Euronews, lauréate du Prix Européen de la Communication 2009, un contre-modèle d’info continue, bientôt sur la TNT ?

Euronews, la chaîne de l’actualité européenne et internationale a remporté le troisième Prix Européen de la Communication, présenté par l’Association Européenne des Directeurs de Communication…

Une récompense pour les éclairages et décryptages de l’UE au cœur de la grille des programmes d’Euronews

Selon le communiqué, « ce prix reconnaît les efforts de la chaîne afin de permettre aux citoyens de l’UE d’être informés sur les décisions prises à Bruxelles et de comprendre comment elles affectent leur quotidien. En transmettant “l’idée d’Europe” aux citoyens, Euronews participe à la création d’un sentiment de partage d’une identité européenne, auprès de ses téléspectateurs. »

Aperçu de la grille des programmes :

  • no comment : Les images à l’état brut, sans commentaire.
  • perspectives : Un sujet d’actualité vu par différentes chaînes publiques européennes.
  • press : Tous les matins, sélection parmi plus de 50 titres des « unes » les plus marquantes.
  • agora : Un face à face de deux personnalités exprimant leurs opinions sur un thème qui fait débat en Europe.
  • parlamento : Résumé des débats et de l’actualité du Parlement européen.
  • f.a.q. : Les questions-réponses essentielles de ceux qui vivent dans l’UE.

Un contre-modèle Euronews face au « 100% hot news » des chaînes d’info continue françaises

Face aux chaînes gratuites d’information continue diffusées en France sur la TNT (I>Télé et BFM TV) dont le modèle tend de plus en plus vers des CNN à la française avec :

  • rythme et réactivité de l’information (un journal tous les quarts d’heure) ;
  • cadence des images (les news sont égrainées debout devant un mur d’images) ;
  • appel à des correspondants pour accentuer l’impression de direct et de “breaking news” ;

Euronews – dont la baseline est « pure » – affirme sa différence :

  • en donnant la priorité à l’éclairage et au décryptage des faits,
  • en refusant tout sensationnalisme quant au traitement de l’information.

Un prochain canal gratuit sur la TNT pour Euronews ?

Alors que les chaînes de la TNT ont doublé leur audience en 2008, selon le bilan annuel de Médiamétrie : part d’audience moyenne à 11,1% et que depuis juin 2009, les chaînes de la TNT sont au-dessus des 15% de part d’audience, il semble de plus en plus indiqué d’offrir un canal gratuit de la TNT à Euronews, comme le propose – selon Emmanuel Berretta du Point – Dominique Baudis, député européen et ancien président du CSA : « Faisons d’Euronews le moteur médiatique de la construction d’une identité européenne et intégrons Euronews à la télévision numérique terrestre ».

Changement climatique : la Commission européenne et MTV mobilisent des artistes pour inciter les jeunes à s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique

Alors que la déstabilisation du climat compte parmi les plus grands défis mondiaux, l’UE joue un rôle important dans la lutte internationale contre le changement climatique.

En décembre prochain lors de la conférence de Copenhague, le soutien des citoyens européens, notamment des jeunes à la politique européenne en matière de climat, peut se révéler très important pour l’UE dans les négociations en vue d’adopter un nouvel accord mondial sur le climat après Kyoto.

Aussi, dès maintenant, la Commission européenne et MTV lancent une campagne de communication : « Play to stop – Europe for climate » visant à mobiliser des artistes internationaux pour inciter les jeunes à changer leurs comportements.

Une campagne de communication s’appuyant sur la double expérience de « Changement climatique : vous pouvez le maitriser » et de « Ohé l’Europe, tu m’entends ? »

En vue de l’adoption en décembre 2008 du paquet climat-énergie qui définit des objectifs ambitieux en matière de climat pour 2020 :

  • en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 20 % ;
  • en réduisant la consommation d’énergie de 20 % grâce à des mesures d’efficacité énergétique ;
  • en recourant aux sources d’énergie renouvelables pour satisfaire 20 % de nos besoins énergétiques ;

la Commission européenne a réalisée une campagne : « Changement climatique : vous pouvez le maitriser » reposant sur le constat qu’un tiers de la consommation énergétique de l’UE est imputable aux ménages et visant à :

  • positionner les citoyens comme responsables et gardiens de l’environnement :
  • lutter contre le sentiment d’impuissance des citoyens face au changement climatique ;
  • prodiguer des conseils faciles à suivre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En vue de l’organisation du scrutin européen en juin 2009, traditionnellement marqué par l’abstention notamment des jeunes (77% chez les 18-24 ans en 2004), la Commission européenne et MTV ont réalisé une campagne : « Ohé l’Europe, tu m’entends ? » visant à encourager les jeunes à faire entendre leur voix et à voter :

  • éveiller la curiosité des jeunes avec des spots sur la chaîne musicale MTV ;
  • susciter l’expression des jeunes avec un site Internet collaboratif ;
  • inciter à participer à des rassemblements dans les capitales européennes.

Ainsi, la Commission européenne dispose d’une double expérience pour inciter les jeunes à s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique :

  • expérience d’une campagne de communication sur le changement climatique dont le principal enseignement consiste à donner des conseils pratiques pour changer les habitudes de la vie quotidienne ;
  • expérience d’une campagne de communication avec MTV dont le principal enseignement consiste à impliquer les jeunes dans des événements collectifs-communautaires dans la vraie vie.

Une campagne de communication s’appuyant sur la double implication des artistes et des jeunes

Parce que, selon Stavros Dimas, membre de la Commission chargé de l’environnement dans le communiqué : « Les jeunes gens d’aujourd’hui seront les premiers concernés par les effets du changement climatique. Ce sont eux qui souffriront le plus du changement climatique – leur avis est donc primordial. »

Et parce que, selon l’Eurobaromètre sur l’attitude des Européens face au changement climatique, même si les jeunes considèrent le changement climatique comme le plus grave problème auquel le monde est confronté après la pauvreté, seuls 51 % des 15-24 ans ont jamais pris des mesures pour lutter contre le phénomène, ce qui est le pourcentage le plus faible parmi tous les groupes d’âge.

Le dispositif « Play to Stop – Europe for Climate » mené de juillet à décembre dans onze États membres de l’UE :

  • Trois concerts donnés par de grands artistes internationaux organisés à Stockholm lors de la semaine mondiale de l’eau, à Budapest lors de la semaine de la mobilité et à Copenhague lors de la fameuse conférence sur le climat ;
  • Les différents pays seront représentés par des célébrités qui joueront le rôle d’ambassadeurs nationaux et contribueront à la sensibilisation du public en faisant entendre leur voix ;
  • Tout au long de la campagne, MTV produira plusieurs programmes spéciaux ;
  • Sur mtv-play4climate.org, une animation éditoriale et des applications 2.0 permettront aux jeunes d’accéder au contenu rédactionnel sur la lutte contre le changement climatique et d’échanger leurs idées sur la manière de préserver l’environnement.

Ainsi, la campagne vise à informer les jeunes et selon le communiqué à « mettre à profit leur énergie durant les mois qui nous séparent de la conférence de Copenhague pour faire pression sur les décideurs afin qu’ils concluent un accord ». Il s’agit en quelque sorte d’une action d’« advocacy » à front renversé puisque c’est la Commission européenne qui organise un « grassroots lobbying » spécifiquement auprès des jeunes afin d’influencer les décideurs publics

Les enjeux de la personnalisation et du crowdsourcing au cœur du succès des services publics 2.0 ?

La question du bon usage des technologies du web 2.0 au service d’une meilleure gouvernance est au cœur des réflexions actuelles sur les services publics 2.0. Entre les leçons théoriques issues d’un rapport publié par le cabinet de conseil Accenture et les leçons pratiques issues de l’e-administration Obama, quels sont les enjeux des services publics 2.0 ?

Les leçons théoriques : les potentiels bénéfices du web 2.0 dans les services publics reposent sur la personnalisation

Le cabinet de conseil Accenture publie un rapport : « Le Web 2.0 et la prochaine génération de services publics : Conduire la performance à travers des services publics engagés, responsables et plus orientés vers les citoyens ».

Les services publics 2.0, c’est un ensemble de sophistication d’e-services pour les citoyens visant :

  • Niveau 1 : Information au public
  • Niveau 2 : Interaction unilatérale (formulaire téléchargeable)
  • Niveau 3 : Interaction bilatérale (formulaire électronique)
  • Niveau 4 : Transaction (gestion digitale intégrale d’un dossier)
  • Niveau 5 : Personnalisation (pro-activité et automaticité des services)

Les potentiels bénéfices du web 2.0 dans les services publics sont :

  • améliorer le service au profit du bien commun à tous tout en proposant à chacun de la flexibilité dans sa participation ;
  • renforcer la responsabilité et la transparence tout en réduisant les coûts et en améliorant l’efficacité ;
  • engager le public dans une production collaborative de la valeur publique reposant sur le pouvoir du partage des connaissances et de l’expertise citoyenne.

Ainsi, les applications du web 2.0 permettraient de refonder les services sur une nouvelle relation avec le public qui repose sur un authentique engagement – personnalisable – des citoyens à participer à leur propre gouvernance.

Les leçons pratiques de l’expérience de l’e-administration Obama : les véritables bénéfices du web 2.0 dans les services publics reposent sur le crowdsourcing

Un grand espoir est né aux États-Unis avec la mise en ligne conjointe de :

  • Data.gov : un accès public aux données publiques ;
  • Usaspending.gov : un contrôle civique des dépenses publiques.

(Voir billet : « Personal Democracy Forum 2009 : la révolution de la stratégie d’information aux citoyens de l’administration Obama »)

Une relative déception est née cependant avec les visites sur ces plateformes : les données disponibles ne permettent pas vraiment d’éclairer l’action politique sous un jour nouveau.

Le crowdsourcing d’administrés-consommateurs de données publiques devenant des citoyens-créateurs d’informations sur les données publiques pourrait permettre de « transformer des documents gouvernementaux informes et inutilisables pour un ordinateur en données structurées qui pourront donner des choses utiles ou inédites, destinées à faire avancer la démocratie et la transparence », selon ReadWriteWebFrance.

Au final, l’enjeu fondamental qui ressort des leçons théoriques ou pratiques – au-delà des initiatives publiques pour améliorer la qualité et l’efficacité des services publics – c’est l’engagement des citoyens via la personnalisation et le crowdsourcing. A n’en pas douter, ces deux éléments seront repris dans la future déclaration sur le e-gouvernement que « European Union Public Services 2.0 » se propose de soumettre au conseil des ministres de l’UE…

(Voir billet : « European Union Public Services 2.0 : une initiative du European Union Public Services 2.0 pour renforcer la transparence des services publics par le web »)

Personal Democracy Forum 2009 : la révolution de la stratégie d’information aux citoyens de l’administration Obama

Alors que le « Public Services 2.0 workshop » lance une initiative “European Union Public Services 2.0” pour renforcer la transparence des services publics en Europe par un meilleur usage du web via une démarche participative : brainstorm, discuss, draft, endorse, les États-Unis d’Obama – constatant l’essoufflement de la e-mobilisation militante – lance une e-révolution afin que le pouvoir de surveillance des e-citoyens soit institutionnalisé dans l’exercice transparent de l’action publique américaine….

La révolution de l’administration Obama : la mise à la disposition du public sur Internet des données de l’État

Pour Nicolas Vanbremeersch sur Meilcour, « la révolution est majeure, et de deux ordres » :

1. Data.gov : un accès public aux données publiques

Puisque la donnée sur l’action publique est un bien public, elle doit être mise à disposition du public. C’est le projet data.gov. « profondément subversif », car « il offre au citoyen la donnée d’action brute et accessible. Il livre des sources ouvertes. »

2. Usaspending.gov : un contrôle civique des dépenses publiques

Puisque les États-Unis sont démocratiques, les citoyens peuvent contrôler l’action de l’Etat. Pour y parvenir, il faut une transparence intégrale sur les dépenses de l’administration, et les projets associés. C’est l’objectif de usaspending.gov.

Ainsi, selon Netpolitique, le « Fact Check » des citoyens intègre les « Checks and Balances » des institutions américaines.

Puisque tout pouvoir doit être limité par un autre pouvoir, « le pouvoir de surveillance des citoyens devient une branche intégrée de la séparation des pouvoirs ».

La pratique politique sous Obama : la bonne gouvernance nécessite une stratégie d’information transparente

Que faut-il comprendre ? Pour Nicolas Vanbremeersch sur Meilcour, « c’est que, dans un monde connecté et commentant sans cesse, il vaut mieux livrer l’information, la rendre la plus lisible possible, plutôt que la retenir et la packager. Cela autorise le débat renseigné, cela crée une exigence et une attente. Cela fait du public non plus un simple spectateur d’informations tronquées, mais un acteur potentiel véritable. » Ainsi, l’information transparente des citoyens apparaît comme la condition de la réussite d’une bonne gouvernance populaire et légitime.

Par ailleurs, comme le note Netpolitique, « Obama met en place une stratégie d’institutionnalisation du citoyen, qui d’une certaine façon, est aussi un moyen de contourner les critiques soulevées sur les sites participatifs du Gouvernement » pour lesquels les logiques de débat et de collaboration en ligne, qui avaient fait le succès du candidat Obama ne semblent pas mobiliser les citoyens.

Ainsi, entre l’approche participative en vue de renforcer la transparence des services publics sur le web et l’approche révolutionnaire de mise en ligne des données publiques pour institutionnaliser le pouvoir des citoyens, la voie semble toute tracée pour l’UE…

Entre mythe et réalité : décryptage de l’impact de l’UE dans les Etats membres

Une enquête réalisée par Yves Bertoncini pour le think tank Notre Europe évalue l’impact des interventions de l’UE dans les Etats membres. Au-delà des constats sur la portée réelle des interventions de l’UE au niveau national, des « logiques de projection contribuent à entretenir des mythes politiques »…

Quel est la portée réelle des interventions de l’UE au niveau national ?

Un impact normatif plus réduit qu’on ne le dit, hors quelques secteurs

La proportion des normes d’origine communautaire dans le total des normes appliquées en France s’est établie à moins de 15% au cours des 20 dernières années.

Environ la moitié des règlements et directives adoptés par l’UE concernent les secteurs de l’agriculture et de la pêche, alors que ces deux secteurs ne représentent que 10% de la production normative nationale.

Un impact budgétaire limité, mais substantiel dans certains secteurs et pays

Les dépenses communautaires représentent un peu moins de 1% du PIB de l’UE.

L’importance des dépenses communautaires est substantielle dans quelques secteurs : elles s’élèvent à plus des 2/3 des dépenses publiques européennes totales dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et du développement rural ; à environ la moitié du total des dépenses de cohésion régionale et à un peu plus d’un tiers des dépenses d’aide humanitaire.

L’impact des dépenses communautaires au niveau national varie fortement selon les pays, compte tenu de l’hétérogénéité de leur niveau de richesse et de leur niveau de dépenses publiques.

Un impact « politique » multiforme mais diffus

Les prises de position de l’UE sont d’autant plus innombrables qu’elles ne produisent pas d’effets contraignants et qu’elles permettent à l’UE d’intervenir dans des domaines sur lesquels les États membres entendent globalement garder la main.

Malgré un impact normatif et budgétaire relativement réduit sur le plan concret, l’impact politique et médiatique des prises de position non contraignantes de l’UE contribue à conforter l’image d’une UE « en trompe l’œil »…

Quelles sont les mythes politiques des interventions de l’UE au niveau national ?

Des logiques de projection idéologique sur ce qu’on voudrait que l’UE soit ne soit pas

Ces logiques sont paradoxalement entretenues à la fois par les forces politiques les plus actives dans le débat public sur l’Europe : les fédéralistes et les « anti-européens ».

Ces opinions politiques ont en commun de voir « l’UE en grand », que ce soit pour les uns en vue de militer pour une intégration européenne accrue ou pour les autres afin de combattre avec vigueur la construction européenne.

Ainsi, « leur surestimation de l’ampleur des interventions de l’UE finit par marquer les esprits », comme le dénonce Jean-Louis Bourlanges dans Le Monde : « l’Europe fait semblant. Semblant d’être une solution aux yeux de ses promoteurs et, à l’inverse, d’être une menace aux yeux de ses adversaires qui lui attribuent abusivement la responsabilité de tous les bouleversements ».

Des mécanismes de confusion dans les transferts de responsabilité

Ces mécanismes de confusion sont entretenus à la fois par les responsables politiques nationaux et communautaires :

  • les responsables politiques nationaux « se défaussent sur de prétendues « contraintes bruxelloises » souvent réelles, mais fréquemment illusoires et bien commodes pour faire admettre des décisions impopulaires » ;
  • les institutions communautaires « soucieuses de renforcer leur légitimité et leur image en montrant qu’elles agissent « concrètement-sur-le-terrain-dans-la-vie-quotidienne-des-citoyens sont souvent promptes à se « hausser du col » en prétendant exercer une influence politique qui n’est considérable que dans quelques secteurs ».

Ainsi, l’enjeu de l’impact de l’UE dans l’opinion publique semble davantage dominé par les mythes politiques que par une réalité manifestement plus modeste.