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De quoi parlent les blogs des Commissaires européennes ?

Une semaine avant la « Journée internationale des droits de la Femme » le 8 mars prochain, il est intéressant de constater que 4 des 5 blogs de Commissaires européens sont tenus par des femmes. Une véritable préférence féminine pour le blog cher les Commissaires femmes d’autant plus marquante alors que la baisse du « blogging » semble patente chez les eurodéputé(e)s.

Laissons de côté le blog du seul Commissaire homme Andris Piebalgs (Développement) et regardons de quoi parlent les blogs des Commissaires féminines à partir d’une analyse sémantique des 50 mots les plus récurrents au fil de leurs billets…

Blog de Neelie Kroes, Vice-Présidente (Agenda numérique)

Lancé le 3 mars 2010, l’analyse lexicale indique explicitement le champ de compétences de la Commissaire : « internet », « online », « market » et « ecommerce » ainsi que « rule » et « recommendation ».
Un leitmotiv semble revenir autour de la jeunesse et des jeux : « children », « kid », child » et « game » ou « games ».
Les verbes les plus utilisés expriment un registre assez personnel et intime convenant à l’exercice du blog, quoique davantage dans l’incantation que dans l’action : d’un côté « like », « feel », « read », « know » et d’un autre « hope », « help » et « want ».

Blog de Maria Damanaki (Affaires marîtimes et Pêche)

De nouveau, l’analyse lexicale laisse peu de place au doute sur le portefeuille exercé : « fish », « shark », « sharks », « fishing », « fisheries », « fishemen », « tuna » et « marine » ou « sea ».
Peu surprenant, le souçi de l’écologie transparait : « environmental », « sustainability », « long term » et « future ».
L’action politique, notamment la sanction semble davantage présent : « issues », « problem », « need », « must », « order », « monitoring » et « finning ».

Blog de Kristalina Georgieva (Coopération internationale, aide humanitaire et réponse aux crises)

L’analyse lexicale traduit précisément la feuille de route portée par la Commissaire : « humanitarian », « development », « world », « country/countries » mais également les verbes « « aid », « support », « access », « help » et « deserve » et les substantifs « food », « peace », « water », growth » et « kindness » sans oublier « million » et « billion ».

Les missions de la Commissaire auprès de certaines population et pays sont également retracées : « Yemen », « Somali », « people » et « refugees ».

Blog de Cecila Malmström (Affaires intérieures)

Quoique le plus récent, puisqu’il est en ligne depuis le 10 février 2011, l’analyse lexicale révèle néanmoins certains traits.
La tâche confiée se devine à travers la présence des termes suivants : « migration », « migrants », « asylum », « Africa » et « Justice » ainsi que « discussion », « meeting », « coopération » ou « violence ».
Les verbes sont tournés vers l’action et ne laisse pas encore transparaître d’émotions ou sentiments plus personnels : « assist », « support », « allow » et « intensify ».

Ainsi, l’exercice de regarder les termes les plus souvent utilisés sur les blogs des Commissaires européennes se révèlent instructifs pour mieux connaître leurs quotidiens professionnels.

Faut-il parler d’un « journalisme citoyen européen » ?

La sortie récente d’un dossier de l’Observatoire géostratégique de l’information « Médias et Europe » sous la direction d’Eddy Fougier, chercheur associé à l’IRIS, relance le débat sur l’existence éventuelle d’un « journalisme citoyen européen »…

Sous l’angle du public, le journalisme citoyen européen existerait : les euro-bloggeurs sont des médiateurs de l’information européenne

Thèse défendue par Eddy Fougier, l’Europe offrirait un nouvel espace pour le « journalisme citoyen ».

Par leur volonté de décrypter « une actualité souvent complexe, mais importante, à destination d’un public dont l’intérêt n’est pas toujours acquis d’avance », les euro-blogeurs et, au-delà, l’ensemble des parties prenantes au débat européen joueraient un « rôle d’intermédiaire entre le fait brut européen et le public », rôle qui ne serait donc « plus monopolisé par le journaliste et l’expert professionnel ».

Par leur « démarche de type bottom-up en partant des citoyens et des États, plutôt que des institutions européennes et de leur agenda », les euro-blogueurs « combleraient un vide qui existe entre, d’un côté, la masse des citoyens passifs et largement indifférents vis-à-vis de l’actualité européenne qui sont informés par les grands médias et, de l’autre, des professionnels de l’Europe informés par une presse spécialisée très technique, institutionnelle et bruxelloise ».

Ainsi, l’existence de ce « journalisme citoyen européen » naissant via des blogs individuels ou collectifs comme 27etc sur slate ou des sites internet participatifs apparaît, selon Eddy Fougier, « donc plutôt comme une bonne nouvelle pour la démocratie européenne ».

Sous l’angle du métier, le journalisme citoyen n’existe pas : les internautes sont des interlocuteurs-contributeurs face aux journalistes

Thèse récemment défendue par Axelle Tessandier sur ReadWriteWeb : « un internaute ne sera jamais journaliste ».

Rien ne sert de reprendre toutes les différences fondamentales (activité récréative vs. activité rémunérée, point de vue particulier vs. point de vue général, prisme de l’information vs. prisme de l’opinion…) entre l’exercice du blog et celui du journalisme, que François Guillot avait exposé lors d’un colloque en septembre dernier : « les blogs sont des médias, mais les blogueurs ne sont pas des journalistes ».

Rien n’empêche pour autant de reconnaître que les blogs contribuent à reposer la question du métier de journaliste. Pour Axelle Tessandier, « lorsque les points de vue s’échangent pour s’enrichir, cela créer sans aucun doute une nouvelle façon de s’informer » et les rôles de contributeur et d’interlocuteur des internautes auprès des journalistes ne sont plus à remettre en cause.

Ainsi, l’existence de ces contributeurs-interlocuteurs émergeant dans les médias sociaux constitue le « journalisme conversationnel » comme « un fait inéluctable » et même « un bienfait ».

Sous l’angle de la finalité, euro-blogeurs et journalistes sur l’Europe réalisent une « information européenne 2.0 »

En raison des risques et des dérives du terme de « journalisme citoyen », la notion d’« information européenne 2.0 » correspond davantage à la réalité de l’éco-système médiatique européen.

D’une part, les journalistes professionnels conservent les médias susceptibles de remplir les missions d’« agenda setting » pour fixer la hiérarchie des priorités et de « gate keeper » pour sélectionner les sujets traités.

D’autre part, les euro-blogeurs disposent de médias capables de proposer des angles originaux et de contribuer aux débats.

Ainsi, pour reprendre l’interview de Julien Frisch à CaféBabel, « les blogs citoyens ne peuvent pas remplacer le journalisme professionnel, car les enquêtes demandent du temps et de l’argent. Mais les blogs peuvent aider à comprendre ce qui se dit à l’intérieur d’organes officiels ».

Au fond, si les euro-blogueurs et les journalistes sur l’Europe partagent le même but de rendre plus transparent l’UE alors de ces interactions interpersonnelles naîtra une « information européenne 2.0 ».

Proposition pour un BloggingPortal 2.0, réseau social interne aux euro-blogeurs

Alors que la 1ère « République des blogs européens » se réunissait hier soir à Paris en présence de Fabrice Pozzoli, Samuel Faure, Eddy Fougier, Olivier Védrine, Jean-Sébastien Lefebvre, Dick Nieuwenhuis et moi, j’ai défendu l’idée de faire évoluer le BloggingPortal – l’annuaire des blogs européens – afin de prendre ce qui existe de mieux en matière de réseaux sociaux personnels ou professionnels pour les adapter et en faire un outil qui intéresserait l’euro-blogo-sphère…

Quels seraient les apports d’un BloggingPortal 2 .0 ?

L’objectif : tirer parti des atouts des réseaux sociaux comme la simplicité d’accès et la facilité de prise en main pour placer l’euro-blogeur au cœur d’une dynamique communautaire (travail collectif/collaboratif) et faciliter les échanges (transfert d’information rapide) en gagnant considérablement de temps puisqu’un euro-blogeur ne perd plus de temps à chercher une information mais c’est plutôt l’information qui vient à lui grâce à son tableau de bord.

1. Personnalisation d’espaces personnels propres à chaque euro-blogeur

Les euro-blogeurs auraient la possibilité de créer un espace personnel à leur image dans lequel ils peuvent se présenter avec une fiche profil personnalisée, faire remonter leurs flux RSS préférés à la manière de Netvibes ou de iGoogle, placer en favoris des contenus ou des membres du réseau et idéalement déverser l’ensemble des mises à jour effectuées sur leur blog.

2. Amélioration du moteur de recherche d’informations

Le moteur de recherche pourrait être revu pour accroître la pertinence des résultats et faire remonter des résultats conseillés de tout type (liens commentés, tagging, notation…) : espaces collaboratifs, actualités, annuaires et vidéos.

Le moteur de recherche s’avèrerait à ce titre contributif en donnant la possibilité à tous d’y référencer des sites, documents ou informations jugées utiles. Mais également de partager avec la communauté par le biais de fonctionnalités de recommandation virale de type « envoyer à un ami », « partager »…

3. Collaboration d’échange d’informations et de partage de documents

Les euro-blogeurs pourraient se mettre en relation et s’inscrire à des groupes linguistiques ou thématiques en fonction de leurs centres d’intérêt, leurs compétences ou leurs projets, ainsi un(e) euro-blogeur pourrait facilement accéder aux différentes informations concernant ces groupes, un genre de live feed ou de microblog et pourrait également entrer en contact avec ceux qui s’y connaissent dans un domaine précis.

Ainsi, l’euro-blogo-sphère disposerait avec un BloggingPortal 2.0 d’un environnement plus interactif qui ne pourrait que renforcer la qualité et la productivité des euro-blogeurs.

Classements des euro-blogs : l’euro-blogo-sphère comme écosystème

Au-delà de la cartographie de l’eurosphère proposée en novembre 2009 par Linkinfluence – première tentative de visualisation du web politique européen, de sa structure et de ses dynamiques – dont les principales conclusions étaient qu’une vraie eurosphère émerge sur le web social quoique les communautés nationales n’interagissent pas beaucoup les unes avec les autres ; deux nouveaux classements des euro-blogs – que tout oppose – viennent de sortir cette semaine…

Approche empirique pour rendre service aux praticiens reposant sur un classement logique par types d’auteurs des blogs et débouchant sur une sélection des « emblématiques » pour l’agence Fleichman-Hillard Bruxelles

S’appuyant sur une démarche de classement des blogs en fonction de leur auteur :

  • les journalistes ;
  • les citoyens-blogeurs
  • les fonctionnaires de l’UE ,
  • les Commissaires européens,
  • les députés européens,
  • les blogs d’agences de communication ou de consultants,
  • les blogs collectifs incluant des ONG, des think tanks et des partis politiques,

l’agence Fleichman-Hillard Bruxelles propose une page Netvibes conçue pour signaler les principaux auteurs de chacun de ces catégories.

De plus, une sélection de 10 euroblogs « les plus emblématiques » combinant des critères objectifs (les plus productifs, les plus lus, les plus cités) et des connaissances d’initiés de la communauté des blogueurs issu de la pratique régulière du blog « Publics Affairs 2.0 » depuis juin 2007 complète le classement.

Last but not least, à cette sélection sont ajoutés les flux de Bloggingportal et de Blogactiv parce qu’ils donnent une indication des sujets « tendances » de la blogosphère européenne.

Au total, il s’agit d’un classement logique et d’une sélection forcément discutable mais parfaitement utile et non polémique pour rendre service au praticiens de l’euro-sphère.

Approche théorique pour conseiller des clients reposant sur un classement en fonction de critères issus d’une méthodologie américaine et débouchant sur une notation contestable des « influents » par l’agence Waggener Edstrom

S’appuyant sur une méthodologie utilisée pour la blogosphère américaine mais inadaptée au contexte européen (seuls les blogs anglophones ont été étudiés), les critères d’évaluation sont :

  • Contenu & Pertinence : fréquence et qualité des mentions de l’UE, mesurés par une analyse sémantique ;
  • Public Cible : importance et pertinence pour le public cible, mesuré sans enquêtes, entretiens ou focus groups ;
  • Audience : nombre de visiteurs uniques et rang du blog, mesurés avec Cision, Alexa, Quantcast et Twitter, à part ce dernier des outils plutôt américains et inadaptés à la taille réduite de l’euro-blogo-sphère ;
  • Buzz : nombre de liens, page rank, agrégation et popularité, mesuré avec Digg, Techmeme, Technorati et blog Pulse, là encore des outils américains inadaptés aux usages de l’euro-blogo-sphère.

Sans entrer dans la démolition dévastatrice d’Euroglobin qui pointe l’exploit de publier une étude sur les blogs sans donner aucun lien et place en 3e position un blog qui a seulement été mis à jour quatre fois cette année, et seulement 12 fois au total, les principaux enseignements de l’étude « Brussels Blogger Study 2010 » sont :

  • Il existe une lacune importante dans les blogs spécialisés ayant une expertise sectorielle de l’UE, par rapport à la blogosphère américaine beaucoup plus investie par les lobbyistes ;
  • Les blogs généralistes sur l’UE sont plus influents que les blogs spécialisés, plus pertinents quant au contenu mais ayant mois de lecteurs ;
  • L’affiliation des blogs à un média ne garantit pas l’influence mais cela aide en élargissant l’audience ;
  • Malgré la conclusion que les top blogs sont plutôt affiliées aux grandes marque de presse, sept des dix premiers blogs les plus influents sont effectivement indépendants.
  • Les plates-formes de blogs tels que blogactiv ou bloggingportal contribuent à diffuser la culture du bloging en Europe et rendent plus accessibles les blogs au grand public.
  • De longues listes de liens dans le blog ne sont pas un indicateur de l’activité ou de l’influence, même si cette « long tail » est intéressante en termes de catalogage de la diversité des euro-blogs.

Au total, il s’agit d’une étude commerciale s’adressant aux lobbyistes et jouant la carte d’une sélection contestable prenant comme clé de lecture l’influence au cœur de leur métier alors que l’euro-blogo-sphère qui n’a effectivement pas encore atteint sa maturité prend conscience au travers de cette démarche de récupération qu’elle constitue – pour reprendre le terme utilisé par Mathew Lowry – un « écosystème ».

Débat autour de la création d’un blog collectif européen ?

L’idée lancée par Samuel Faure de « Fonder un blog collectif européen, pour politiser le débat » anime vivement « l’euro-blogo-sphère ». Quelles en sont les principales réactions et réflexions ?

Les arguments pour une nouvelle plateforme multi-contributeur sur les affaires européennes

Les objectifs du blog collectif européen, selon Samuel Faure – au-delà de la fameuse devise des mousquetaires « Un pour tous, tous pour un. » – seraient :

  • Durer : « par une saine émulation, un blog collectif permettrait à davantage de personnes d’écrire sur les affaires européennes. » ;
  • Politiser : « rassembler des personnes d’horizons différents avec des opinions variées sur un support qui serait le blog collectif européen ».

En somme, comme le résume Jean-Sébastien Lefebvre qui oppose une fin de non recevoir au projet : « être beaucoup moins consensuel que tout ce qui se fait aujourd’hui, tout en vulgarisant l’UE pour que le citoyen lambda puisse comprendre quelque chose à l’intégration européenne ».

Les arguments contre une enième marque dans la blogosphère européenne

Quoique l’ambition du projet ne puisse que titiller l’intérêt de blogueurs davantage frappés par le manque de temps que par une sourde souffrance liée à un déficit d’« émulation », le blog collectif européen n’est pas sans soulever des interrogations.

D’une part, comme le rappelle Greg Henning, « le blog porte une part de l’identité du blogueur (…) Un blog unique ferait perdre cela – ou alors chaque rédacteur à droit à un thème différent et cela revient à juxtaposer des blogs différents ». Tout l’intérêt d’un blog reposant sur la personnalité de son auteur, rassembler des contributeurs reviendrait alors à en diluer l’impact.

D’autre part, il existe déjà Bloggingportal, la plateforme agrégeant les billets de 614 blogs européens, d’emblée multilingue et récemment complétée par un blog qui propose une lecture hebdomadaire de l’actualité de la blogosphère européenne.

Que faire de plus ou de mieux ?

Formuler la « promesse » répondant aux attentes supposées ou connues des publics : Bien plus que de politiser à travers le prisme éculé du militantisme sur les affaires européennes, les blogs européens peuvent décrypter l’actualité de l’UE à partir d’une approche sectorielle correspondant à la sphère professionnelle ou aux centres d’intérêts du blogueur.

Impératif de la survie des blogs, la qualité des contenus bien plus que l’interactivité d’échanges forcément limités repose à la fois sur la pertinence des connaissances et des analyses et sur la volonté de faire découvrir, et chroniquer la vie de l’UE. Somme toute, offrir une lecture citoyenne pédagogique de l’actualité de l’UE et proposer un décryptage ludique du mécanisme de décision de l’UE.

Reste ensuite à déterminer l’audience recherchée ou obtenue :

  • si l’audience recherchée se réduit aux publics de l’euro-blogo-sphère, alors l’innovation pour reprendre les propos de Jean-Sébastien Lefebvre « c’est d’interagir entre nous et de débattre via nos blogs. En abordant des sujets dans le vent, de fond ou autre, mais de façon frontale ». Et l’idée même de lancer un blog collectif illustre que « The proof of the pudding is in the eating. » puisque le débat se propage dans les blogs. La question du style vient alors en second rang.
  • si l’audience obtenue se veut beaucoup plus large, alors l’innovation consisterait davantage à s’adosser à un site à forte audience en vue d’animer une présence sur l’Europe. Un partenariat avec un média pure player du web tel que Slate permettrait de « rendre les questions européennes plus vivantes et réellement intéressantes pour un plus grand nombre ». La question des angles et de l’écriture devient incontournable.

Au final, les euro-blogeurs ont-ils vraiment besoin d’une nouvelle plateforme ou bien plutôt d’un réseau d’interconnexions online et de contacts IRL pour mieux s’organiser ?