu s’impose, entre créativité et efficacité.

Quel modèle pour la Conférence sur l’avenir de l’Europe ?

Alors que la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen prévoit une conférence sur l’avenir de l’Europe, qui débutera en 2020 et durera deux ans parce que les Européens doivent avoir leur mot à dire sur la gestion de leur Union et sur ce qu’elle produit, la réflexion est en cours sur le modèle à suivre ?

La conférence sur l’avenir de l’Europe selon la Commission européenne

La nouvelle présidente de la Commission européenne affirme que nous avons besoin d’un large débat, d’objectifs clairs et d’un suivi concret afin de faire de la Conférence sur l’avenir de l’Europe un succès tangible réunissant des citoyens de tous les âges de notre Union, ainsi que la société civile et les institutions européennes.

Lors de son audition au Parlement européen Dubravka Šuica, Vice-présidente Démocratie et Démographie donne quelques précisions notamment pour rendre la participation en personne ou en ligne aussi facile et accessible que possible des citoyens qui sera complètement ouverte et totalement inclusive, y compris dans les zones rurales pour toucher chaque citoyen.

L’empowerment 2.0, une tendance qui façonne la démocratie dans un monde instable

Le think tank interne à la Commission européenne publie une étude sur les 10 tendances qui façonnent la démocratie, la 10e portant sur l’empowerment 2.0 ou quand des innovations démocratiques débouchent sur une nouvelle génération d’agenda-shapers.

Les modèles expérimentés en matière d’engagement des citoyens sont multiples sachant que les publics exigent une plus grande participation, souvent en temps réel, au processus décisionnel. Les outils numériques et d’autres formes d’innovation sont exploités pour mieux s’engager auprès de la « majorité silencieuse » des citoyens au-delà des élections.

modeles_engagement_EPSCUn large éventail d’instruments sont en cours d’élaboration et de test – dont la grande consultation européenne en 2018 – dans le but de faciliter le retour d’informations, de permettre aux citoyens de soumettre des idées, d’examiner les propositions, de suivre les actions ou même d’élaborer conjointement des politiques, en partageant la propriété des décisions politiques avec les communautés concernées.

Les 3 modèles de conférence suggérés par le think tank Bertlesmann

Du côté des think tank, le Dr. Dominik Hierlemann publie un Policy Brief « European Citizens and the Conference on the Future of Europe » recommandant trois modèles possibles de participation des citoyens à la Conférence sur l’avenir de l’Europe.

La Conférence sur l’avenir de l’Europe offre la possibilité de donner au public une voix directe lorsqu’il s’agit de développer la forme future de l’UE. Ce serait une première. Bien faite, la participation des citoyens accroît la confiance des citoyens dans la démocratie et améliore les politiques. En tant que souverain, les citoyens européens doivent évidemment être impliqués. L’UE, apparemment si éloignée de ses citoyens, pourrait devenir un pionnier de la participation innovante.

Dans le même temps, lorsque la participation des citoyens est médiocre, la participation des citoyens porte atteinte à la démocratie européenne. La participation des citoyens à la Conférence sur l’avenir de l’Europe doit être soigneusement conçue et soigneusement chorégraphiée. Il ne devrait pas s’agir simplement d’un exercice de communication, mais plutôt d’un changement de culture des institutions de l’UE.

L’intensité de la participation est une question fondamentale dans la planification de la participation des citoyens à la Conférence sur l’avenir de l’Europe. L’importance géographique de la participation doit également être clarifiée. Tous les modèles intègrent une composante de participation en ligne à l’échelle européenne.

modeles_conference_avenir_europe_Bertlesmann

Le modèle 1 (ECC Plus) est axé sur une large participation des citoyens dans les États membres. En outre, il existe une assemblée de citoyens transnationale unique en son genre, qui fournit des informations sur le choix des sujets de la conférence.

Le modèle 2 (classique) implique une assemblée de citoyens avec des représentants européens sélectionnés au hasard au début du processus. Dans un cadre plus classique, la Conférence convoquerait également plusieurs assemblées thématiques de citoyens pour apporter leur contribution. Les citoyens sont consultés mais n’ont pas voix au chapitre sur les résultats de la conférence.

Dans le modèle 3 (Laboratoire pour la démocratie), des politiciens et des Européens choisis au hasard participent sur un pied d’égalité à la conférence et aux comités thématiques.

La vision franco-allemande de la Conférence sur l’avenir de l’Europe

Dans un document officieux publié par Politico Europe, la France et l’Allemagne suggèrent que les principes directeurs suivants soient considérés pour un mandat interinstitutionnel :

Qui devrait prendre les devants ?

La conférence doit associer les trois institutions de l’UE sur la base d’un mandat commun, les États membres de l’UE, et permettre une large consultation et une participation d’experts / de la société civile (universités, groupes de réflexion, syndicats et organisations professionnels, etc.). ) et les citoyens.

Quelles questions doivent être abordées ?

La conférence devrait traiter de toutes les questions en jeu pour guider l’avenir de l’Europe en vue de rendre l’Union plus souveraine et unie – telles que le rôle de l’Europe dans le monde et sa sécurité / défense, ses voisins, la numérisation, le changement climatique, les migrations, la lutte contre les inégalités, notre modèle «d’économie sociale de marché» (y compris les droits sociaux, la politique industrielle et d’innovation, le commerce, l’UEM, la compétitivité), l’état de droit et les valeurs européennes.

La Conférence devrait se concentrer sur les politiques et identifier, par blocs de politiques, les principales réformes à mettre en œuvre de manière prioritaire, en précisant les types de changements à apporter – y compris modification éventuelle du traité. Les questions institutionnelles pourraient également être traitées comme une question intersectorielle visant à promouvoir la démocratie et les valeurs européennes et à assurer un fonctionnement plus efficace de l’Union et de ses institutions.

Quel résultat attendons-nous ?

La Conférence devrait s’engager dans le mandat interinstitutionnel à produire des résultats tangibles et concrets. Le document final contenant des recommandations devrait être présenté au Conseil européen pour discussion et mise en œuvre.

La position du Parlement européen sur la Conférence sur l’avenir de l’Europe

La commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen vote aujourd’hui en considérant qu’il est grand temps de donner aux citoyens européens la possibilité de débattre et de construire ensemble l’avenir de l’Union européenne dans laquelle ils veulent vivre. La Conférence doit aller au-delà d’un débat interinstitutionnel afin que la participation des citoyens soit organisée de manière à respecter la représentativité afin de garantir que la diversité de nos sociétés soit pleinement représentée.

Pour le Parlement européen, les travaux sur l’amélioration du système des Spitzenkandidaten et sur la question des listes transnationales devraient avoir lieu au cours des six premiers mois de la Conférence, qui devrait inclure la création de commissions thématiques et de séances plénières suffisamment régulières pour présenter des propositions concrètes. Les institutions de l’UE devraient s’engager à assurer un véritable suivi de la conférence, avec des propositions législatives à initier, y compris la modification du traité.

Très rapidement, les premières décisions relatives à la future Conférence sur l’avenir de l’Europe, en particulier le modèle participatif et délibératif choisi, conditionneront largement son succès.

Quelles sont les stratégies de communication en ligne des eurodéputés ?

Après les élections européennes, essayons de comprendre comment la communication en ligne est utilisée par les députés européens, avec Darren G. Lilleker et Karolina Koc-Michalska dans « Online political communication strategies: MEPs e-representation and self-representation »…

Quel équilibre entre les stratégies web de communication des eurodéputés ?

Trois modèles de communication se distinguent parmi les pratiques de communication des députés européens dans le web et les réseaux sociaux :

Premièrement, une communication traditionnelle axée sur la représentation, mettant en valeur le travail et les réalisations au sein du Parlement européen afin de démontrer son service actif et en quoi ce service profite à celles et ceux qu’il ou elle représentent.

Cette prédominance – facilitée par les plateformes sociales permettant de développer des liens entre l’élu et ses électeurs – suggère néanmoins peu d’innovation dans la communication des législateurs européens.

Deuxièmement, une stratégie de communication autour de la gestion de la réputation, de l’image personnelle, des caractéristiques individuelles du législateur, afin de valoriser la personnalité et le charisme de l’individu, comme éléments déterminants dans le choix des électeurs et des électrices.

Troisièmement, une stratégie de communication participative qui permet aux mandants de contacter l’élu, d’examiner des questions politiques et de contribuer à la réflexion du législateur ou de la législatrice.

Les députés européens qui permettent un certain degré de commentaires, sollicitent des réactions et sont proactifs en encourageant la participation sont les plus susceptibles de pouvoir améliorer la perception de leur efficacité politique.

Quels facteurs influencent les eurodéputés dans leurs stratégies de communication en ligne ?

La cartographie de la communication en ligne des députés européens se révèlent statistiquement significative :

Rien n’indique que les députés représentant des petits partis utilisent Internet pour attirer davantage l’attention des citoyens ou des médias que leurs homologues représentant des grands partis.

Une relation positive existe pour les députés élus selon des systèmes de vote plus personnalisés, contrairement au vote par liste. Le fait que le système de vote semble important pour la performance globale en ligne indique que les députés européens élus en tant qu’individus, et non à partir d’une liste de parti, voient dans une présence en ligne plus innovante un avantage pour l’électorat ou, à tout le moins, ne nuisent pas à leurs chances de réélection, mettant en évidence un choix rationnel dans leur stratégie.

L’âge et la durée du mandat sont des prédicteurs clés de l’innovation en ligne : les plus jeunes députés européens et ceux qui siègent au Parlement européen pour leur premier mandat sont plus susceptibles de poursuivre une stratégie de communication participative.

Les partis de gauche semblent plus susceptibles de suivre la fourniture d’informations, tandis que, globalement, les partis de droite sont les plus susceptibles de suivre la stratégie de gestion de la réputation. Les députés européens des partis mineurs surclassent toutes les stratégies.

La différence de génération n’est pas statistiquement significative pour la 1e stratégie d’information, contrairement à la stratégie de communication participative, où l’âge du député européen est un indicateur fort, les plus jeunes étant les plus susceptibles d’être interactifs. En termes de gestion de l’image, il existe également un net fossé générationnel, les plus jeunes étant les plus susceptibles d’avoir recours à cette stratégie.

Au total, la stratégie de communication participative est en train de constituer un capital politique, puisqu’elle s’avère payante en permettant à l’eurodéputé(e) de trouver un public qui discutera politique, échangera des idées et amplifiera ses campagnes.

Élections européennes : quelle stratégie de l’Europe contre la désinformation ?

Entre manipulation des électeurs et déstabilisation de la cyber-sécurité des systèmes et processus électoraux, la lutte contre la désinformation est un chantier à la fois titanesque lorsqu’on le prend au sérieux et lilliputien quand on regarde les actions de l’Union européenne, à lire Annegret Bendiek et Matthias Schulze dans « Disinformation and Elections to the European Parliament »…

Quels sont les défis relatifs aux campagnes de désinformation ?

L’Europe n’étant ni facile à comprendre, ni assez familière pour beaucoup, répandre de fausses informations sur l’UE est relativement simple. Les campagnes de désinformation et les cyber-attaques contre l’infrastructure électorale électronique sont des menaces hybrides de destruction massive contre la démocratie qui peuvent affecter la confidentialité, la disponibilité et l’intégrité du processus électoral.

« La désinformation semble déjà avoir eu un impact en Europe : plus de 400 faux comptes sur des réseaux sociaux gérés par des soi-disant trolls basés à Saint-Pétersbourg ont été utilisés pour influencer le référendum sur le Brexit. »

Les effets des campagnes de désinformation tant numérique (l’ensemble des mécanismes numériques de diffusion de l’information) ou informatique (les incidents de piratage, les cyberattaques qui compromettent la sécurité) pour déstabiliser les piliers de la démocratie sont :

  • A court terme pour influencer le résultat d’une élection en attaquant les partis et discréditant les élus politiques ;
  • A moyen terme pour promouvoir la division sociale et la polarisation des discours publics ;
  • À long terme pour saper la confiance dans l’UE en affaiblissant l’UE en tant que système politique.

Des tactiques telles que la dissémination de déclarations douteuses pour brouiller les pistes ou la répétition constante de fausses informations ou de théories du complot sont utilisées pour saper les certitudes politiques et dissoudre un concept de vérité socialement partagé.

La désinformation numérique a l’avantage d’avoir des coûts bas tout en ayant un impact important : avec peu de ressources, un public mondial peut être atteint avec une désinformation personnalisée via des technologies numériques utilisant les moyens légitimes de la publicité pour cibler les utilisateurs en fonction de leurs profils de comportement individuels.

Les algorithmes garantissent que les contenus retiennent l’attention des utilisateurs et la garder aussi longtemps que possible. Des bulles de filtres découlent directement du modèle commercial des plates-formes en ligne pour apporter de la publicité au plus grand nombre d’utilisateurs possible. Si les mêmes opinions sont regroupées et si simultanément différentes vues sont masquées, une « chambre d’écho » auto-référentielle peut se développer.

La désinformation a un effet particulièrement polarisant sur les groupes déjà politisés aux positions idéologiques fortes. Cela peut être accompli à l’aide d’une combinaison de comptes automatisés («bots sociaux»), de comptes hybrides (en partie humains, en partie automatisés) et d’armées dites de trolls constituées par des acteurs étatiques ou des commentateurs organisés de manière privée qui diffusent systématiquement certains récits dans les médias sociaux ou sur des sites d’information. Souvent, des « agents involontaires » répandent aussi, à leur insu, de la désinformation.

La couverture médiatique traditionnelle est également impliquée, car elle prend de plus en plus de sujets d’actualité issus des réseaux sociaux. Si ceux-ci contiennent de la désinformation et que les médias plutôt tabloïd les véhiculent de manière irréfléchie, ils renforcent les récits ou les faux rapports. La désinformation a un effet cumulatif sur de plus longues périodes.

Quelles contre-stratégies de l’UE pour lutter contre les menaces hybrides étrangères et internes ?

L’inquiétude est que les élections européennes seront manipulées, perturbées ou illégalement influencées par les opposants à l’UE, avec des campagnes de désinformation ciblées, aux urnes ou lors du dépouillement des votes.

Pour que les élections de mai 2019 soient libres, équitables et sécurisées, une série de mesures concrètes comprend plus de transparence dans la publicité politique (souvent dissimulée) sur les réseaux sociaux et la possibilité de sanctions si des données à caractère personnel sont utilisées illégalement pour influencer le résultat des élections européennes.

Les décideurs politiques européens privilégient des mesures à court terme et techniques en coopération étroite avec les grandes sociétés de l’Internet : Facebook, Twitter et YouTube se sont mis d’accord sur un code de pratique sur la désinformation pour lutter contre la désinformation et contre les faux comptes sur leurs plateformes. Fin janvier 2019, la Commission a averti que ces initiatives en matière de transparence contre la publicité secrète n’étaient pas suffisantes pour protéger l’intégrité des élections européennes.

L’UE a créé un système d’alerte précoce sur la désinformation avec 5 millions d’euros et 50 employés pour identifier les campagnes en temps réel. En outre, elle a mis en place un réseau électoral, élaboré un guide sur l’application de la législation européenne en matière de protection des données aux élections et donné des orientations sur la cyber-sécurité.

Les mesures techniques prises par l’UE pour lutter contre les campagnes de désinformation et les cyber-attaques ne sont qu’un premier pas. Idéalement, les États membres devraient améliorer la protection des élections pendant les campagnes électorales, le vote proprement dit et le décompte des voix. Des échanges constants et des exercices réguliers de cyber-sécurité seraient nécessaires pour minimiser les dangers.

Cependant, la plupart des États membres n’ont jusqu’à présent pas réussi à considérer les élections comme une infrastructure essentielle pour la démocratie à sécuriser. Le problème du matériel informatique et des logiciels non sécurisés dans la technologie de vote est toujours sous-estimé.

« La suprématie des entreprises de l’Internet est comparable à une situation où le parlement est la propriété d’un fournisseur privé, son accès est réglementé en fonction de critères économiques et le volume et la transmission des discours au monde extérieur sont évalués en fonction du marché. »

Seule l’UE, avec l’ensemble de sa puissance économique, peut lutter contre le pouvoir des sociétés numériques transnationales pour réagir de manière stratégique, communicative et avec une efficacité technique aux tentatives de manipulation d’élections , encore faut-il la volonté politique, et les ressources financières et humaines nécessaires.