A la question sempiternelle de savoir s’il est possible de faire un buzz viral positif autour des affaires européennes, une réponse vient d’être apportée par la Commission européenne en France. Décryptage des meme européens, un phénomène déjà ancré et amené à se développer.
Le meme, le média co-construit de plaidoyer et viral par excellence
Dans son flot, la culture web charrie de nouvelles formes de communication qui s’imposent plus ou moins massivement dans la société comme l’utilisation d’emojis dans les textos et les publications en ligne ou en l’occurrence de meme.
Dans son principe, le meme est un montage simple superposant à une image ou un GIF emblématique (d’un film, d’une série ou d’une personnalité) un mot ou une phrase choc liée à l’actualité, à une cause ou un mouvement spécifique. Le meme peut se répandre de manière virale ; disparaissant aussi parfois aussi vite.
En somme, l’idée du meme, en tant que vecteur d’expression et de mobilisation est de parvenir à faire circuler une opinion très tranchée, chargée d’émotions, visuellement explicite et surtout avec beaucoup d’humour ou d’ironie – un facteur déterminant de succès.
Le meme dans la communication européenne off et on
Du coup, c’est plutôt du côté des parodies, des comptes pastiches et des initiatives individuelles que ce sont développés les usages amateurs, non officiels des meme qui circulent sur les réseaux sociaux.
Sans doute le précurseur s’incarne dans le compte @Berlaymonster qui depuis plus d’une décennie a su traduire avec humour, cynisme et dérision dans des formes d’expression visuelles et virales à l’échelle de la sphère bruxelloise (plus de 20,000 followers aujourd’hui).
Pile dans le mile, le compte @meme_ec se présence comme « la seule et unique Direction générale (de la Commission européenne) consacrée aux meme et aux parodies ». Avec plus de 11,000 followers en deux ans, l’initiative ne manque pas de souffle et prouve qu’il est payant de recourir au second degré pour intéresser et mobiliser un public avide de pouvoir partager ses réactions dans des formes décalées et distrayantes.
La nouveauté, d’importance, est l’utilisation récente d’un meme par le compte officiel de la Commission européenne en France dans le cadre de leur action « Décodeurs de l’Europe », lancée après le Brexit et renforcée pour les précédentes élections européennes avec un site dédié.
Avec plus de 10,500 likes, 3,000 retweets et 1,200 mentions – des chiffres pas très loin des tweets d’un certain président-Twitter en campagne – la prise de parole très forte et surtout largement réussie est sans doute précurseur de nouvelles libertés de ton salutaire.
De l’usage du meme dans la communication de l’UE
Trop souvent critiquée pour être trop sérieuse voire sérieusement rébarbative, la communication européenne devrait se saisir de la culture web, des attentes de divertissement ludique et engageant du public et des ressorts de l’humour, du second degré, du léger décalage qui fait que l’on ne se prend pas au sérieux, mais que l’on reste appliqué à démontrer, convaincre avec bienveillance une audience à conquérir.
Dans cet exercice, qu’il faut bien finir par espérer, la seule limite, parfois précédemment franchie par les institutions européennes, c’est de ne pas jouer contre son camp. La communication, même décalée, ne doit pas enfreindre le coeur des valeurs du projet européen : le respect, la solidarité, l’ouverture…
L’exercice de l’humour, même dans le contexte de vigilance des oppositions, de pression du temps réel, n’est pas pas impossible et devrait même faire partie de la feuille de route plus systématiquement des communications de l’Union européenne afin de faire davantage confiance à l’intelligence, à la sympathie, à la connivence au service d’une relation plus forte entre les citoyens et l’Europe.
En résumé, bonne nouvelle, le plaidoyer politique européen s’enrichit progressivement de la culture web, comme en exploitant le meme, un format hyper synthétique, très connivent et surtout mnémotechnique.