Quelle campagne de communication aux élections du Parlement européen de 2024 ?

Les élections au Parlement européen constituent un moment crucial pour la démocratie européenne. Cependant, la participation électorale reste un défi majeur. Pour encourager une participation active des citoyens, il est essentiel de développer une stratégie de communication embrassant les principaux enjeux pour la future campagne de communication et de promotion des élections européennes.

La création d’un récit mobilisateur

La campagne de communication institutionnelle doit être fondée sur un récit mobilisateur qui valorise l’importance de la participation électorale au Parlement européen. Il est essentiel de souligner les enjeux cruciaux auxquels l’UE est confrontée, tels que les défis climatiques, la lutte contre les inégalités et la promotion des valeurs démocratiques. Le récit doit mettre en évidence le rôle déterminant du Parlement européen dans la prise de décisions et la représentation des intérêts des citoyens européens.

Façonner l’agenda médiatique

Autour des enjeux clés de l’élection, la campagne doit travailler en étroite collaboration avec les médias pour mettre en avant les questions pertinentes et susciter l’intérêt des citoyens. En sélectionnant judicieusement les sujets et en les mettant en avant de manière stratégique, la campagne peut contribuer à façonner l’agenda médiatique et à orienter les discussions publiques vers les thématiques essentielles pour l’avenir de l’Europe.

Adopter une approche de communication inclusive et participative

Pour susciter l’engagement des citoyens, la campagne de communication institutionnelle doit adopter une approche inclusive et participative visant par exemple à encourager les citoyens à utiliser des critères spécifiques afin d’évaluer les candidats et leurs programmes au regard des enjeux du scrutin. Par le biais de messages clairs et percutants, la campagne peut suggérer aux citoyens d’accorder une importance primordiale aux thématiques européennes lorsqu’ils prennent leur décision de vote.

Exploiter pleinement le potentiel des nouvelles technologies

La campagne de communication doit tirer parti de toutes les opportunités offertes par les nouvelles technologies pour atteindre les citoyens. En plus des réseaux sociaux, elle doit explorer d’autres outils technologiques tels que les applications mobiles, les plateformes de débat en ligne et les initiatives de démocratie participative numérique. Ces technologies permettent d’élargir l’accès à l’information, de faciliter l’interaction avec les citoyens et de favoriser leur participation active dans le processus électoral.

Renforcer la collaboration avec les acteurs locaux et les organisations de la société civile

La campagne de communication institutionnelle doit travailler en étroite collaboration avec les acteurs locaux et les organisations de la société civile. Les partenariats avec des organisations engagées dans la promotion de la démocratie et des valeurs européennes peuvent renforcer la portée de la campagne et mobiliser un plus large public. En encourageant la participation de ces acteurs locaux, la campagne peut toucher les citoyens à un niveau plus proche de leurs préoccupations et renforcer ainsi leur motivation à participer aux élections.

Mobiliser les jeunes électeurs par le biais des nouvelles technologies

Les jeunes sont une composante cruciale de l’électorat, et leur engagement est essentiel pour renforcer la légitimité démocratique des élections européennes. La campagne de communication institutionnelle doit comprendre des stratégies spécifiques pour atteindre les jeunes électeurs, en utilisant les plateformes et les réseaux sociaux qu’ils fréquentent régulièrement. Des formats de communication adaptés, tels que des vidéos courtes et percutantes, des infographies ou des contenus interactifs, peuvent capter leur attention et les encourager à s’engager.

Sensibiliser aux risques des nouvelles technologies

Il est crucial d’informer les citoyens, en particulier les jeunes, sur les risques liés aux nouvelles technologies dans le contexte politique. La campagne doit aborder les questions de désinformation, de manipulation des opinions publiques et de protection des données personnelles. Des contenus éducatifs, des vidéos explicatives et des campagnes de sensibilisation peuvent aider à renforcer la résilience des électeurs face à ces risques et à développer leur esprit critique.

Renforcer la transparence et l’authenticité de l’information

La campagne de communication institutionnelle doit mettre en avant la transparence et l’authenticité de l’information. En utilisant les nouvelles technologies, telles que les signatures numériques et les certifications d’authenticité, il est possible de renforcer la confiance des électeurs dans les contenus qu’ils consultent. La mise en place de partenariats avec des médias fiables et des organisations de vérification des faits peut également contribuer à fournir une information de qualité et à contrer la désinformation.

Renforcer les capacités critiques des citoyens face à la désinformation

La campagne doit mettre l’accent sur l’éducation aux médias et à l’information. Des initiatives telles que des ateliers de fact-checking, des programmes d’éducation numérique et des ressources en ligne peuvent aider les citoyens, en particulier les jeunes, à développer leurs compétences critiques face à la désinformation. Il est essentiel de les encourager à vérifier les sources, à croiser les informations et à remettre en question les contenus douteux.

Encourager la participation des acteurs de la société civile

La campagne de communication institutionnelle doit encourager la participation active des acteurs de la société civile dans la lutte contre la désinformation. Des partenariats avec des organisations spécialisées dans la vérification des faits, la protection de la vie privée en ligne et la promotion de la démocratie peuvent renforcer l’impact de la campagne et sensibiliser un public plus large.

Impliquer les partis politiques européens dans la campagne

Les partis politiques européens jouent un rôle fondamental dans l’animation de la campagne électorale et dans la mobilisation des électeurs. Ils doivent être encouragés à utiliser les nouvelles technologies et les médias traditionnels pour informer les citoyens sur leurs programmes politiques, leurs propositions et leur vision pour l’avenir de l’Union européenne. Des débats, des événements publics et des rencontres avec les électeurs peuvent être organisés pour favoriser le dialogue direct entre les partis politiques et les citoyens.

Les think tanks comme éclaireurs des politiques publiques de l’UE

Les think tanks, en tant qu’organisations de réflexion et d’expertise, jouent un rôle crucial dans la formulation et l’anticipation des politiques publiques de l’Union européenne. Leur participation à la campagne de communication institutionnelle peut apporter une valeur ajoutée en termes d’analyse, de débats d’idées et de propositions concrètes. Les think tanks peuvent organiser des conférences, des forums et des publications pour informer les électeurs sur les enjeux clés, les défis et les opportunités de l’UE, stimulant ainsi la participation éclairée des citoyens.

Coopération entre les partis politiques européens et les think tanks

La coopération entre les partis politiques européens et les think tanks peut renforcer l’impact de la campagne de communication institutionnelle. Les partis politiques peuvent s’appuyer sur l’expertise des think tanks pour affiner leurs propositions politiques, bénéficier de recherches approfondies et présenter des solutions pragmatiques aux problèmes européens. Cette collaboration peut également contribuer à promouvoir un débat politique de qualité, basé sur des faits et des arguments solides, et à établir une relation de confiance avec les électeurs.

Renforcer la sensibilisation aux enjeux environnementaux

Dans le contexte de l’urgence climatique et des préoccupations croissantes concernant l’environnement, il est essentiel d’intégrer la sensibilisation aux enjeux environnementaux dans la campagne de communication institutionnelle. Les électeurs, en particulier les jeunes générations, accordent une attention particulière aux politiques environnementales et cherchent des dirigeants qui s’engagent activement dans la transition écologique. Il est important de mettre en évidence les mesures prises par l’Union européenne en matière de durabilité, d’énergies renouvelables, de protection de la biodiversité, etc., afin de susciter l’intérêt et l’engagement des électeurs dans cette thématique cruciale.

Encourager la diversité et l’inclusion dans la participation électorale

La campagne de communication institutionnelle doit également mettre en avant l’importance de la diversité et de l’inclusion dans la participation électorale. Il est essentiel de souligner que chaque voix compte, indépendamment de l’âge, du genre, de l’origine ethnique ou du statut socio-économique. En encourageant une représentation équitable et diversifiée au sein des institutions européennes, la campagne peut inspirer une plus grande confiance et un sentiment d’appartenance chez les électeurs issus de différents milieux sociaux et culturels.

Contextualiser les enjeux géopolitiques mondiaux

Lors des élections européennes, il est essentiel de contextualiser les enjeux géopolitiques mondiaux, tels que l’invasion de la Russie en Ukraine et les tensions entre la Chine et l’Amérique. Ces événements ont un impact significatif sur l’Union européenne et peuvent influencer les politiques et les décisions prises au niveau européen. La campagne de communication institutionnelle doit fournir aux électeurs une compréhension claire de ces enjeux et de leur implication potentielle pour l’Europe.

Il est crucial de souligner comment l’Union européenne aborde ces défis géopolitiques, en mettant en avant les efforts diplomatiques, les mesures de sécurité, ainsi que les positions prises pour défendre les valeurs européennes fondamentales. Informer les électeurs sur l’importance de ces enjeux géopolitiques dans le contexte des élections européennes peut renforcer leur compréhension de l’impact de leurs choix électoraux et les inciter à participer activement au scrutin.

Au total, la future campagne de communication institutionnelle pour les élections européennes doit relever de nombreux défis, mais aussi saisir les opportunités offertes par les nouvelles technologies et les enjeux géopolitiques actuels. En informant, en engageant, et en mobilisant les électeurs, la campagne peut contribuer à promouvoir une participation électorale engagée, informée et démocratique afin de garantir l’intégrité des élections du Parlement européen en 2024, de renforcer la participation électorale et de consolider la démocratie européenne.

Comment les partis politiques européens pourraient vraiment participer aux élections européennes ?

A moins d’un an des élections européennes, l’Institut Jacques Delors creuse la problématique des partis politiques européens, « des objets politiques mal identifiés ? » qui contrairement aux partis nationaux dont la raison d’être est de concourir aux élections ont eux pour mission constitutionnelle de « contribuer à la formation d’une conscience politique européenne et à l’expression de la volonté des citoyens de l’Union »…

Présenter un nouveau cadre de financement européen

Actuellement, le cadre réglementaire des partis politiques européens constitue un contexte contradictoire pour l’engagement des partis politiques européens lors du scrutin européen, ne leur permettant pas de remplir véritablement leur fonction électorale.

En particulier, les règles de financement européen stipulent explicitement que les subventions européennes « ne doivent pas être utilisées pour le financement direct ou indirect d’autres partis politiques, et en particulier des partis ou candidats nationaux ».

Dans l’ensemble, une telle disposition limite fortement la capacité des partis européens à faire campagne dans le cadre des élections européennes. Les Europartis doivent faire preuve de prudence lorsqu’ils font campagne avec leurs partis membres.

=> Présenter un nouveau cadre de financement européen, une proposition qui n’est pas recommandée par l’Institut Jacques Delors devrait permettre de redessiner les règles pour permettre aux partis européens lors de rassemblements communs, ou de tournées de campagne communes, qui ont été jusqu’à présent évités et permettrait aussi de renforcer la visibilité des Europartis via l’inclusion systématique de leur logo et programme dans tout le matériel de campagne de leurs partis membres nationaux.

Présenter des candidats têtes de liste, les Spintzenkandidat

Les Europartis peuvent d’ores et déjà encadrer le processus des Spitzenkandidaten où chaque famille politique présente un candidat soutenu par un parti politique européen et chacun de ses membres dans les différents États.

En effet, la personnalisation accroit l’intérêt des citoyens envers la politique européenne, il faudrait « que chaque parti au niveau européen ait un visage pour les représenter ».

A ce jour, en matière de financement, les partis politiques européens peuvent bel et bien effectuer des dépenses de campagne pour leur Spitzenkandidat dans chaque État membre, à l’exception du pays où il a été placé sur une liste électorale.

=> Présenter des Spitzenkandidaten renforcerait le rôle des partis politiques européens dans l’organisation et l’animation de la campagne électorale, des programmes des candidats aux temps forts et aux narratifs dans les médias.

Présenter des listes transnationales

Alors que la conduite des campagnes reste essentiellement une affaire nationale où les élections européennes ne sont guère plus que la somme de 27 élections nationales, la création d’une circonscription paneuropéenne dans laquelle les partis politiques européens peuvent présenter des listes transnationales aux électeurs sur l’ensemble du territoire de l’UE renforcerait considérablement le rôle des partis politiques européens.

Les Europartis deviendraient explicitement responsables de la sélection des candidats transnationaux et pourraient mener une campagne électorale plus visible à l’échelle de l’UE sur la base d’un manifeste commun.

Ces plates-formes politiques gagneraient donc en importance et auraient le potentiel d’« européaniser » les débats électoraux et de servir de principes directeurs pour le travail législatif du groupe correspondant au Parlement européen.

=> Présenter des listes transnationales, ce qui ne fait pas consensus entre les familles politiques européennes, permettrait d’offrir une visibilité accrue renforçant l’intérêt des partis nationaux puisque « le parti européen aurait un réel pouvoir et cela changerait la donne ». Le succès de Volt et de Diem25 démontre qu’il y a un potentiel de mobilisation transnationale sous-exploité actuellement.

Les partis politiques européens ont quelques autres cartes à jouer

D’une part, continuer à démontrer leur intérêt pour leurs membres afin de contrer le désintérêt (relatif) des partis nationaux pour leurs activités et ce qu’ils ont à leur offrir.

D’autre part, démontrer sans cesse leur intérêt pour exister, au sein de l’espace public européen mais aussi et surtout au sein des espaces politiques nationaux ; en particulier leur rôle essentiel de soutien aux nouveaux partis.

Ces réformes, vraisemblablement mises en œuvre pour les élections à l’horizon de 2029, contribuerons à l’affirmation des familles politiques européennes et à une meilleure identification des acteurs en présence pour les citoyens.

Facts et Fake : comment les Européens s’informent ou se désinforment sur l’UE ?

Résultats d’une enquête menée auprès de 300 personnes provenant de cinq pays européens par Paulina Fröhlich, Sophie Borkel et Christian Mieß, qui ont cherché à comprendre d’où les citoyens européens tirent leurs informations sur l’Union européenne ainsi que les sources de désinformation auxquelles ils sont exposés. L’objectif était de mettre en lumière les médias et les canaux de communication les plus utilisés, ainsi que les mécanismes qui conduisent à la propagation des fausses informations.

L’information sur l’UE se présente de manière occasionnelle

Interrogées sur les sources à partir desquelles les participants obtiennent leurs informations sur l’UE, la plupart mentionnent divers médias, mais aussi des conversations privées ainsi que des échanges avec des collègues. De manière frappante, mais sans surprise, ce sont les participants plus jeunes qui ont tendance à indiquer les médias sociaux et/ou les médias en ligne comme leurs principales sources d’information.

Les bibliothèques, les brochures, les conférences ou les événements d’information sont également mentionnés de manière occasionnelle. En plus de ceux mentionnés, il y a cependant des personnes qui soulignent qu’elles ne s’informent pas du tout. Plusieurs personnes mentionnent avoir délibérément décidé de ne pas avoir d’abonnement à la télévision ou aux journaux.

Ceux qui se considèrent comme étant activement impliqués et politiquement informés utilisent plus souvent des podcasts, des newsletters et d’autres supports d’information (médias à la demande) en plus des journaux et de la télévision (médias classiques) pour se forger une opinion sur l’UE que ceux qui se disent plus éloignés de la politique. Ces derniers ont tendance à se limiter à la télévision et aux médias sur Internet et, s’ils sont plus jeunes, aux médias sociaux tels qu’Instagram et surtout Facebook.

Ce qui ressort particulièrement de cette discussion, c’est que la plupart des participants ont démontré un niveau élevé de compétence médiatique en ce sens que, quel que soit le canal utilisé, ils ont toujours examiné de manière critique les sources et les ont comparées à des informations de seconde et de troisième main. Dans certains cas isolés, la perception du contenu médiatique apparaît déjà sceptique et fondamentalement méfiante.

La réceptivité aux fausses informations s’explique de différentes manières

La plupart des participants sont conscients de la désinformation. Cependant, seulement après y avoir réfléchi un moment. La source de fausses informations la plus fréquemment mentionnée dont ils ont conscience est la chaîne de télévision Russia Today (RT). Les participants la décrivent comme de plus en plus difficile à identifier en tant que fausses informations, surtout lorsqu’elles apparaissent sur les médias sociaux.

Ils attribuent généralement plus de fausses informations aux médias sociaux qu’à la presse écrite ou aux chaînes de télévision, par exemple. Le manque de citations de source émane pour eux d’un manque de sérieux. Tous les participants n’ont pas encore rencontré consciemment de désinformation. S’ils l’ont fait, ils l’ont rencontrée parmi des connaissances ou des amis (des liens vers des blogs ou des vidéos douteux ont été transmis par message), ou ils entendent des rapports sur les fausses informations provenant des médias de confiance.

L’exemple le plus courant ici concerne les fausses informations sur le coronavirus. Les participants des groupes de discussion soulignent qu’ils considéraient les « fausses informations évidentes », telles que l’affirmation selon laquelle les produits laitiers protégeraient contre le virus, comme moins dangereuses que les informations dont la véracité était plus difficile à déterminer. Avant même que des cercles sociaux d’extrême droite ne soient soupçonnés de fausses informations, d’autres pays étaient suspectés d’en être les acteurs.

De plus, les tentatives d’expliquer pourquoi les citoyens ont tendance à croire les récits alternatifs ou les fausses informations étaient très remarquables. Il existe ici des différences nettes entre les participants qui s’informent activement sur les événements politiques et participent également politiquement, et ceux qui s’intéressent aux événements politiques en marge et ont également tendance à ne pas participer en général : tandis que le premier groupe tend à chercher les raisons dans des facteurs socio-économiques (éducation, position économique, âge), le second groupe voit les raisons davantage dans la recherche de cohésion et de solidarité des personnes. Dans le même temps, les citoyens prétendument non mobilisés expriment une grande compréhension pour cette façon de recevoir des informations. On a soutenu que, de manière similaire à une communauté religieuse, les gens cherchaient la sécurité dans un monde complexe.

En conclusion, l’enquête révèle que les Européens s’informent sur l’UE à travers une variété de sources, allant des médias traditionnels aux médias sociaux et aux conversations privées. Les médias en ligne et les réseaux sociaux ont gagné en importance, surtout parmi les jeunes générations, tandis que certains participants ont exprimé leur volonté de s’éloigner des médias traditionnels en optant pour des sources plus sélectives, telles que les podcasts et les newsletters.

Parallèlement, la sensibilisation à la désinformation est présente, bien que souvent après réflexion. Les participants identifient les médias sociaux comme étant une source fréquente de fausses informations, soulignant la difficulté de distinguer la vérité de la manipulation en ligne. Les résultats montrent également des différences dans la réception de ces informations entre les citoyens politiquement engagés et ceux qui se tiennent à l’écart de la politique, avec des explications allant de facteurs socio-économiques à la recherche de cohésion sociale.

Il est encourageant de constater que la plupart des participants ont démontré une compétence médiatique élevée, en examinant de manière critique les sources et en comparant les informations. Cependant, la persistance de la désinformation et la propagation de fausses informations soulignent la nécessité de renforcer l’éducation aux médias et la capacité des individus à discerner les informations fiables des tromperies.

Pour promouvoir une société bien informée et résiliente, il est essentiel de continuer à encourager la vérification des sources, le questionnement des informations et la recherche de diverses perspectives. Les médias, les plateformes en ligne et les institutions politiques ont un rôle crucial à jouer pour fournir des informations crédibles et combattre la désinformation. En outre, une coopération internationale visant à contrer les campagnes de désinformation et à promouvoir la transparence peut contribuer à renforcer la confiance des citoyens dans l’information qu’ils reçoivent.

En comprenant mieux les schémas d’information et de désinformation, il est possible de développer des stratégies efficaces pour promouvoir une culture de l’information basée sur des faits et pour contrer les effets néfastes de la désinformation sur la société et la démocratie.

Quelles « narrations européennes » les Européens désirent-ils ?

Une étude menée par Paulina Fröhlich, Sophie Borkel et Christian Mieß, ayant interrogé 300 personnes provenant de cinq pays européens dans le but de comprendre comment les citoyens perçoivent l’Union européenne. Quels sont les sentiments des participants quant à la réalisation des objectifs fondamentaux de l’UE ?

Une promesse de longue date, mais pas pour tous : la paix réalisée uniquement en interne, la prospérité réservée à certains

La paix et la prospérité font partie de la mission fondatrice de l’Union européenne. La grande majorité conviennent que l’UE a effectivement assuré la paix et la prospérité. On pourrait parler ici d’un récit européen réussi.

Bien que l’Union ait assuré la paix entre ses pays membres, son succès dans la contribution à la paix dans d’autres parties du monde est qualifié de très modeste. Dans certains cas, des conflits ou des guerres sont explicitement mentionnés, mais dans l’ensemble, la réalisation fondamentale d’une coexistence pacifique est soulignée avec gratitude.

Cependant, l’idéal de paix et de conditions de vie pacifiées ne peut pas se limiter aux frontières de l’UE. Les valeurs universelles et les objectifs de l’UE doivent également être un mandat pour ses relations extérieures.

Malgré tout, les participants ont plus de mal à décrire la réalisation de l’objectif de prospérité. Bien qu’ils reconnaissent que l’UE est dans une large mesure une communauté prospère, ils soulignent toujours la répartition inégale de la prospérité, en particulier la différence entre les pays. Certains pensent que le mécontentement économique (et l’inégalité) est la principale raison de l’euroscepticisme.

La liberté de circulation et l’État de droit : seulement avec des limitations

Interrogés sur leurs premières associations avec l’Union européenne, la grande majorité mentionne la liberté de circulation, les voyages et les frontières ouvertes en premier lieu. L’euro, la bureaucratie et un système de valeurs communes ne sont mentionnés que par quelques-uns. De nombreuses autres associations (langues, diversité, BCE, drapeau, opportunités, processus difficiles, etc.) montrent que les idées sur l’Europe sont très variées.

L’UE en tant que communauté de valeurs revient fréquemment dans les discussions. Cependant, certains participants doutent que l’Union mérite d’être associée à ces valeurs. Par exemple, le traitement des réfugiés aux frontières extérieures de l’UE est mentionné comme un point de critique. Les préoccupations concernant les valeurs européennes telles que l’État de droit et les droits de l’homme sont également fréquentes, en particulier en Pologne et en Hongrie. La situation critique est considérée comme un défi européen et n’est pas envisagée de manière détachée au niveau national.

Certains aimeraient voir la République européenne, tandis que d’autres ont encore besoin d’informations de base sur l’UE

Ce qui est frappant, c’est que, tant dans toutes les associations que dans les attentes formulées pour une future Union, les principales crises sont à peine mentionnées. Ni la crise financière ni la crise climatique ne semblent façonner explicitement l’opinion actuelle ou future des citoyens sur l’image de l’Union européenne. Certes, la nécessité de la protection du climat ou le rôle des politiques fiscales sont discutés, mais pas de manière significative.

À la place, différentes perspectives sur la capacité d’action de l’UE et sur son ambition d’agir sont vivement débattues. Alors que de nombreux participants aimeraient voir une UE plus active, d’autres considèrent la lenteur européenne comme excessive. Ils aimeraient donc voir plus de souveraineté nationale. La question du soutien ou du rejet de l’idée de l’aspiration à une république européenne est exemplaire de ces discussions :

« Bien sûr, beaucoup de temps a été perdu, mais à mes yeux, il n’est pas encore trop tard. (…) Il faut aller de l’avant et créer des visions et essayer de les poursuivre, afin de pouvoir accomplir quelque chose. Si je disais dès le départ ‘je ne peux pas le faire’, ce n’est pas possible. »

« Je ne veux pas d’un gigantesque super-État. Je veux que ça [l’UE] fonctionne, et c’est pourquoi, franchement, je voudrais dire au revoir à des idées irréalistes. Qui, après tout, vise à avoir quelque chose comme 400 ou 450 millions de personnes vivant dans un État à un moment donné, où je me demande : où est la démocratie là-dedans ? »

D’autres attentes exprimées à l’égard de l’UE comprennent le désir de recevoir plus d’informations. Soit les participants à l’entretien ont l’impression que la majorité de la population en sait trop peu sur les réalisations de l’UE, soit ils admettent qu’ils en savent personnellement trop peu pour se sentir liés à l’Union.

De plus, le thème de la solidarité donne lieu à des échanges animés dans les groupes, souvent discuté de manière très exemplaire, sur la base des événements de la soi-disant crise des réfugiés de 2015. D’autres attentes de l’UE sont parfois très concrètes – comme celles d’avoir plus de lois contre la discrimination. En particulier, il est discuté du fait que l’égalité entre les femmes et les hommes est encore loin d’atteindre un niveau satisfaisant dans toute l’Europe.

Un récit de justice

Les souhaits concrets des participants pour l’Europe sont nombreux. Cependant, on observe une fréquence marquée dans le désir de plus de justice et plus spécifiquement, d’un engagement commun en faveur des questions de politique sociale. Selon les mots d’un participant, l’Europe devrait être un « foyer basé sur la solidarité ».

Parmi les énumérations, on trouve par exemple le désir d’efforts communs dans la lutte contre la pauvreté, le chômage des jeunes et plus de cohésion, notamment entre l’Europe occidentale et l’Europe orientale. Après, comme expliqué précédemment, le récit de la paix et de la prospérité a longtemps prévalu, on pourrait supposer que de nombreuses personnes souhaitent maintenant un récit de justice.

Le désir de possibilités de co-création a également été mentionné. Un grand nombre de personnes ont souligné qu’elles aimeraient voir plus de formats comme ces tables rondes, mais aussi des outils participatifs de l’Union européenne elle-même. La conférence sur l’avenir de l’Europe a été mentionnée de manière remarquablement rare, ce qui suggère qu’elle n’est pas largement connue parmi les participants.

Au total, il existe un grand désir d’échanges sur les questions européennes. Surtout parmi ceux qui ont très rarement participé à des formats comparables, déclarent qu’ils en savent peu sur le sujet, mais qu’ils sont très intéressés. Les différences dans le niveau d’information sur l’Union européenne (ses sujets, son fonctionnement, ses institutions et ses territoires) sont frappantes. Cependant, le degré d’information a peu à voir avec la sympathie ou l’antipathie à l’égard de l’UE.

Les avantages de l’Union perçus comme particulièrement personnels, tels que la liberté de voyager, ont été difficilement vécus récemment en raison des restrictions liées au coronavirus. Il est donc certainement nécessaire de rattraper le retard afin de rendre l’UE à nouveau une expérience positive dans la vie quotidienne. Le sujet qui a été le plus clairement exprimé par presque tous les participants dans le contexte européen est : la justice. Un grand mot, que l’UE ne pourra adopter comme un grand récit nouveau que si les résultats de cette revendication audacieuse sont également visibles dans la politique quotidienne.

Les participants expriment un vif intérêt pour les questions européennes et une volonté de participer à des échanges sur l’avenir de l’UE. La liberté de circulation, autrefois perçue comme un avantage majeur de l’UE, a été mise à l’épreuve par les restrictions liées à la pandémie de coronavirus. Afin de restaurer une expérience positive de l’UE dans la vie quotidienne, il est nécessaire de combler les lacunes en termes d’informations sur l’UE et de renforcer la dimension de justice au sein de l’Union. La demande d’une politique sociale plus solidaire et la lutte contre les inégalités sociales et économiques semblent occuper une place centrale dans les aspirations des participants. Pour que l’UE puisse adopter un récit fort basé sur la justice, il est crucial que les revendications audacieuses se traduisent par des actions concrètes et visibles dans la politique européenne quotidienne.

Élections européennes : que faut-il attendre de l’impact des intelligences artificielles ?

Tandis que la campagne des élections présidentielles aux Etats-Unis est déjà lancée avec une vidéo 100% générée par l’IA, ce qui est totalement inédit, lancée par les Républicains pour critiquer une réélection potentielle du Démocrate Joe Biden, le Far West de la communication politique à l’ère des intelligences artificielles interroge sur leur impact sur les prochaines élections européennes…

Comment l’IA transformera les élections en 2024

Un Position Paper de la Brookings « Comment l’IA transformera les élections de 2024 » estime que les progrès des technologies numériques fournissent de nouveaux outils où la création et la diffusion numériques en masse en particulier en matière de génération de textes, d’images et de vidéos vont avoir lieu grâce à des modèles faciles et peu coûteux à utiliser par un large public.

Les impacts, difficiles à mesurer, pourraient porter non seulement sur la difficulté à distinguer le faux du vrai mais également la façon dont les électeurs, les politiciens et les journalistes feront la campagne sans compter une incertitude majeure quant à la manière dont l’élection sera affectée.

Des réponses instantanées

Avec l’IA générative, les équipes de campagne pourront réagir quasi instantanément aux développements de la campagne, sans les couteux tournages et montages, simplement avec un prompt demandé à l’outil afin de créer une vidéo, qui soit capable de scanner le web, de réfléchir à une stratégie en termes de message et de proposer un call-to-action percutant.

Pour les élections européennes, il s’agit d’une belle opportunité et d’ores et déjà d’un développement qui peut potentiellement rebattre les cartes, avec un effet d’égalisation des chances, en particulier pour les listes qui n’auraient pas eu les moyens d’assurer une production rich media indispensable pour assurer la visibilité d’une campagne, a fortiori à l’échelle paneuropéenne et multilingue.

Un ciblage précis des messages

Deuxième atout de l’IA, les outils permettent un ciblage d’audience très précis, ce qui est crucial dans les campagnes politiques, en particulier lorsqu’il s’agit de bien cibler le petit nombre d’électeurs qui pourrait décider de l’élection proprement dite – un potentiel beaucoup plus poussé aux Etats-Unis où les données personnelles ne font pas l’objet de la même règlementation qu’en Europe.

Pour les prochaines élections européennes où les évolutions des forces politiques représentées au Parlement européen se font lentement d’un scrutin à l’autre, le petit pourcentage de l’électorat potentiellement indécis sera encore plus « chassé » par les campagnes boostées par les IA – un risque de surinvestir certains publics au détriment d’autres électorats moins connectés. Résultat ? Sans doute, un match nul pour les IA.

Démocratiser la désinformation

Troisième effet des IA, la probable démocratisation de la désinformation en apportant des outils sophistiqués aux citoyens lambda. Les gens n’ont plus besoin d’être des experts en codage ou en production vidéo pour générer du texte, des images ou des vidéos. Tout un chacun peut simplement utiliser des technologies avancées pour diffuser des messages élaborés. En ce sens, n’importe qui peut devenir un créateur de contenu politique et chercher à influencer les électeurs ou les médias.

Selon l’intention des auteurs utilisant des IA, leurs effets pourraient autant galvaniser un camp que stigmatiser un autre, voir créer du bruit et de l’incertitude et développer de faux récits afin de gagner la course.

Lors des prochaines élections en 2024, tant américaines qu’européennes, les IA seront des outils majeurs d’engagement et de persuasion, capable de surfer sur des émotions intenses (mécontentements, peurs, angoisses ou colères) et sans doute également de divulguer fausses nouvelles et désinformation, hors de tout contrôle.

Ni les individus – électeurs et candidats – ni les organisations – partis politiques et médias d’information – ne sont préparés à faire face à l’utilisation massive des IA génératives pour fabriquer et diffuser des campagnes. Les élections, plus que jamais, vont reposer sur la responsabilité, au cœur de la promesse démocratique.